Un chat-volant abattu à Alfred

Je vous avais prédit la bizarrerie que vous allez bientôt lire (revoir blogues des 28 mars et 3 avril). Dans Le Carillon du 30 juin 1966, le voilà enfin ce titre que je recherchais : « Chat volant abattu à Alfred. (…) C’est vrai! (…) Cet animal vient-il d’une autre planète? »

C’est sous ma plume et j’en ris encore. Heureusement, je ne faisais pas référence aux deux incidents précédents, mais par contre très rapprochés de celui-ci. « Jean-Jacques Rivers, un distributeur de patates chips Sheriff, aidé de MM. Arthur Lavoie et Marcel Séguin l’ont abattu vendredi soir à Alfred, le jour de la Saint-Jean-Baptiste ». Une photo à la une montre Rivers écartant les « ailes » du chat en question. Il a fallu cinq coups de .22 pour l’abattre dans la tête. Le texte est bourré des exagérations des témoins : « quatre crocs de 5/8e de pouce chacun », « neuf livres et trois quarts », « 30 pouces de long avec la queue et 20 pouces sans la queue », « l’animal aurait fait des bonds d’environ 50 pieds avant de s’attaquer à sa proie » (le chat de Lavoie).

Les journalistes de partout s’intéressent à la découverte. « Le Dr Paul Vincent, vétérinaire à Plantagenet, a déclaré que la seule différence entre cette bête et un chat normal était ses ailes sur le dos et les quatre crocs. » Toujours selon le Dr Vincent, l’animal se nourrissait uniquement de chair fraîche. Rivers en avait assez de déterrer et d’enterrer de nouveau le cadre du chat-volant mâle. Un professeur de zoologie de l’Université Western Ontario de London a déclaré « n’avoir jamais vu un tel animal ni d’en avoir entendu parler ». Et le pire dans tout ça, mon affirmation en fin d’article que « tant et aussi longtemps que les experts n’affirmeraient pas le contraire, nous étions libres de nous y référer comme étant un ‘chat-volant’ ». Voilà l’objectivité journalistique qui prenait le bord!

Dans l’édition de la semaine suivante, un court article mentionne que des gens du ministère des Terres et Forêts à Kemptville, accompagnés de membres de la Sûreté provinciale, avaient rendu visite à Rivers pour récupérer les restes du chat mystérieux, mandat en mains. Rien pour calmer les doutes.

C’est dans cette même édition du 30 juin, croyez-le non, que l’éditeur André Paquette annonce le départ de Jean-Guy Bruneau pour Le Droit et ma nomination comme nouveau rédacteur du journal. « Nous sommes assurés que Le Carillon continuera en s’améliorant de semaine en semaine », écrit-il. Comme si j’avais besoin de pression supplémentaire! Jean-Guy, qui était au journal Le Carillon depuis 1962, devenait correspondant du journal Le Droit dans l’Est ontarien. Ma signature est de plus en plus présente, bien sûr, et j’hérite de « La Revue des sports » hebdomadaire, en plus du reste.

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