C’était la première fois, depuis un quart de siècle, qu’un accident de travail à la CIP de Hawkesbury faisait des morts et c’était évidemment la manchette de l’édition du 20 mars 1975 du journal Le Carillon. Robert Denis, 35 ans, Joseph Piché, 51 ans, et Rhéal Parent, 42 ans, « faisaient partie d’une équipe d’entretien qui avait été convoquée samedi matin afin d’effectuer des réparations mineures dans l’usine, avant sa réouverture, lundi. » À cause d’une diminution des commandes, l’usine avait été fermée depuis le 14 février et l’entreprise en avait profité pour réparer et installer de nouveaux équipements. Le trio était en train d’effectuer « des réparations à un lessiveur, appareil de 60 pieds de haut et de 15 pieds de diamètre, recouvert de briques à l’intérieur et qui sert à la cuisson du bois sous pression ». Le lessiveur avait été rempli partiellement de copeaux de bois « pour servir de plateforme à l’équipe de réparation ». Les copeaux avaient généré un gaz mortel et les trois victimes n’ont eu aucune chance. Robert Denis avait été le premier, suivi de Joseph Piché qui tentait de lui porter secours et de Rhéal Parent, qui devait lui aussi tenter d’aider les deux autres. En passant, Rhéal Parent était le propriétaire de notre premier logis comme nouveaux mariés. Nous y habitions quand notre fille est née. La nouvelle nous touchait drôlement directement.
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J’étais méchant envers mon futur employeur. Dans ma chronique du 6 mars 1975, j’écris ceci : « Décidément, ce service postal canadien en perd tous les jours. Un communiqué des organisateurs du 21e carnaval de Québec, rédigé le 26 janvier, estampillé à la poste de Québec le 31 janvier, est parvenu aux bureaux du Carillon le 27 février. Aux postes, on parle d’une possibilité de grève pour obtenir de meilleurs salaires, sans doute parce que l’on est débordé de travail? » Méchant, méchant!
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Gisèle Richer, de Rockland, devient vice-présidente de la toute nouvelle Régie des loteries de l’Ontario. Gisèle est bien connue pour son implication communautaire à Rockland et aussi au sein des mouvements franco-ontariens, dont l’ACFO. L’ancien ministre Fernand Guindon est le seul autre membre francophone du conseil d’administration de la Régie. Et comme le précise l’article du 20 mars 1975, « la Loterie ontarienne, dont le premier tirage devrait avoir lieu à l’été, offrirait un premier prix de $100,000 et les billets se vendraient à $1 l’unité ». Nous sommes encore loin des millions d’aujourd’hui et des multiples loteries provinciales et nationales.
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À l’affiche du Théâtre Régent de Hawkesbury, ce qui allait devenir un incontournable. « The Sound of Music » met en vedette Julie Andrews et le Canadien Christopher Plummer et des chansons que plusieurs connaissent maintenant par cœur. « The happiest sound in all the world » peut-on lire dans la publicité.
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Ce n’était pas un poisson d’avril, mais le 1er avril 1975, le Canada adopterait « l’échelle thermométrique Celsius ». Comme on peut le lire dans l’édition du 27 mars 1975, « une température de 20 degrés Celsius est habituellement celle d’une maison confortable, d’une pièce, non surchauffée (…) à 0 degrés Celsius l’eau gèle (…) moins dix degrés Celsius correspond à une belle journée d’hiver (…) l’on a aucune hésitation à se rendre à la plage quand il fait 30 degrés Celsius ».
Je me souviens de la tragédie à la CIP. C’était horrible. Danielle Martin, qui était l’épouse d’un professeur de théâtre à l’Ecole secondaire régionale de Hawkesbury, avait écri un poème ? à l’effigie des 3 victimes : Drapeau en berne (TROIS HOMMES SONT MORTS…).
En rapport avec mon commentaire précédent, le poème « Drapeau en berne » de Danielle Martin est inscrit dans le Dictionnaire des écrits de l’Ontario Français 1613-1993. Ci-bas un lien où on le mentionne. J’ai intentionnément écrit : « Trois hommes sont morts » en majuscules », dans ma note précédente, parce que l’écrivaine le criait haut et fort lorsqu’elle récitait son superbe poème. Malheureusement, je n’ai pas réussi à le retracer.
Je m’en souviens moi aussi comme si c’était hier. J’avais 11 ans. Le téléphone a sonné à la maison… quelqu’un appelait pour annoncer la triste nouvelle. Mes parents venaient de perdre un bon ami, Jo Piché. À ce moment-là, oncle André et tante Thérèse étaient chez nous pour le dîner. J’imagine que c’était un dimanche. C’était la consternation totale.
Il y a des souvenirs marquants comme celui-là qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Dans les jours qui ont suivi, je me souviens que maman a passé beaucoup de temps avec son amie Georgette (veuve de Jo Piché). À une occasion, je l’ai accompagnée pour passer du temps avec leur fils, Roch. Je me souviens que je ne savais pas quoi lui dire. Il venait de perdre son père et j’avais du mal à m’imaginer pareil scénario.
Je garde à jamais d’excellents souvenirs de M. Piché avec qui nous avons eu tellement de plaisir en camping. Je ne connaissais pas les autres victimes mais je me souviens que toute la communauté avait été ébranlée par cet accident.
Bonjour,
Je viens tout juste d’atteindre l’âge de retraite officielle au gouvernement fédéral, j’ai célébré mon 60ième alors que j’étais en devoir temporaire à Port au Prince, HAITI.
J’aimerais préciser que le 15 mars 1975 était un samedi matin qui restera marqué à jamais au plus profond de moi étant donné que c’est le matin que j’étais informé de la mort de mon père. Le tout s’est déroulé vers 9am, quand j’étais comme tout bon samedi à me préparer un bol de céréale pour me diriger vers ce que l’on appelait chez nous le TV Room. C’est à ce moment que je remarque trois homme et le curé qui frappe à la porte avant de la maison. Personne ne frappait jamais à la porte du devant chez nous. Tout le monde passait toujours sur le côté.
C’est là que j’ai entendu ma mère crier comme je ne l’avais jamais entendu crier jusqu’à aujourd’hui. Eh oui, on annonçait que mon père était décédé d’un gas mortel. C’est homme qui pour moi était un surhomme non seulement par sa stature musclé pour lequel il était reconnu mais pour sa gentillesse et disponibilité à rendre service à l’ensemble de la communauté. Cet homme que l’on pouvait toujours compter jour et nuit pour rendre un service. Cet homme qui a pris le temps de transmettre des connaissances non exclusivement à travailler dans la Shop derrière la maison. Je me souviens encore cognez des clous dans un bout de bois alors qu’il travaillait sur un des multiples projets qu’il avait exécutés chez nous. Il prenait le temps de m’apprendre qu’il faut minutieusement tout d’abord introduire le clou dans le bois à p’tits coups pour ensuite varger comme un fou… Il m’avait bien étonné qu’il pouvait, lui, une fois le clou introduit, d’un seul coup compléter la tâche. Je dois admettre qu’encore aujourd’hui je n’arrive pas à exécuter ceci de la même façon que le surhomme mais je crois qu’il y a plusieurs facteurs comme le fait qu’il avait un marteau de 16 onces et le bout de pin devait surement être mou, c’est ce que je me dis encore… LOL
Même si j’ai perdu mon champion de père au début de mon adolescence je le remercie pour l’avenir qu’il a su me produire et surtout d’avoir pris le temps de m’enseigner que donné le bonheur au gens qui t’entoure est un sentiment qui te soutiens et te rends heureux. C’est ce que je préconise depuis mon adolescence et même dernièrement lors de mon affectation en Afrique ou Haïti, je crois avoir réussi à suivre les traces de ce géant d’homme car les gens avec qui j’ai des contacts et qui méritent que l’on leur porte une attention en sortent toujours meilleurs. Merci Papa pour tout.
Un fils qui tente manque encore aujourd’hui et qui part moment comme maintenant verse encore une larme pour avoir la chance un jour de te serrer dans mes bras.
Comme tu m’appelait ton Ti-noir à cochon.
Merci beaucoup de ton commentaire, Pierre. Mon blogue s’en trouve drôlement enrichi.