par Alain Guilbert
Mon ex-collègue de travail (à l’époque où je dirigeais la division média de Transcontinental), Pierre Duhamel, produit un blogue sur le site du magazine L’Actualité. Pierre, incidemment, est l’un des plus compétents chroniqueurs économiques du Québec. Plus tôt cette semaine, il s’est permis un commentaire sur les succès des athlètes canadiens, et bien sûr québécois, aux Jeux olympiques de Sotchi. De façon simple, mais efficace, il identifie sept raisons qui expliquent « nos » succès. Il vaut la peine d’être lu… surtout qu’il va plus loin que la plupart des commentaires rédigés par des journalistes sportifs.
Voici donc le court texte de Pierre Duhamel, que vous allez sûrement apprécier. Le tout se résume en sept principes (sept leçons à tirer) qui devraient servir à n’importe quelle personne qui désire réussir dans la vie :
Ils sont beaux et formidables.
Ils sont des modèles de travail acharné, de détermination et de persévérance.
Leur vie a été jalonnée de sacrifices, d’épreuves, d’échecs et de succès.
Les entrepreneurs ont déjà des leçons à tirer de cette magnifique jeunesse :(1) Il faut travailler fort et se hisser parmi les meilleurs au monde.
(2) Comme les sœurs Dufour-Lapointe, il faut collaborer et partager ses acquis.
(3) Comme Charles Hamelin, il faut persévérer et s’imposer dans la durée.
(4) Comme Alexandre Bilodeau et Mikaël Kingsbury, il faut se mesurer, se batailler, se motiver l’un et l’autre pour s’améliorer sans cesse et gagner sur la scène mondiale.
(5) Comme le Comité olympique canadien, il faut investir et miser sur le potentiel de nos meilleurs.
(6) Comme les 7 doigts de la main, Solotech, Pixmob et Show-Canada, nos PME doivent innover et offrir un produit unique au monde.
(7) Comme le Canada pour le patinage sur courte piste et le ski acrobatique, il faut choisir ses niches où le potentiel de médailles est le plus élevé et où nous avons des avantages comparatifs.
Voici maintenant quelques-uns de mes commentaires au sujet de certains événements qui se sont passés aujourd’hui :
— Notre équipe de hockey féminine a réussi à vaincre sa « bête noire », l’équipe américaine, par le pointage serré de 3 à 2 dans la première ronde du tournoi olympique. Bravo… surtout que l’équipe canadienne avait perdu quatre fois lors de ses quatre dernières rencontres contre l’équipe américaine. Les deux équipes, qui sont dans les faits les deux seules dignes de ce tournoi olympique, se rencontreront une autre fois en finale pour la médaille d’or. Espérons que nos Canadiennes n’ont pas atteint leur sommet trop tôt. (Vous vous souvenez de ce que j’avais écrit plus tôt cette semaine; pour être considéré comme un sport olympique, un sport d’hiver doit être sous la direction d’une fédération internationale et largement pratiqué dans 25 pays sur trois continents différents. Vous croyez vraiment que le hockey « féminin » répond à cette exigence? (Largement pratiqué dans 25 pays!)
— Notre équipe de hockey masculine, de son côté, entreprend son tournoi olympique demain. Son premier adversaire : la Norvège, un pays qui n’est vraiment pas une menace au hockey. La question est de savoir si le Canada va l’emporter par 10 à 0 ou plus… ou par moins que 10 à 0; et aussi de savoir si Carey Price, le gardien de but désigné pour le match de demain, va accorder un but ou pas. On ne sait jamais – une rondelle déviée!
— Un exploit (?) sans précédent aujourd’hui dans la descente de ski alpin pour les dames; la Slovène Tina Maze et la Suisse (ou la Suissesse) Dominique Gisin ont complété le parcours dans, exactement le même temps de 1 minute 41 secondes et 47 dixièmes. Ce n’était jamais arrivé dans toute l’histoire des Jeux. Alors que fait-on? Tout simplement, on décerne deux médailles d’or, une à chacune des deux détentrices du même temps… et celle qui les suit reçoit une médaille de bronze. À la fin des Jeux, ou plus tard, on se demandera peut-être pourquoi on a décerné une médaille d’or de plus que de médailles d’argent (ou à l’inverse, une médaille d’argent que de médailles d’or) lors des Jeux de 2014. Il faudra référer à l’exploit des skieuses Maze et Gilin pour expliquer cette différence. Mais dans les Jeux d’été, on décerne au moins une quarantaine de médailles de bronze de plus que de médailles d’or et d’argent, sans qu’il y ait d’égalité semblable à celle de nos deux skieuses. Pourquoi cette différence dans les médailles de bronze? Pour une raison que beaucoup de sportifs ne savent pas – ou oublient – dans tous les sports de combat, soit la boxe, le judo, le taekwondo, la lutte (style libre et style gréco-romain), on procède à un tournoi qui élimine tous les participants jusqu’à ce qu’il n’en reste que quatre. Ces quatre-là s’affrontent en demi-finales et les deux gagnants des demi-finales s’affrontent en finale pour déterminer la médaille d’or et la médaille d’argent. Quant aux deux perdants des demi-finales, on ne leur demande pas de livrer un combat additionnel; on leur accorde plutôt une médaille de bronze à chacun. Et voilà l’histoire de la différence dans le nombre des médailles.
— Autre fait intéressant lors des épreuves d’hier, il s’agit de la médaille d’argent obtenue par le Canadien Denny Morrison au patinage de vitesse longue piste sur la distance de 1000 mètres. Morrison n’était pas qualifié pour cette distance, il l’était pour le 1500 mètres, mais pas pour le 1000 mètres. L’un des qualifiés pour le Canada était Gilmore Junio, 23 ans, de Calgary, mais comme hier soir (mardi) il ne se sentait pas trop bien pour cette épreuve et qu’il ne croyait être capable de bien performer, il a demandé à Morrison de le remplacer, en lui disant qu’il avait plus de chances que lui de bien performer et… vous devinez quoi? Morrison a mérité une médaille d’argent dans une épreuve où il ne devait même pas participer. Quel beau geste de la part de Junio et après sa performance, Morrison a suggéré au Comité olympique canadien de désigner Junio comme porte-drapeau canadien lors de la cérémonie de clôture. Il le mériterait certainement, mais je serais surpris que le Comité olympique canadien donne suite à la suggestion de Morrison. Ce serait pourtant reconnaître un vrai geste sportif plutôt qu’une performance… pour une fois!
— Tout comme on devrait reconnaître le geste de l’instructeur de ski de fond canadien qui, plus tôt aujourd’hui, est allé porter un ski à un Russe qui venait de briser le sien lors d’une chute. Sans le geste exceptionnel de l’instructeur canadien, l’athlète russe n’aurait probablement pas réussi à terminer sa course. Quel geste admirable! Il nous rappelle celui du skieur qui avait remplacé le bâton de ski brisé de la Canadienne Cindy Crawford lors des Jeux de Turin, ce qui avait permis à Crawford de remporter une médaille d’argent. Des gestes comme ceux-là, on n’en voit pas beaucoup, mais, lorsqu’on en voit, c’est surtout lors de Jeux olympiques. Des gestes qui représentent le véritable esprit sportif.
À la prochaine…