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Le cynisme envers les politiciens

par Alain Guilbert

Nombreux sont les citoyens qui deviennent de plus en plus cyniques à l’endroit des politiciens.

Le cas de l’ex-député fédéral et ex-sénateur Raymond Lavigne constitue une illustration parfaite de ce que pourquoi le cynisme des citoyens grandit avec les années. D’abord élu député libéral de Verdun en 1993, le député Lavigne a été réélu aux deux élections suivantes, jusqu’à ce que son chef Jean Chrétien le nomme sénateur en 2002. Lavigne ne s’est jamais vraiment fait remarquer, ni comme député, ni comme sénateur, si ce n’est en 2007 lorsqu’il a été accusé de fraude.

Les procédures entourant les accusations portées contre lui se sont étirées sur une période de presque quatre années, jusqu’à il y a quelques semaines, lorsqu’il a finalement été trouvé coupable de fraudes et d’abus de confiance. Il avait été expulsé du caucus de son parti en 2006, puis du Sénat dès le moment où il s’était retrouvé au banc des accusés. Mais ce qui demeure incompréhensible pour la plupart des citoyens, c’est que pendant tout ce temps, il a continué non seulement à recevoir son salaire annuel de 132 000 $ comme sénateur, mais également des dépenses reliées à sa fonction (quelle fonction?) de l’ordre de 30 000 $ annuellement. Au total, depuis son « expulsion » de la Chambre haute, les contribuables ont versé près de 700 000 $ au « sénateur » Lavigne. Pourquoi a-t-il continué à percevoir son salaire après son expulsion du Sénat? Probablement parce que tout accusé est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire… Admettons que cette explication est acceptable… mais cela ne justifie pas pour autant qu’il ait pu toucher des remboursements de dépenses encourues dans un travail qu’il n’effectuait pas. Cela est totalement incompréhensible et inadmissible.

Une dizaine de jours après avoir été déclaré coupable par un juge de la Cour supérieure de l’Ontario, il a préféré « remettre sa démission » définitive du Sénat avant que celui-ci ne se penche sur son sort, ce qui aurait pu entraîner la perte de tous ses avantages futurs. Ainsi, malgré qu’il n’ait pas siégé une seule fois depuis 2007, il aura quand même droit à une pension annuelle de 35 000 $ comme ancien sénateur, une pension qui s’ajoute à celle à laquelle il aura droit comme ancien député, ce qui lui procurera un revenu de plus de 80 000 $ annuellement, bien sûr, le tout encore une fois aux frais des contribuables. Pas mal pour un homme qui a fraudé ces mêmes contribuables et qui a abusé de leur confiance!!! Le chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe, a jugé « honteux » que Lavigne puisse recevoir une telle pension. Pour une fois, je suis d’accord avec lui.

Lavigne recevra sa sentence au début du mois de mai. Il est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 14 ans d’emprisonnement. S’il était effectivement condamné à plus de deux ans, il perdrait automatiquement sa pension. Je doute que le tribunal lui impose une telle peine, mais chose certaine, ce serait certainement très équitable si le juge l’obligeait à rembourser le salaire reçu depuis que l’ex-sénateur a été mis en accusation, de même que toutes les dépenses de fonction qui lui ont été versées dans le cadre d’un travail qu’il n’accomplissait pas. De plus, les années écoulées depuis son expulsion du Sénat ne devraient pas être comptabilisées comme des années admissibles à une pension.

Les gestes posés par Lavigne,, et surtout l’argent qu’il a continué à recevoir après avoir été mis en accusation, rendent les simples citoyens de plus en plus cyniques à l’endroit des politiciens, même si ce ne sont qu’une infime minorité d’entre eux qui se livrent à de tels agissements. Puisque l’ex-député et ex-sénateur a été trouvé coupable de ce dont on l’avait accusé dès 2007, les simples citoyens (dont je suis) ne peuvent comprendre qu’un homme puisse profiter d’un emploi qu’il n’a pas assumé depuis des années. Si le juge reconnaissait cette dimension dans la peine qu’il infligera à Lavigne en mai, il contribuerait sans doute à faire diminuer quelque peu le niveau de cynisme des citoyens.

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« Dites donc DOW » disait son slogan

Hawkesbury et la région n’avaient pas été épargnées par la « crise de la DOW » de l’époque. Des milliers de gens s’en souviennent sûrement comme si c’était hier. Dans l’édition du 19 mai 1966 du journal Le Carillon, La Brasserie Dow (Ontario) Limitée publie presque une pleine page de publicité, sous le titre : « Nous avons détruit près d’un million de gallons de bière Dow qui était irréprochable. L’avons-nous fait inutilement? »

Cette histoire avait eu une envergure nationale. De la bière de la ville de Québec avait été jugée imbuvable. Entre août 1965 et avril 1966, 48 patients de la région de Québec avaient subi une cardiopathie inhabituelle. Trois médecins de l’endroit jettent le blâme sur la bière Dow et les médias reprennent la « rumeur ». Des analyses et des inspections gouvernementales confirment que la bière n’est pas en cause, mais il est déjà trop tard.

Dans sa publicité, Dow tente de réparer les pots cassés et affirme que « cette bière était irréprochable ». Les rumeurs circulaient à Québec et Dow était le seul brasseur de cette ville et ses ventes étaient plus élevées que celles de toutes ses concurrentes. En fait, à cette époque selon Wikipédia, Dow détenait 51 % du marché du Québec et 85 % du marché de Québec. « En tant que chefs de file, nous avons cru qu’il nous incombait de rassurer le public », clame le message.

« Il ne restait qu’une chose à faire, poursuit l’annonce. Dans l’intérêt du public, dans l’intérêt de nos clients, dans l’intérêt de toute l’industrie de la bière, dans l’intérêt d’un grand nombre de garçons de table, d’hôteliers et d’épiciers licenciés qui comptent sur la vente de la bière pour leur gagne-pain, nous devions effacer tout doute dans l’esprit de chaque consommateur. Et le meilleur moyen d’y parvenir était de retirer notre bière du marché. C’est ce que nous avons fait de notre plein gré. » La réaction du public : le doute.
Il y avait anguille sous roche; les rumeurs se mirent à circuler. Et en Ontario, les ventes de Dow ont subi tout un choc alors que cette bière était pourtant brassée à Toronto. Dow affirme avoir agi de manière appropriée afin de corriger les perceptions. Et pour l’inutilité de leur décision, Dow affirme : « Nous ne le croyons pas. »

Dans l’édition de la semaine suivante, celle du 26 mai, Dow revient avec une autre grande publicité. Dow tentait assurément un retour important sur le marché. « Lorsque même nos concurrents reconnaissent sa qualité et sa pureté (…) La prochaine fois, ne devriez-vous pas adopter la Dow? » Guerre des bières : dans l’édition du 9 juin, grande annonce de la Molson Export. (Ce qui me rappelle l’agent de la Molson dans la région de Hawkesbury, Jean Soulard – c’était son nom et rien à voir avec le célèbre chef du Château Frontenac – qui m’appelait pour une photo chaque fois qu’il remettait un trophée à un gagnant d’une compétition sportive quelconque.)

Quant à la Brasserie Dow, dont l’origine remontait à 1790, elle a été acquise par Carling-O’Keefe en 1967. La marque Dow elle-même est disparue en 1998.

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Le massacre de la baie de L’Orignal

C’est le titre dans Le Carillon du 5 mai 1966 et le message ne peut être plus clair. Depuis 1961, date de la construction du barrage hydroélectrique de Carillon, en aval de la région, les propriétaires riverains du secteur de L’Orignal subissent l’assaut de la crue des eaux de la rivière. Ce coin du comté de Prescott est reconnu pour ses très nombreux chalets et ses maisons riveraines souvent à prix élevé.

Plusieurs y ont aménagé leurs berges il y a belle lurette, mais tout ça se retrouve maintenant sous l’eau. Ils veulent être dédommagés adéquatement. Par exemple,
Hydro-Québec avait offert une compensation de 25 $ à un proprio en compensation des dommages. Vous avez bien lu! Une association des propriétaires riverains perd patience en ce printemps de 1966 et fait pression auprès des députés Louis-Pierre Cécile, provincial, et Viateur Ethier, fédéral. Bien entendu, les deux sympathisent avec les proprios de leur circonscription et s’engagent à intervenir.

Ainsi, dans l’édition du 12 mai, la manchette clame que « La haute direction de l’Hydro viendra Hawkesbury pour discuter sur place des problèmes résultant de l’érection du barrage de Carillon ». Il s’agissait d’Hydro-Ontario et non pas d’Hydro-Québec. La délégation viendra voir de ses yeux les conséquences du barrage tant à Hawkesbury que dans la baie de L’Orignal.

Dans l’édition du 19 mai, on apprend que l’Hydro-Ontario interviendra en faveur des propriétaires riverains. De son côté, les proprios affirment être prêts à utiliser les recours juridiques pour obtenir une compensation appropriée. L’histoire durera de très longs mois, mais il n’y a jamais de règlement à la satisfaction de tous.

* * *

Les premières annonces pour les passeports de l’Expo 67 apparaissent, un an avant l’ouverture. Les banques encouragent les gens : « Ouvrez un compte en vue de préparer la visite de l’Expo 67 avec votre famille, à Montréal, du 28 avril au 27 octobre 1967 ».
Le message était clair : ça vous coûtera cher! Aussi bien s’y préparer.

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« Reviens »

Celui-ci remonte au 13 décembre 1984. Je n’ai aucune idée de qui elle parle; par contre, le mot « réunis » est au masculin, ce qui me laisse supposer qu’elle se réfère à un homme.

Tu m’as oublié,
     Pourquoi?
Mais, tu m’as aimé,
     Je crois.
Je m’ennuie de toi
     Parfois
Et je rêve à toi
     Des fois.
J’attends ton retour
     Vers moi
On s’aimera d’amour
     Quelle joie!
Rien n’est éternel
     Tu vois
Mais la vie est belle
     Ma foi
Ma petite amie
     Cette fois
Je serai ravie
     Comme toi
D’être réunis
     Et vois
On aura ainsi
     D’la joie!

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Les heures de fermeture finalement réglées

Le Carillon du 28 avril 1966 nous l’apprend; mais est-ce bel et bien réglé? Le débat durait depuis plusieurs mois, à coup d’articles et de publicité, à propos des heures d’ouverture des magasins à Hawkesbury. Personne ne pouvait s’entendre. Le Conseil municipal a tranché. Les magasins seront fermés le lundi, mais pourront être ouverts jusqu’à 21 heures le jeudi et le vendredi. Dans l’édition du 12 mai, on apprendra que la fermeture se fera à 22 heures le vendredi au lieu de 21 heures, mais pas le jeudi. Les autres jours de la semaine, les magasins fermeront à 18 heures. Et bien sûr, le dimanche, tout était fermé. À Rockland, la Chambre de commerce locale recommande au Conseil de faire la même chose: magasins fermés le lundi. Fait à noter, les magasins de la LCBO (la Commission des liqueurs comme on l’appelait) sont fermés le jeudi toute la journée.

Dans l’édition du 19 mai, la question fait la manchette encore une fois puisque le Conseil a changé d’idée une énième fois. Cette fois, le Conseil détermine que les magasins seront ouverts six jours sur sept et qu’ils fermeront à 18 heures, sauf le vendredi à 22 heures.
« De cette façon, le marchand désireux de progresser aura l’occasion de bénéficier d’au moins six jours dans la semaine. » Nous sommes loin des heures d’ouverture quasi illimitées d’aujourd’hui.

Dans l’édition du 16 juin 1966, K & W Assaly Ltd (Margery Assaly, la femme de Wilfrid, le « W » du magasin, vient de décéder en cette fin de mars 2011) annonce ceci en publicité : « afin de vous fournir un service de haute qualité et un personnel de ventes complet et expérimenté pour vous servir, nous continuerons à fermer notre magasin le mercredi à partir de 12:30 p.m. ». Voilà pour illustrer le désaccord de la communauté commerciale sur cette épineuse question qui allait se continuer pendant encore un certain temps.

* * *

Dans la même édition du 16 juin, un article rapporte qu’un météorite serait tombé dans la rivière Outaouais près de Papineauville. Une femme aurait aperçu « une masse lumineuse filer à basse altitude au-dessus de village pour finalement tomber dans la rivière à quelque 3000 pieds du rivage ». Des équipes du Conseil national des recherches font enquête. Les résultats ne sont jamais publiés. J’en parle un peu au même titre que la soucoupe volante d’un récent blogue (relire blogue du 28 mars). Restez à l’écoute!

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À nos ancêtres

Celui-là a été publié dans l’édition d’avril du bulletin La Feuillée, le Bulletin des Filion d’Amérique. Elle l’avait composé le 5 février 1985. Il est court sans doute pour assurer sa publication. Ma mère n’était pas une Filion de naissance, bien sûr. J’imagine qu’elle l’a écrit comme si c’étaient nous qui l’écrivions. (Quand elle l’a pondu, j’étais petit et je le suis toujours; j’avais les cheveux roux!)

Michel Feulion, Louise Le Bercier,
Vos descendants sont par milliers.
Comme vous, nous sommes tous parfois curieux
Nous voulons vous connaître mieux.
Vous avez dû être courageux,
Rêveurs, poètes, sans doute joyeux.
Des « Filion », il y en a partout,
Des p’tits, des grands, des roux
Qui aimeraient bien communiquer
Afin de pouvoir célébrer
Notre cher ancêtre Michel Feulion
Dont nous avons reçu le nom…

Sur sa feuille, elle avait aussi noté cette pensée, qu’elle avait sans doute entendue à la télé. Elle notait souvent de telles pensées provenant du petit écran.

Le chagrin regarde en arrière, l’inquiétude regarde de tous les côtés, la foi regarde vers la haut. Si vous vous mêlez de contrôler ce qu’apprennent vos enfants, vous risques qu’ils ne deviennent pas plus brillants que vous. « Je crois en vous » : ces quelques mots peuvent sauver une vie.

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Ethier souhaite le maintien de la peine de mort

Un court article dans l’édition du journal Le Carillon du 21 avril 1966 rappelle que le député libéral Viateur Ethier a voté, le 5 avril, pour que « la peine capitale » ne soit pas abandonnée au Canada. Tous les députés de la région, sauf le libéral Paul Tardif, de la circonscription de Russell, avaient voté pour son maintien. Le vote du 5 avril aux Communes s’était soldé par un vote de 143 contre 112 pour que le pays conserve la peine de mort. Cet article rappelle que la peine de mort était monnaie courante au Canada il n’y a pas si longtemps et qu’un grand nombre de citoyens qui étaient vivants à ce moment-là le sont encore.

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Précédemment, Le Carillon du 31 mars 1966 annonçait la construction prochaine d’un nouveau club de golf et de curling pour Hawkesbury. À ce moment-là, il y avait le club de golf Abenaki, voisin de l’usine de la CIP et le club de curling, situé sur le rue John (celle menant au pont Perley). Le nouveau club, dont l’emplacement n’était pas encore connu, devait compter 500 membres, qui seraient actionnaires. Ce club, aménagé finalement dans le canton de Hawkesbury-Est, est toujours là. J’observe que les noms des personnes responsables de cet important projet sont surtout anglais parce que la direction de la CIP et de l’ICR était essentiellement anglophone. Plusieurs des 500 membres allaient provenir du « West-Island » de Montréal.

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Dans l’édition du 7 avril, l’Ontario Medical Services Insurance Plan – prédécesseur d’OHIP – rappelle aux Ontariens qu’il faut adhérer à OMSIP avant le 1er mai pour être assuré dès le 1er juillet. L’adhésion est absolument volontaire et aidera les gens à payer les notes de médecin. « OMSIP paie pratiquement tous les frais de médecin, que ces frais aient été encourus à la maison, au bureau du médecin ou à l’hôpital. » Jusque-là, il n’y avait pas de telle assurance gouvernementale pour les frais médicaux. On ne parle que des frais des médecins et non pas des frais de médicaments.

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Dans cette même édition du 7 avril, un article cite le chef de police Wilfrid Villeneuve qui rappelle aux jeunes qu’il leur faut un permis pour se promener à bicyclette. En 1965, la ville a vendu plus de 825 permis pour bicyclettes. Je me demande s’il existe encore des municipalités, aujourd’hui, qui exigent des permis pour les bicyclettes?

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Le Carillon du 14 avril 1966 consacre sa une entièrement à la retraite du chanoine Roméo Guindon et à la nomination du nouveau curé, l’abbé René Denis. René était le frère de Bernard, qui vendait de la publicité au journal Le Carillon et dont le pupitre était alors en face du mien. Les « anciens » se souviendront de Bernard Denis pour une autre chose. Avant l’ère d’Internet et de la radio locale, Bernard est celui qui se promenait dans les rues de Hawkesbury, avec deux puissants haut-parleurs sur le toit de son automobile pour faire des annonces publiques sur les événements locaux. Personne ne pouvait ne pas l’entendre.