Le progrès arrive à Alexandria

L’édition du journal Le Carillon du 24 novembre 1966 nous apprend qu’on installera des
« Téléphones à cadran à Glen Robertson et à Alexandria ». Wow! Le progrès arrive.

« Depuis le 12 novembre 1895, les résidents d’Alexandria et de Glen Robertson étaient desservis au moyen du système de téléphone par téléphoniste. Cependant, à compter du 20 novembre dernier, les citoyens de ces mêmes endroits se servent maintenant du téléphone à cadran. (…) Jusqu’à dimanche dernier, une vingtaine de filles et de femmes assuraient le service téléphonique aux quelque 1400 abonnés d’Alexandria et de Glen Robertson. »

Le mot « cellulaire » n’existait pas encore. En peu de temps, les téléphones à cadran allaient apparaître partout dans les régions rurales des villages voisins. La nouvelle me rappelle des souvenirs personnels; la plus jeune sœur de ma mère était responsable d’un groupe de téléphonistes de Bell à Montréal. Elle aussi, éventuellement, allait être victime de la modernisation et allait se transformer en secrétaire (je ne me souviens plus si c’était juridique ou médicale). Elle vit toujours cette tante… avec sa fille en Suisse.

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Un entrefilet banal dans le journal Le Carillon du 1er décembre 1966. Le premier ministre progressiste-conservateur John Robarts venait d’annoncer que le ministre et député du comté de Prescott, Louis-P. Cécile, avait remis sa démission et qu’il ne solliciterait pas un autre mandat lors des prochaines élections en Ontario. Selon la rumeur, il serait nommé juge de la cour provinciale à la fin de son mandat. C’est ce qui se concrétiserait quelques mois plus tard. Âgé de 61 ans, M. Cécile avait été élu en 1948 et était devenu ministre sans portefeuille trois mois après son élection. Peu de temps après, il était nommé ministre du Tourisme et de l’Information et en 1955, il a été nommé ministre du Bien-être.

Ça aussi me rappelle des souvenirs. Son fils, Pierre, était un copain de séminaire. Il arrivait que nous revenions chez nous pour des vacances dans la limousine de son père, conduite par son chauffeur. Lors d’une réception organisée pour souligner le départ à la retraite politique de Louis-P. Cécile, le premier ministre Robarts s’était déplacé à Hawkesbury pour l’occasion. Pierre était là pour son père et moi, comme journaliste. Pierre et moi nous tenions ensemble et, par la force des choses, son père était près de nous. Si bien, qu’à un certain moment, Robarts a entrepris une conversation avec moi. Je dois préciser que j’avais énormément de respect et d’admiration pour cet homme et ce premier ministre. Pendant une conversation entre lui et moi, je lui avais demandé s’il n’en avait pas assez de ces réceptions et d’avoir toujours un verre à la main. Il m’avait répondu – je n’oublierai jamais la réponse – que ce n’était pas un problème parce qu’il ne buvait réellement pas; il portait le verre aux lèvres, mais aucun liquide n’en sortait. J’ai utilisé la technique plus tard à maintes reprises quand mon « devoir » de journaliste devait passer en premier. Tristement, Robarts, plus tard dans sa vie, s’est suicidé peu de temps après avoir appris qu’il était atteint du cancer.

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