par Alain Guilbert
À tous ceux (et celles) qui ne croient pas encore que Carey Price est le meilleur gardien de but au monde… j’espère que vous avez bien vu le match d’aujourd’hui.
À tous ceux (et celles) qui croient encore que le Canadien a fait une erreur en ne gardant pas Jaroslav Halak au lieu de Carey « Jesus » Price, j’imagine que tous vos doutes sont maintenant balayés.
Quand l’équipe du Canada a défait la Norvège par le mince pointage de 3 à 1 lors du premier match du tournoi olympique, il y avait des raisons de nous inquiéter. Même chose au second match du tournoi quand l’équipe canadienne l’a emporté 6 à 0 contre l’Autriche.
L’équipe canadienne ne compte pas beaucoup de buts, seulement 14 depuis le début du tournoi. Souvent, dans les Jeux d’il y a une douzaine d’années ou plus, le Canada comptait 14 buts dans un seul match. Mais les choses sont différentes aujourd’hui, les autres se sont améliorés. Cette victoire d’aujourd’hui sur les Américains par la plus mince des marges (1 à 0) est fantastique; elle amène « notre équipe » à la grande finale olympique. Nous sommes maintenant assurés de la médaille d’argent… ou même de la médaille d’or. Nos adversaires seront les Suédois, une superbe équipe aussi. L’important ne sera pas de compter quatre ou cinq buts contre la Suède, mais seulement « un but » de plus qu’eux, comme aujourd’hui. Gagner 5 à 0 ou 1 à 0? Quelle est la différence? Je pense encore que la victoire par un but a encore plus de mérite que celle par quatre ou cinq buts.
Nous verrons bien dimanche ce qui se produira, mais je suis certain que s’il n’en tient qu’à Carey Price, ses coéquipiers (et lui) repartiront de Sotchi avec de l’or dans leurs bagages!
Juste une remarque en passant : je ne sais pas qui à Radio-Canada a fait le choix des étoiles du match Canada-É.-U. aujourd’hui, mais ceux qui ont décidé de ne pas accorder une étoile à Carey Price devaient sûrement être en train de regarder les « chutes » des Canadiens en patinage de vitesse courte piste plutôt que le match de hockey!
Autre très grande médaille d’or, aujourd’hui : celle de l’équipe masculine du Canada au curling. Impossible de faire mieux – médaille d’or pour les filles et médaille d’or pour les gars… Super!
Autre très grand exploit, le doublé « or et argent » des filles en ski cross. C’est le quatrième doublé or-argent réussi par le Canada depuis le début des Jeux, un exploit sans précédent pour nos athlètes, Jeux d’hiver et Jeux d’été confondus. À titre de rappel, voici nos quatre doublés or et argent :
– les sœurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe en ski acrobatique (bosses);
– Alexandre Bilodeau et Mikaël Kingsbury aussi en ski acrobatique (bosses);
– Kaillie Humphries et Heather Moyse en bobsleigh (à deux);
– (et ce matin) Marielle Thompson et Kelsey Serwa en ski cross (femmes).
Et voilà aussi que le Canada réussit à obtenir les deux médailles d’or de curling – hommes et femmes – et que nous pouvons maintenant rêver des deux médailles d’or en hockey; les filles ont déjà accompli l’exploit et les gars sont sur le point de le faire.
Au moment d’écrire ces lignes (le vendredi 21 février), le Canada est en troisième place, quelle que soit la façon dont on compte les médailles. La vraie façon « non officielle » est basée sur le nombre de médailles d’or, et s’il y a égalité, selon les médailles d’argent, et s’il y a encore égalité, selon les médailles de bronze.
Le classement actuel est donc le suivant :
Pays Or Argent Bronze Total
1– Norvège 10 4 8 22
2– Russie 9 10 7 26
3– Canada 9 10 5 24
4– États-Unis 9 7 11 27
5– Allemagne 8 4 4 16
6– Pays-Bas 6 7 9 22
Comment cela se terminera-t-il? À Vancouver, le Canada avait obtenu 26 médailles, dont 14 d’or. C’est maintenant impossible d’en obtenir autant (des médailles d’or) à Sotchi. Mais en ce qui concerne le total de toutes les médailles confondues, le Canada pourrait se rendre à 26 (comme à Vancouver) où même davantage. Comme je vous l’avais expliqué au moment d’entreprendre cette série de commentaires sur les Jeux, il y avait 255 médailles en jeu à Vancouver. Avec ses 26, le Canada avait accumulé 10,2 % du total. Mais à Sotchi, des épreuves ont été ajoutées et il y maintenant 294 médailles en Jeux (sans compter les égalités). Il faudrait donc que le Canada termine avec 30 médailles au moins pour égaler son pourcentage de 10,2 % de Vancouver. Cela n’arrivera pas.
Mais nous n’avons aucune raison de ne pas être fiers de nos athlètes et de leurs performances. Nous avons vécu des déceptions dans certains sports, particulièrement en patinage de vitesse sur courte piste, où nos espoirs étaient grands. Peut-être trop! Nous avons eu aussi des déceptions en ski de fond, en ski alpin (sauf pour la médaille de bronze de Jan Hudek). Mais quand le bilan final sera fait, Marcel Aubut sera sûrement déçu que le Canada n’ait pas terminé premier, mais nous (les spectateurs) aurons des tonnes de raisons d’être fiers et de pavoiser. Nos exploits auront été beaucoup plus nombreux que nos échecs.
En bref…
– Je ne peux m’empêcher de souligner les commentaires de Nathalie Lambert, l’une des grandes athlètes en patinage de vitesse sur courte piste à travers les années. Elle se dit extrêmement déçue du comportement de certains athlètes coréens qui bloquent la route à leurs adversaires aux courses à relais, de certains athlètes chinois qui ralentissement volontairement certaines courses pour favoriser leurs coéquipiers, et ainsi de suite. Nathalie n’ose pas critiquer le sport où elle a tellement brillé, elle dénonce seulement le comportement de certains athlètes. Mais c’est exactement là le problème du patinage de vitesse coure piste qui ressemble parfois (souvent?) à du « roller derby ».
– Dans La Presse d’hier, le journaliste Simon Drouin, un spécialiste du ski (alpin et nordique) citait le grand Pierre Harvey. Celui-ci disait que « le sport de haut niveau est un univers ultra-compétitif, mais jamais autant qu’aux JO ». Et il ajoutait : « Il y a peut-être 40 gars qui ont gagné une coupe du monde au cours des quatre dernières années. Ces 40 gars-là, ils se disent tous – si je suis chanceux, si je ‘peake’ au bon moment, je peux gagner une médaille olympique. Regardez Erik Guay : il était super hot, tout le monde croisait les doigts. Des Erik Guay et des Alex Harvey (son propre fils), il y en a 50 dans le monde dans chacun de ces sports-là. Il y en a juste un qui va être chanceux »… Puis quand les Jeux sont terminés, c’est toujours Pierre Harvey qui parle : « Que reste-t-il à faire? On va pleurer pendant trois jours, puis on va recommencer! »
C’est la loi du sport de compétition, une loi bien cruelle… mais combien fantastique quand vous repartez des Jeux avec une médaille autour du cou – quelle que soit sa couleur!
À la prochaine…