Des circulaires… amènes-en!

« Lorsque le ministère des Postes est devenu la Société canadienne des postes, il devenait encore plus important de garantir les revenus postaux. Je me souviens lors d’un congrès de la Canadian Community Newspapers Association à Edmonton (en Alberta), Michael Warren, alors PDG de Postes Canada, avait averti les éditeurs des journaux communautaires que sa société ferait tout pour obtenir une plus grande part de la distribution des encarts publicitaires, si lucratifs pour les médias. Plusieurs années plus tard, alors que j’étais d’ailleurs au service de Postes Canada, la société avait même créé une section spéciale pour livrer exclusivement des circulaires publicitaires. Quand Publisac est arrivée dans le portrait, les médias se sont ligués contre Postes Canada et ont exercé tellement de pressions sur l’actionnaire (le gouvernement fédéral) qu’elle a été obligée de démanteler son groupe spécial de livraison. Ce qui n’empêche pas Postes Canada de livrer encore des circulaires dans votre boîte aux lettres, mais les journaux et les « Publisacs » de ce monde en distribuent beaucoup plus. »

J’avais publié le texte qui précède dans mon blogue du 23 mai 2011 dans le contexte de mon « Retour sur hier ». À Edmonton, je n’avais aucune idée que je travaillerais un jour pour Postes Canada – en fait, environ cinq ans plus tard – et que j’aurais à défendre l’entreprise contre les attaques de ces mêmes journaux.

En avril 1993, la situation retenait l’attention des dirigeants de Postes Canada. Après tout, ils avaient consenti à créer une force de distribution spéciale de la Médiaposte… des syndiqués du puissant Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, mais avec un statut différent. Il fallait, après tout, concurrencer avec des géants du monde médiatique canadien et, surtout, québécois.

Nous avions même envisagé, deux ans auparavant, lors d’une rencontre avec le caucus québécois du parti conservateur, une alliance avec l’Association des hebdos du Québec pour lui confier la distribution des circulaires – nous l’appelions la Médiaposte sans adresse. Au Québec, notre part du marché était à peine de 18 p. cent, alors qu’elle était de plus de 30 p. cent ailleurs au pays. Mais voilà, Quebecor et Transcontinental, les deux géants québécois, voulaient nous sortir du marché totalement. Quoiqu’à un certain moment, il aurait été question d’une entreprise conjointe avec Transcontinental. Mais la convention collective interdisait toute forme d’impartition de la livraison de la Médiaposte sans adresse. En 1993, rien de tout cela n’était possible.

Nos spécialistes s’étaient longtemps penchés sur la question. Nous venions même d’inaugurer à Winnipeg un centre spécial nommé « Connexions » afin de promouvoir nos grandes capacités de marketing à l’échelle nationale. Même si ses taux étaient un peu plus élevés que ceux des médias traditionnels, Postes Canada avait quand même un atout important… sa capacité de livrer dans toutes les boîtes aux lettres… les boîtes aux lettres appartenant en fait à la société.

Comme ligne médiatique, nous allions soutenir que même Quebecor et Transcontinental profiteraient à leur tour de notre position agressive sur le marché de la publicité imprimée. Nous espérions même obtenir le contrat pour la distribution des journaux de ces deux géants « si nous voulions être réellement concurrentiels ». Il fallait bien penser positivement.

Je vais revenir plus tard sur cette question parce qu’elle serait, entre autres, au centre des délibérations de la commission présidée par George Radwanski chargée de revoir le mandat de Postes Canada. Je voulais seulement vous donner un autre exemple des nombreux défis que devait relever la société d’État dans ses divers marchés.

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