Des procédures judiciaires en français… enfin

Ce n’était encore une fois qu’un petit début, mais les Franco-Ontariens en avaient été reconnaissants. Comme on peut le lire dans Le Carillon du 4 décembre 1975, « le procureur général de l’Ontario, Roy McMurtry, a promis qu’il essaierait d’avoir l’approbation pour un projet pilote qui permettrait que les procédures judiciaires se déroulent en français » en Ontario. Il avait expliqué, lors d’une conférence de l’Alliance pour le bilinguisme, « qu’il était temps que les Franco-Ontariens se sentent confortables avec le système judiciaire provincial ». En Ontario, tout devait se passer en anglais et on offrait des services d’interprètes aux francophones; quant aux documents pertinents, ils étaient exclusivement en anglais. Un projet pilote serait tenté à Ottawa. On sait qu’aujourd’hui, en Ontario, il est possible de profiter de services judiciaires en français… mais pas nécessairement partout.

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Voilà, finalement, « le dernier tronçon de 5.7 milles de l’autoroute 417, qui relie le Queensway à Ramsayville, a été ouvert cette semaine. L’ouverture de ce dernier tronçon met donc fin à la construction de la route 417 commencée en 1969. On estime à $26.3 millions le coût de ce dernier bout de chemin d’un peu plus de cinq milles. » Je note que d’autres millions sont en train d’être dépensés sur une partie de ce même « bout de chemin ». On est en train d’y aménager une nouvelle sortie et un nouveau viaduc qui relieront la 417, à la hauteur de Ramsayville justement, avec le chemin Hunt, qui traverse Ottawa d’est en ouest. Tout devrait être terminé en 2014. Si ma mémoire est fidèle, ce chemin Hunt n’existait pas lors de l’inauguration de la 417.

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En cette fin d’année 1975, les corps publics élus de la région envisagent de nombreux projets ambitieux de nouveaux locaux, entre autres de nouveaux quartiers administratifs pour les deux conseils scolaires régionaux. En éditorial le 4 décembre 1975, j’écris que « nous doutons de la nécessité d’investir une telle somme, particulièrement dans un domaine qui coûte assez cher aux contribuables: par taxes foncières scolaires et par impôts sur le revenu. Dans deux ou trois ans, l’actuel Foyer Prescott-Russell à L’Orignal sera vide. L’édifice ne répond plus aux besoins des citoyens âgés, mais il se transformerait très facilement en de magnifiques bureaux pour les DEUX organismes de gestion scolaire. Les fonds scolaires provenant de la même poche, une initiative de coopération et de partage serait bien vue par la population. (…) Les deux annexes de l’Hôpital général de Hawkesbury seront vides une fois le nouvel hôpital construit. Imaginez-vous les dimensions d’un bureau administratif dans une ancienne chambre d’hôpital: l’espace ne manque pas. Les possibilités sont nombreuses. » Je préparais le terrain parce que je savais ce qui se manigançait dans les coulisses du Conseil des écoles catholiques et du Conseil d’éducation. J’y reviendrai.

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« Les Canadiens français étaient là avant nous »… Vincent Massey

Le Dr Laurent Isabelle est le président du Collège Algonquin et il est membre du Conseil consultatif des affaires franco-ontariennes. Il en est question dans Le Carillon du 27 novembre 1975. C’est à ce titre qu’il avait prononcé un discours devant les Franco-Ontariens d’Elliot Lake, dans le nord de l’Ontario; il y avait parlé de la culture canadienne-française en Ontario. Ce que je retiens toutefois, c’est une déclaration de l’ancien gouverneur général Vincent Massey (il avait fait sa déclaration alors qu’il présidait la commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le multiculturalisme) qu’Isabelle avait répétée et que je trouve encore pertinente en 2012. Massey avait laissé entendre que les anglophones avaient mis du temps à comprendre; j’ose ajouter que tous n’ont pas encore nécessairement compris :

« Le plus grand contraste entre la nation américaine et la nôtre est que la première est une nation n’ayant qu’une seule langue tandis que le Canada est une nation ayant deux langues et, fondamentalement, deux cultures. Laissez-moi dire franchement et en toute humilité, qu’il nous a fallu, à nous les Canadiens anglophones, assez longtemps pour nous rendre compte que nous avons deux cultures dans notre pays et que nos concitoyens, les Canadiens français, étaient là avant nous.

Il ne faut pas oublier que plus d’un quart de notre population n’est ni d’origine française ni d’origine anglaise. Nous accueillons volontiers les cultures que ces nouveaux Canadiens ont amenées avec eux; nous apprécions la contribution qu’ils apportent à notre vie nationale. Pourtant, les deux races fondatrices restent les français et anglais dont la langue et la culture ont une place spéciale et permanente sur la scène nationale. Il s’agit d’un fait historique et non d’un jugement politique. »

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L’hôtel Bridge Inn, rue Principale à la hauteur de la rue McGill, est disparu depuis de nombreuses années. En 1975, ses propriétaires annoncent l’ouverture d’un « nouveau lounge » qui « peut accueillir 60 personnes » et qui offre « divertissement et danse ». C’était « l’endroit idéal pour venir passer une soirée agréable ». En fait, si ma mémoire est bonne, c’était bien beau, mais il y manquait drôlement d’atmosphère. Nous n’y sommes pas allés souvent.

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Toujours dans le journal du 27 novembre 1975, nous apprenons que le gouvernement ontarien vient d’adopter une nouvelle loi pour réduire les limites de vitesse sur les routes de la province et rendre le port de la ceinture de sécurité obligatoire pour tous les automobilistes. Ainsi, « la vitesse limite sur toutes les routes à quatre voix de la province sera de 60 milles à l’heure et partout ailleurs, en Ontario, la vitesse permise sur les routes principales sera de 50 milles à l’heure ». Le système métrique n’est pas encore apparu sur les routes canadiennes. « Vous devrez donc porter votre ceinture dès le 1er janvier 1976 ou risquer de payer des amendes qui varieront entre $20 et $100. Il est possible que le port de la ceinture devienne obligatoire au Québec comme en Ontario. »

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Le nouvel aréna de Rockland sera officiellement inauguré le samedi 29 novembre. Les « Anciens pros » allaient disputer une partie de hockey amicale contre une équipe de Rockland. Comme on peut le lire dans Le Carillon du 27 novembre 1975, les Anciens pros réuniront « Lorne Worsley, Claude Lussier, Roger Morissette, Dollard St-Laurent, Lee Hardey, Walter Clune, Jean Gauthier, Jacques Deslauriers, George Bouchard, Connie Borden, Phil Goyette, Claude Laforge, Ken Mosdell, Claude Pronovost, John Ferguson, Bernard Geoffrion, Henri Richard, Robert Rousseau, Fleming Mackell, l’arbitre Red Storey, les juges de lignes Gérard Racette et Jacques Labelle et les entraîneurs et instructeurs Pierre St-Laurent, Robert Morissette et Marcel Bonin ». Tant mieux si vous pouvez vous souvenir de tout ce beau monde; moi, à peine une dizaine me dit quelque chose aujourd’hui. Ce « nouvel aréna » prendrait éventuellement le nom d’aréna Jean-Marc Lalonde, mais n’est plus utilisé en 2012, ayant été remplacé à l’automne de 2011 par la nouvelle Académie internationale de hockey.

Trop vite sur le piton!

Mes excuses à mes abonnés qui ont reçu par erreur un billet que je voulais planifier pour février et que j’ai malencontreusement publié sur-le-champ. Vous le recevrez donc de nouveau le 10 février. En tout cas, quelqu’un est aussi vite sur le piton que moi parce qu’un lecteur l’a déjà consulté. Même en réagissant en moins de deux minutes, le billet avait été livré et lu (sans doute via mon compte Twitter)! Sacré monde électronique…

L’agriculteur un simple mendiant… un agriculteur l’affirmait

Une déclaration surprenante dans Le Carillon du 27 novembre 1975 et elle provient d’Alain Lavigne, alors président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens. « Les subventions accordées aux exploitants agricoles ne les incitent pas à s’améliorer, mais constituent plutôt une béquille réduisant l’agriculteur à la condition de simple ‘mendiant’. » Le président de l’UCFO expliquait que ces subventions ne sont qu’une aide à court terme; « M. Lavigne verrait d’un bon œil la mise sur pied de cours en agriculture pour les francophones de l’Est ontarien afin de les aider à améliorer leur exploitation et leur permettre ainsi de s’affranchir de toute assistance financière. » Il semble que les deux seuls agronomes francophones en service dans le milieu passaient beaucoup trop de temps à traduire des documents « indispensables aux agriculteurs francophones et que cette tâche les accapare énormément ». Et l’idée d’un collège d’agriculture à Alfred n’avait pas encore commencé à germer.

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Sobriété Canada avait déclaré que le Canada comptait plus de 700 000 alcooliques ou « buveurs problèmes ». Trois ans auparavant, selon un texte dans l’édition du 27 novembre 1975, il y en avait 300 000. Le ministre de la Santé et du Bien-être de l’époque, Marc Lalonde, « affirmait que l’alcoolisme est la maladie qui coûte le plus cher aux contribuables canadiens. Sobriété Canada affirmait même que l’alcoolisme coûte $1.1 milliard annuellement aux Canadiens, dont $500 millions pour les accidents de circulation, $250 millions en pertes dans l’industrie et au moins $350 millions en frais d’hospitalisation. » Il y a longtemps que je n’ai pas lu d’articles sur l’alcoolisme et ses ravages… l’alcoolisme en tant que maladie, bien sûr.

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Le gouvernement Trudeau était des plus sérieux en cette fin d’année 1975. Comme le rapporte le journal Le Carillon du 27 novembre, le Bureau d’examen et de contrôle, créé dans le « cadre du programme anti-inflationniste fédéral », a désigné des « escouades volantes » afin de répondre plus rapidement aux plaintes des consommateurs. Les escouades feront « enquête sur les entreprises soupçonnées de ne pas respecter le gel sélectif des prix et des salaires ». C’était une autre époque assurément. Au journal et à l’imprimerie, la direction avait respecté à la lettre les directives et nos salaires avaient été gelés pendant longtemps. La plupart des petites et moyennes entreprises avaient sauté sur l’occasion que leur offrait Trudeau et compagnie.

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La grève nationale des facteurs, alors dans un syndicat distinct des postiers, prend fin le 4 décembre 1975. Elle se prolongeait depuis le 20 octobre… quasiment six semaines. Tout le monde avait échappé un soupir de soulagement. La distribution du journal, comme pour tout le courrier canadien d’ailleurs, avait été drôlement perturbée.

Que chacune des municipalités se déclare bilingue… s.v.p.!

Le Conseil des comtés unis de Prescott-Russell avait affirmé à l’abbé Denis Lacelle qu’il « prendrait cela en considération ». Ce « cela » se référait à la demande de l’Association canadienne-française de l’Ontario à l’effet « que chacune des municipalités se déclare bilingue ». L’abbé Lacelle était le président de la régionale de l’ACFO dans Prescott-Russell. Ce jour-là, comme le rapporte Claude Tremblay dans son reportage dans Le Carillon du 20 novembre 1975, Lacelle était accompagné du secrétaire général de l’ACFO provinciale, Rémy Beauregard. Lacelle avait déclaré aux membres du Conseil des comtés que « nous vivons dans une province dont la majorité est de langue anglaise et dont le premier ministre a quand même reconnu le caractère bilingue ». Il faisait référence aux diverses initiatives du gouvernement de Bill Davis en matière de services bilingues et il jugeait que les municipalités de Prescott et de Russell devaient donner l’exemple davantage. « Notre population, à 88 pour cent de culture française, est considérée comme le deuxième bastion francophone le plus considérable à cause de son homogénéité dans tout le Canada à l’extérieur du Québec. C’est notre région qui a fourni à la province la plus grande partie de son élite francophone. L’on peut dire que les Franco-Ontariens ont les yeux tournés vers les comtés unis pour le leadership francophone dans la province. » Quant aux élus municipaux, ils étaient plutôt préoccupés par les coûts liés aux services en français, spécialement les frais de traduction. J’y reviendrai.

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L’idée d’un complexe sportif à Hawkesbury, endossé par une majorité de la population lors d’un référendum en 1974, fait progressivement son chemin. Cette fois, comme je le rapporte dans l’édition du 20 novembre 1975, le Conseil municipal demande à la firme d’ingénieurs-conseils Beaudry, Dupuis, Morin, Routhier et associés, de Laval, « de préparer une esquisse préliminaire en fonction d’un nouveau concept ». Cette fois, il s’agit de développer un nouveau complexe, mais en y intégrant le Centre Mémorial, ce qui permettrait d’offrir quand même deux surfaces de glace, une piscine intérieure, une salle communautaire et quatre courts de tennis. Ce n’était qu’un deuxième pas dans la bonne direction. À suivre.

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Je note dans ma chronique du 20 novembre 1975 que Fernand Berthiaume, des Publications Lachute, a acheté les journaux L’Argenteuil et The Watchman, de Lachute, qui appartenaient jusque-là aux Publications Giles. Aujourd’hui, L’Argenteuil fait partie des Éditions André-Paquette, de Hawkesbury.

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Pierre Elliott Trudeau, son gouvernement en tout cas, avait « invité tous les Canadiens à se serrer la ceinture ». Cette recommandation n’est pas tombée dans l’oreille de sourds, « du moins en ce qui concerne le Conseil d’éducation de Prescott-Russell ». Plus question, donc, d’offrir des sandwichs et des boissons gazeuses aux conseillers, aux journalistes et autres lors de leurs délibérations. « Ces derniers devront se contenter de biscuits secs, et les amateurs de liqueurs douces devront payer leurs consommations » peut-on lire dans l’édition du 20 novembre 1975. Aux fêtes de Noël, les gens devront « payer leurs propres consommations. Le nombre et le coût des dîners d’affaires seront réduits et un important séminaire, qui devait se tenir dans les Laurentides, aura lieu plutôt dans la région, dans le but de réduire les dépenses. » Voilà pour l’exemple.

Une grève postale… Oh non! Pas encore!

Dans Le Carillon du 30 octobre 1975, je dois expliquer aux lecteurs qu’ils pourraient ne pas recevoir leur journal ou le recevoir en retard étant donné la grève postale. Cette grève inspire encore une fois le caricaturiste Daniel McKale qui, cette fois, ajoute à son dessin d’un facteur qui tourne autour d’un cadran de grèves que « cette caricature ne s’adresse surtout pas aux postiers de Hawkesbury ». Ce jeudi-là, je n’avais pas des facteurs qui m’attendaient à mon pupitre! (Voir blogue du 11 janvier 2012.) Plusieurs articles et plusieurs publicités pour expliquer aux gens ce qu’ils doivent faire pendant la grève postale. C’était bien avant l’arrivée d’Internet, 20 ans plus tard. Lors de la dernière grève de 2010, je ne crois pas avoir vu une seule publicité disant aux gens quoi faire.

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Le journaliste Claude Tremblay signe un billet éditorial dans l’édition du 30 octobre 1975 qui provoque certaines réactions de mécontentement chez un commerce local. Le midi, régulièrement, plusieurs de la salle des nouvelles nous nous rendions luncher au comptoir du magasin Continental, tout près de nos bureaux. « Je ne sais pas si le Continental de Hawkesbury a l’intention de lancer une nouvelle saveur – on ne sait jamais de nos jours – sur le marché, mais je trouve anormal qu’une personne doive attendre pendant plus d’une demi-heure avant de pouvoir déguster un repas… non ‘térébenthiné’ (ne cherchez pas dans le dictionnaire mais pour les besoins de la cause, vous m’excuserez). (…) Imaginez qu’un ‘brillant sujet’ dont je n’ai pas pu savoir le nom, a décidé, le soir avant, de faire peinturer l’intérieur du réfrigérateur. » Tremblay n’avait pas été le seul à goûter à ces aliments au goût plutôt bizarre. Le gérant du Continental est évidemment venu nous rendre visite (ou m’avait-il téléphoné, c’est vague) dès la parution du journal.

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Parlant de Tremblay, à cette époque-là, les nombreux conflits de travail le tiennent fort occupés. Après Ivaco Rolling Mills, voilà que c’est encore une fois au tour de Patchogue-Plymouth en ce début de novembre 1975. Rien pour aider la réputation de Hawkesbury qui faisait son chemin comme endroit où le militantisme syndical fleurissait de plus en plus.

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Je ne sais pas si d’éventuels gagnants se sont partagés quelque chose, après tout, une loterie est une loterie… rien de garanti. Dans une publicité du 13 novembre 1975, Bombardier fait la promotion de ses Ski-Doo. « La prochaine loterie Olympique de série ‘A’ rapportera près de 9 1/2 millions de dollars en prix. Ski-Doo vient d’acheter 10,000 billets de cette série et vous invite à en partager les gains. Tout acheteur original d’une motoneige neuve Olympique 1976 de Ski-Doo, acquise avant le 31 décembre 1975, recevra un Certificat enregistré, émis par la Compagnie Trust Royal, lui garantissant une part égale des gains de ces 10,000 billets. » Entre vous et moi, promettre à quelqu’un qu’il gagnera une part d’un prix de loterie c’est quasiment promettre de rien donner!

Le nationalisme et le patriotisme n’ont pas de place en affaires

Je participe au 25e congrès général de l’Association canadienne-française de l’Ontario à Timmins et je signe plusieurs articles dans l’édition du 16 octobre 1975 du journal Le Carillon. Un retient mon attention. Il est question de déclarations de l’homme d’affaires Conrad Lavigne, « propriétaire des postes de télévision et radio CFCL de Timmins, sociétaire de nombreuses compagnies, homme d’affaires connu et influent du secteur nord-ontarien, patriote de surcroît ». Je participe, avec lui et plusieurs autres, à un atelier « sur l’homme d’affaires dans son milieu ». Lavigne affirme que « l’homme d’affaires franco-ontarien, dont l’objectif est de réussir, doit éliminer dans son esprit les idées de nationalisme et de patriotisme ». Sentiments et profits sont incompatibles, selon lui, « que le premier devoir d’un homme d’affaires est de faire de l’argent ». Conrad Lavigne avait qualifié d’idéaliste le principe d’achat chez-nous : « pendant ce temps-là, les autres s’enrichissent ». Il avait même ajouté que si la Société Radio-Canada est déficitaire, c’est « à cause du mélange de patriotisme et de commercial qu’on y retrouve ». Lavigne avait indiqué qu’il « aime mieux un patriote avec de l’argent qu’un patriote cassé ». Pour lui, « les Canadiens-français et conséquemment les Franco-Ontariens n’ont pas l’habitude de l’épargne, ce qui est à la source de la situation économique franco-canadienne. Les Canadiens-français aiment bien vivre et ça prend du temps à amasser un avoir. »

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C’est une entreprise, mais aussi une véritable institution à Hawkesbury. Dans Le Carillon du 9 octobre 1975, une pleine page de publicité pour annoncer l’ouverture prochaine d’un tout nouveau restaurant sur la rue McGill… Le Vieux Château Lounge, propriété de Denis Zezas. Dès son ouverture, Le Vieux Château deviendrait le resto de choix pour les locaux et les visiteurs de passage. Ce restaurant est encore là, avec de nouveaux proprios depuis très longtemps, mais toujours aussi populaire… mais un peu moins bon à mon avis.

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Les Hawks, alors une équipe de calibre junior « B », comptent sur les services d’un nouveau joueur en ce début de saison 1975-1976. Un joueur qui s’était illustré dans le hockey mineur local au fil des ans et dans le milieu semi-professionnel et professionnel plus tard. Yvan Joly allait faire parler de lui de plus en plus. Un article du 9 octobre 1975 parle de son but contre l’équipe de Vanier. J’y reviendrai.

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« Jaws », un classique du cinéma, sort sur les écrans, dont celui du Cinéma Lachute en cette semaine du 16 octobre 1975. La musique qui annonce l’approche du requin est reconnaissable instantanément encore aujourd’hui.

Il voulait savoir si la démocratie existait en politique

À l’échelle de l’Ontario, les conservateurs de Bill Davis obtiennent 51 sièges lors de l’élection du 18 septembre 1975 soit un gouvernement minoritaire, puisque les néo-démocrates en avaient obtenus 38 et que les libéraux en avaient récoltés 36. Dans Prescott-Russell, le député sortant conservateur Albert Bélanger est réélu, mais sa majorité habituelle est réduite. Le Carillon fournit tous les résultats dans une édition spéciale publiée le lendemain, un vendredi. Bélanger a récolté 11 022 votes, alors que le candidat libéral Roger Charron, de Rockland, en obtenait 8 957, beaucoup plus que le candidat libéral Philibert Proulx (5 532) lors du scrutin de 1971. Quant au néo-démocrate Raymond DesRochers, de Hammond, il a terminé troisième avec 5 019 votes, ce qui était quand même une bonne performance comparativement aux candidats néo-démocrates précédents. Mais DesRochers, qui avait été aussi battu lors de la dernière élection fédérale de 1974, avait annoncé son abandon de la politique… comme candidat. Les interventions politiques de DesRochers allaient se poursuivre pendant encore très longtemps. Quant à Charron, il avait considéré les résultats comme « une victoire morale ».

DesRochers avait fait la déclaration suivante à notre journaliste Claude Lamarche : « Je voulais savoir jusqu’à quel point existait la démocratie dans la politique et j’ai eu ma réponse. Il n’existe aucune démocratie en politique. Le seul intérêt pour la population est l’argent. Maintenant je sais, et je me retire. »

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C’était un projet d’été de quelques étudiants de Rockland : Carole Auger, Alain Gratton et Joanne Gratton. « Ce journal, qui tire à 15,000 copies, comprend des textes relatant les différentes activités et associations qui existent dans notre région. » En fait, Bonjour chez-nous était beaucoup plus que la publication la Jase-Rie qu’avaient lancée quelques étudiants de St-Albert dans le cadre d’un projet financé par Perspectives-Jeunesse. Bonjour chez-nous allait devenir un véritable journal qui serait un jour acheté par Les Éditions André-Paquette, société éditrice du journal Le Carillon. On raconte les premiers pas du journal de Rockland dans l’édition du 11 septembre 1975 du journal Le Carillon. Bonjour chez-nous est disparu éventuellement pour faire place au journal Vision, également de Rockland et qui fait partie des Éditions AP.

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C’était beaucoup d’argent pour l’époque. Comme le rapporte Le Carillon du 2 octobre 1975, la CIP a mis en œuvre « un programme de $1.5 million visant à améliorer l’environnement de son usine de pâtes de Hawkesbury ». « La tranche la plus importante du budget sera utilisée pour réduire les émissions atmosphériques de bioxyde de soufre sans pour autant négliger de réduire les émissions de vapeur d’eau. En outre, on apportera quelques modifications au système de cueillette des solides en suspension contenus dans les eaux usées à la sortie d’usine. » Ce ne serait pas suffisant pour garantir la survie à long terme de cette usine. À suivre.

Diefenbaker fait amende honorable

Les Jeux écossais de Maxville, mieux connus sous le nom de Glengarry Highland Games, sont une véritable institution dans la région. Le Carillon du 7 août 1975, à la une, publie une photo de l’ancien premier ministre et député de Prince-Albert, John G. Diefenbaker, portant fièrement son kilt, qui venait d’inaugurer les 28e Jeux en présence de plus de 25 000 personnes venues de partout. Si mes calculs sont bons, les Jeux souligneront donc leur 65e anniversaire en 2012. Diefenbaker avait rappelé qu’il ne portait pas le kilt lorsqu’il avait inauguré les Jeux en 1958. « Certains d’entre vous ont tenu à me le reprocher. Cette année, je fais amende honorable. »

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Ah! vive les élections! Comme le rapporte Le Carillon du 4 septembre 1975, « le député conservateur sortant J.-Albert Bélanger a annoncé que le gouvernement ontarien défraiera à 70 p. cent le coût de construction » du nouveau Foyer Prescott-Russell à Hawkesbury. Bélanger, qui allait de nouveau porter la bannière du parti conservateur au prochain scrutin provincial, avait « expliqué que le ministère (des Services sociaux et communautaires) contribuera $2,100,000 du montant prévu de $3 millions, à raison de $1 million pendant l’exercice fiscal 1973-1976 et $1,100,000 pendant l’exercice 1976-1977 ». Il tenait manifestement pour acquis que son parti formerait le prochain gouvernement.

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La nouvelle loterie ontarienne Wintario avait comme mission d’appuyer financièrement des projets liés aux sports et aux loisirs. Ainsi, comme l’explique Le Carillon du 4 septembre 1975, la ville de Hawkesbury pourrait bénéficier d’une subvention de 300 000 $ pour ériger un complexe sportif de 1 300 000 $ comprenant deux glaces artificielles, une piscine intérieure et une salle communautaire. Le problème est que les autorités municipales n’avaient toujours pas décidé d’en construire un, même après les résultats favorables d’un référendum en ce sens… mais le vent commençait à tourner. J’y reviendrai forcément.

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Je note la disparition à toute fin utile des danseuses-stripteaseuses dans les bars du coin. J’en conclus qu’elles n’exerçaient plus le même attrait depuis que les cinémas de la région, surtout ceux de Lachute et de Grenville, projetaient les films populaires de l’époque… les films « de fesses ». Il y en avait pour les fous et les fins. Chaque nouveau long métrage était devenu un prétexte pour le nu ou le fouet. Signe d’une autre époque.

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Un nouveau réseau de télé verra le jour en Ontario. TVOntario commencera à diffuser dans la région à compter du 15 octobre 1975. « De 10 à 15 p. cent seulement des émissions diffusées au canal 24 seront en langue française. Ceci représente de 60 à 90 minutes par jour sur un total de 14 heures d’antenne. » Ce n’était bien sûr qu’un début. Plus tard, la chaîne TFO verrait le jour. J’y reviendrai.

« L’art de bien servir les vins »

Le billet de mon blogue « Le bon vin réjouit le cœur de l’homme », qu’avait pondu mon collaborateur Alain Guilbert, est l’un des plus consultés. J’en conclus que les questions liées aux vins intéressent un grand nombre d’internautes. Dans l’édition du journal Le Carillon du 31 juillet 1975, dans un texte non attribué, il est justement question de « l’art de bien servir les vins ». Je ne sais pas si tous ces conseils sont encore valables de nos jours, mais il me semble que oui. Bien sûr, tout est toujours question de goûts personnels. Quoi qu’il en soit, j’ai pensé que vous aimeriez relire ce texte d’il y a 37 ans, mais qui ne traite que des vins français, les plus populaires à une époque où, dans notre région, nous entendions très peu parler des vins ontariens ou australiens ou néo-zélandais ou californiens ou chiliens ou argentins. Le voici :

« Combien de fois, lors de la préparation de petits dîners fins, vous êtes-vous trouvé dans l’embarras au moment de choisir les vins s’harmonisant avec vos viandes, poissons, fromages ou desserts?

Et tout d’abord, vous y retrouverez-vous dans la classification des vins?

Français ou non, tous les vins entrent dans cette classification, à savoir: les apéritifs, les vins type Bordeaux (rouges et blancs), les vins d’Alsace, de la Loire, les rosés et les Champagnes, les vins de desserts et les liqueurs fines. On ne saurait donner un guide infaillible, l’éventail des vins étant assez vaste pour chaque plat et le choix définitif restant une affaire de goût personnel.

Toutefois, voici un résumé des tendances d’emploi des vins selon l’ordre du service afin d’éviter les fausses notes.

Avec les crustacés, coquillages, poissons légers et autres fruits de mer, on a l’embarras du choix par la gamme des vins blancs, secs et riches.

Avec les plats de poisson, les vins blancs pour les plats frits ou grillés. Mais pour accompagner un poisson fin, en sauce, il convient de servir des vins blancs moelleux.

Avec les entrées (blanquettes, fricassées, pâtés en croûte), des vins légers, fins: Beaujolais, Pully-Fumé, Meursault. Le gibier à poil ou à plume demande des vins rouges de force moyenne: Bordeaux ou Bourgogne, Médoc, Saint-Estèphe.

Avec les viandes blanches (veau, porc, agneau), il faut des crus légers et racés, Saint-Emilion.

Les rôtis de viande rouge (mouton, bœuf) ne sauraient se passer de grands crus, hauts en couleur et en chaleur: Côtes de Beaune, Beaujolais et Côtes du Rhône.

Au chapitre des fromages, le choix s’avère plus délicat car on peut dire que chaque fromage a son vin de prédilection.

Il est faux cependant de prétendre que tous les fromages appellent un vin rouge. Les fromages frais (Suisse, demi-sel), les pâtes cuites (Gruyère) se marient très bien avec des vins blancs et rosés doux. Les chèvres se servent, au goût, avec des rosés plus corsés, des blancs secs, ou des rouges fruités. Mais les pâtes molles (Brie, Coulommiers) fermentées ou persillées exigent des vins rouges légers (Nuits, Médoc) ou au contraire puissants s’il s’agit de fromages forts (Roqueforts): Châteauneuf-du-Pape, Chambertin.

Pour accompagner desserts et fruits, tous les vins blancs liquoreux ou parfumés sont de mise. Les vins doux naturels, Banyuls, Muscat, Sauternes. Distinguer cependant: avec le melon, Porto, vin blanc sec; avec pêches, abricots, fraises, framboises, vin rouge à bouquet; avec poire, tous les vins surtout les rouges. Mais avec les fruits acides aucun vin ne convient. Avec les noix, les noisettes, les amandes, tous les vins sont bons. »

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Ces temps-ci, il est beaucoup question de la générosité de certains régimes de retraite publics. L’indexation, par exemple, n’a pas toujours été la norme. Le Carillon du 24 juillet 1975 nous apprend qu’en Ontario « la pension des professeurs serait maintenant basée sur le coût de la vie ce qui donnera une augmentation de 8 p. cent cette année ». Le ministre de l’Éducation, Thomas Wells, avait en effet annoncé que « les ajustements annuels de la pension des professeurs seront basés sur l’index des prix au consommateur pour le Canada et seront limités à un maximum de 8 p. cent pour cette année et la différence au cours de l’année suivante ». Il avait affirmé que cette pension « ne diminuerait pas si l’Index indiquait une diminution du coût de la vie ». Par contre, cette mesure coûterait plus cher aux enseignants. « Pour payer cette hausse de bénéfices, les professeurs devront contribuer un p. cent de plus pour le plan de pension soit de six sept p. cent à partir de septembre. La contribution provinciale équivalente à celle des professeurs augmentera aussi de un p. cent. »