Voici le douzième et dernier article de mon collaborateur sur les Jeux olympiques de Montréal en 1976. C’était sa façon de souligner le 40e anniversaire de ce qui peut être considéré comme l’événement sportif le plus important de toute l’histoire du Canada. Dans tous ses articles, il a tenté de faire découvrir ce qu’ont été ces Jeux vus principalement des coulisses. Nombreux sont les médias qui ont consacré temps et espace aux performances des athlètes. Alain espère que vous avez apprécié ses textes. Il adresse des mercis sincères à ceux et à celles qui lui ont fait parvenir leurs commentaires, ce qui l’a incité à se rendre jusqu’à 12 de ces textes.
par Alain Guilbert
Au moment où se terminaient les Jeux de Montréal il y a 40 ans, les hommes et les femmes qui les avaient organisés pouvaient pousser un grand soupir à la fois de soulagement et de satisfaction. Pourquoi : parce cette immense manifestation sportive avait atteint un niveau de perfection sans précédent. Je vous raconte un incident qui vous en fera la démonstration.
Cela s’est passé au milieu de la période des Jeux environ. Un journaliste allemand en poste à Montréal depuis trois mois au moins avait tenté à plusieurs reprises de nous faire mal paraître… au sujet du coût et des retards des constructions, au sujet de la chanson thème, au sujet des uniformes portés par les hôtesses, au sujet du déploiement des forces de sécurité, et bien d’autres encore.
Ce journaliste n’avait vraiment pas digéré que la réputation de Munich et des Allemands ait été ternie par l’attentat terroriste des Jeux de 1972 contre les athlètes israéliens. Tout pour ce journaliste semblait prétexte à commentaire négatif ou à critique. Il ne souhaitait sans doute pas que l’image de Montréal, du Québec et du Canada sorte des Jeux meilleure que celle de Munich.
Un jour donc il arrive à mon bureau au centre principal de presse, au 19e étage de la tour sud de Place Desjardins. Sur un mur tout près de moi, se trouve un immense tableau sur lequel sont inscrits les lieux et les heures où se dérouleront chacune des compétitions des 21 sports (qualifications, matches, épreuves, préliminaires, quarts de finale et ainsi de suite) jusqu’aux finales. Ce tableau avait été préparé une année complète avant les Jeux et avait été distribué à toutes les Fédérations sportives internationales ainsi qu’à tous les comités olympiques de tous les pays.
Tout près de ce tableau, il y avait aussi, bien accrochés au mur, une quinzaine d’écrans de télévision montrant en direct les images provenant d’autant de lieux de compétition, ce qui permettait aux usagers du tableau et des écrans de savoir exactement et en tout temps ce qui se passait à travers notre réseau.
Voilà donc que notre journaliste me demande « Comment ça va, comment ça se déroule? » Je lui réponds « Très bien »… Il ajoute : « Peux-tu me le prouver? » C’est avec confiance que je lui rétorque « Certainement »… Je l’invite donc à me suivre devant les écrans de télévision et je l’invite à en choisir un au hasard… Il pointe l’image à l’intérieur du Stade olympique où une série quart de finale aux 100 mètres est sur le point de démarrer. Je l’invite alors à consulter notre tableau-horaire à l’heure exacte où nous sommes à ce moment-là. Eh oui, le tableau indique bien « quart de finale » aux 100 mètres. Il recommence avec trois ou quatre autres écrans… et dans chaque cas… tout est absolument à l’HEURE! Le programme se déroule tout comme un système d’horlogerie suisse… à la seconde près.
Il n’en revient pas… Il n’a plus rien à ajouter ce jour-là et me dit au revoir.
Dans les faits, sur plus de 1500 événements apparaissant sur le tableau des compétitions, tous (je dis bien TOUS), à une exception près, se sont déroulés exactement comme nous l’avions planifié une année plus tôt. Le seul retard enregistré sur l’ensemble des épreuves est un combat d’escrime à l’Université de Montréal, combat qui a commencé 10 minutes en retard parce que les juges de l’épreuve s’étaient égarés en cours de route. (Peut-être ont-ils dû faire un détour à cause des travaux dans les rues???)
Je n’ai pas revu ce journaliste pendant la deuxième semaine des Jeux. Je l’ai rencontré lors du party des représentants des médias à Place Desjardins dans la soirée (ou la nuit) qui a suivi la cérémonie de clôture. Il s’est contenté de me saluer en me disant que Montréal avait réalisé des jeux magnifiques. J’ai accepté le compliment sans rajouter quoi que ce soit… Je n’ai pas eu besoin de parler. Mon sourire suffisait!
Malgré des moyens limités à cette époque comparativement à aujourd’hui, les Jeux de Montréal ont été exemplaires à tous points de vue. La preuve, c’est que Moscou en 1980 et Los Angeles en 1984 ont utilisé intégralement (comme un copier-coller) le plan d’action réalisé par le COJO pour leurs jeux respectifs. De plus, le directeur général des sports du COJO, Walter Sieber, qui a œuvré avec l’Association générale des fédérations sportives internationales et aussi avec la FIFA, la plus importante fédération internationale de sport, a été appelé comme consultant expert pour tous les Jeux olympiques d’été ou presque depuis ceux de Montréal.
Quand j’affirme que les Jeux de Montréal ont été un modèle de perfection, je suis certain de ne pas me tromper!
Note de l’auteur : Une exposition est actuellement présentée à la Maison de la culture Maisonneuve-Hochelaga (4200 rue Ontario Est, Montréal)) est consacrée « aux Bâtisseurs des Jeux », soit aux employés du COJO. En sous-titre, l’exposition qualifie cette merveilleuse équipe « d’hommes et de femmes d’exception ». L’exposition est ouverte au public du mercredi au dimanche inclusivement jusqu’au 30 septembre 2016. Ceux et celles qui iront la visiter ne risquent pas d’être déçus.