par Alain Guilbert
Eh oui! La victoire du Canada au hockey masculin ce matin constitue la « cerise sur le sundae ». Quel beau match! On a vu une « gang » de vedettes individuelles disputer le premier match du tournoi contre la Norvège. Puis les choses ont évolué de match en match. Les vedettes individuelles se sont lentement, mais sûrement, transformées en une équipe véritable. Ce qu’on a vu dans cet affrontement avec la Suède n’était peut-être pas « super spectaculaire »… mais quelle performance d’équipe… une équipe où chaque membre a joué le rôle qu’on attendait de lui. Jamais l’expression « victoire d’équipe » n’aura été aussi vraie à mon avis. On a donné les étoiles à Sydney Crosby, Patrice Bergeron et Carey « Jesus » Price, mais on aurait facilement pu donner une étoile à chacun des porte-couleurs de cette équipe. Bravo Canada! Nous sommes vraiment fiers de vous.
Le Canada souhaitait terminer au premier rang des pays participants aux Jeux de Sotchi. Il n’a pas atteint son objectif, mais il n’y a aucune raison de pleurer.
Le classement final (selon les médailles d’or) est le suivant :
Pays Or Argent Bronze Total
Russie 13 11 9 33
Norvège 11 5 10 26
CANADA 10 10 5 25
États-Unis 9 7 12 28
Pays-Bas 8 7 9 24
Allemagne 8 6 5 19
Suisse 6 3 2 11
Ce classement est calculé en fonction des médailles d’or. On tient compte des autres médailles seulement en cas d’égalité. Si le classement était calculé en fonction du total de toutes les médailles, le Canada aurait plutôt terminé en 4e place pendant que les États-Unis seraient passés au 2e rang et la Norvège au 3e.
En 2010 à Vancouver, le Canada avait obtenu 26 médailles, dont 14 d’or, ce qui lui donnait la 1re place (toujours non officielle). Mais le Comité organisateur avait choisi de faire ses classements en fonction du total des médailles (plutôt que des seules médailles d’or), ce qui nous avait privés d’une 1re place.
Pour 2014, à Sotchi, les attentes du Comité olympique canadien étaient très grandes. On visait 31 médailles au total, en tenant compte que des disciplines additionnelles avaient été ajoutées au programme comparativement à Vancouver.
Voici quelles étaient ces attentes dans chaque sport comparativement aux résultats obtenus (sans tenir compte de la couleur des médailles) :
Sports Médailles Médailles
prévues obtenues
Ski alpin 1 1
Biathlon 0 0
Bobsleigh 1 1
Ski de fond 1 0
Curling 2 2
Patinage artistique 4 3
Ski acrobatique 7 9
Hockey 2 2
Luge 2 0
Combiné nordique 0 0
Patinage courte piste 5 3
Patinage longue piste 2 2
Skeleton 0 0
Saut à ski 0 0
Surf des neiges 4 2
Et maintenant, le détail des médailles canadiennes pour chaque sport; le ski acrobatique est évidemment le grand gagnant :
Sport Or Argent Bronze Total
Ski acrobatique 4 4 4 9
Curling 2 – – 2
Hockey 2 – – 2
Patinage (courte piste) 1 1 1 3
Bobsleigh 1 0 0 1
Patinage (artistique) 0 3 0 3
Surf des neiges 0 1 1 2
Patinage (longue piste) 0 1 1 2
Ski alpin 0 0 1 1
Soulignons aussi les moments les plus émouvants de ces Jeux pour les Canadiens, et plus particulièrement pour les Québécois :
– La victoire des filles au hockey avec leur retour tout simplement incroyable en toute fin de match!
– Le doublé or-argent des sœurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe dans l’épreuve de bosses du ski acrobatique.
– Le doublé or-argent d’Alexandre Bilodeau et Mikaël Kingsbury, aussi dans l’épreuve de bosses du ski acrobatique.
– La médaille d’argent des patineurs artistiques canadiens dans la toute nouvelle épreuve par équipe, des athlètes habitués depuis toujours à compétitionner individuellement et qui, soudainement, doivent unir leurs forces et leur talent pour compétitionner en équipe. Très intéressant!
– Le geste de Gilmore Junio qui cède sa place à Denny Morrison aux 1000 mètres de patinage de vitesse longue piste, et Morrison, qui obtient une médaille d’argent sous les applaudissements de Junio assis dans les gradins. Quel grand geste!
– Et, bien sûr, la médaille de l’équipe masculine de hockey, une médaille attendue, bien sûr, mais non sans que nous ayons assisté au cours des 10 derniers jours à la transformation d’une bande de joueurs individuels en une formidable équipe devenue invincible. Bravo au coach Babcock!
En bref…
– Dans ses commentaires d’après Jeux, le président du Comité olympique canadien, Marcel Aubut, ne semblait pas trop déçu que « son » équipe olympique (l’équipe canadienne) n’ait pas atteint « son » objectif de terminer en première place à Sotchi. Il réalise que certains pays (comme les pays scandinaves) se spécialisent uniquement dans un ou deux sports comme le ski de fond ou le patinage de vitesse sur longue piste, des sports où leurs athlètes peuvent obtenir jusqu’à 10 ou 12 médailles (un peu comme le Canada qui réussit tout un exploit avec ses neuf médailles en ski acrobatique). Aux Jeux de Turin, par exemple, le Canada avait obtenu huit médailles en patinage de vitesse longue piste, dont cinq par une seule patineuse, Cindy Klassen. Cette année, le Canada a dû se contenter de deux médailles dans cette discipline. Selon le principal programme canadien de financement à l’endroit du sport d’élite, « Own the Podium » (« À nous le podium »), les sommes d’argent attribuées aux fédérations sportives le sont en fonction des médailles obtenues aux Jeux olympiques. Est-ce à dire que les fédérations moins performantes sont condamnées à le rester pendant longtemps?
– Un mot au sujet des cérémonies d’ouverture et de clôture de ces Jeux, cérémonies qui nous ont fait connaître plus de choses sur l’histoire et la culture de la Russie que nous en avions apprises au cours de toute notre vie. Quels spectacles extraordinaires (avec l’aide de quelques spécialistes de la mise en scène québécois)!
– Incidemment, Radio-Canada a compris qu’elle n’avait pas besoin d’un chroniqueur politique (qui ne connaissait rien aux sports olympiques et à l’olympisme) pour commenter une cérémonie de cette envergure. Après l’échec de l’ouverture, Radio-Canada s’est fort bien reprise à la clôture en faisant appel à Marie-Josée Turcotte, aidée de Nathalie Lambert et Dominick Gauthier, deux ex-athlètes qui ont vécu de nombreux Jeux. Tous trois ont fait preuve de retenue et de sobriété dans leurs interventions. Ils ont été très peu interrompus par des messages commerciaux (surtout qu’ils avaient été diffusés à de bien mauvais moments lors de l’ouverture). Somme toute, un « bien beau job » par Radio-Canada, une « job » qui nous fait oublier les bévues de l’ouverture.
– Dans mes commentaires d’hier, j’ai traité des coûts des Jeux olympiques, et j’ai souligné que les médias d’information avaient tendance à considérer toutes les dépenses faites à l’occasion des Jeux comme faisant partie du coût des Jeux. À Vancouver, par exemple, on avait profité de cet événement international pour refaire la route (à travers les Rocheuses) et la voie ferrée entre Vancouver et Whistler, des travaux qui s’imposaient depuis bien des années. Il aurait fallu les faire un jour ou l’autre, Jeux olympiques ou pas. Pourquoi alors attribuer les coûts de ces travaux à ceux des Jeux. À Pyeongchang (Corée du Sud), on dit déjà que les Jeux coûteront 7 milliards de dollars. Mais déjà on sait que quatre de ces sept milliards serviront à construire une liaison rapide entre Séoul (la capitale) et Pyeongchang, une liaison qu’on se devait de faire un jour ou l’autre. Pourquoi inclure ces travaux dans le coût des Jeux? Montréal a perdu une belle occasion lors des Jeux de 1976 en ne créant pas ce lien rapide entre le centre-ville et l’aéroport. Une superbe opportunité ratée? Quand Montréal l’aura-t-elle, ce lien rapide? Quand nous serons tous morts… sans doute!
(En principe, les commentaires que vous venez de lire devraient être mes derniers au sujet des Jeux de Sotchi. Prochain rendez-vous pour les Jeux de Rio en 2016!)