par Alain Guilbert
Au moment de publier ces lignes, il reste moins de 24 heures avant l’ouverture officielle des Jeux olympiques de Sotchi en Russie.
Pour le comité organisateur de ces Jeux (Cojo) que les Russes ont obtenu il y a sept ans, ce sont les pires heures de leur mandat.
Pourquoi? Tout simplement parce que tous les journalistes qui assureront la « couverture » de ces Jeux sont déjà arrivés sur place… Et il ne se passe rien… RIEN du tout. Les compétitions ne débutent qu’après la cérémonie d’ouverture. Mais puisque les médias dépensent des sommes faramineuses pour avoir des journalistes sur place, ceux-ci doivent remplir des pages et des pages de journaux, des heures et des heures de radio et de télévision. Mais il ne se passe rien… Tout le monde est occupé à finaliser les derniers détails de l’organisation.
Alors les journalistes cherchent des « bibittes » dans l’organisation, dans les lieux de compétition ou même d’entraînement, dans les services, dans les transports, dans les logements, dans l’hébergement, dans la nourriture, dans la météo, etc. Il y a également tous ces journalistes qui en sont à leurs premiers Jeux et qui ne connaissent rien à un événement du genre. Tous les journalistes qui veulent être accrédités aux Jeux doivent avoir soumis leur candidature au moins une année complète avant le début des Jeux et avoir obtenu une recommandation du Comité olympique de leur pays.
Comme vous le savez, nombreux sont les journalistes qui n’ont pas le sens de l’organisation et qui se retrouvent dans la ville hôte des Jeux deux ou trois jours avant la cérémonie d’ouverture sans avoir rempli quelque formulaire que ce soit avant leur arrivée.
Je me souviens que, la veille de l’ouverture des Jeux de Montréal en 1976, je m’étais retrouvé face à face avec trois « Mongols ». Il s’agissait des premiers « vrais » Mongols que je rencontrais de toute ma vie… eh oui, ils étaient originaires de la Mongolie. Ils se présentent tous trois au centre de presse principal et demandent « leur » accréditation ainsi qu’une position de caméra dans le Stade olympique pour la cérémonie d’ouverture. Les seules positions de caméra dans le Stade olympique étaient réservées exclusivement au télédiffuseur américain (ABC) qui avait payé une « fortune » à l’époque pour les droits de diffusion, et au diffuseur hôte (ORTO – Organisation de la radiotélévision olympique) qui devait fournir les images et le son au monde entier, sauf les É.-U..
Bien sûr, mes nouveaux « amis mongols » n’avaient jamais soumis de demande d’accréditation… ils n’avaient aucune recommandation de la part de leur Comité olympique national (et « by the way », il n’y avait aucun athlète de leur pays qualifié pour les Jeux). Je leur demande quand même de quelle sorte d’équipement technique ils disposent. L’un des trois me répond avec un grand sourire qu’ils ont une caméra 8 mm et il me la montre fièrement (c’est le genre d’appareil qui à l’époque se vendait environ 19,95 $ dans n’importe quelle boutique de caméras). Je ne peux m’empêcher de sourire… Mais ils sont sympathiques… et je leur remets finalement à tous trois une « carte officielle » qui leur donne accès au centre de presse. Ils ne seront pas admis dans le Stade avec cette carte (ni dans aucun autre lieu de compétition), mais ils pourront aller à l’endroit où la plupart des journalistes travaillent et là où il y plein d’écrans de télévision et là où on peut suivre les événements qui se dérouleront plus tard dans chaque lieu de compétition. Mes trois « Mongols » sont bien heureux… et ils me gratifieront de leur plus beau sourire chaque fois que je les verrai dans le centre de presse dans les jours suivants; mais ils m’ont fait perdre plus de deux heures dans une journée où j’avais encore mille tâches (eh oui, j’exagère un peu!) à compléter.
Ce jour-là, j’ai aussi eu à négocier avec plusieurs journalistes allemands qui avaient mille questions à poser sur le financement des Jeux de Montréal, sur le coût des constructions et de l’organisation, sur la sécurité. Ces journalistes ne pouvaient pas se faire à l’idée que Montréal pourrait faire mieux qu’à Munich où avaient eu lieu les Jeux précédents et où la délégation israélienne avait été victime d’un attentat terroriste; ce qui a obligé tous les comités organisateurs suivants à des déployer des centaines de millions de dollars pour des opérations de sécurité plus impressionnantes les unes que les autres.
Heureusement, quand les compétitions commenceront vraiment samedi, tous les journalistes qui sont à Sotchi se disperseront dans les différents lieux de compétition et pourront remplir les pages de leurs journaux de même que les heures de diffusion de leurs réseaux de radio ou de télévision avec les exploits des athlètes – après tout, ce sont eux (les athlètes) qui sont les vraies vedettes de ces Jeux.
Petit test de connaissances au sujet des Jeux
Incidemment, savez-vous où ont eu lieu les Jeux olympiques d’hiver avant ceux de Sotchi?
Si les Jeux d’été modernes ont commencé à Athènes en 1896, les Jeux d’hiver, eux, ont commencé seulement en 1924 à Chamonix (dans les Alpes françaises).
Voici d’ailleurs tous les endroits où les Jeux d’hiver ont été tenus :
1924 – Chamonix (France)
1928 – St Moritz (Suisse)
1932 – Lake Placid (États-Unis)
1936 – Garmisch-Partenkirden (Allemagne)
1940 – Sapporo (Japon) – ces Jeux n’ont pas lieu à cause de la Seconde Guerre mondiale
1944 – Cortina d’Ampezzo (Italie) – ces Jeux n’ont pas lieu à cause de la Seconde Guerre mondiale
1948 – St Moritz (Suisse)
1952 – Oslo (Norvège)
1956 – Cortina d’Ampezzo (Italie)
1960 – Squaw Valley (États-Unis)
1964 – Innsbruck (Autriche)
1968 – Grenoble (France)
1972 – Sapporo (Japon)
1976 – Innsbruck (Autriche)
1980 – Lake Placid (États-Unis)
1984 – Sarajevo (Yougoslavie)
1988 – Calgary (Canada)
1992 – Albertville (France)
1994 – Lillehammer (Norvège)
1998 – Nagano (Japon)
2002 – Salt Lake City (États-Unis)
2006 – Turin (Italie)
2010 – Vancouver (Canada)
2014 – Sotchi (Russie)
2018 – Pyeongchang (Corée) – à venir
Comme vous le constatez, trois de ces villes (ou régions) ont organisé les Jeux d’hiver à deux reprises. Il s’agit de Lake Placid, Innsbruck et St Moritz.
Pour les Jeux d’été, une seule ville les a organisés trois fois… il s’agit de Londres (Grande-Bretagne); Athènes, Paris et Los Angeles les ont organisés deux fois chacune; et Tokyo en sera à sa 2e fois aussi leurs des Jeux d’été 2020.
Les pays qui ont organisé les Jeux le plus souvent sont les États-Unis avec huit fois… soit quatre fois les Jeux d’été et quatre fois les Jeux d’hiver.
Le Canada a organisé trois fois les Jeux, soit les Jeux d’été 1976 à Montréal ainsi que les Jeux d’hiver à Calgary (1998) et Vancouver (2010).
Quant aux continents qui ont accueilli le plus souvent les Jeux, c’est bien sûr l’Europe qui vient en tête de liste avec 30 fois (16 fois les Jeux d’été et 14 fois les Jeux d’hiver)
L’Amérique du Nord vient en 2e place avec 12 fois (soit six fois les Jeux d’été et six fois les Jeux d’hiver).
Petite astuce : Comment l’Amérique du Nord a-t-elle pu organiser les Jeux d’été six fois, si les États-Unis l’ont fait quatre fois et le Canada une fois (comme mentionné précédemment)? Pour la bonne et simple raison qu’il y a aussi eu des Jeux d’été à Mexico en 1968 (et que Mexico fait partie de l’Amérique du Nord). Les Jeux de Rio de Janeiro en 2016 seront disputés en Amérique du Sud pour la première fois de l’histoire.
À la prochaine…