Des circulaires… amènes-en!

« Lorsque le ministère des Postes est devenu la Société canadienne des postes, il devenait encore plus important de garantir les revenus postaux. Je me souviens lors d’un congrès de la Canadian Community Newspapers Association à Edmonton (en Alberta), Michael Warren, alors PDG de Postes Canada, avait averti les éditeurs des journaux communautaires que sa société ferait tout pour obtenir une plus grande part de la distribution des encarts publicitaires, si lucratifs pour les médias. Plusieurs années plus tard, alors que j’étais d’ailleurs au service de Postes Canada, la société avait même créé une section spéciale pour livrer exclusivement des circulaires publicitaires. Quand Publisac est arrivée dans le portrait, les médias se sont ligués contre Postes Canada et ont exercé tellement de pressions sur l’actionnaire (le gouvernement fédéral) qu’elle a été obligée de démanteler son groupe spécial de livraison. Ce qui n’empêche pas Postes Canada de livrer encore des circulaires dans votre boîte aux lettres, mais les journaux et les « Publisacs » de ce monde en distribuent beaucoup plus. »

J’avais publié le texte qui précède dans mon blogue du 23 mai 2011 dans le contexte de mon « Retour sur hier ». À Edmonton, je n’avais aucune idée que je travaillerais un jour pour Postes Canada – en fait, environ cinq ans plus tard – et que j’aurais à défendre l’entreprise contre les attaques de ces mêmes journaux.

En avril 1993, la situation retenait l’attention des dirigeants de Postes Canada. Après tout, ils avaient consenti à créer une force de distribution spéciale de la Médiaposte… des syndiqués du puissant Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, mais avec un statut différent. Il fallait, après tout, concurrencer avec des géants du monde médiatique canadien et, surtout, québécois.

Nous avions même envisagé, deux ans auparavant, lors d’une rencontre avec le caucus québécois du parti conservateur, une alliance avec l’Association des hebdos du Québec pour lui confier la distribution des circulaires – nous l’appelions la Médiaposte sans adresse. Au Québec, notre part du marché était à peine de 18 p. cent, alors qu’elle était de plus de 30 p. cent ailleurs au pays. Mais voilà, Quebecor et Transcontinental, les deux géants québécois, voulaient nous sortir du marché totalement. Quoiqu’à un certain moment, il aurait été question d’une entreprise conjointe avec Transcontinental. Mais la convention collective interdisait toute forme d’impartition de la livraison de la Médiaposte sans adresse. En 1993, rien de tout cela n’était possible.

Nos spécialistes s’étaient longtemps penchés sur la question. Nous venions même d’inaugurer à Winnipeg un centre spécial nommé « Connexions » afin de promouvoir nos grandes capacités de marketing à l’échelle nationale. Même si ses taux étaient un peu plus élevés que ceux des médias traditionnels, Postes Canada avait quand même un atout important… sa capacité de livrer dans toutes les boîtes aux lettres… les boîtes aux lettres appartenant en fait à la société.

Comme ligne médiatique, nous allions soutenir que même Quebecor et Transcontinental profiteraient à leur tour de notre position agressive sur le marché de la publicité imprimée. Nous espérions même obtenir le contrat pour la distribution des journaux de ces deux géants « si nous voulions être réellement concurrentiels ». Il fallait bien penser positivement.

Je vais revenir plus tard sur cette question parce qu’elle serait, entre autres, au centre des délibérations de la commission présidée par George Radwanski chargée de revoir le mandat de Postes Canada. Je voulais seulement vous donner un autre exemple des nombreux défis que devait relever la société d’État dans ses divers marchés.

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La réputation internationale de Postes Canada

Chez nous, la critique contre Postes Canada est quasiment un sport national et ça perdure depuis des décennies. Souvent, c’était parce que les activités de cette société d’État étaient inconnues… ou mal connues. Postes Canada Gestion de systèmes limitée était en quelque sorte notre filiale aux dimensions internationales et elle nous faisait honneur aux quatre coins de la planète.

Edwin Kwei, de PCGSL (ou CPSML pour nos compatriotes), m’invite à le rencontrer à leurs bureaux du 785 rue Carling, à Ottawa, le 5 avril 1993 et il avait une grande nouvelle à m’annoncer.

Jusque-là, PCGSL avait obtenu des contrats en Argentine (pour établir des normes de service), au Nicaragua (pour un examen des opérations), en Nouvelle-Zélande (pour le système de pistage et de repérage et pour la gestion des conteneurs), en Malaisie et en Irlande (pour leur système de courrier international). Il y avait même des discussions avec l’Afrique du Sud.

Cette fois, le jeu en valait vraiment la chandelle. La poste taiwanaise souhaitait automatiser ses opérations en établissement cinq nouvelles installations dans cinq grandes villes (Taipei, Taoyuan, Taichung, Tainan et Kaohsiung). Au Canada, le système postal était automatisé depuis 20 ans et Postes Canada pouvait faire profiter les autres administrations postales de sa grande expérience. À Taiwan, PCGSL aiderait à l’établissement d’un système de codes postaux, aux standards de courrier physique et aux normes d’adressage. Le projet de 21 millions de dollars s’étalerait sur quatre années. Ce n’était pas rien. Nos concurrents étaient le Japon, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, des administrations postales nettement plus imposantes que Postes Canada.

Et j’avais hâte de publier le communiqué de presse que j’avais préparé et qui l’annoncerait. Ce que je n’aurais jamais l’occasion de faire. Je vous ai dit qu’il s’agissait de Taiwan et laisser Postes Canada entretenir des relations commerciales avec ce pays équivalait, aux yeux du gouvernement chinois, à la reconnaissance officielle. Les Chinois en avaient entendu parler et n’étaient pas contents et notre actionnaire, le gouvernement fédéral, a été averti de façon claire. Le projet n’a pas été plus loin. Dommage. Je me suis toujours demandé, « et si Postes Canada avait été privatisée ».

Ne décolle pas la reine qui veut

Pardonnez mon jeu de mots… je ne pouvais résister. Je remonte au 9 mars 1993 et je reçois un appel du journaliste Alan Freeman du quotidien Globe and Mail. Ses sources sont habituellement fiables. Mais peut-être que, ce jour-là, il était simplement « à la pêche ».

Freeman tentait d’obtenir quelques renseignements à propos du portrait de la reine Elizabeth II sur les timbres canadiens et si nous avions l’intention d’imiter la Grande-Bretagne. Il avait entendu dire que la Royal Mail s’apprêtait à annoncer que leurs timbres courants n’afficheraient plus le portrait de la souveraine. Postes Canada avait toujours utilisé le portrait de la reine sur un timbre ou plusieurs et le fait encore d’ailleurs. Elle n’avait l’intention d’imiter qui que ce soit à ce chapitre.

Par contre, Postes Canada avait diversifié ses illustrations. Alors que le portrait de la reine avait dominé pendant des décennies, on retrouvait aussi une illustration des édifices du Parlement canadien et en 1989, les édifices du Parlement avaient été remplacées par l’unifolié en diverses présentations. On retrouve toujours ce drapeau sur nos timbres permanents aujourd’hui.

Statistique intéressante, il se vendait alors de 6 à 12 millions de timbres à l’effigie de la reine chaque mois. Les ventes étaient moindres au Québec – ce qui est facile à comprendre deux ans avant le référendum – et beaucoup plus élevées dans l’Ouest canadien. S’il se vendait 100 millions de timbres arborant la reine, il s’en vendait 250 millions avec le drapeau. C’était il y a 21 ans, bien sûr, et le courriel était à peu près inconnu. Une autre époque.

* * *

Ce même jour, à Toronto, un de mes collègues recevait une requête d’un journaliste à propos du code postal canadien, une référence en la matière pour sa simplicité et son efficacité. Il m’avait demandé d’effectuer quelques recherches.

Je lui avais rappelé que le code postal avait été introduit au Canada au milieu de 1970, à Toronto d’abord; ce qui avait un certain sens puisque les volumes de courrier y étaient les plus élevés. Le code postal devait être instauré dans tout le Manitoba en 1971 et dans tout l’Ontario en 1972. Par juillet 1973, le code postal était utilisé à l’échelle du pays. À ce moment-là, il y avait environ 650 000 codes différents en usage. Je tiens pour acquis que ce nombre est beaucoup plus imposant de nos jours. Les lettres sont peut-être moindres, mais les colis sont toujours là. Ça, le Web ne pourra jamais remplacer.

Allo! Que puis-je faire pour vous?

Je vous ai écrit à propos des nombreuses initiatives de Postes Canada pour améliorer la gestion et l’efficacité de ses opérations. C’était bien beau, mais il fallait grandement améliorer d’autres aspects… le service à la clientèle, par exemple.

Aux Relations avec les médias, nous passions énormément de temps à arroser les feux, soit les lettres des clients publiés dans les journaux, nationaux autant que communautaires, à l’échelle du pays afin de rétablir les faits et corriger les perceptions, tout en vantant les mérites de nos efforts « pour nous transformer ».

Au début de février 1993, nous nous préparons à annoncer un programme de « régionalisation de la clientèle », une grosse expression qui se traduit, en fait, par la création d’un réseau de centre d’appels. Le tout serait réalisé en collaboration avec le réseau Stentor, formé des grands joueurs tels Bell, NBTel et ManTel, avec de l’équipement de Northern Telecom (qui deviendrait Nortel et qui disparaîtrait éventuellement de la carte) et le logiciel de Powell Group, une société informatique d’Ottawa. Nous sommes en 1993, n’oubliez pas, l’existence du Web est connue des initiés seulement et assurément pas des Canadiens et encore moins des « Postescanadiens ».

Le système aurait la capacité de traiter pas moins de 10 millions d’appels. Le chiffre semble gros, mais retenez que Postes Canada était alors et l’est toujours une société d’envergure nationale qui touche directement tous les Canadiens. Quand un d’eux n’est pas content, il saute sur le téléphone. La moitié des appels seraient pour obtenir des renseignements sur les codes postaux (un service rendu aujourd’hui par le site postescanada.ca) et l’autre moitié consisterait en des demandes de renseignements sur les tarifs, les changements d’adresse, et ainsi de suite. Les préposés aux appels ne chômeraient pas.

Ces préposés seraient basés à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, et à Winnipeg, au Manitoba. Un troisième centre ouvrirait ses portes à Ottawa plus tard. Mais c’était là le point de départ. En réalité, c’était la consolidation d’une multitude de petits centres d’appels locaux. Postes Canada avait confié la responsabilité de ce projet d’envergure à ma collègue Leigh-Anne Stanton.

De tels projets intéressaient évidemment les politiciens, surtout le premier ministre Frank McKenna pour qui cela se traduirait par la création d’emplois au Nouveau-Brunswick. D’ailleurs, les rumeurs circulaient déjà dans les médias de cette province et il devenait urgent d’en faire l’annonce publique au plus tôt. Le communiqué de presse était rédigé en collaboration avec les conseillers de McKenna, dont un certain Maurice Robichaud.

Les recherchistes de l’émission « Actualités Midi » de Radio-Canada Moncton ont eu vent du projet et commencent à poser les questions habituelles : pourquoi avoir choisi Fredericton (j’imagine par opposition à « pourquoi pas Moncton »), le centre sera-t-il bilingue, comment recrutera-t-on le personnel, et ainsi de suite. CBC Radio, de son côté, parle de « political interference ». Comme dirait l’autre, « damn if you do, damn if you don’t ». Ce n’était pourtant qu’une bonne nouvelle, à notre point de vue. Et c’est comme ça que l’information avait été traitée à Winnipeg.

* * *

À la fin de ce même mois, la « guerre civile » battait son plein dans ce qui allait devenir « l’ancienne Yougoslavie ». Nous devons annoncer un embargo sur les lettres à destination de la Macédoine parce que le volume ne justifie pas un sac indépendant; il faut plutôt envoyer le courrier à la Royal Mail, à Londres, qui l’ajoute à son propre sac international. Londres accepte seulement des lettres et aucun colis; aucune idée pour quoi.

En Serbie, les envois se font directement, mais il faut accepter uniquement des lettres de moins de 20 g. L’embargo est politique. En Croatie et en Slovénie, il n’y a aucun problème parce que le service part de Frankfurt par Lufthansa et que le volume de courrier est plus important.

Tout ça pour rappeler comment les services de livraison de Postes Canada sont vulnérables aux conflits ailleurs dans le monde. Les centres d’appels de Fredericton et de Winnipeg ont dû être occupés!

Tout est bien qui finit bien!

par Alain Guilbert

Eh oui! La victoire du Canada au hockey masculin ce matin constitue la « cerise sur le sundae ». Quel beau match! On a vu une « gang » de vedettes individuelles disputer le premier match du tournoi contre la Norvège. Puis les choses ont évolué de match en match. Les vedettes individuelles se sont lentement, mais sûrement, transformées en une équipe véritable. Ce qu’on a vu dans cet affrontement avec la Suède n’était peut-être pas « super spectaculaire »… mais quelle performance d’équipe… une équipe où chaque membre a joué le rôle qu’on attendait de lui. Jamais l’expression « victoire d’équipe » n’aura été aussi vraie à mon avis. On a donné les étoiles à Sydney Crosby, Patrice Bergeron et Carey « Jesus » Price, mais on aurait facilement pu donner une étoile à chacun des porte-couleurs de cette équipe. Bravo Canada! Nous sommes vraiment fiers de vous.

Le Canada souhaitait terminer au premier rang des pays participants aux Jeux de Sotchi. Il n’a pas atteint son objectif, mais il n’y a aucune raison de pleurer.

Le classement final (selon les médailles d’or) est le suivant :

Pays              Or    Argent   Bronze   Total
Russie            13         11            9          33
Norvège         11           5          10          26
CANADA       10        10             5          25
États-Unis      9           7           12          28
Pays-Bas         8          7              9          24
Allemagne       8          6              5          19
Suisse               6          3              2          11

Ce classement est calculé en fonction des médailles d’or. On tient compte des autres médailles seulement en cas d’égalité. Si le classement était calculé en fonction du total de toutes les médailles, le Canada aurait plutôt terminé en 4e place pendant que les États-Unis seraient passés au 2e rang et la Norvège au 3e.

En 2010 à Vancouver, le Canada avait obtenu 26 médailles, dont 14 d’or, ce qui lui donnait la 1re place (toujours non officielle). Mais le Comité organisateur avait choisi de faire ses classements en fonction du total des médailles (plutôt que des seules médailles d’or), ce qui nous avait privés d’une 1re place.

Pour 2014, à Sotchi, les attentes du Comité olympique canadien étaient très grandes. On visait 31 médailles au total, en tenant compte que des disciplines additionnelles avaient été ajoutées au programme comparativement à Vancouver.

Voici quelles étaient ces attentes dans chaque sport comparativement aux résultats obtenus (sans tenir compte de la couleur des médailles) :

Sports                     Médailles     Médailles
                                 prévues        obtenues
Ski alpin                            1             1
Biathlon                            0             0
Bobsleigh                          1             1
Ski de fond                        1             0
Curling                               2            2
Patinage artistique          4             3
Ski acrobatique                7              9
Hockey                               2             2
Luge                                    2             0
Combiné nordique            0             0
Patinage courte piste       5              3
Patinage longue piste       2              2
Skeleton                             0              0
Saut à ski                            0              0
Surf des neiges                   4              2

Et maintenant, le détail des médailles canadiennes pour chaque sport; le ski acrobatique est évidemment le grand gagnant :

Sport                                 Or   Argent   Bronze   Total
Ski acrobatique                   4         4            4            9
Curling                                 2          –            –             2
Hockey                                 2         –             –             2
Patinage (courte piste)       1         1            1             3
Bobsleigh                              1         0            0             1
Patinage (artistique)          0         3            0             3
Surf des neiges                    0         1            1             2
Patinage (longue piste)       0         1            1             2
Ski alpin                                0         0            1             1

Soulignons aussi les moments les plus émouvants de ces Jeux pour les Canadiens, et plus particulièrement pour les Québécois :

La victoire des filles au hockey avec leur retour tout simplement incroyable en toute fin de match!
– Le doublé or-argent des sœurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe dans l’épreuve de bosses du ski acrobatique.
– Le doublé or-argent d’Alexandre Bilodeau et Mikaël Kingsbury, aussi dans l’épreuve de bosses du ski acrobatique.
– La médaille d’argent des patineurs artistiques canadiens dans la toute nouvelle épreuve par équipe, des athlètes habitués depuis toujours à compétitionner individuellement et qui, soudainement, doivent unir leurs forces et leur talent pour compétitionner en équipe. Très intéressant!
– Le geste de Gilmore Junio qui cède sa place à Denny Morrison aux 1000 mètres de patinage de vitesse longue piste, et Morrison, qui obtient une médaille d’argent sous les applaudissements de Junio assis dans les gradins. Quel grand geste!
– Et, bien sûr, la médaille de l’équipe masculine de hockey, une médaille attendue, bien sûr, mais non sans que nous ayons assisté au cours des 10 derniers jours à la transformation d’une bande de joueurs individuels en une formidable équipe devenue invincible. Bravo au coach Babcock!

En bref…

Dans ses commentaires d’après Jeux, le président du Comité olympique canadien, Marcel Aubut, ne semblait pas trop déçu que « son » équipe olympique (l’équipe canadienne) n’ait pas atteint « son » objectif de terminer en première place à Sotchi. Il réalise que certains pays (comme les pays scandinaves) se spécialisent uniquement dans un ou deux sports comme le ski de fond ou le patinage de vitesse sur longue piste, des sports où leurs athlètes peuvent obtenir jusqu’à 10 ou 12 médailles (un peu comme le Canada qui réussit tout un exploit avec ses neuf médailles en ski acrobatique). Aux Jeux de Turin, par exemple, le Canada avait obtenu huit médailles en patinage de vitesse longue piste, dont cinq par une seule patineuse, Cindy Klassen. Cette année, le Canada a dû se contenter de deux médailles dans cette discipline. Selon le principal programme canadien de financement à l’endroit du sport d’élite, « Own the Podium » (« À nous le podium »), les sommes d’argent attribuées aux fédérations sportives le sont en fonction des médailles obtenues aux Jeux olympiques. Est-ce à dire que les fédérations moins performantes sont condamnées à le rester pendant longtemps?

Un mot au sujet des cérémonies d’ouverture et de clôture de ces Jeux, cérémonies qui nous ont fait connaître plus de choses sur l’histoire et la culture de la Russie que nous en avions apprises au cours de toute notre vie. Quels spectacles extraordinaires (avec l’aide de quelques spécialistes de la mise en scène québécois)!

Incidemment, Radio-Canada a compris qu’elle n’avait pas besoin d’un chroniqueur politique (qui ne connaissait rien aux sports olympiques et à l’olympisme) pour commenter une cérémonie de cette envergure. Après l’échec de l’ouverture, Radio-Canada s’est fort bien reprise à la clôture en faisant appel à Marie-Josée Turcotte, aidée de Nathalie Lambert et Dominick Gauthier, deux ex-athlètes qui ont vécu de nombreux Jeux. Tous trois ont fait preuve de retenue et de sobriété dans leurs interventions. Ils ont été très peu interrompus par des messages commerciaux (surtout qu’ils avaient été diffusés à de bien mauvais moments lors de l’ouverture). Somme toute, un « bien beau job » par Radio-Canada, une « job » qui nous fait oublier les bévues de l’ouverture.

Dans mes commentaires d’hier, j’ai traité des coûts des Jeux olympiques, et j’ai souligné que les médias d’information avaient tendance à considérer toutes les dépenses faites à l’occasion des Jeux comme faisant partie du coût des Jeux. À Vancouver, par exemple, on avait profité de cet événement international pour refaire la route (à travers les Rocheuses) et la voie ferrée entre Vancouver et Whistler, des travaux qui s’imposaient depuis bien des années. Il aurait fallu les faire un jour ou l’autre, Jeux olympiques ou pas. Pourquoi alors attribuer les coûts de ces travaux à ceux des Jeux. À Pyeongchang (Corée du Sud), on dit déjà que les Jeux coûteront 7 milliards de dollars. Mais déjà on sait que quatre de ces sept milliards serviront à construire une liaison rapide entre Séoul (la capitale) et Pyeongchang, une liaison qu’on se devait de faire un jour ou l’autre. Pourquoi inclure ces travaux dans le coût des Jeux? Montréal a perdu une belle occasion lors des Jeux de 1976 en ne créant pas ce lien rapide entre le centre-ville et l’aéroport. Une superbe opportunité ratée? Quand Montréal l’aura-t-elle, ce lien rapide? Quand nous serons tous morts… sans doute!

(En principe, les commentaires que vous venez de lire devraient être mes derniers au sujet des Jeux de Sotchi. Prochain rendez-vous pour les Jeux de Rio en 2016!)

Des succès et des échecs

par Alain Guilbert

Alors qu’il reste moins de 24 heures avant que la flamme olympique ne s’éteigne à Sotchi (Russie) pour se rallumer dans deux ans au Brésil (Jeux d’été) et dans quatre ans seulement en Corée du Sud (Jeux d’hiver), nous pouvons commencer à dresser un premier bilan de ces XXIIes Jeux d’hiver.

Le Canada terminera probablement en 3e position du classement non officiel. Le Comité international olympique ne fait aucun classement, je vous l’ai déjà dit, mais les médias aiment bien (exigent même) un classement. Alors, les comités organisateurs de même que les comités olympiques des pays où les Jeux ont lieu en font un. Traditionnellement, le pays qui obtient le plus grand nombre de médailles d’or est le premier. Aux Jeux de Vancouver, en 2010, on avait préféré diffuser un classement en vertu du total des médailles (toutes couleurs incluses). Si on avait considéré uniquement les médailles d’or, le Canada aurait terminé premier avec 14 de ces médailles en métal si précieux. Mais avec son total de 26 médailles (incluant argent et bronze), il n’était que troisième.

À Sotchi, le Comité organisateur est revenu à la méthode des médailles d’or; au moment d’écrire ces lignes, le Canada est au troisième rang avec neuf de ces médailles (soit cinq de moins qu’à Vancouver). La Russie et la Norvège en ont 11 chacune, la Russie étant considérée comme en première place à cause de son total de 29 et la Norvège en 2e place avec ses 26. Bien sûr, le Canada peut encore gagner la médaille d’or au hockey demain matin (à 7 heures pour les lève-tôt), mais, s’il réussit l’exploit, cela ne lui en fera que 10, donc, toujours pour la 3e place. Si on établissait le classement en fonction du total de toutes les médailles, le Canada chuterait en 4e place, parce que les États-Unis en ont 27 à date (trois de plus que le Canada au total, dont neuf médailles d’or comme le Canada).

Quelques mots de nos succès et de nos échecs (le Canada, évidemment)…

Nos succès :

– le ski acrobatique (au moins six médailles : trois doublés or-argent en bosses (hommes), en bosses (femmes), en ski cross (femmes);
– le curling : deux médailles d’or sur les seules deux possibles;
– le hockey sur glace : avec une médaille d’or (femmes) et une médaille d’or ou d’argent (selon le résultat du match de demain matin) (et seulement deux possibles);
– le patinage artistique : avec nos médailles d’argent dans la compétition par équipe et l’autre médaille d’argent obtenue par Patrick Chan. Ce n’est pas facile d’évoluer dans un sport où l’on doute de l’honnêteté des juges. Avez-vous déjà vu cela dans un autre sport, où un juge est le conjoint d’un athlète qu’il doit juger?

Nos succès mitigés :

– le patinage de vitesse sur longue piste avec deux médailles seulement (une argent et une bronze); l’équipe en avait obtenu cinq à Vancouver;
– le patinage de vitesse sur courte piste avec trois médailles seulement (une or et deux bronze); l’équipe en avait aussi obtenu cinq à Vancouver, et surtout en promettait encore plus à Sotchi.

Nos échecs :

– le surf en ski (planche à ski) : tous nos jeunes « flyés » des X-Games nous promettaient des miracles, mais ces miracles ont tourné en catastrophe dans les épreuves « slopestyle » (obstacles) la majorité de nos planchistes n’ont même pas obtenu la moitié des points possibles. « C’est la faute des juges », ont-ils dit. Et en surf des neiges plus traditionnel, Jason Jay Anderson, qui avait pris sa retraite après sa médaille aux Jeux de Vancouver, mais qui a décidé un an plus tard de revenir à la compétition, n’a pu se qualifier pour la finale de son épreuve. « C’est la faute des dirigeants de notre sport », a-t-il dit. Peut-être aurait-il été mieux de rester à la retraite;
– le ski de fond : peut-être nos athlètes ont-ils « peaké » (atteint le sommet de leur forme) trop vite, mais on s’attendait à plus de leur part, particulièrement d’Alex Harvey; peut-être avait-on mis trop de poids sur ses épaules;
– le biathlon : mais on n’attendait rien de ce sport.

En bref…

Juste un mot du match Finlande-É.-U. au hockey. Les États-Unis s’attendaient à la médaille d’or; leur moral est tombé à plat après leur défaite contre le Canada. Ils n’avaient plus aucune « motivation » pour la médaille de bronze. Quand tu vises l’or, et que tu le rates, ton moral s’en va dans tes talons. La Finlande, de son côté, considérée comme la 4e ou 5e équipe en importance aux Jeux (après le Canada, les États-Unis, la Russie et la Suède) visait le bronze, médaille que ce pays a d’ailleurs obtenue quatre fois au cours des cinq derniers Jeux d’hiver. Les Finlandais étaient vraiment motivés aujourd’hui et cela a paru dès le départ, ce qui explique la raclée subie par les Américains qui auraient préféré quitter Sotchi après leur défaite contre le Canada. Teemu Selanne a démontré une fois de plus quel grand joueur il était… le joueur de hockey le plus âgé à mériter une médaille olympique dans ce sport, à 43 ans!

Je ne vous ai pas offert souvent d’images ou de dessins depuis le début de mes commentaires. Mais j’ai pensé faire exception aujourd’hui en vous transmettant une caricature publiée dans le Vancouver Sun. C’est l’instructeur de l’équipe canadienne (hommes) de hockey qui se prépare à affronter la Suède pour la médaille d’or. Préparez-vous à sourire :

https://plus.google.com/app/basic/stream/z12qtxiqrmjkt505s04cg5lakznvv105gv40k

Et tant qu’à être dans les images, pourquoi pas une courte vidéo d’environ trois minutes. La plupart d’entre vous (ceux et celles qui lisent mes commentaires) ont probablement découvert les Jeux olympiques à Montréal en 1976. À cette époque, vous connaissiez les noms des grands joueurs de hockey comme Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur, Gordie Howe, Bobby Orr et quelques autres, mais vous n’aviez sans doute jamais entendu parler de Lasse Viren (Finlande), Bruce Jenner (États-Unis), Greg Joy (Canada), Nadia Comaneci (Roumanie), Nellie Kim (Union Soviétique), Sugar Ray Leonard et les frères Spinks (États-Unis), Anton Tak (Tchécoslovaquie), Daniel Morelon (France) et bien d’autres.

Vous aviez entendu parler des coûts du Stade olympique et de ses problèmes de construction, mais personne ne vous parlait des athlètes – les vraies vedettes des Jeux. À tous les Jeux, c’est la même histoire : pendant quatre, cinq ou six ans avant « la fête », on vous parle de leurs coûts, des délais dans les constructions, des problèmes d’organisation, mais jamais (ou presque) des athlètes. Ce n’est qu’une fois la flamme allumée dans le stade principal, que les athlètes prennent toute la place et vous éblouissent par leurs performances. Aujourd’hui, vous pouvez probablement nommer des dizaines d’athlètes olympiques dans toutes sortes de sports (été et hiver), mais en 1976 vous auriez probablement été incapable d’en nommer deux ou trois, tous sports confondus. Il aura seulement fallu qu’une toute petite adolescente roumaine se présente sur le plateau de gymnastique situé dans le vieux Forum de Montréal pour que vous deveniez « accros » des Jeux. Et depuis presque 40 ans, le même phénomène se reproduit tous les quatre ans (et maintenant tous les deux ans depuis qu’on a désynchronisé les Jeux d’été et les Jeux d’hiver). Vous vous retrouvez devant votre télé ou (dans un monde de nouvelles technologies) devant votre téléphone intelligent, votre ordinateur ou votre tablette, et vous voilà « accros » une fois de plus.

Regardez la vidéo suivante et cela vous rappellera les moments où vous avez été (très probablement) séduits pour la première fois de votre vie par les Jeux olympiques :

http://www.youtube.com/watch?v=Yi_5xbd5xdE&feature=player_embedded

Maintenant que j’ai ouvert la porte en parlant des coûts des Jeux dans le paragraphe précédent, autant continuer sur le sujet. Tous les commentaires disent que les Jeux de Sotchi sont extravagants parce qu’ils auraient entraîné des dépenses de 50 milliards $. Mais est-ce vraiment le coût des Jeux? Habituellement, quand un pays, ou une ville avec l’appui du gouvernement de son pays soumet sa candidature pour obtenir les Jeux, c’est que le pays (ou la région, ou la ville en question) souhaite profiter d’un tel événement, l’un des plus spectaculaires au monde, pour se doter d’installations et d’infrastructures. Ce ne sont pas les Jeux qui coûtent si cher, ce sont les installations et les infrastructures, ce qui sera laissé en héritage par les Jeux. Revenons un instant aux derniers Jeux d’hiver à Vancouver. Leur coût a été estimé à 7 milliards $. Mais qu’est-ce qu’on inclut dans cette somme? Entre autres, le coût pour refaire la route Vancouver-Whistler, une route sinueuse et extrêmement dangereuse qui causait des dizaines de morts accidentelles chaque année, qui a été remplacée par une autoroute moderne à travers les montagnes Rocheuses. Tout un défi à relever. Ceux qui ont déjà circulé sur l’ancienne route pour aller skier à Whistler, surtout après le coucher du soleil, se souviennent très bien des dangers encourus. Par ailleurs, le village olympique construit à Vancouver a permis de résoudre en grande partie les problèmes de logement du centre-ville. Le village des athlètes de Whistler a aussi servi à accroître le nombre de visiteurs dans la plus belle et la plus grande station de ski au Canada. Le Centre de conférence construit à Vancouver pour les Jeux est maintenant un atout majeur pour la ville. Et que dire du système de transport rapide qui a été réalisé pour relier l’aéroport international de Vancouver au centre-ville en quelques minutes à peine. Les Montréalais rêvent depuis longtemps d’une liaison de ce genre avec leur aéroport et devront un jour payer des centaines de millions, voire quelques milliards, pour en réaliser une. Les Jeux de Vancouver eux-mêmes ont-ils coûté 7 milliards $? Bien sûr que non. Les Jeux n’ont été qu’une occasion pour réaliser tous ces autres projets qui profitent maintenant, et pour longtemps encore, à Vancouver, à la Colombie-Britannique et d’une certaine façon à l’ensemble du Canada.

Et si on revenait à Montréal pour un instant. Le maire Drapeau avait dit que les Jeux s’autofinanceraient avec la loterie, la monnaie et les timbres olympiques. Le budget initial des Jeux de 1976 avait été estimé à 310 millions $, soit 250 millions $ pour les constructions et 60 millions $ pour l’organisation. Le Parc olympique à lui seul (le Stade, les piscines, le vélodrome, ainsi que la rénovation de l’aréna Maurice-Richard et du Centre Maisonneuve) aurait coûté presque 3 milliards $ selon les médias. Mais c’est bien loin de la vérité. Toutes les installations ensemble ont coûté aux environs d’un milliard de dollars, somme qui devait être payée par les programmes olympiques (loterie, monnaie et timbres). Ceux-ci ont rapporté plus de 550 millions $, soit presque le double des prévisions initiales. Le gouvernement du Québec, qui avait pris le contrôle du Parc olympique quelques mois avant les Jeux, a choisi d’imposer une taxe sur le tabac pour payer le déficit. Mais pendant des années et des années, le même gouvernement n’a versé qu’une infime partie de cette taxe sur la dette olympique. Il a plutôt utilisé les revenus de cette taxe dans son fonds consolidé pour ses opérations courantes (éducation, santé, etc.). Quand une personne achète une maison de 325 000 $ qu’elle souhaite payer à l’aide d’une hypothèque étalée sur 20 ans, sa maison lui aura probablement coûté dans les 700 à 750 000 dollars quand l’hypothèque aura été remboursée au complet. Cette personne dira-t-elle que sa maison lui a coûté 750 000 dollars ou bien 325 000? La réponse est évidente. Pourquoi le coût du Parc olympique serait-il estimé de façon différente tout simplement parce que le gouvernement du Québec préférait payer de l’intérêt sur le coût original plutôt que de rembourser la dette.

En Russie, où l’économie est dominée par la mafia et par la collusion (rien de nouveau sous le soleil pour ceux et celles qui suivent le déroulement de la Commission Charbonneau – la collusion a existé de tout temps dans presque tous les pays), on dit que les malversations à elles seules représentent plus de la moitié des 50 milliards. Une autre partie de ces 50 milliards a permis de renouveler ou accroître les infrastructures de la ville considérée comme la station balnéaire par excellence de l’Europe de l’Est. Le coût des Jeux à 50 milliards $, ça ne tient pas debout. Et à Montréal à l’époque des Jeux de 76, vous croyez peut-être qu’il n’y avait pas de collusion entre les firmes d’ingénieurs, les entrepreneurs, les syndicats, le crime organisé? Libre à chacun de penser ce qu’il voudra. Pour moi, le coût des Jeux (dans quelque ville ou pays que ce soit), tel que rapporté dans les médias, me laisse toujours un peu de doute par rapport à la réalité.

À la prochaine…

Quand l’or coule à flots…

par Alain Guilbert

À tous ceux (et celles) qui ne croient pas encore que Carey Price est le meilleur gardien de but au monde… j’espère que vous avez bien vu le match d’aujourd’hui.

À tous ceux (et celles) qui croient encore que le Canadien a fait une erreur en ne gardant pas Jaroslav Halak au lieu de Carey « Jesus » Price, j’imagine que tous vos doutes sont maintenant balayés.

Quand l’équipe du Canada a défait la Norvège par le mince pointage de 3 à 1 lors du premier match du tournoi olympique, il y avait des raisons de nous inquiéter. Même chose au second match du tournoi quand l’équipe canadienne l’a emporté 6 à 0 contre l’Autriche.

L’équipe canadienne ne compte pas beaucoup de buts, seulement 14 depuis le début du tournoi. Souvent, dans les Jeux d’il y a une douzaine d’années ou plus, le Canada comptait 14 buts dans un seul match. Mais les choses sont différentes aujourd’hui, les autres se sont améliorés. Cette victoire d’aujourd’hui sur les Américains par la plus mince des marges (1 à 0) est fantastique; elle amène « notre équipe » à la grande finale olympique. Nous sommes maintenant assurés de la médaille d’argent… ou même de la médaille d’or. Nos adversaires seront les Suédois, une superbe équipe aussi. L’important ne sera pas de compter quatre ou cinq buts contre la Suède, mais seulement « un but » de plus qu’eux, comme aujourd’hui. Gagner 5 à 0 ou 1 à 0? Quelle est la différence? Je pense encore que la victoire par un but a encore plus de mérite que celle par quatre ou cinq buts.

Nous verrons bien dimanche ce qui se produira, mais je suis certain que s’il n’en tient qu’à Carey Price, ses coéquipiers (et lui) repartiront de Sotchi avec de l’or dans leurs bagages!

Juste une remarque en passant : je ne sais pas qui à Radio-Canada a fait le choix des étoiles du match Canada-É.-U. aujourd’hui, mais ceux qui ont décidé de ne pas accorder une étoile à Carey Price devaient sûrement être en train de regarder les « chutes » des Canadiens en patinage de vitesse courte piste plutôt que le match de hockey!

Autre très grande médaille d’or, aujourd’hui : celle de l’équipe masculine du Canada au curling. Impossible de faire mieux – médaille d’or pour les filles et médaille d’or pour les gars… Super!

Autre très grand exploit, le doublé « or et argent » des filles en ski cross. C’est le quatrième doublé or-argent réussi par le Canada depuis le début des Jeux, un exploit sans précédent pour nos athlètes, Jeux d’hiver et Jeux d’été confondus. À titre de rappel, voici nos quatre doublés or et argent :

– les sœurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe en ski acrobatique (bosses);
– Alexandre Bilodeau et Mikaël Kingsbury aussi en ski acrobatique (bosses);
– Kaillie Humphries et Heather Moyse en bobsleigh (à deux);
– (et ce matin) Marielle Thompson et Kelsey Serwa en ski cross (femmes).

Et voilà aussi que le Canada réussit à obtenir les deux médailles d’or de curling – hommes et femmes – et que nous pouvons maintenant rêver des deux médailles d’or en hockey; les filles ont déjà accompli l’exploit et les gars sont sur le point de le faire.

Au moment d’écrire ces lignes (le vendredi 21 février), le Canada est en troisième place, quelle que soit la façon dont on compte les médailles. La vraie façon « non officielle » est basée sur le nombre de médailles d’or, et s’il y a égalité, selon les médailles d’argent, et s’il y a encore égalité, selon les médailles de bronze.

Le classement actuel est donc le suivant :

Pays                  Or     Argent  Bronze  Total
1– Norvège        10          4             8           22
2– Russie             9        10             7           26
3– Canada            9        10             5           24
4– États-Unis      9          7            11           27
5– Allemagne       8          4             4           16
6– Pays-Bas         6          7             9           22

Comment cela se terminera-t-il? À Vancouver, le Canada avait obtenu 26 médailles, dont 14 d’or. C’est maintenant impossible d’en obtenir autant (des médailles d’or) à Sotchi. Mais en ce qui concerne le total de toutes les médailles confondues, le Canada pourrait se rendre à 26 (comme à Vancouver) où même davantage. Comme je vous l’avais expliqué au moment d’entreprendre cette série de commentaires sur les Jeux, il y avait 255 médailles en jeu à Vancouver. Avec ses 26, le Canada avait accumulé 10,2 % du total. Mais à Sotchi, des épreuves ont été ajoutées et il y maintenant 294 médailles en Jeux (sans compter les égalités). Il faudrait donc que le Canada termine avec 30 médailles au moins pour égaler son pourcentage de 10,2 % de Vancouver. Cela n’arrivera pas.

Mais nous n’avons aucune raison de ne pas être fiers de nos athlètes et de leurs performances. Nous avons vécu des déceptions dans certains sports, particulièrement en patinage de vitesse sur courte piste, où nos espoirs étaient grands. Peut-être trop! Nous avons eu aussi des déceptions en ski de fond, en ski alpin (sauf pour la médaille de bronze de Jan Hudek). Mais quand le bilan final sera fait, Marcel Aubut sera sûrement déçu que le Canada n’ait pas terminé premier, mais nous (les spectateurs) aurons des tonnes de raisons d’être fiers et de pavoiser. Nos exploits auront été beaucoup plus nombreux que nos échecs.

En bref…

Je ne peux m’empêcher de souligner les commentaires de Nathalie Lambert, l’une des grandes athlètes en patinage de vitesse sur courte piste à travers les années. Elle se dit extrêmement déçue du comportement de certains athlètes coréens qui bloquent la route à leurs adversaires aux courses à relais, de certains athlètes chinois qui ralentissement volontairement certaines courses pour favoriser leurs coéquipiers, et ainsi de suite. Nathalie n’ose pas critiquer le sport où elle a tellement brillé, elle dénonce seulement le comportement de certains athlètes. Mais c’est exactement là le problème du patinage de vitesse coure piste qui ressemble parfois (souvent?) à du « roller derby ».

Dans La Presse d’hier, le journaliste Simon Drouin, un spécialiste du ski (alpin et nordique) citait le grand Pierre Harvey. Celui-ci disait que « le sport de haut niveau est un univers ultra-compétitif, mais jamais autant qu’aux JO ». Et il ajoutait : « Il y a peut-être 40 gars qui ont gagné une coupe du monde au cours des quatre dernières années. Ces 40 gars-là, ils se disent tous – si je suis chanceux, si je ‘peake’ au bon moment, je peux gagner une médaille olympique. Regardez Erik Guay : il était super hot, tout le monde croisait les doigts. Des Erik Guay et des Alex Harvey (son propre fils), il y en a 50 dans le monde dans chacun de ces sports-là. Il y en a juste un qui va être chanceux »… Puis quand les Jeux sont terminés, c’est toujours Pierre Harvey qui parle : « Que reste-t-il à faire? On va pleurer pendant trois jours, puis on va recommencer! »

C’est la loi du sport de compétition, une loi bien cruelle… mais combien fantastique quand vous repartez des Jeux avec une médaille autour du cou – quelle que soit sa couleur!

À la prochaine…

Deux incroyables médailles d’or pour le Canada

par Alain Guilbert

Le match de hockey féminin pour la médaille d’or disputé aujourd’hui à Sotchi passera sûrement à l’histoire comme l’un des plus extraordinaires de tous les temps… hockey masculin et féminin confondu.

Il restait à peine trois minutes à jouer et les Canadiennes tiraient de l’arrière par deux buts (2 à 0). Le match était à toutes fins utiles terminé et la médaille d’or partie à destination des États-Unis. Mais comme disait le célèbre Yogi Berra à l’époque, « It’s not over till it’s over! » On avait bien ri quand il avait prononcé la phrase qui l’a rendu célèbre, mais c’était pourtant la pure vérité. Les Canadiennes comptent finalement leur premier but. Elles tirent alors de l’arrière par un seul but avec un peu plus de trois minutes à jouer. L’espoir renaît et avec une minute à jouer, Marie-Philip Poulin égalise les chances 2 à 2. C’est l’euphorie à Sotchi, mais aussi dans des millions de « chaumières » canadiennes. L’incroyable vient de se produire. Nos joueuses viennent de réussir l’un des plus grands retours de l’histoire. Les Américaines sont assommées, je dirais même « abasourdies ». Le match s’en va en période supplémentaire et l’incroyable se produit encore une fois. Marie-Philip Poulin compte un autre but qui « nous » donne la médaille d’or. Incroyable… tout simplement incroyable. Nous ne le répéterons jamais assez.

Cette Marie-Philip Poulin, pour ceux et celles qui ont le moindrement de mémoire, avait accompli le même exploit de compter deux buts lors du match de médaille d’or (remportée aussi par les Canadiennes) aux Jeux de Vancouver. C’est la quatrième médaille d’or de suite pour les Canadiennes; elles l’ont obtenue à Salt Lake City (2002), à Turin (2006), à Vancouver (2010) et aujourd’hui à Sotchi (2014).

Trois des joueuses de l’équipe canadienne en étaient aussi à leur quatrième médaille olympique en hockey. Il s’agit (comme vous le savez sans doute) d’Hayley Wickenheiser, de Caroline Ouellette et de Jayna Hefford.

Combien d’athlètes ont gagné des médailles d’or à quatre Jeux olympiques consécutifs différents? Très, très peu. On peut probablement les compter sur les doigts de la main. Je me souviens d’Al Oerter, un Américain spécialisé dans le lancer du disque, qui a réussi l’exploit en 1956 à Melbourne, en 1960 à Rome, en 1964 à Tokyo et en 1968 à Mexico. Il y a eu aussi Carl Lewis qui a aussi réussi l’exploit en saut en longueur à Los Angeles en 1984, Séoul en 1988, Barcelone en 1992 et Atlanta en 1996. Il existe des athlètes qui ont gagné bien plus de médailles d’or au total parce qu’ils pratiquaient des disciplines où ils pouvaient gagner jusqu’à six ou sept médailles d’or dans les mêmes Jeux (comme la natation, le patinage de vitesse). Mais au hockey (comme au lancer du disque et du saut en longueur), il n’y a qu’une seule médaille d’or par Jeux olympiques; ce qui ajoute encore beaucoup de valeur à cette incroyable (je sais que je me répète) équipe féminine de hockey et à ses « vétérantes »!

Reste à souhaiter que la performance de « nos filles » au hockey inspire « nos gars » à répéter l’exploit!

Il faut également accorder beaucoup d’importance à l’autre extraordinaire médaille d’or remportée aujourd’hui au curling par Jennifer Jones et son quatuor. Jennifer Jones a réussi un exploit sans précédent au curling féminin, en gagnant tous les matches sans exception disputés dans le cadre du tournoi olympique (préliminaires, demi-finale et finale). C’est la première fois qu’une équipe féminine réussit un tel parcours « sans faute » depuis l’introduction de ce sport aux Jeux olympiques (qu’il ait été sport officiel ou sport de démonstration). Sans la « skip » Jennifer Jones, le Canada aurait probablement été éliminé il y a bien longtemps. C’est elle qui a porté son équipe au bout de ses bras (ou plutôt de son bras)! C’était un moment attendu depuis fort longtemps. La dernière fois que le Canada avait remporté une médaille d’or en curling féminin remonte aux Jeux de Nagano en 1998, soit il y a 16 ans. L’équipe canadienne de l’époque était dirigée par la très grande Sandra Schmirler, qui s’était emparée de l’or olympique après avoir remporté deux championnats du monde. Son exploit lui avait valu à elle et son quatuor d’être choisi l’équipe de l’année au Canada en 1998 par la Presse canadienne. Schmirler s’était attiré l’admiration de tous les Canadiens à la suite de son exploit. Mais elle devait décéder deux années plus tard, soit le 2 mars 2000, à la suite d’un cancer très agressif. Elle n’avait que 36 ans, mais elle est passée à l’histoire comme l’une des plus grandes athlètes canadiennes de tous les temps. Sans aucun doute, Jennifer Jones, qui comptait déjà un championnat canadien et un championnat du monde avant sa médaille d’or d’aujourd’hui, rejoindra Schmirler comme l’une des plus grandes du sport canadien.

En passant, pour ceux et celles qui auraient tendance à croire que le curling n’est pas un vrai sport, je vous invite à disputer un ou deux matches pour votre plaisir. Si vous réussissez à placer une pierre dans la « maison » ou si vous réussissez à faire dévier la trajectoire d’une pierre en balayant la glace devant la pierre, faites-le-moi savoir. Je ne m’attends pas à recevoir beaucoup d’appels! Incidemment, le curling n’a pas toujours eu la vie facile comme discipline olympique. Il est apparu aux premiers Jeux d’hiver de l’histoire en 1924 à Chamonix, avant de subir une longue éclipse jusqu’en 1932, puis il est encore une fois disparu du programme. Il est revenu comme sport de démonstration en 1988 à Calgary et en 1992 à Albertville. Ce n’est qu’en 2006 à Turin qu’il est redevenu un sport officiel. Parions qu’il le restera encore longtemps.

En bref…

En faisant le bilan des médailles décernées jusqu’à maintenant aux Jeux de Sotchi, je constate qu’il en manque au moins deux et, ce qui est plus grave, c’est qu’il s’agit de deux médailles d’or, celles qui auraient dû être décernées à Vladimir Poutine et à Marcel Aubut pour leur performance respective « en culture de leur image de soi »!

Qu’est-ce qui va le plus vite aux Jeux olympiques d’hiver. L’équipe de Radio-Canada a réalisé cette recherche et en est arrivée aux résultats suivants : en patinage de vitesse, longue piste, on peut obtenir des vitesses tout près de 50 km/heure et ainsi de suite en passant par de nombreux sports jusqu’au ski alpin (épreuve de descente) où on peut atteindre plus de 160 km/heure. Mais il y a quelque chose de plus vite encore. Non, ce ne sont pas des athlètes qui atteignent cette vitesse supérieure à 180 km/heure, mais les rondelles projetées par lancers frappés au hockey sur glace. Je présume qu’on a mesuré le lancer de Shea Weber!

J’ai mentionné à quelques reprises que les joueurs canadiens (et cela vaut aussi pour les joueurs américains) avaient de la difficulté à s’adapter à la dimension des patinoires européennes par rapport aux patinoires nord-américaines. Quelqu’un m’a demandé quelle était la différence entre les deux. Alors voici : les dimensions des patinoires nord-américaines sont généralement de 200 pieds de longueur par 85 pieds de largeur (soit 17 000 pieds carrés). Les dimensions des patinoires européennes mesurent généralement 210 pieds en longueur et 98 pieds en largeur (soit 20 580 pieds carrés), une différence énorme de 21 %. Une autre différence, moindre celle-là, se situe au niveau de la ligne des buts qui est à 11 pieds de la bande en Amérique du Nord et à 13 pieds de la bande en Europe. Résultat net de ces différences, c’est que les joueurs canadiens et américains ont de la difficulté à pratiquer le jeu d’accrochage qui est à la base de leurs succès dans la Ligue nationale.

À la prochaine…

Les surprises (bonnes et mauvaises) du sport!

par Alain Guilbert

On était en milieu de la 3e période dans le match de hockey Canada-Lettonie, le compte était 1 à 1. « Incroyable » disaient les commentateurs qui n’en revenaient absolument pas. Ce match ne devait être qu’une simple formalité, les meilleurs joueurs de la Ligue nationale (oui, la crème de la crème – Sydney Crosby en tête) contre la Lettonie. Vous avez cru une seule seconde que la Lettonie pouvait tenir tête aux étoiles de la Ligue nationale? Mais non, tout à fait impossible. Pourtant à sept minutes de la fin, c’était encore 1 à 1. C’est à son 54e lancer du match que le Canada a finalement réussi à transpercer la carapace du gardien de la Lettonie pour se donner une « toute maigre » avance de 2 à 1. Et c’est ainsi que le match s’est terminé… un « maigre » but de plus que la Lettonie.

Depuis le début du tournoi, le Canada n’a obtenu que de « très courtes » victoires contre la Norvège, contre l’Autriche, contre la Finlande (en supplémentaire) et contre la Lettonie. Malgré tout, je crois encore aux chances du Canada de quitter Sotchi avec la médaille d’or. Mais comme disait Claude « le vieux Piton » Ruel à l’époque, il n’y en aura pas de facile. Il reste deux matches à jouer pour le Canada; ne nous faisons pas d’illusions, ils seront très serrés, même très, très serrés. La demi-finale opposera le Canada et les États-Unis, une grande rivalité, mais surtout une très bonne équipe. Je crois malgré tout que « nous » l’emporterons encore, mais vous aurez tous des sueurs (froides ou chaudes) tout au long du match… et ce sera par la peau des dents. Surveillez bien Jonathan Toews, Sydney Crosby et Carey Price. Le meilleur est à venir! Mais, ce pourrait aussi être une catastrophe; je ne parierais pas un gros montant sur le résultat de ce match… 1 $ ou 2 $ peut-être!

Plus tôt dans la journée, un autre match qui ne devait être qu’une formalité, la Russie contre la Finlande. Combien d’entre vous auriez parié sur les chances de la Finlande? Le match était joué en Russie devant une très grande majorité de partisans russes. La Russie n’avait qu’un objectif, rencontrer le Canada en grande finale pour la médaille d’or et faire oublier son échec aux mains des Canadiens lors des Jeux de Vancouver il y a quatre ans. Et pourtant, la Finlande s’est sauvée avec une victoire convaincante. S’il s’était agi d’une série quatre de sept, les Russes l’auraient probablement emporté plutôt facilement. Mais un seul match! N’importe quoi peut se produire et ce sont les Finlandais. Cette défaite est un drame en Russie, où les amateurs ne s’attendaient à rien de moins que la médaille d’or. Comme ce sera un drame au Canada si jamais « notre équipe » s’avouait vaincue face aux Américains… et si, pire encore, elle ne réussissait pas à s’emparer de la médaille de bronze lors du match de consolation entre les deux perdants des demi-finales.

Vous imaginez la dimension du drame que nous aurions vécu au Canada si notre équipe avait perdu aux mains de la Lettonie? Si cela s’était produit, j’ai l’impression que nos joueurs auraient été mieux de rester en Russie plutôt que de revenir à la maison.

Ce qui rend le sport en général si merveilleux, c’est que n’importe quel jour un « plus faible » peut l’emporter sur un plus « fort » qu’il s’agisse d’un sport individuel ou d’un sport par équipe. Tout comme moi, vous avez pu observer les déboires de nos patineurs de vitesse courte piste, ainsi que plusieurs de nos surfeurs et de nos skieurs. Depuis des années, les Charles Hamelin de ce monde, tout comme sa conjointe Marianne St-Gelais, ont remporté médaille après médaille dans toutes sortes de compétitions internationales. Nombreux étaient ceux qui prévoyaient trois ou même quatre médailles à Charles Hamelin et deux ou même trois à sa souriante conjointe. Mais les deux ont trébuché (dans tous les sens du mot) à deux reprises, et leurs plus beaux rêves se sont terminés en cauchemars.

Ce serait facile de nommer des dizaines d’athlètes qui ont n’ont pas « performé » au niveau où nous l’espérions. Pourquoi? Bien difficile à dire. Comme je vous ai expliqué le principe de la pyramide dans des commentaires précédents, vous savez qu’il y a d’énormes différences entre être le meilleur de son village, puis de sa région, puis de sa province, puis de son pays… puis du monde entier.

On peut atteindre de très grands sommets dans des coupes du monde. Ce sont une série d’épreuves, une dizaine par année dans de nombreux sports; si vous êtes le meilleur dans l’ensemble de ces épreuves, même si vous en perdez quelques-unes, vous êtes couronné champion de la coupe du monde. Nombreux sont ceux qui confondent un champion de la Coupe du monde avec un champion du monde. Un championnat du monde n’a lieu qu’une fois par année, ou dans certains sports, une fois par deux années. Lorsqu’on est champion du monde, on l’est pour toujours. Et les Jeux olympiques, eux, n’arrivent qu’une seule fois par quatre ans. La télévision du monde entier est présente sur place; des milliers de journalistes sont aussi présents; les feux de la rampe sont à un maximum comme les athlètes ne les ont jamais vus.

Quand je m’occupais du ski acrobatique, il y avait deux ou trois journalistes qui assistaient à une épreuve de Coupe du monde à Mont-Gabriel (dans les Laurentides) ou à Apex Mountain quelque part entre l’Alberta et la Colombie-Britannique. La télévision consistait seulement aux images que l’organisation transmettait aux réseaux de télévision. Le tout se déroulait comme un pique-nique de famille. Et soudain, tous les quatre ans, voilà les Jeux olympiques. Tous les journalistes que vous n’avez jamais vus à l’une de vos compétitions nationales ou même internationales, tous les réseaux de télévision que vous n’avez jamais vus non plus, et dont vous n’avez jamais entendu parler, sont là. Ils veulent tous vous rencontrer, rencontrer votre père, votre mère, votre sœur, votre frère (surtout s’il souffre d’une déficience physique), votre instructeur, vos amis proches, vos grands-parents même. Des gens dont vous n’avez jamais entendu parler de votre vie vous appellent et vous harcèlent pour obtenir des billets permettant d’assister à vos compétitions, des entreprises dont vous n’avez pas non plus entendu parler sont après vous pour tenter d’obtenir vos services pour moins que rien et vous devez à travers tout ce « micmac » incroyable offrir la meilleure performance de votre vie. Pas surprenant que plusieurs de nos athlètes croulent sous la pression. Il faut vraiment être « fort » pour ne pas se laisser influencer par cette atmosphère de folie autour de vous.

À l’époque du baron Pierre de Coubertin, celui qui a recréé les Jeux modernes en 1896, on disait que « l’important n’était pas de gagner… mais de participer ». Il y a bien longtemps qu’on n’en est plus là. Si vous gagnez une médaille olympique, vous êtes un héros… si vous la ratez par quelques dixièmes de secondes ou de points, vous êtes un zéro! Notre « gros » Marcel Aubut, lui, président du Comité olympique du Canada, dit que « la seule chose qui compte, c’est de gagner ». En disant une niaiserie de ce genre, il n’aide pas les athlètes; au contraire, il leur nuit en mettant sur eux et elles plus de pression qu’ils ou elles ont déjà à supporter. Dans la plupart des cas, le financement qu’ils obtiennent pour subvenir aux coûts d’entraînement et de voyages pour les différentes compétitions nationales et internationales est directement relié à leur performance aux Jeux olympiques.

À quelques jours de la fin des Jeux, je dis déjà un immense Bravo! à tous nos athlètes – médailles au cou ou pas!

À la prochaine…

Le grand moment approche rapidement

par Alain Guilbert

Le grand moment des Jeux olympiques de 2014 approche à grands pas. Ce sera, bien entendu, la finale du hockey sur glace pour hommes, surtout si l’équipe du Canada atteint cette finale.

Ce ne sera évidemment pas chose facile. Même si nos porte-couleurs ont eu des matches faciles pour commencer le tournoi (Norvège et Autriche), ils n’ont encore rien prouvé. Leur 3e match contre la Finlande a dû aller en supplémentaire avant que nous sortions de la patinoire avec une très courte victoire de 2 à 1. Et ce ne sera pas très difficile d’affronter la Lettonie en quart de finale pour atteindre la demi-finale. C’est à partir de là que les choses se corseront. Si tout va comme prévu, les quatre dernières équipes en lice seront le Canada, les États-Unis, la Russie et la Suède. Qui l’emportera? Bien difficile à prédire. Si la logique est respectée, ce devrait être le Canada contre les Américains en grande finale.

Et malgré mes doutes, je prédis une victoire difficile du Canada (par un seul but… et peut-être même en supplémentaire). Je choisis déjà les trois joueurs qui seront les vedettes de cet affrontement; ce seront Jonathan Toews (1er), Sydney Crosby (2e) et Carey « Jesus » Price (3e). Si ce sont les Américains qui ont le dernier, leur héros sera probablement Phil Kessel. L’une des raisons pourquoi je prévois une finale Canada-É.-U., ce sont les instructeurs des deux équipes. Ce sont sans doute les deux meilleurs de la Ligue nationale et ils savent exactement ce qu’ils font. L’important, c’est d’atteindre son « peak » au bon moment et je crois sincèrement que c’est ce qui est en train de se passer avec ces deux équipes.

J’ai rarement vu un tournoi olympique où les prévisions sont tellement difficiles à faire. Les Américains sont au même point que les Canadiens au sujet des grandes patinoires européennes. L’avantage à ce sujet est définitivement en faveur des Russes et des Suédois. Mais le Canada et les États-Unis sont super bien « coachés » avec Babcock d’un côté et Bystma de l’autre, ce qui à mon avis fera la différence. Tous les Canadiens et les Américains pratiquent le même style de hockey; tous les joueurs évoluent dans la Ligue nationale. Pour les Russes et les Suédois, il y a des joueurs de la LNH, mais aussi des joueurs locaux et les deux styles de jeu ne s’adaptent pas toujours; ce qui pourrait faire une différence à la fin.

J’aurai sûrement l’occasion d’en reparler avant le « grand match »… mais pour l’instant, je m’en tiens au Canada comme favori, même si je ne pariais pas tout ce que j’ai sur cette prédiction.

Un mot additionnel au sujet du hockey féminin. Le président de la Fédération internationale de hockey a affirmé plus tôt aujourd’hui que le hockey féminin était aux Jeux olympiques pour de bon (même si la ‘vraie’ compétition se limite à deux pays : Canada et États-Unis). Vous en voulez une preuve : Hayley Wickenheiser totalise 51 points (buts et assistances) dans les Jeux olympiques (elle en est à sa 4e participation). Le Japon, de son côté, a compté son premier but (oui… son premier) depuis qu’il participe aux Jeux olympiques. 51 points pour une seule joueuse contre 1 but pour toute une équipe! Cela ne produit pas du hockey très compétitif.

En bref…

Il y a des événements dans la vie qui sont complètement imprévisibles. Coïncidence. Hasard. Destinée? Qui sait. Impossible de le savoir. Deux enfants sont nés à Red Deer (Alberta), une relativement petite ville située à mi-chemin entre Edmonton et Calgary, l’un en août 1981 et l’autre en février 1982. Ils ont donc tous deux 32 ans présentement. L’un s’appelle Jan Hudec, l’autre, Deidra Dionne. Vous commencez déjà à me voir venir? Non? Tous deux ont fait partie de l’école de ski Nancy Greene (du nom de notre très grande championne olympique) quand ils avaient 4 ans – oui, 4 ans seulement. Après l’école Nancy Greene, tous deux ont poursuivi une carrière dans le domaine du ski… Hudec en ski alpin et Dionne en ski acrobatique, dans la discipline des sauts (« aerials »). Lors des Jeux de Salt Lake City, en 2002, Deidra a remporté une superbe médaille de bronze, derrière la médaille d’argent de sa coéquipière Veronica Brenner. À la suite de son exploit, Postes Canada l’a commanditée pour une période de quatre années afin de lui permettre de poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux de Turin. C’est au cours de ces années que je l’ai bien connue. Malheureusement, un grave accident de ski survenu en Australie (avant les Jeux de Turin), alors qu’elle a subi une fracture de la colonne cervicale, a, à toutes fins utiles, mis fin à sa carrière.

Jan Hudec, lui, a poursuivi sa carrière jusqu’à aujourd’hui. Il y a trois jours à peine, il méritait à son tour une spectaculaire médaille de bronze en slalom géant à Sotchi. À huit années d’intervalles, les deux enfants de 4 ans qui faisaient partie de la même école de ski Nancy Greene à Canyon (Alberta), le centre de ski le plus près de Red Deer, une ville située en terrain plat, remportent tous deux une médaille olympique de bronze sous les couleurs du Canada. Croyez-vous vraiment que l’instructeur de cette classe de ski à l’hiver 1984-1985 avait prévu que deux de ses élèves, alors, âgés de 4 ans se rendraient aux Jeux olympiques et se couvriraient de gloire avec chacun une médaille? Sans doute pas. La vie nous réserve parfois de belles surprises! Incidemment, Deidra Dionne est maintenant avocate après avoir fait ses études de droit à l’Université d’Ottawa et elle est impliquée sérieusement tant au sein du Comité international olympique (CIO) que du Comité olympique du Canada (COC) comme représentante des athlètes. Une très grande dame! Bravo à elle et Bravo à Jan Hudec. Les contes de fées n’existent pas seulement dans les livres pour enfants.

Quelques mots encore au sujet de la médaille d’argent obtenue en patinage artistique par le couple canadien Virtue-Moir. Bien difficile de dire si les juges ont « pipé les dés » ou non. Chose certaine, le grand quotidien de sport L’Équipe – sans doute la plus grande autorité au monde dans tout ce qui concerne les sports olympiques – avait écrit avant l’ouverture des Jeux de Sotchi qu’il y avait collusion (tous ceux qui suivent la Commission Charbonneau savent ce que signifie le mot collusion) entre certains juges pour que les Russes gagnent la médaille d’or de l’épreuve par équipe de patinage artistique et que les Américains gagnent la médaille d’or dans l’épreuve de danse en couple. Bien sûr, les autorités ont nié qu’il y avait collusion. Mais chose curieuse, les Russes ont gagné l’épreuve par équipe (où les Canadiens ont fini en deuxième place) et les Américains ont gagné l’épreuve de danse en couple (où les Canadiens ont encore une fois fini en deuxième place). Coïncidence? Hasard? Nous ne le saurons sans doute jamais. Mais après ce qui s’était passé à Salt Lake City avec le couple canadien Salé-Pelletier, rien ne peut me surprendre dans ce sport où à peu près personne, incluant les juges eux-mêmes, ne sait comment les notes sont attribuées. Rappelez-vous que le journal L’Équipe a été le premier à affirmer que Lance Armstrong était dopé lors des victoires au Tour de France, ce que l’Américain a nié avec véhémence. Il a même intenté plusieurs poursuites contre L’Équipe… mais à la fin, qui avait raison?

De mon côté, j’ai un souvenir personnel avec L’Équipe. Lors des Jeux de Montréal en 1976, l’Allemand de l’Est Vladolav Cirpinsky avait remporté le marathon, probablement la discipline la plus exigeante de tous les Jeux. Le lendemain de la victoire de Cirpinsky, le Journal de Montréal, dont les journalistes ne connaissent à peu près rien dans les sports, pas même dans le hockey, avait écrit : « Un inconnu gagne le marathon de Montréal ». La veille du marathon, le quotidien L’Équipe avait écrit : « Cirpinsky, le grand favori pour gagner le marathon de Montréal ». D’ailleurs, L’Équipe avait prédit correctement les 10 premiers au marathon, dont l’un des grands héros des Jeux de Montréal, le Finlandais Lasse Viren, qui avait remporté la médaille d’or du 5000 et du 10 000 mètres et qui avait terminé 5e au marathon, comme prédit par L’Équipe. Je ne serais pas surpris que le quotidien français ait encore une fois raison quand il parle de « truquage » des résultats en patinage artistique.

Marcel Aubut, notre « cher » président du Comité olympique du Canada, aurait pu se garder une petite gêne lorsque Vladimir Poutine, le président de la Russie, a payé une visite imprévue à la Maison du Canada. Marcel l’a accueilli comme un « rock star » en le tenant par le cou et en allant jusqu’à lui faire de nombreuses accolades. C’est tout juste s’il ne l’a pas embrassé. Après tout, Poutine n’est pas un modèle à suivre à titre d’un leader où les droits de la personne sont constamment bafoués… pas le droit d’être homosexuel… pas le droit de manifester… pas le droit de s’exprimer librement… pas le droit d’être en désaccord. Voyons Marcel, un peu de retenue s.v.p.!

Nos patineurs de vitesse sur courte piste ont encore eu des difficultés aujourd’hui. Quelques chutes imprévues, mais ne vous en faites pas, ce n’est pas leur faute… ce sont des chutes causées par la glace.

J’ai souligné dans mes commentaires d’hier qu’Alex Harvey avait peut-être remporté trop d’épreuves avant les Jeux, qu’il aurait peut-être atteint son « peak » comme athlète trop rapidement, ce qui expliquerait ses déboires à Sotchi plutôt que de présumés problèmes de fartage. Certains de mes lecteurs réguliers se sont dits d’accord avec cette théorie. L’un d’entre eux me demande s’il n’y aurait pas lieu d’annuler toutes les grandes compétitions internationales dans les semaines précédant les Jeux. Je ne le crois pas… du moins dans la plupart des sports. Je ne crois pas que des épreuves de bosses ou de sauts en ski acrobatique aient un effet négatif sur le moment où l’athlète qui pratique ce sport atteint son « peak » (le sommet de sa forme). Même chose probablement en ski, en hockey, en curling, en surf des neiges, en « slopestyle », en luge, en skeleton, en bobsleigh, etc. Ce ralentissement de grandes compétitions avant les Jeux devraient plutôt se produire dans les sports qui exigent de puiser au fond de l’énergie des athlètes, comme le ski de fond, le patinage de vitesse sur longue piste et le ski alpin. C’est une question d’équilibre pour les athlètes et les instructeurs entre « se vider » de toute leur énergie… ou arriver aux Jeux olympiques au sommet de leur forme physique.

À la prochaine…