De véritables sports olympiques?

par Alain Guilbert

Les Jeux olympiques n’ont lieu que tous les quatre ans, voilà pourquoi ils sont si importants. L’attention du monde entier est fixée sur cet événement.

Malheureusement, il y a encore des doutes sur la « validité » de certains des sports au programme.

Par exemple, le hockey pour les femmes. Comme je l’ai déjà expliqué dans un commentaire précédent, pour qu’un sport d’hiver soit considéré comme « un véritable » sport olympique, il doit être « largement » pratiqué dans 25 pays sur trois continents. Alors, vous croyez que le hockey féminin est largement pratiqué dans 25 pays sur trois continents? Mais non! Il n’y a que deux vraies équipes aux Jeux depuis que le hockey féminin est devenu officiel – le Canada et les États-Unis. On peut bien dire que cette fois la Suisse et la Suède se disputeront la médaille de bronze, mais on savait déjà, bien avant que le tournoi ne commence, que la médaille d’or serait disputée entre le Canada et les États-Unis. Aucun autre pays (et ils ne sont pas 25) ne pouvait espérer monter sur le podium.

Bien sûr, nous nous réjouirons de la médaille d’or du Canada… ou nous nous consolerons de sa médaille d’argent. Mais honnêtement, il faut bien admettre qu’aucun autre pays n’avait la moindre chance de se retrouver dans cette finale. Un vrai sport olympique? Qu’en pensez-vous?

L’autre sport qui m’agace, c’est le patinage artistique. Ce sport réunit sans problème 25 pays sur trois continents où il est largement pratiqué. Ce n’est pas là le problème. Le problème est dans l’évaluation des performances. Tout le monde se souvient du « scandale » de Salt Lake City quand la juge française avait été « corrompue » et avait accordé son plus haut pointage au couple russe au détriment du couple canadien Jamie Salé-David Pelletier. Cette « tricherie » était tellement évidente que le jour suivant la compétition, le Comité international olympique était intervenu et avait infirmé la décision des juges pour accorder la médaille d’or au couple Salé-Pelletier.

Mais le patinage artistique ne semble pas avoir appris de cette mésaventure (voire de ce scandale). En effet, la même chose vient de se reproduire cette année. Au moment où j’écris ce texte (lundi en fin d’après-midi), il n’y a aucune évidence de juges corrompus. Mais tous les experts, avec Alain Goldberg en tête, l’analyste exceptionnel de Radio-Canada, n’en reviennent pas du score accordé au couple canadien Virtue-Moir lors de son programme court. Incompétence des juges? Tricherie? Complot pour favoriser un pays en particulier? Nous ne le saurons peut-être jamais. Mais où est donc le « fairness » de l’olympisme.

Il y a d’autres sports d’hiver « jugés »…, particulièrement le ski acrobatique tant en bosses qu’en sauts. Mais jamais, au grand jamais, au cours des années, je n’ai entendu une critique au sujet des notes accordées par les juges. Je me souviens de nombreuses compétitions internationales (championnat canadien, coupe du monde ou championnat du monde) auxquelles j’assistais en compagnie d’un sauteur « déjà éliminé », parfois Nicolas Fontaine, parfois Jeff Bean, parfois même un « bosseur » qui avait terminé sa compétition, et ceux-ci, après chaque saut de leurs coéquipiers, pouvaient me prédire leur pointage à un ou deux dixièmes de point près avant même que les juges ne fassent connaître le pointage officiel. Je n’ai jamais entendu une critique contre les décisions des juges. Pourquoi y en a-t-il tellement contre les juges du patinage artistique? Ces juges sont en train de détruire, lentement, mais sûrement, ce sport pourtant si spectaculaire.

Cela n’enlève rien dans mon esprit et dans mon cœur à la performance du couple Virtue-Moir – tout à fait exceptionnelle. Impossible de faire mieux, même si la décision des juges essaie de nous le faire croire.

En bref…

Quelques mots d’un sport que j’adore, même si ce n’est pas le plus grand sport au monde, le ski acrobatique, qui comportait historiquement deux épreuves : les sauts et les bosses. Ce sport s’est imposé d’abord avec les sauts avec la Canadian Air Force. Les Lloyd Langlois, Nicolas Fontaine et autres. Chez les filles, Veronica Brenner (surnommée Big V), Veronica Bauer (surnommée Little V) et Deidra Dionne. Puis, les épreuves de bosses ont pris la tête d’affiche. Tout le monde connaît les Jean-Luc Brassard, Jennifer Heil, Alexandre Bilodeau, Mikaël Kingsbury, les sœurs Dufour-Lapointe. Le ski acrobatique sortira d’ailleurs comme l’un des plus grands gagnants des Jeux de Sotchi. Pourquoi? Tout simplement parce que les sommes d’argent accordées aux différentes fédérations sportives canadiennes en vertu du programme « Own the podium » (Emparons-nous du podium) sont directement proportionnelles au nombre des médailles obtenues aux Jeux olympiques. Le grand perdant de ces Jeux à ce chapitre sera vraisemblablement le patinage de vitesse courte piste, lequel avait obtenu cinq médailles aux Jeux de Vancouver.

Incidemment une autre médaille prévue pour le Canada nous a échappé en ski acrobatique, épreuve de saut, aujourd’hui. Travis Gerrits, 2e au Championnat du monde l’an dernier, faisait partie des médailles « espérées » par Marcel Aubut qui avait prédit que le Canada serait premier tant pour les médailles d’or que pour le total des médailles. Il pourrait nous en manquer quelques-unes lorsque les Jeux prendront fin.

J’ai entendu une théorie intéressante aujourd’hui au sujet des « non-performances » d’Alex Harvey en ski de fond. Selon cette théorie, avec laquelle je serais pas mal d’accord, c’est qu’Alex a gagné trop d’épreuves internationales au cours des deux ou trois mois précédant les Jeux olympiques. Dans l’entraînement des athlètes, en vue des grands événements (comme les Jeux olympiques), il y a une théorie voulant qu’il ne faut pas « peaker » (atteindre le sommet de sa forme) trop vite. Alex, lui, était au sommet de sa forme il y a six, quatre et deux semaines avant les Jeux. Une fois rendu à Sotchi, il n’avait plus la même énergie. Ses problèmes seraient peut-être moins reliés à des problèmes de « fartage de ses skis » qu’à un problème de mauvais « timing » pour atteindre le sommet de sa forme. Une théorie bien plausible.

À la prochaine…

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