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La guerre est prise… papa et maman ne sont pas contents

La guerre prend dans plusieurs petites communautés de Prescott et de Russell en ce début de mai 1969. Qui dit regroupement scolaire dit également centralisation des écoles. Des parents, un peu partout, ne veulent pas en entendre parler. Les premiers à réagir sont les parents du très petit village de Fournier qui ne veulent rien savoir de la décision du Conseil des écoles catholiques de réunir les classes de 7e et 8e années à l’école du village voisin de St-Isidore-de-Prescott. Pas moins de 166 parents (quasiment le village au complet) signent une pétition dans laquelle il « se disent très satisfaits du système actuel et ajoutent que leur décision est finale ». La pétition conclut même que « les parents ne toléreront aucun changement ». À tout événement, « le CECPR a décidé de remettre toute la question de la centralisation à l’étude, afin de déterminer la meilleure méthode d’implantation ». Évidemment, cette centralisation a eu lieu et plusieurs petites écoles ont éventuellement fermé leurs portes. C’était, après tout, un des grands objectifs du regroupement.

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Un court article intéressant dans l’édition du 15 mai 1969 du journal Le Carillon. On y annonce la nomination de Fernand Lortie, d’Embrun, comme nouveau principal de l’École secondaire régionale de Hawkesbury. Il y remplaçait un autre homme d’Embrun, Royal Comtois, qui venait d’être nommé surintendant du nouveau Conseil d’éducation de Prescott et Russell. « Le nouveau principal de l’ESRH est marié et père de deux filles. » Une de ses filles se prénomme Andrée et deviendra beaucoup plus tard la première directrice générale de La Cité collégiale à Ottawa. Tel père, telle fille!

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« 10¢ de moins sur chaque carton… Mince alors! » titre l’annonce de trois colonnes pleine hauteur de page dans cette même édition du 15 mai. Il s’agit d’une publicité pour la cola diététique Tab, sans sucre. Mais ce n’est pas ça qui attire mon attention… c’est plutôt la fille qui tient le carton de six bouteilles de Tab. On la voit de dos… elle est nue (sauf pour la bobette)… et assurément mince! Nous sommes en 1969, en passant; les cinémas ont commencé à insister beaucoup sur les films dits « de fesses ».

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Pas évident de traîner son cercueil jusqu’à Osaka

C’est le titre d’un article en page 21 de l’édition du 8 mai du journal Le Carillon : « Un quinquagénaire traînera son cercueil jusqu’à Osaka ». J’en parle parce que mon entrevue avec ce bonhomme à l’esprit aventurier m’avait fasciné à l’époque. Elzéar Duquette, un Montréalais de 58 ans, avait quitté Montréal la semaine précédente et marchait une distance moyenne de 18 milles par jour. La Ville de Montréal avait accepté de défrayer les frais du bateau sur lequel il embarquerait une fois rendu Vancouver. Il comptait de rendre à Osaka à temps pour l’inauguration de l’Exposition universelle dans cette ville en mars 1970. Partout où il s’arrêtait, Elzéar Duquette attirait l’attention parce qu’il traînait un cercueil qu’il avait lui-même construit. C’est dans ce cercueil qu’il passait ses nuits. L’aventurier n’en était pas à sa première expérience du genre. En 1934, alors qu’il n’avait que 24 ans, il avait parcouru près de 8 500 milles, à pied, en traînant cette fois une roulotte de 700 livres. Ce voyage l’avait mené à travers le Canada et les États-Unis. Dans son périple vers Osaka, Duquette était accompagné de l’artiste-peintre et écrivain J.-Robert Gordon, qui rédigeait sa biographie et filmait ses péripéties. Je n’ai jamais vu le résultat de son travail.

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Le Carillon du 8 mai 1969 continue à nous parler de l’expansion industrielle de Hawkesbury. Il s’agit encore une fois d’une industrie liée au secteur du textile, mais de calibre supérieur. La compagnie Patchogue, Plymouth annonce la construction d’une usine de 130 000 pieds carrés au coût de 1 650 000 $ dans la partie sud-est du parc industriel, mais l’investissement serait de l’ordre de quatre millions de dollars si l’on tient compte de l’équipement qui devra y être installé. Cette entreprise est une filiale de la Pan American Petroleum Corporation, de Calgary, elle-même une composante de la puissante Standard Oil (Indiana). On y fabriquera des matériaux de base pour les tapis (c’est l’association avec le monde du textile). Ce seront 150 emplois nouveaux lors de l’ouverture de l’usine plus tard dans l’année. Patchogue, Plymouth exploite également des usines en Georgie, en Allemagne et en Angleterre. Je reviendrai sur cette entreprise, rebaptisée Amoco au fils des ans, parce qu’elle sera la cible de probablement la pire grève et la plus violente de l’histoire de Hawkesbury. L’usine fermera éventuellement ses portes. J’y reviendrai en temps opportun.

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Je ne me souviens plus des circonstances qui ont amené la publication de cette série d’annonces « par les organes d’information du Canada français », mais voici le texte que l’on pouvait y lire :

Nous parlons la langue de 150 millions d’hommes.
La langue française est le bien commun de la francophonie. Nous nous devons d’être francophones à part entière en ayant le souci le parler et d’écrire correctement notre langue. Ce qui est répréhensible, ce n’est pas de commettre des fautes en s’exprimant, c’est de négliger de se corriger. Parler avec correction, c’est s’affirmer.
Bien parler, c’est se respecter.

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Le contribuable trouve la facture du regroupement salée

Le regroupement scolaire n’a pas mis de temps à augmenter les coûts pour les contribuables. Il en question dans Le Carillon de ce mi-mai 1969. Moins de six mois après son entrée en existence, le Conseil des écoles catholiques de Prescott et Russell signe une première convention collective avec ses enseignants. En résumé, le personnel enseignant obtient une majoration salariale de 17 p. cent. Des telles majorations se sont répétées partout en province alors que les associations d’enseignants consolidaient leurs assises au lendemain du regroupement scolaire du 1er janvier 1969. C’est ce qui explique sans doute pourquoi ce conseil, dans son premier budget, a annoncé qu’il prélèverait 20 p. cent de plus d’impôts des diverses municipalités du territoire. Yvon Lahaie, l’administrateur-trésorier du CECPR, avait expliqué que la hausse était justifiée « par les hausses des salaires des professeurs, les constructions d’écoles en cours, et un personnel administratif et éducationnel plus nombreux ». Assurément, on ne parlait plus du tout de la même chose, mais ce n’est qu’après plusieurs années que les avantages du regroupement pour les jeunes du territoire allaient se manifester. Mais la facture, elle, n’a jamais baissé.

Entre elles, les 33 anciennes commissions scolaires du territoire avaient accumulé un déficit combiné de 167 062 $. Pour ce premier budget, le nouveau conseil avait opté pour un pourcentage fixe plutôt qu’une modification du taux d’imposition « parce que l’évaluation des municipalités n’est pas uniforme et que les facteurs égalisateurs fournis par le ministère ne sont pas justes ». De toute évidence, on n’était pas prêt à Toronto. Le prélevé municipal total passera ainsi de 565 656 $ à 678 787 $, mais les subventions provinciales seront de l’ordre de 3 438 000 $. Le premier budget prévoyait des dépenses de 4 218 254 $.

Au nouveau Conseil d’éducation de Prescott et Russell, c’est du pareil au même. Pour son premier budget de dépenses de 3 638 281 $ pour gérer les écoles secondaires du territoire, le CEPR prélèvera 22,5 p. cent de plus de taxes scolaires en 1969 des municipalités. Dans son cas, ce sont quatre commissions scolaires qui avaient été fusionnées. Ce budget ne comprenait pas les dépenses des écoles élémentaires publiques, qui seront connues plus tard.

Ajoutons que les augmentations des taxes scolaires partout en Ontario ont provoqué des remous dans tous les coins de la province, tant bien que le gouvernement provincial de John Robarts a dû intervenir et promettre une plus grande contribution de la province aux frais d’exploitation des conseils scolaires regroupés. Certaines municipalités avaient même menacé de ne pas prélever de tels impôts. Évidemment, qu’il s’agisse des taxes municipales, des taxes scolaires ou des impôts provinciaux, tout cet argent venait d’une seule et même source… le contribuable. Comme toujours d’ailleurs.

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Un autre grand de Hawkesbury décède… un autre Berthiaume

Je ne pensais pas que cela remontait à si loin. Quoi qu’il en soit, dans l’édition du journal Le Carillon du 24 avril 1969, il est question du décès de Noël Berthiaume, âgé de 58 ans. Il avait succombé à une longue maladie. Cet éminent citoyen avait été actif au sein de très nombreux organismes municipaux et avait présidé les destinées de la commission scolaire séparée quelques années avant son regroupement : il avait été conseiller scolaire pendant 21 ans, soit de 1946 à 1967 et de 1963 à 1965.

Cet « ardent défenseur des institutions franco-ontariennes » était issu d’une famille de dix garçons. « Depuis 1950, il était propriétaire du Salon Noël Ltée, maison funéraire établie par son père, feu F.X. Berthiaume, en 1898. » Il était le père de René Berthiaume, actuellement maire de la ville de Hawkesbury et candidat du Parti libéral dans Glengarry-Prescott-Russell lors des élections fédérales de 2006. Un autre des fils de Noël, Yves, a été énormément actif au sein de l’Optimist International (et local bien sûr) et a d’ailleurs gravi les échelons internationaux de ce regroupement de service aux jeunes pour en devenir le président en 2004. De toute évidence, l’exemple de leur père avait laissé ses traces.

Noël avait œuvré au sein du Club Richelieu, des Chevaliers de Colomb, de la Chambre de commerce, de la Société St-Jean-Baptiste, du Cercle dramatique Gascon, de l’Association pour les enfants arriérés (c’était son nom à l’époque) et de la Ligue du Sacré-Cœur. Son frère Adrien était décédé il y a quelques mois auparavant (revoir blogue du 27 mai).

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Un entrefilet dans l’édition du 24 avril annonce la nomination de Torrance Wylie, anciennement de Chute-à-Blondeau et Hawkesbury, au poste de directeur et organisateur national du Parti libéral du Canada, pour un mandat de trois ans. Ancien étudiant de l’École secondaire régionale de Hawkesbury, ce « diplômé en sciences politiques a déjà détenu le poste de secrétaire auprès de l’ancien Premier ministre Pearson ». J’ai côtoyé Torrance de près lors de l’Examen du mandat de la Société canadienne des postes, présidé par George Radwanski, en 1995. Le ministre libéral David Dingwall, qui avait décrété l’Examen, en avait sans doute contre la Société. Il présidait sa propre entreprise de consultation et Postes Canada avait retenu ses services. À titre de porte-parole de la Société, je participais activement à toutes les discussions internes et j’avais appris à apprécier cet homme.

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Le Québec n’a aucune influence chez les conservateurs

L’auteur de cette conclusion n’avait sûrement pas prévu la débandade des conservateurs au Québec lors des élections fédérales de 2011. De toute façon, ces « conservateurs » ont changé d’identité en cours de route; ils ont été fusionnés avec un autre parti, celui de la Réforme. Dans Le Carillon du 20 mars 1969, le chroniqueur Marcel Desjardins titre que « L’influence du Québec au sein du Parti Conservateur est nulle ». Il aurait pu tout aussi la publier en 2011.

Desjardins avait remarqué « au cours de ce congrès terne, l’absence notable des Québécois ». Il fait référence au congrès de l’Association progressiste-conservatrice du Canada. « Il a semblé que l’effort déployé au Québec lors de la dernière élection n’avait pas du tout porté fruit et que l’embryon d’organisation mis sur pied pour le scrutin du 25 juin était disparu dans la vague libérale qui emporta avec elle presque tous les candidats conservateurs québécois. » Il parle du scrutin fédéral de 1968 et de l’élection fracassante de Trudeau.

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Le débat virulent se prolongeait depuis plusieurs mois, sinon une année. Cette fois, la décision est définitive : la nouvelle école publique du comté de Prescott allait être construite à Pleasant Corners, entre Hawkesbury et Vankleek Hill. Elle remplacera une plus petite école située à Hawkesbury.

La ville de Hawkesbury, de même que de très nombreux intervenants, s’était longtemps opposée au choix de cet emplacement. Il s’agissait de terrains appartenant à un homme d’affaires puissant de la région, Alexander Siversky (Alex pour les intimes). Ce dernier avait aussi la réputation d’être un excellent collecteur de fonds pour le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario. Il était également très actif dans divers organismes locaux et régionaux. J’avais d’ailleurs beaucoup de respect pour cet entrepreneur et ses frères, tout aussi actifs en affaires et dans les clubs sociaux locaux.

Je me souviens même d’avoir accompagné une délégation de Hawkesbury à Toronto afin d’exercer des pressions. Le conseiller Philibert Proulx, libéral très connu, avait rencontré le chef libéral et chef de l’opposition, Robert Nixon, et nous avions d’ailleurs lunchés ensemble au restaurant de Queen’s Park. De toute évidence, l’intervention de Nixon n’avait servi à rien contre un puissant « trésorier » conservateur.

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« Le Franco-Ontarien doit se réveiller »

La citation n’est pas la mienne, mais elle a retenu mon attention en effectuant mes recherches dans les archives du journal. Fernand Guindon était le député de Stormont et ministre sans portefeuille dans le cabinet de John Robarts. Dans une conférence prononcée à Embrun et rapportée dans Le Carillon du 27 février 1969, il n’y va pas par quatre chemins et claironne que « le Franco-Ontarien doit se réveiller » et réclamer les services en français auxquels il a maintenant droit en Ontario.

« Mes confrères anglais croient sincèrement au bilinguisme », avait-il affirmé, en ajoutant que plusieurs collègues ministériels avaient commencé à prendre des cours de français. Il avait invité les Franco-Ontariens à étudier et à lire en français, afin de prévenir l’assimilation par la majorité anglaise. Fernand Guindon avait averti que « les Acadiens de la Louisiane sont le parfait exemple d’un peuple qui réalise trop tard qu’il a perdu sa langue et sa culture ». Son message, en 2011, n’a pas perdu de sa pertinence.

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Edgar Mageau devient le premier directeur de l’éducation du nouveau Conseil de l’éducation de Prescott-Russell. Ce conseil, rappelons-le, est celui qui gère les écoles secondaires et les écoles élémentaires publiques de Prescott et Russell. Les conseillers avaient d’abord opté pour Léopold Lacroix, un haut fonctionnaire du ministère ontarien de l’Éducation, responsable de la section de télévision éducative, mais le ministère avait refusé de ratifier sa nomination. Et pour cause, Léopold Lacroix allait présider éventuellement à la naissance de la chaîne TVOntario (ne pas confondre avec TFO qui viendrait beaucoup plus tard). Le gouvernement provincial ne voulait assurément pas se départir de ses compétences. Edgar Mageau a quand même été un excellent choix pour diriger les premières destinées du nouveau conseil scolaire. On en parle dans l’édition du 20 février 1969.

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Lucien Lamoureux, de Cornwall, est député fédéral de Stormont et président de la Chambre des communes. Il est conférencier au Club Richelieu de Hawkesbury et ses propos sont rapportés dans Le Carillon du 6 mars 1969. Lamoureux croit que les débats des Communes devraient être télédiffusés; ils ne le sont pas encore, bien sûr. « L’institution ne pourrait qu’y gagner. (…) La télévision peut introduire l’activité parlementaire de façon vivante au sein même de chaque foyer. Une meilleure compréhension, une connaissance plus exacte du Parlement ne pourrait faire autrement qu’en accroître le prestige. » Je me demande jusqu’à quel point la télédiffusion des débats a contribué à la décroissance du vote aux élections fédérales. Après tout, la télé a donné naissance au « grand-standing » des députés; c’est à qui « volerait le show » le mieux.

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La nouvelle autoroute 417 sera à l’avantage de Rockland

Lors de la campagne électorale fédérale de 2011, la question de l’amélioration de la route reliant Rockland à Ottawa est revenue fréquemment lorsque les candidats cognaient aux portes de ce coin. En 1969, la construction de l’autoroute 417 n’est pas commencée, mais son tracé a été défini.

Alors que plusieurs déplorent ce tracé, le maire de Rockland de l’époque, Georges Martin, y voit plutôt des avantages. Selon lui, les automobilistes et les villégiateurs moins pressés pourront emprunter la route 17 et arrêter à Rockland parce qu’ils « auront plus de temps ». Il avait ajouté que « le nombre d’accidents diminuera et les taux d’assurance seront réduits, puisque la circulation sera moins dense ». Imaginez la réaction des Rochelandais si leur maire leur affirmait ça aujourd’hui, eux qui supplient les gouvernements de régler une fois pour toutes les maux de tête de la circulation quotidienne en se rendant travailler à Ottawa ou en retournant à la maison. Il en est question dans Le Carillon du 30 janvier 1969.

En passant, lorsque le ministre de la Voirie de l’Ontario, George Gomme, avait annoncé le parcours la semaine auparavant, il avait justifié le choix du parcours pour « épargner sur le coût de construction et stimuler l’expansion d’une région dont le rythme de croissance est lent ». Quarante plus tard, cette région attend toujours cette croissance promise. Évidemment, la 417 a eu son utilité 40 ans plus tard (en 2010) quand l’entreprise Village Vacances Valcartier a décidé d’ouvrir son nouveau parc aquatique en bordure de cette autoroute reliant Ottawa et Montréal. C’est l’exception. Aujourd’hui, le Parc Calypso est revendiqué comme attraction touristique par tout le monde, non seulement la municipalité La Nation dans laquelle il se trouve. Notons que la 417 avait été construite pour accommoder 17 200 véhicules par jour.

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On écrit des stupidités dans une vie quand c’est notre métier, mais en rétrospective, je me demande à quoi bien je pouvais penser. Mais nous sommes en février 1969, il y a 42 ans, et le contexte est différent. Ainsi, chaque année, chaque ville, chaque village, tient son carnaval annuel et choisit sa « reine ». Dans l’édition du 20 février 1969 du journal Le Carillon, je titre une section de ma chronique « Pourquoi pas une Miss Hawkesbury ». Je le répète, c’était il y a 42 ans. Je propose « le choix d’une Miss Hawkesbury, en décembre de chaque année, laquelle présiderait à tous les événements sociaux de l’année suivante ». Je le répète, c’était il y a 42 ans. J’ajoute que « son choix ne devra pas reposer sur le nombre de billets vendus, mais bien sur la beauté, la personnalité et les talents des candidates ». Je le répète, c’était il y a 42 ans! Le pire de cette histoire? Personne n’a écrit la semaine suivante, ni les semaines subséquentes, pour démolir ma suggestion. Après tout, c’était il y a 42 ans! Il n’y a jamais eu de Miss Hawkesbury, si vous vous posez la question… sauf un restaurant qui porte ce nom.

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Un taux d’assimilation inquiétant dans l’Est de l’Ontario

Je trouve plutôt déprimant de relire, dans l’édition du 30 janvier 1969 du journal
Le Carillon, un article sur l’enquête sur la vie culturelle des Franco-Ontariens qui venait d’être remise au ministre de l’Éducation de l’époque, William Davis.

Par contre, l’enquête avait conclu que le comté de Prescott « demeure sans contredit le comté le plus franco-ontarien de la province avec une population de 83,6 p. cent de langue française ». Par contre, pour le comté de Russell, on y déplorait le taux élevé d’assimilation. Le rapport notait toutefois que le « taux d’assimilation pour cette partie de l’Ontario est de 20,5 p. cent. Il est inférieur au taux provincial de 34,4 p. cent. » L’enquête se référait à l’Est ontarien au complet. La ville de Hawkesbury comptait alors une population d’expression française de 87,1 p. cent et le taux d’assimilation n’y était que de 1,4 p. cent. En fait, chez nous à l’époque, ce sont plutôt nos compatriotes anglophones qui se faisaient un peu assimiler par nous; en tout cas, la plupart devenaient rapidement bilingues.

En parlant de la vie culturelle des Franco-Ontariens et particulièrement à Hawkesbury, l’enquête détermine que « l’on dénote une certaine apathie vis-à-vis de la culture et des arts en général, tandis que dans les petits centres ruraux franco-ontariens, pareille attitude s’explique par la pauvreté générale du milieu ». Rappelez-vous mes commentaires en référence à la boîte à chansons Au P’tit Bonheur (revoir blogue du 13 avril).

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L’édition du 23 janvier 1969 annonce que les facteurs ne livreront plus le courrier le samedi à Hawkesbury à compter du 17 février. Le ministère des Postes en a décidé ainsi pas seulement pour Hawkesbury mais pour tout le Canada.

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J’en parle dans ma chronique « Qu’en pensez-vous? » du 30 janvier 1969. « Les automobilistes ontariens seront heureux d’apprendre que le gouvernement songe sérieusement à implanter un système de plaques d’immatriculation permanentes. Présentement, l’automobiliste doit acheter de nouvelles plaques à chaque année; avec le nouveau système, il n’aurait qu’à faire valider ses plaques au début de l’année. Le ministère ontarien du Transport songe également à convertir le système pour que les plaques soient enregistrées au nom de l’automobiliste au lieu du véhicule. Ainsi, le propriétaire pourrait conserver les mêmes plaques chaque fois qu’il achèterait une voiture neuve. » Voilà pour le progrès!

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L’additionneuse électrique arrive en ville

Cela peut vous paraître très vieillot à l’ère des téléphones intelligents et des iPods avec calculatrice intégrée, mais en ce début de janvier 1969, le magasin local d’articles de bureau Carkner annonce l’arrivée de « la toute nouvelle Commodore additionneuse électrique modèle 202 » et se vend 139,95 $. « La Commodore 202 est une additionneuse de qualité; avec un mécanisme tout acier avec des caractères en acier grave pour une impression nette. » Le bidule offre une « clef automatique pour additions, soustractions et multiplications répétées ». Jusque-là, les calculatrices étaient manuelles, avec une manivelle pour actionner le tout. Allez raconter ça à vos enfants!

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L’édition du 16 janvier 1969 du journal Le Carillon nous apprend que le nouveau Conseil des écoles catholiques de Prescott-Russell a maintenant embauché son équipe de « grands patrons ». Ainsi, le nouveau surintendant en chef est Jacques Beauchemin, un éducateur de réputation avec un long cheminement professionnel. Et les enfants, il connaît ça, il en a sept. Ses deux adjoints seront Henri Gratton et Harold Demers, deux inspecteurs scolaires de la région. Harold, en passant, est le père de l’écrivaine Dominique Demers (de qui je reparlerai d’ailleurs). Pas moins de neuf candidats tous aussi compétents les uns comme les autres avaient été interviewés pour ces postes.

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Le chansonnier Jean-Pierre Ferland donne un spectacle devant 720 personnes à l’auditorium de l’école Paul VI. J’en parle dans mon reportage du 23 janvier 1969. Et j’en reparle parce que je souris toujours quand je me rappelle ma rencontre avec lui pour l’interviewer dans sa « loge » (en réalité la cafétéria des enseignants) avant le spectacle.

À un certain moment, il est seulement « en bobettes » et je ne sais pas ce que je dois faire… continuer à lui parler ou sortir de la salle. Puisque ma présence ne l’incommodait pas du tout, j’ai continué mon entrevue. J’ajoute qu’une fille de Hawkesbury et amie de ma femme, Jacqueline Boucher, écrira plus tard deux livres sur Ferland. Au fil des années, Jacqueline est également devenue une adjointe et conseillère de Robert Bourassa. La dernière fois que j’ai entendu parler d’elle, elle avait été consul du Québec au Mexique. Il y a longtemps, elle était venue à la maison nous montrer les photos de son accouchement.

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La crainte de la concentration de la presse… il y a 40 ans

Cette chronique « Pleins feux sur l’Ontario » du journaliste Marcel Desjardins, dans l’édition du 19 décembre1968 du journal Le Carillon, me fait sourire en rétrospective. Il l’avait intitulée : « L’empire Desmarais-Francoeur, une menace? » Le premier paragraphe frappe en 2011 : « L’année qui se termine aura vu plusieurs entreprises de presse passer aux mains d’un jeune homme d’affaires de Sudbury qui est en train d’éclipser les grands noms canadiens-français de la finance et de se tailler une place de choix dans les hautes sphères d’un domaine qui semblait traditionnellement réservé à d’autres. » Je ne crois pas avoir besoin de rappeler qui est Paul Desmarais, comment il est devenu un ami personnel de grands de ce monde (dont le président français Nicholas Sarkozy), que son fils est le gendre de l’ancien Premier ministre Jean Chrétien, et ainsi de suite. Sa société Gesca est l’une des plus importantes entreprises médiatiques au Canada en 2011.

Desjardins continue : « Du même coup, M. Paul Desmarais et son associé montréalais Jacques Francoeur se retrouvent avec un pouvoir indéniable, une puissance parallèle qui pourrait faire trembler n’importe quel gouvernement et tout particulièrement celui du Québec. Seuls quelques quotidiens de langue française échappent au contrôle de l’empire Desmarais. Ce sont Le Soleil et L’Action, de Québec; le Montréal-Matin, le Journal de Montréal, Le Devoir; Le Droit, d’Ottawa et L’Évangeline, de Moncton. » Desjardins affirmait alors que « même si ces entreprises de presse, parmi lesquelles figurent des quotidiens très prospères, ne font pas partie de l’empire Desmarais-Francoeur, de moins en moins il leur sera possible de se soustraire à son influence » Trois des médias nommés n’existent plus depuis belle lurette (L’Action, le Montréal-Matin et L’Évangeline).

Les journaux Trans-Canada, l’entreprise de ces hommes d’affaires, venaient d’acheter La Presse (Montréal), Le Nouvelliste (Trois-Rivières), La Tribune (Sherbrooke), La Voix de l’Est (Granby), et les grands hebdos La Patrie, Photo-Journal, Le Petit Journal, Dernière Heure et Dimanche-Matin, en plus de quatre stations de radio privées et deux stations privées de télévision.

Yves Michaud, ancien directeur de l’hebdo La Patrie, devenu député de Gouin à l’Assemblée législative du Québec (Jean-Jacques Bertrand l’a rebaptisera plus tard Assemblée nationale – voir correction d’un lecteur en commentaire), s’inquiète de cette concentration et voulait que le gouvernement se penche sur la situation, au « risque d’abandonner entre les mains d’une oligarchie financière une puissance plus grande que celle de l’État, une force éventuellement capable de contraindre ou de contrecarrer la volonté populaire exprimée par ses élus ».

Sans approuver l’interférence de l’État dans des matières comme la liberté de presse ou le contenu des journaux, Desjardins ajoutait que « l’État a le devoir, pour la propre protection de ces citoyens, de fixer les bornes, les limites que doivent observer les grandes concentrations de presse ». Ce débat se répète de temps à autre de nos jours, chaque fois qu’une grande entreprise médiatique parle de s’approprier une autre. Et fait à noter, Marcel Desjardins, à sa mort, était vice-président du journal La Presse… encore une propriété de Desmarais.

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Un court article dissimulé dans les pages intérieures de l’édition du 23 décembre 1968 du journal Le Carillon. On y apprend que l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario ne participera pas aux États généraux du Canada français. L’ACFEO avait pourtant envoyé des délégués aux États généraux de 1967 et de 1968 mais « ne croit pas qu’il y ait nécessité de s’y joindre en 1969 ». L’ACFEO croyait que « les francophones des autres provinces seront plus heureux de rechercher des solutions à leurs problèmes que de s’appliquer à régler ceux du Québec ».