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On peut faire gras les vendredis

Un article plutôt inhabituel en page 3 de l’édition du 20 octobre 1966 du journal Le Carillon et intitulé « On peut faire gras le vendredi ». Le titre à lui seul aura peu de signification pour toute une génération sinon deux. Je le reproduis tel quel, parce que c’est drôle avec le passage du temps :

« Les évêques du pays, réunis en conférence plénière à Ottawa, ont annoncé vendredi dernier le 14 octobre que dorénavant tous les catholiques du Canada pourront ‘faire gras’ le vendredi. La nouvelle loi est entrée en vigueur à 5 heures vendredi après-midi.

Les évêques tiennent à souligner que la pénitence demeure une exigence importante de la vie chrétienne, mais que la manière de satisfaire cette exigence est laissée à la discrétion des fidèles. Les évêques insistent également sur le fait que la nouvelle législation, qui s’adresse principalement aux adultes, rappelle aux parents et aux éducateurs le devoir d’initier graduellement les enfants à la pratique de la pénitence. »

C’est le genre de texte qui démontre jusqu’à quel point notre société a changé. Le texte fait référence à « la loi », comme si on pouvait finir en prison pour ne pas respecter ces édits religieux. L’article est de 1966… deux ans avant la Révolution tranquille.

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Dans l’édition du 29 septembre 1966, trois pages de publicité faisaient la promotion des cours de préparation au mariage. Parmi les titres des conférences hebdomadaires : « Notre amour », « Nos psychologies », « Notre corps », « Administration du foyer », « Lois et fêtes de la société civile », « Lois et liturgie de l’Église », « Chasteté conjugale », « Fécondité des chrétiens mariés », « Vocation et mission du foyer ». Rien bien sûr sur l’après-divorce!

L’année suivante, Louise et moi avions obligatoirement suivi ces cours de préparation de mariage. À la fin des séances, les responsables nous avaient demandé notre opinion. Et quand on me demande mon opinion, je la donne… parfois malheureusement. J’avais commenté que ces cours auraient intérêt à intégrer un couple de fiancés. Vous me voyez venir! Au printemps de 1968, avant notre mariage d’août, une certaine Louise et un certain Jean-Maurice se retrouvaient parmi le groupe des « couples » responsables. Une fois mariés, nous avons continué et quand notre petite fille s’est mise à grandir, nous avons abandonné. Nous avons repris plusieurs années plus tard, mais la nouvelle génération de futurs mariés n’était pas la même que ces premières années. C’était le temps de laisser le flambeau à d’autres.

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Autre signe du temps dans Le Carillon du 3 novembre 1966. « La grève de la Dominion Ayers est terminée ». Cette grève, à Lachute, durait depuis très longtemps et des gens de Hawkesbury y travaillaient. Quelque 93 p. cent des 250 syndiqués de cette division du bois d’Ayers acceptent l’offre patronale. « Le nouveau contrat donne une augmentation de 40 p. cent chez les hommes et de 45 p. cent chez les femmes. » Nous sommes loin de l’équité en matière d’emploi : « Les revenus de base seront de 1,26 $ pour les hommes et de 1,13 $ pour les femmes. » C’est un taux horaire il va sans dire. Dominion Ayers a éventuellement fermé ses portes.

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Les boissons alcooliques sont permises

L’édition du 18 août 1966 du journal Le Carillon nous apprend que le Jeune commerce de Hawkesbury veut un référendum sur la vente de boissons alcooliques « fortes » dans des établissements licenciés. Il n’existait pas à ce moment-là de tels établissements à Hawkesbury, seulement de nombreuses tavernes (King Edward, Royal et Bridge Inn). Il fallait traverser le pont.

Ce débat prend beaucoup de place dans l’édition du 10 novembre 1966. Deux demi-pages de publicité incitent la population à voter favorablement lors du référendum du 14 novembre. Le Conseil municipal, la Chambre de commerce et le Jeune commerce y sont favorables. Une des annonces rappelle qu’il faut avoir 21 ans pour voter et pour consommer de la boisson alcoolique. Un éditorial du journal appuie aussi cette question. Aucun article ni aucune publicité ne font référence à quiconque pourrait être contre.

Dans l’édition du 17 novembre, c’est confirmé : 86,34 p. cent des 1912 électeurs qui se sont présentés aux urnes ont approuvé l’intention. Résultat : 1589 disent oui; 251, non. Il y avait une deuxième question qui a donné des résultats quasi identiques. Dans une publicité de cette édition, l’Association des hôteliers de Hawkesbury remercie la population. Ma boisson favorite devint donc un Canadian Club avec 7-up… mais uniquement l’année suivante… la loi oblige!

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Un entrefilet dans la même édition règle la question du « chat-volant » (relire blogue du 10 avril). Que dit le rapport d’autopsie sur la bête : « Le chat avait une masse de poil sur le dos; il n’y avait aucun muscle, aucune veine ou aucun liquide reliant ce poil au dos de l’animal. Par conséquent, il était impossible pour le chat de voler ou de planer dans les airs. » C’était donc un chat ordinaire, conclut l’article. Mais l’était-ce réellement, se demanderait l’incrédule Thomas?

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Je signe un reportage dans Le Carillon du 25 août sur la toute dernière trouvaille de la Sûreté provinciale de l’Ontario : une Cessna 172 pour patrouiller les routes du haut des airs. Je passe un avant-midi dans l’avion avec le policier Art Smith et le pilote Bob Walker. C’était aussi mon baptême de l’air. C’était tout nouveau, mais la SPO était très fière des résultats de cette technique utilisée depuis le 1er juin 1966. Toutes les sortes d’infractions sont visibles de là-haut et non seulement les excès de vitesse. Aujourd’hui, la surveillance aérienne est monnaie courante. J’avais passé l’après-midi dans l’auto-patrouille du policier Bill Atchison, qui s’occupait des automobilistes filant vers l’ouest sur la 17, alors que
Bill Illingworth avait lui aussi son auto-patrouille pour arrêter les automobilistes roulant vers l’est. J’avais adoré voir la réaction des automobilistes qui se faisaient arrêter et qui se faisaient montrer l’avion-patrouille. Et plusieurs n’aimaient pas voir un photographe capter leurs réactions.

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La une entière de l’édition du 1er septembre est une photo du chanoine Roméo Guindon avec le titre « La mission est terminée. Prions pour le repos de son âme. » Un texte sur sa vie prend deux pleines pages. Il est mort le 28 août à l’âge de 80 ans. Ses funérailles ont été grandioses : « 104 prêtres, une centaine de religieuses, une nombreuse parenté et presque toute la population de Hawkesbury ont rendu leurs derniers hommages ». Mon ancien supérieur du petit séminaire, Mgr Charles-Auguste Demers, était là, et d’autres de mes anciens professeurs-prêtres du séminaire. C’était la fin d’une époque à Hawkesbury. Le chanoine avait exercé une grande influence, comme d’autres chanoines de l’époque, dont Arsène Hébert, le chanoine-curé de Thurso.

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À un ami, diplômé de l’école de la vie

par Alain Guilbert

(Le 12 avril me rappelle un ami très cher… il aurait célébré cette année son 79e anniversaire de naissance. Mais le sort en a décidé autrement… il est décédé subitement au début de mai 1995, à l’âge de 63 ans. Son nom : Roger Auger, un Granbyen pure laine que l’on surnommait affectueusement «Lefty», même s’il s’agissait du surnom que son père avait rendu célèbre. Sa compagne et l’un de ses fils m’avaient demandé de dire quelques mots à son sujet lors de ses funérailles. Souvent, je pense encore à lui, spécialement lors de son anniversaire de naissance et aussi lors de l’anniversaire de son décès. Roger était profondément aimé et apprécié des personnes qui l’entouraient : un être impossible à oublier. Pour que nous nous souvenions de lui une fois de plus, je vous présente le texte que j’avais écrit… et que j’avais lu lors de ses funérailles, le 9 mai 1995.)

Salut Roger,

Vendredi dernier, en fin d’après-midi, j’ai tenté de te rejoindre comme je le faisais presque tous les vendredis durant le trajet Montréal-Magog. Mais ce fut en vain. J’avais un conseil à te demander. Quand j’ai appris en début de soirée que tu étais parti sans même nous dire bonjour, il me semble que nous avions encore des tonnes de choses à nous dire. Aujourd’hui, avec un peu de recul, je ne sais plus vraiment où commencer, où finir…

D’abord, sur ta façon de nous quitter… Tu l’as fait si brutalement. Mais, nous le savons tous, c’est comme cela que tu voulais partir: soudainement, instantanément, sans souffrir, surtout sans être malade, sans être diminué physiquement. Cela, jamais tu ne l’aurais accepté, jamais tu n’aurais voulu attirer ne serait-ce que le moindre soupçon de pitié.

Même si on n’est jamais totalement prêt à partir pour l’autre côté, tu l’étais probablement plus que nous tous. C’est toi qui nous avais souvent expliqué la théorie de la chandelle… On peut la faire brûler lentement, disais-tu, en ne lui laissant qu’une toute petite mèche. On peut la faire brûler beaucoup plus vite en l’allumant par les deux bouts. Dans l’un et l’autre cas, la quantité de cire brûlée est exactement la même. Seul le temps pour la brûler est différent. À la vitesse où tu as vécu et à la façon dont tu as rempli ta vie, j’ai la conviction qu’il ne devait plus te rester de cire. C’est peut-être même une faveur que tu nous a faite de rester auprès de nous tout ce temps.

Ta vie a été si remplie que sans doute personne ne pourra jamais accomplir autant de choses que tu en as accomplies, même en vivant 20 ans plus longtemps que toi. Vouloir seulement résumer tes principales activités et réalisations prendrait des heures et ne te rendrait probablement pas justice.

Je m’en tiendrai donc à une seule et unique dimension de ta personne, celle qui nous relie tous à toi, chacun et chacune d’entre nous qui sommes réunis autour de toi aujourd’hui. Cette dimension, c’est l’AMOUR, l’amour que tu portais à ta ville, l’amour que tu portais à tes amis et l’amour que tu portais à ta famille.

L’amour que tu portais à ta ville et par extension à tes concitoyens

Si quelqu’un a déjà eu le mot GRANBY gravé dans son cœur, c’est bien toi. Il y a quelques années, lorsque tu avais décidé de faire une incursion en politique municipale, quelques amis avaient tenté de t’en dissuader. Mais tu avais balayé nos objections en disant : «Granby a été bonne pour moi, je lui dois cela. Je veux remettre à mes concitoyens une partie de ce que j’ai reçu.» Dans le fond, tu n’avais rien à remettre, parce que tes succès en affaires, acquis à force de travail et encore de travail, avaient déjà largement profité au développement économique de Granby. Mais quand on aime, on veut toujours donner!

Après quatre années fort occupées à faire avancer les dossiers auxquels tu croyais, tu pouvais rentrer chez toi la tête bien haute. Non seulement tu avais remboursé une dette que tu n’avais pas, non seulement tu avais rendu service à ta ville, mais tu avais également gravé ton nom, et surtout ton prénom, pour toujours dans l’histoire de Granby. Pour toi, c’était important. Tu nous l’avais souvent dit que «Lefty» Auger, ce n’était pas toi, mais ton père, et que tu souhaitais un jour être reconnu pour tes mérites et non pour ceux de ton père, qui lui aussi, en son temps, avait largement mérité de sa ville. En quittant l’hôtel de ville, tu pouvais désormais dire doublement MISSION ACCOMPLIE, Roger!!!

L’amour que tu portais à tes amis

L’amitié est sûrement l’une des plus grandes richesses de la vie; parce que l’amitié est issue du libre choix d’êtres humains de se témoigner entre eux, sans contrainte aucune, respect, affection et souvent même amour. Le Petit Prince de St-Exupéry disait : « L’amitié, c’est créer des liens »… des liens qui avec le temps deviennent si nombreux et si résistants qu’ils ne peuvent plus jamais se briser. Si donc l’amitié est l’une des plus grandes richesses de la vie, tu étais extrêmement riche, Roger. Nous sommes tous là pour en témoigner.

Cette amitié que nous te portions, tu nous la rendais très bien. Tu avais l’habitude de nous dire que tu n’avais pas fréquenté l’université, mais seulement l’école de la vie. Peut-être, mais tu y avais obtenu un doctorat en sagesse et en gros bon sens. Et ce gros bon sens, ce jugement sûr, à toute épreuve, qui était le tien, cette expérience qui faisait de toi un «sage», tu n’as jamais hésité à nous en faire profiter. Nous sommes plusieurs ici à n’avoir jamais pris une décision importante sans d’abord avoir demandé ton avis, sans d’abord avoir recherché tes conseils. Combien d’erreurs tu nous as évitées! Merci, Roger.

L’amour que tu portais à ta famille, à tes enfants, à tes petits enfants, à Yolande

Même si ta ville et tes amis tenaient une grande place dans ta vie, il n’y a jamais eu un doute que tes enfants ont toujours occupé la première place dans ton cœur. Tu ne leur as pas toujours dit… et tes relations avec eux ont parfois été tumultueuses. Il t’a fallu du temps pour accepter que Sylvain, David, Stéphane, Viviane et Mélanie ne seraient jamais des répliques de toi, mais qu’ils et qu’elles seraient eux-mêmes et elles-mêmes. L’important, ce n’est pas le temps que tu as mis pour te rendre là, mais bien de t’être rendu là. Ils et elles savent aujourd’hui que l’amour que tu éprouvais à leur endroit n’a jamais fait défaut. Tu devenais tellement lumineux, si cela est possible, lorsque Jennifer, Benjamin et Marie-Maude, ton prolongement et celui de tes enfants, étaient aussi avec toi. Un mot également de Yolande, douce et généreuse Yolande, qui t’as apporté le calme, la paix et le bonheur au cours de ces deux trop brèves années où vous avez été l’un près de l’autre. D’ailleurs, jamais tu n’avais semblé aussi heureux de toute ta vie.

Roger, tu étais de cette génération d’hommes à qui personne n’a appris à exprimer verbalement ses sentiments. Tu étais de ceux qui ne savent que les prouver par leurs gestes, par leurs actions. L’amour que tu as toujours porté à ta ville, à tes amis et à ta famille n’avait probablement pas besoin d’être dit… il a toujours été tellement évident.

Roger, tu ne seras plus là physiquement pour partager nos joies, nos peines, nos succès, nos échecs, nos bons moments, nos moments difficiles, nos interminables discussions où nous refaisions le monde à notre façon, nos « partys », nos matches de golf, nos parties de billard, nos excursions de pêche. Tu ne seras plus là physiquement pour nous faire profiter de ton expérience, de ta sagesse, de ta joie de vivre.

Mais si tu n’y es pas physiquement, tu y seras quand même toujours parce que du seul fait que nous avons eu le privilège et le bonheur de te connaître, de t’aimer, de partager avec toi, de parcourir en ta compagnie un bout de chemin sur la route de la vie, nous sommes tous et toutes, chacun et chacune qui t’accompagnons aujourd’hui, meilleurs et plus grands que si tu n’avais pas existé.

Tu es parti trop vite, bien trop vite. Mais quand nous nous retrouverons ensemble entre amis, tu le sais, tu seras encore là. Nous nous rappellerons la promesse que tu nous as si souvent faite, à savoir que si tu arrivais de l’autre côté avant nous autres, tu préparerais nos voyages de pêche et que tu nous trouverais de magnifiques lacs secrets pour le jour où nous irons te rejoindre. Mais de grâce, je t’en prie, sois prudent: ne tombe pas à l’eau, ne tombe pas dans un ravin avec le tout-terrain et ne casse pas nos lignes.

Salut Roger! À un de ces jours!!!

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L’été

Nous n’y sommes pas encore, mais c’est presque. La chaleur, encore très modeste, a commencé à se pointer le nez. Le 28 juin 1985, l’été avait inspiré ma mère. Et nous avons bien hâte que cet été arrive.

L’été, la nature toute entière
Resplendit de vie, se montre fière
De répandre son parfum singulier,
D’étaler ses couleurs les plus variées;
Comme l’hirondelle qui virevolte dans le ciel,
Comme l’abeille qui butine pour faire sommeil,
Nous avons un sentiment de liberté
Qui nous saisit, nous entraîne, nous récrée.

L’été, si on est quelquefois matinal
Durant cette courte période estivale,
On découvre la grande beauté de la nature,
Les arbres dans leur plus belle parure,
Les fleurs habillées de mille couleurs,
Les fruits qui ont tant de saveur
Et au-dessus de nous le soleil éclatant
Fait une tache d’or dans le bleu firmament.

L’été, les oiseaux chantent leur amour de la vie,
Leur gai refrain se répète à l’infini.
Les montagnes au loin comme tracées au crayon
Font une jolie dentelle à l’horizon.
Écoutez le doux murmure de la rivière
Qui se hâte vers le fleuve puis vers la mer,
Tout dans la nature a un but ici-bas
Mais l’été, ah!, que c’est court n’est-ce-pas?

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Une boîte à chansons à Hawkesbury

Fallait le faire dans une ville comme Hawkesbury à l’époque. Ainsi, Le Carillon du 4 août 1966 annonce que la Société St-Jean-Baptiste de Hawkesbury, qui venait de ressusciter, annonce son projet de boîte à chansons.

La Légion canadienne offre sa salle gratuitement. Ce qui était extraordinaire étant donné que de nombreux légionnaires étaient des vétérans anglophones, mais très francophiles. J’ai eu le bonheur d’en connaître de nombreux et de rédiger des textes sur eux chaque année à l’occasion du jour du Souvenir. Marcel Gélineau, le président de la Légion, et Roger Côté, le gérant de la salle, avaient manifesté un appui inconditionnel à ce projet.

L’article explique que « la boîte à chansons est ouverte aux jeunes de 16 ans en montant et les adultes sont plus que bienvenus. La tenue est semi-formelle, soit le col et la cravate pour les garçons et les robes ou les jupes pour les filles. » Signe des temps. C’était une initiative du comité jeunesse de la SSJB, dont le président était Michel Charbonneau (un futur avocat et juge de la Cour provinciale). J’étais le codirecteur-gérant de cette boîte avec mon ami Jean-Marc Portelance, dont j’ai perdu trace avec les années.

Plus de 80 personnes assistent à la soirée d’ouverture de la boîte à chansons « Au petit bonheur », le nom qui avait été proposé dans le cadre d’un concours. Le premier soir avait dépassé les espérances, mais ça ne devait pas durer. Hawkesbury n’avait pas la démographie étudiante type pour ce genre de « bistro » qui était populaire à Ottawa et ailleurs. Dès l’édition du 22 septembre, un entrefilet déplore l’absence du public aux représentations de la boîte à chansons. Déclaration : « Nous essayons d’organiser des loisirs pour la population de Hawkesbury et ils ne montrent même pas leur intérêt. Nous continuerons tout de même toutes les semaines. »

Des musiciens et des orchestres locaux, que nous connaissions par leurs prestations dans les bars-hôtels de l’autre côté du pont (Paul Duplantie, Vincent Caron, Scotty Golden), jouent pour rien tellement ils croyaient en ce projet. J’avais invité quelques anciens du séminaire, artistes à leurs heures, à venir présenter leur spectacle. Mais le public n’avait pas voulu d’une telle boîte. Elle fermait ses portes après quelques mois.

La Société Saint-Jean-Baptiste, dont ma future femme était secrétaire du comité, ne pouvait appuyer financièrement une telle initiative sans qu’elle ne fasse ses frais.

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Dans cette même édition du 4 août 1966, une manchette annonce qu’un parc provincial sera aménagé à l’est de Chute-à-Blondeau. Ce projet amènerait la construction d’une route reliant l’est de ce village à la route transcanadienne. Tout est bien qui finit bien pour cette saga du village fantôme (blogue précédent).

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Mon village natal… un village fantôme

L’édition du journal Le Carillon du 21 juillet 1966 me rappelle de vifs souvenirs. Un article sous ma signature fait référence à la situation désastreuse que vit le village de Chute-à-Blondeau par suite de la construction du barrage de Carillon. Ce village est mon village natal.

Les citoyens que j’ai rencontrés à l’hôtel du village ont peur que leur patelin devienne « Un village fantôme? » comme je titre mon reportage. La route qui permettait de se rendre à Montréal, en passant par Pointe-Fortune, est fermée, inondée. Les voyageurs n’y viennent plus. Les magasins ferment leurs portes. Des citoyens s’exilent. Les 416 habitants s’inquiètent.

Le ministère des Transports avait installé des pancartes au beau milieu de la route pour détourner la circulation. Dans cette section fermée par les pancartes, deux garages, un moulin à farine, un magasin de portes et fenêtres et une épicerie-boucherie ont fermé leurs portes, les clients ne pouvant plus s’y rendre en auto. Au centre du village, le restaurant Millette a fermé ses portes. Le magasin général Conway résiste, mais son propriétaire n’est pas sûr qu’il puisse survivre. Plus de 40 familles ont quitté le village depuis la fermeture de la route.

Les pancartes allaient disparaître peu de temps après le reportage et, éventuellement, une nouvelle route a été aménagée pour se rendre à la route 17. C’était aussi une voie d’accès au nouveau Parc provincial Carillon, devenu depuis le parc provincial Voyageurs.

* * *

L’édition du 21 juillet nous apprend qu’Henriette Maynard, la femme du médecin Jean-Jacques Maynard, devient la première femme au Canada à obtenir une charte d’aviation commerciale. Cette charte lui donne le droit de piloter un avion pour fins commerciales et d’avoir une base ou aéroport. Elle installe son hydravion Cessna 180 au bout de la rue John, au sud du quai fédéral. Henriette pilote neuf sortes d’avions différentes et détient un permis de pilotage de jour et de nuit, sur l’eau et sur la terre. Son mari est aussi pilote. Elle est mère de trois enfants.

* * *

Un entrefilet du 21 juillet mentionne que Me René Marin, 30 ans, deviendra le premier Canadien-français à siéger au Tribunal des Affaires municipales de l’Ontario. Il déménagera à Toronto avec sa femme et leurs deux garçons de deux ans et un an; dont André, l’ombudsman actuel de l’Ontario (revoir blogue du 24 mars).

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Ma petite rue

Aucune date à celui-ci.

Chère petite rue, si belle l’été,
On te connaît depuis longtemps,
On voit que tu as bien changé,
C’est très normal évidemment.

          On entendait des rires d’enfants,
          Des chants, des airs mélodieux,
          Les enfants sont rares maintenant
          Chiens et chats sont aussi nombreux!

Te souviens-tu des beaux parterres,
Te saluant sur ton parcours?
On ne voit plus que de la terre,
Qui tristement te dit « Bonjour ».

          Chère petite rue, ne sois pas triste,
          De toi, l’on garde un bon souvenir,
          Tu dois sans doute avoir la liste
          Des événements à retenir.

Tu n’as pas de grands édifices
Ni centres d’achat, ni restaurants,
Mais tu nous rends de bons services,
C’est ainsi qu’on t’aime pour longtemps.

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Un chat-volant abattu à Alfred

Je vous avais prédit la bizarrerie que vous allez bientôt lire (revoir blogues des 28 mars et 3 avril). Dans Le Carillon du 30 juin 1966, le voilà enfin ce titre que je recherchais : « Chat volant abattu à Alfred. (…) C’est vrai! (…) Cet animal vient-il d’une autre planète? »

C’est sous ma plume et j’en ris encore. Heureusement, je ne faisais pas référence aux deux incidents précédents, mais par contre très rapprochés de celui-ci. « Jean-Jacques Rivers, un distributeur de patates chips Sheriff, aidé de MM. Arthur Lavoie et Marcel Séguin l’ont abattu vendredi soir à Alfred, le jour de la Saint-Jean-Baptiste ». Une photo à la une montre Rivers écartant les « ailes » du chat en question. Il a fallu cinq coups de .22 pour l’abattre dans la tête. Le texte est bourré des exagérations des témoins : « quatre crocs de 5/8e de pouce chacun », « neuf livres et trois quarts », « 30 pouces de long avec la queue et 20 pouces sans la queue », « l’animal aurait fait des bonds d’environ 50 pieds avant de s’attaquer à sa proie » (le chat de Lavoie).

Les journalistes de partout s’intéressent à la découverte. « Le Dr Paul Vincent, vétérinaire à Plantagenet, a déclaré que la seule différence entre cette bête et un chat normal était ses ailes sur le dos et les quatre crocs. » Toujours selon le Dr Vincent, l’animal se nourrissait uniquement de chair fraîche. Rivers en avait assez de déterrer et d’enterrer de nouveau le cadre du chat-volant mâle. Un professeur de zoologie de l’Université Western Ontario de London a déclaré « n’avoir jamais vu un tel animal ni d’en avoir entendu parler ». Et le pire dans tout ça, mon affirmation en fin d’article que « tant et aussi longtemps que les experts n’affirmeraient pas le contraire, nous étions libres de nous y référer comme étant un ‘chat-volant’ ». Voilà l’objectivité journalistique qui prenait le bord!

Dans l’édition de la semaine suivante, un court article mentionne que des gens du ministère des Terres et Forêts à Kemptville, accompagnés de membres de la Sûreté provinciale, avaient rendu visite à Rivers pour récupérer les restes du chat mystérieux, mandat en mains. Rien pour calmer les doutes.

C’est dans cette même édition du 30 juin, croyez-le non, que l’éditeur André Paquette annonce le départ de Jean-Guy Bruneau pour Le Droit et ma nomination comme nouveau rédacteur du journal. « Nous sommes assurés que Le Carillon continuera en s’améliorant de semaine en semaine », écrit-il. Comme si j’avais besoin de pression supplémentaire! Jean-Guy, qui était au journal Le Carillon depuis 1962, devenait correspondant du journal Le Droit dans l’Est ontarien. Ma signature est de plus en plus présente, bien sûr, et j’hérite de « La Revue des sports » hebdomadaire, en plus du reste.

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Letter to a missing father

Ma mère était hospitalisée ce 9 avril 1985 et quelque chose l’a inspiré… en anglais.

Dear Daddy wherever you are.
Mother told me you were so far,
You know I’m growing very fast
And I try to forget the past.
I do my best to be happy
Even if my Daddy is away.
I promise to be a good child
With the one you loved for a while.

If you could see my big blue eyes
That sparkle like stars in the skies,
You would love my nice blond hair.
I’m sure we would make a good pair.
I’m still young but I understand,
We can’t always live hand in hand,
So we must forget and forgive,
And for everyone have love to give.

Daddy, wherever you may be
Do you sometimes think of me?
I love Mom so much, don’t worry,
I’ll make her happy every day.
I love you and hope you are well,
For the future I cannot tell;
But remember just the same
That we both have the same name.

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Une école ferme… une nouvelle sera construite

L’édition du 26 mai 1966 du journal Le Carillon pose la question en manchette : « Devrait-on continuer ou fermer l’école St-Curé d’Ars? » Cette école secondaire catholique de langue française pour filles avait été ouverte en 1960 et était gérée surtout avec des fonds de la paroisse St-Alphonse. Mais l’école était fréquentée par des filles des autres paroisses de Hawkesbury et même des municipalités voisines, telles Chute-à-Blondeau, L’Orignal et Alfred. Les problèmes financiers devenaient plus importants et il était maintenant question de la future école Paul VI, qui pourrait, si on en décidait ainsi, accueillir des classes de 9e et 10e années. Une première rencontre des parents avec le conseil de fabrique de la paroisse St-Alphonse aborde l’urgence de la question. Dans l’édition du 14 juillet 1966, on apprendra que cette école ne rouvrira pas ses portes en septembre.

Dans l’édition du 16 juin, Le Carillon publie une illustration de ce qu’aura l’air la nouvelle école élémentaire d’un million de dollars, qui remplacera les écoles Sacré-Cœur et
St-Joseph. « Le complexe scolaire abritera vingt-deux classes régulières, cinq classes d’arts pratiques, une salle de bibliothèque et d’études, un gymnase double avec mezzanine, une salle d’économie domestique et de couture, une salle de travail manuel (ateliers), une salle de dactylographie, un laboratoire, une salle de musique et un cafétéria; totalisant
36 classes. La nouvelle école desservira les élèves à partir du jardin d’enfance jusqu’à la dixième année et pourra recevoir 800 élèves. » Les bureaux de l’administration y seront à l’avant. Objectif : premiers élèves en septembre 1967. Il n’y aura jamais finalement de classes supérieures à la huitième année dans cette nouvelle école.

* * *

Dans l’édition du 26 mai, on apprend également que le Conseil municipal a demandé la permission de construire un nouvel hôtel de ville à Hawkesbury. Il faut l’autorisation de la Commission des affaires municipales de l’Ontario et le tout devrait en coûter un total de 350 000 $. L’architecte local Marc Angers dessinera les plans. L’administration municipale publie d’ailleurs une annonce officielle à cet effet dans l’édition du 9 juin. Selon l’annonce, l’Organisation des mesures d’urgence installerait son quartier général au sous-sol du nouvel édifice.

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En éditorial du 26 mai, Jean-Guy Bruneau se demande quand Hawkesbury aura finalement un directeur des loisirs? Je reviendrai plus tard sur cette question parce qu’il y aura effectivement un tel poste qui sera créé au sein de l’administration municipale. À ce moment-là, des lecteurs faisaient parfois référence à l’absence de loisirs organisés à Hawkesbury et au manque d’installations adéquates. J’aurai l’occasion d’y revenir.

Entre temps, le Club de golf Montpellier, au nord de Montebello et à l’ouest de Chénéville, ouvre ses portes. Beaucoup plus tard, ce club serait acheté par Stéphane Richer, l’ancien joueur de la Ligue nationale du hockey, qui en est toujours le propriétaire d’ailleurs.

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Signe incontestable de l’époque, Le Carillon du 16 juin 1966 rapporte que les cercles Lacordaire et Jeanne d’Arc deviennent l’Association Lacordaire du Canada et que les femmes y ont les mêmes droits que les hommes. « Partout elles peuvent occuper jusqu’à 50% des charges. (…) Toutefois, l’élément féminin ne peut demeurer à la présidence plus de deux années consécutives. » J’ai de la difficulté à m’imaginer que c’était comme ça il n’y a quand même pas si longtemps. Le mouvement Jeunesse Lacordaire fait partie intégrante de l’Association, même s’il bénéficie d’un programme qui lui est particulier. Après tout, les jeunes n’ont pas droit de consommer des boissons alcooliques et en Ontario, si ma mémoire est fidèle, il fallait alors avoir 21 ans. C’est pour ça que les bars et hôtels de l’autre côté de la rivière étaient bondés par des Ontariens de 18, 19 et 20 ans.

Contexte de l’époque

Willie Lamothe est en vedette au bar Sportsman Inn de Pointe-au-Chêne. Ce bar était réputé pour sa musique country et… pour ses danseuses… – Dans l’édition du 23 juin,
G. Séguin Construction fait publier des photos des nouveaux bureaux de poste de L’Orignal et St-Eugène qu’ils ont construits et que les citoyens ont obtenus « grâce à la demande constante du député Viateur Ethier. (…) Les personnes de ces deux municipalités sont bien contentes du travail de M. Ethier pour doter leur municipalité de splendides locaux ». Pourtant, il n’y avait pas d’élection fédérale dans l’air! – « On prévoit du grabuge » titre le journal du 30 juin. La semaine précédente, les magasins LaSalle et Au Salon Blanc avaient annoncé qu’ils ouvraient leurs portes le 1er juillet, s’exposant à une amende variant entre 50 $ et 300 $. Six marchands aboutiront finalement en cour : Dominion, IGA, Au Salon Blanc, Marché Portelance, Rozon Discount Foods et LaSalle.