par Alain Guilbert
Le grand moment des Jeux olympiques de 2014 approche à grands pas. Ce sera, bien entendu, la finale du hockey sur glace pour hommes, surtout si l’équipe du Canada atteint cette finale.
Ce ne sera évidemment pas chose facile. Même si nos porte-couleurs ont eu des matches faciles pour commencer le tournoi (Norvège et Autriche), ils n’ont encore rien prouvé. Leur 3e match contre la Finlande a dû aller en supplémentaire avant que nous sortions de la patinoire avec une très courte victoire de 2 à 1. Et ce ne sera pas très difficile d’affronter la Lettonie en quart de finale pour atteindre la demi-finale. C’est à partir de là que les choses se corseront. Si tout va comme prévu, les quatre dernières équipes en lice seront le Canada, les États-Unis, la Russie et la Suède. Qui l’emportera? Bien difficile à prédire. Si la logique est respectée, ce devrait être le Canada contre les Américains en grande finale.
Et malgré mes doutes, je prédis une victoire difficile du Canada (par un seul but… et peut-être même en supplémentaire). Je choisis déjà les trois joueurs qui seront les vedettes de cet affrontement; ce seront Jonathan Toews (1er), Sydney Crosby (2e) et Carey « Jesus » Price (3e). Si ce sont les Américains qui ont le dernier, leur héros sera probablement Phil Kessel. L’une des raisons pourquoi je prévois une finale Canada-É.-U., ce sont les instructeurs des deux équipes. Ce sont sans doute les deux meilleurs de la Ligue nationale et ils savent exactement ce qu’ils font. L’important, c’est d’atteindre son « peak » au bon moment et je crois sincèrement que c’est ce qui est en train de se passer avec ces deux équipes.
J’ai rarement vu un tournoi olympique où les prévisions sont tellement difficiles à faire. Les Américains sont au même point que les Canadiens au sujet des grandes patinoires européennes. L’avantage à ce sujet est définitivement en faveur des Russes et des Suédois. Mais le Canada et les États-Unis sont super bien « coachés » avec Babcock d’un côté et Bystma de l’autre, ce qui à mon avis fera la différence. Tous les Canadiens et les Américains pratiquent le même style de hockey; tous les joueurs évoluent dans la Ligue nationale. Pour les Russes et les Suédois, il y a des joueurs de la LNH, mais aussi des joueurs locaux et les deux styles de jeu ne s’adaptent pas toujours; ce qui pourrait faire une différence à la fin.
J’aurai sûrement l’occasion d’en reparler avant le « grand match »… mais pour l’instant, je m’en tiens au Canada comme favori, même si je ne pariais pas tout ce que j’ai sur cette prédiction.
Un mot additionnel au sujet du hockey féminin. Le président de la Fédération internationale de hockey a affirmé plus tôt aujourd’hui que le hockey féminin était aux Jeux olympiques pour de bon (même si la ‘vraie’ compétition se limite à deux pays : Canada et États-Unis). Vous en voulez une preuve : Hayley Wickenheiser totalise 51 points (buts et assistances) dans les Jeux olympiques (elle en est à sa 4e participation). Le Japon, de son côté, a compté son premier but (oui… son premier) depuis qu’il participe aux Jeux olympiques. 51 points pour une seule joueuse contre 1 but pour toute une équipe! Cela ne produit pas du hockey très compétitif.
En bref…
– Il y a des événements dans la vie qui sont complètement imprévisibles. Coïncidence. Hasard. Destinée? Qui sait. Impossible de le savoir. Deux enfants sont nés à Red Deer (Alberta), une relativement petite ville située à mi-chemin entre Edmonton et Calgary, l’un en août 1981 et l’autre en février 1982. Ils ont donc tous deux 32 ans présentement. L’un s’appelle Jan Hudec, l’autre, Deidra Dionne. Vous commencez déjà à me voir venir? Non? Tous deux ont fait partie de l’école de ski Nancy Greene (du nom de notre très grande championne olympique) quand ils avaient 4 ans – oui, 4 ans seulement. Après l’école Nancy Greene, tous deux ont poursuivi une carrière dans le domaine du ski… Hudec en ski alpin et Dionne en ski acrobatique, dans la discipline des sauts (« aerials »). Lors des Jeux de Salt Lake City, en 2002, Deidra a remporté une superbe médaille de bronze, derrière la médaille d’argent de sa coéquipière Veronica Brenner. À la suite de son exploit, Postes Canada l’a commanditée pour une période de quatre années afin de lui permettre de poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux de Turin. C’est au cours de ces années que je l’ai bien connue. Malheureusement, un grave accident de ski survenu en Australie (avant les Jeux de Turin), alors qu’elle a subi une fracture de la colonne cervicale, a, à toutes fins utiles, mis fin à sa carrière.
Jan Hudec, lui, a poursuivi sa carrière jusqu’à aujourd’hui. Il y a trois jours à peine, il méritait à son tour une spectaculaire médaille de bronze en slalom géant à Sotchi. À huit années d’intervalles, les deux enfants de 4 ans qui faisaient partie de la même école de ski Nancy Greene à Canyon (Alberta), le centre de ski le plus près de Red Deer, une ville située en terrain plat, remportent tous deux une médaille olympique de bronze sous les couleurs du Canada. Croyez-vous vraiment que l’instructeur de cette classe de ski à l’hiver 1984-1985 avait prévu que deux de ses élèves, alors, âgés de 4 ans se rendraient aux Jeux olympiques et se couvriraient de gloire avec chacun une médaille? Sans doute pas. La vie nous réserve parfois de belles surprises! Incidemment, Deidra Dionne est maintenant avocate après avoir fait ses études de droit à l’Université d’Ottawa et elle est impliquée sérieusement tant au sein du Comité international olympique (CIO) que du Comité olympique du Canada (COC) comme représentante des athlètes. Une très grande dame! Bravo à elle et Bravo à Jan Hudec. Les contes de fées n’existent pas seulement dans les livres pour enfants.
– Quelques mots encore au sujet de la médaille d’argent obtenue en patinage artistique par le couple canadien Virtue-Moir. Bien difficile de dire si les juges ont « pipé les dés » ou non. Chose certaine, le grand quotidien de sport L’Équipe – sans doute la plus grande autorité au monde dans tout ce qui concerne les sports olympiques – avait écrit avant l’ouverture des Jeux de Sotchi qu’il y avait collusion (tous ceux qui suivent la Commission Charbonneau savent ce que signifie le mot collusion) entre certains juges pour que les Russes gagnent la médaille d’or de l’épreuve par équipe de patinage artistique et que les Américains gagnent la médaille d’or dans l’épreuve de danse en couple. Bien sûr, les autorités ont nié qu’il y avait collusion. Mais chose curieuse, les Russes ont gagné l’épreuve par équipe (où les Canadiens ont fini en deuxième place) et les Américains ont gagné l’épreuve de danse en couple (où les Canadiens ont encore une fois fini en deuxième place). Coïncidence? Hasard? Nous ne le saurons sans doute jamais. Mais après ce qui s’était passé à Salt Lake City avec le couple canadien Salé-Pelletier, rien ne peut me surprendre dans ce sport où à peu près personne, incluant les juges eux-mêmes, ne sait comment les notes sont attribuées. Rappelez-vous que le journal L’Équipe a été le premier à affirmer que Lance Armstrong était dopé lors des victoires au Tour de France, ce que l’Américain a nié avec véhémence. Il a même intenté plusieurs poursuites contre L’Équipe… mais à la fin, qui avait raison?
De mon côté, j’ai un souvenir personnel avec L’Équipe. Lors des Jeux de Montréal en 1976, l’Allemand de l’Est Vladolav Cirpinsky avait remporté le marathon, probablement la discipline la plus exigeante de tous les Jeux. Le lendemain de la victoire de Cirpinsky, le Journal de Montréal, dont les journalistes ne connaissent à peu près rien dans les sports, pas même dans le hockey, avait écrit : « Un inconnu gagne le marathon de Montréal ». La veille du marathon, le quotidien L’Équipe avait écrit : « Cirpinsky, le grand favori pour gagner le marathon de Montréal ». D’ailleurs, L’Équipe avait prédit correctement les 10 premiers au marathon, dont l’un des grands héros des Jeux de Montréal, le Finlandais Lasse Viren, qui avait remporté la médaille d’or du 5000 et du 10 000 mètres et qui avait terminé 5e au marathon, comme prédit par L’Équipe. Je ne serais pas surpris que le quotidien français ait encore une fois raison quand il parle de « truquage » des résultats en patinage artistique.
– Marcel Aubut, notre « cher » président du Comité olympique du Canada, aurait pu se garder une petite gêne lorsque Vladimir Poutine, le président de la Russie, a payé une visite imprévue à la Maison du Canada. Marcel l’a accueilli comme un « rock star » en le tenant par le cou et en allant jusqu’à lui faire de nombreuses accolades. C’est tout juste s’il ne l’a pas embrassé. Après tout, Poutine n’est pas un modèle à suivre à titre d’un leader où les droits de la personne sont constamment bafoués… pas le droit d’être homosexuel… pas le droit de manifester… pas le droit de s’exprimer librement… pas le droit d’être en désaccord. Voyons Marcel, un peu de retenue s.v.p.!
– Nos patineurs de vitesse sur courte piste ont encore eu des difficultés aujourd’hui. Quelques chutes imprévues, mais ne vous en faites pas, ce n’est pas leur faute… ce sont des chutes causées par la glace.
– J’ai souligné dans mes commentaires d’hier qu’Alex Harvey avait peut-être remporté trop d’épreuves avant les Jeux, qu’il aurait peut-être atteint son « peak » comme athlète trop rapidement, ce qui expliquerait ses déboires à Sotchi plutôt que de présumés problèmes de fartage. Certains de mes lecteurs réguliers se sont dits d’accord avec cette théorie. L’un d’entre eux me demande s’il n’y aurait pas lieu d’annuler toutes les grandes compétitions internationales dans les semaines précédant les Jeux. Je ne le crois pas… du moins dans la plupart des sports. Je ne crois pas que des épreuves de bosses ou de sauts en ski acrobatique aient un effet négatif sur le moment où l’athlète qui pratique ce sport atteint son « peak » (le sommet de sa forme). Même chose probablement en ski, en hockey, en curling, en surf des neiges, en « slopestyle », en luge, en skeleton, en bobsleigh, etc. Ce ralentissement de grandes compétitions avant les Jeux devraient plutôt se produire dans les sports qui exigent de puiser au fond de l’énergie des athlètes, comme le ski de fond, le patinage de vitesse sur longue piste et le ski alpin. C’est une question d’équilibre pour les athlètes et les instructeurs entre « se vider » de toute leur énergie… ou arriver aux Jeux olympiques au sommet de leur forme physique.
À la prochaine…