« Dites donc DOW » disait son slogan

Hawkesbury et la région n’avaient pas été épargnées par la « crise de la DOW » de l’époque. Des milliers de gens s’en souviennent sûrement comme si c’était hier. Dans l’édition du 19 mai 1966 du journal Le Carillon, La Brasserie Dow (Ontario) Limitée publie presque une pleine page de publicité, sous le titre : « Nous avons détruit près d’un million de gallons de bière Dow qui était irréprochable. L’avons-nous fait inutilement? »

Cette histoire avait eu une envergure nationale. De la bière de la ville de Québec avait été jugée imbuvable. Entre août 1965 et avril 1966, 48 patients de la région de Québec avaient subi une cardiopathie inhabituelle. Trois médecins de l’endroit jettent le blâme sur la bière Dow et les médias reprennent la « rumeur ». Des analyses et des inspections gouvernementales confirment que la bière n’est pas en cause, mais il est déjà trop tard.

Dans sa publicité, Dow tente de réparer les pots cassés et affirme que « cette bière était irréprochable ». Les rumeurs circulaient à Québec et Dow était le seul brasseur de cette ville et ses ventes étaient plus élevées que celles de toutes ses concurrentes. En fait, à cette époque selon Wikipédia, Dow détenait 51 % du marché du Québec et 85 % du marché de Québec. « En tant que chefs de file, nous avons cru qu’il nous incombait de rassurer le public », clame le message.

« Il ne restait qu’une chose à faire, poursuit l’annonce. Dans l’intérêt du public, dans l’intérêt de nos clients, dans l’intérêt de toute l’industrie de la bière, dans l’intérêt d’un grand nombre de garçons de table, d’hôteliers et d’épiciers licenciés qui comptent sur la vente de la bière pour leur gagne-pain, nous devions effacer tout doute dans l’esprit de chaque consommateur. Et le meilleur moyen d’y parvenir était de retirer notre bière du marché. C’est ce que nous avons fait de notre plein gré. » La réaction du public : le doute.
Il y avait anguille sous roche; les rumeurs se mirent à circuler. Et en Ontario, les ventes de Dow ont subi tout un choc alors que cette bière était pourtant brassée à Toronto. Dow affirme avoir agi de manière appropriée afin de corriger les perceptions. Et pour l’inutilité de leur décision, Dow affirme : « Nous ne le croyons pas. »

Dans l’édition de la semaine suivante, celle du 26 mai, Dow revient avec une autre grande publicité. Dow tentait assurément un retour important sur le marché. « Lorsque même nos concurrents reconnaissent sa qualité et sa pureté (…) La prochaine fois, ne devriez-vous pas adopter la Dow? » Guerre des bières : dans l’édition du 9 juin, grande annonce de la Molson Export. (Ce qui me rappelle l’agent de la Molson dans la région de Hawkesbury, Jean Soulard – c’était son nom et rien à voir avec le célèbre chef du Château Frontenac – qui m’appelait pour une photo chaque fois qu’il remettait un trophée à un gagnant d’une compétition sportive quelconque.)

Quant à la Brasserie Dow, dont l’origine remontait à 1790, elle a été acquise par Carling-O’Keefe en 1967. La marque Dow elle-même est disparue en 1998.

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