par Alain Guilbert
Les médailles olympiques sont faciles à gagner dans les prévisions des médias d’information avant les Jeux… mais beaucoup plus difficiles à gagner sur la glace ou sur la neige pendant les Jeux.
Ainsi, après deux jours de compétition, le Canada en est à quatre médailles. Pas si mal, direz-vous, mais deux de ces médailles proviennent de disciplines qui n’existaient pas encore aux Jeux de Vancouver : soit le surf des neiges (slopestyle) et le patinage artistique par équipe où nos patineurs ont obtenu une superbe médaille d’argent. Et nos deux autres médailles sont bien sûr celles des sœurs Dufour-Lapointe.
Pendant ce temps, Érik Guay, notre plus grand espoir en ski alpin, a dû se contenter d’une 10eplace dans son épreuve préférée, la descente. Ce résultat n’est quand même pas surprenant si on considère qu’aucun Canadien (homme) n’a gagné une médaille olympique en ski alpin depuis 20 ans. Le dernier à réussir l’exploit avait été Ed Podivinsky avec une médaille de bronze en descente lors des Jeux de Lillehammer. Et notre grand espoir en ski de fond, Alex Harvey, a terminé au 18e rang (bien, bien loin d’une médaille) dans l’épreuve de 30 km – skiathlon. Bien sûr, il ne s’agit pas de sa meilleure discipline. Alex brille surtout dans les « sprints », mais n’oubliez quand même pas que jamais un Canadien (homme) n’a gagné une médaille olympique en ski de fond. Alex serait le premier s’il y parvenait.
Par ailleurs, les filles ont amorcé leur tournoi de hockey olympique samedi par une victoire de 5 à 0 contre la Suisse. Rien de bien convaincant dans ce match; lors des derniers Jeux, les Canadiennes l’avaient emporté 18 à 0 contre la Suisse. Est-ce que ce sont les Canadiennes qui sont moins bonnes qu’il y a quatre ans ou les Suisses qui sont meilleures à ce point? Je suis du nombre de ceux qui croient que nos filles sont mal « coachées », qu’elles connaîtront un tournoi difficile et qu’elles termineront au mieux avec une médaille d’argent – ce qui serait une grande déception. Quant au hockey masculin, « notre sport préféré », j’ai bien hâte de voir comment les joueurs vont se comporter sur une « grande » patinoire de style européen. Notre équipe avait gagné l’or à Salt Lake City (2002) et à Vancouver (2010) alors que le tournoi était présenté sur des patinoires de dimensions « nord-américaines ». Mais lors des derniers Jeux où les matches ont été disputés sur des patinoires « européennes » (à Turin 2006), le Canada avait terminé au 6e rang.
Nos « petits amis » du surf de neige (slopestyle) n’ont pas aimé la façon des juges de leur attribuer des notes. C’est la première fois que ce sport apparaît au programme olympique. Les Maxime Parrot et Sébastien Toutant de ce monde sont habitués aux grandes compétitions des X-Games, où ils peuvent à toutes fins utiles agir à leur guise en réalisant des sauts de leur choix. Plus ces sauts sont spectaculaires, plus leurs auteurs recueillent de points. Ils peuvent même improviser et terminer en tête. Aux Jeux olympiques, les règles sont différentes; tous les sauteurs (et sauteuses) doivent réaliser des sauts très précis et le faire selon des règles strictes, question de permettre aux athlètes de tous les pays participants d’être jugés à partir des mêmes critères. Nos amis québécois n’ont pas envie de faire les mêmes sauts pendant quatre années (entre deux Jeux olympiques) comme le font les plongeurs, les patineurs artistiques, les gymnastes, les skieurs acrobatiques, etc.
Lors des X-Games, les juges sont choisis par cette organisation, mais, aux Jeux de Sotchi, les juges avaient été choisis par la Fédération internationale de ski (FIS), l’organisme qui régit toutes les disciplines de ski. Nos amis qui prévoyaient gagner des médailles facilement ont été pris au dépourvu.
Si le Canada veut s’approcher du total des médailles obtenues aux Jeux de Vancouver, il faudra que nos patineurs de vitesse longue piste et courte piste se surpassent. Les gars et les filles dans ces disciplines devront éventuellement remporter 10 médailles ou plus pour permettre au Canada d’atteindre son objectif, mais il faudra que tout aille bien pour eux et elles. Rappelez-vous que les patineurs longue et courte piste avaient remporté cinq médailles dans chaque discipline en 2010. Certains médias ont déjà prévu quatre médailles pour Charles Hamelin en patinage courte piste. Il avait été le seul athlète canadien à réaliser un doublé en or à Vancouver, soit dans le 500 mètres individuel et dans le relais 5000 mètres par équipe. Espérer quatre médailles de sa part… c’est presque rêver en couleur.
Yves Boisvert, l’excellent chroniqueur « général » de La Presse, a été dépêché à Sotchi pour y faire ses commentaires dans le grand quotidien montréalais. Dans l’édition d’hier de La Presse + (l’édition qui n’est disponible que sur iPad), Boisvert terminait son texte en parlant d’une rencontre qu’il avait faite avec Clara Hugues, celle que je considère comme la plus grande athlète canadienne de tous les temps. Voici ce qu’il disait à son sujet : « Cinq minutes avec Clara Hughes suffisent immanquablement à me réconcilier avec le genre humain ». Je n’en doute pas un seul instant…
À la prochaine…