La citation n’est pas la mienne, mais elle a retenu mon attention en effectuant mes recherches dans les archives du journal. Fernand Guindon était le député de Stormont et ministre sans portefeuille dans le cabinet de John Robarts. Dans une conférence prononcée à Embrun et rapportée dans Le Carillon du 27 février 1969, il n’y va pas par quatre chemins et claironne que « le Franco-Ontarien doit se réveiller » et réclamer les services en français auxquels il a maintenant droit en Ontario.
« Mes confrères anglais croient sincèrement au bilinguisme », avait-il affirmé, en ajoutant que plusieurs collègues ministériels avaient commencé à prendre des cours de français. Il avait invité les Franco-Ontariens à étudier et à lire en français, afin de prévenir l’assimilation par la majorité anglaise. Fernand Guindon avait averti que « les Acadiens de la Louisiane sont le parfait exemple d’un peuple qui réalise trop tard qu’il a perdu sa langue et sa culture ». Son message, en 2011, n’a pas perdu de sa pertinence.
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Edgar Mageau devient le premier directeur de l’éducation du nouveau Conseil de l’éducation de Prescott-Russell. Ce conseil, rappelons-le, est celui qui gère les écoles secondaires et les écoles élémentaires publiques de Prescott et Russell. Les conseillers avaient d’abord opté pour Léopold Lacroix, un haut fonctionnaire du ministère ontarien de l’Éducation, responsable de la section de télévision éducative, mais le ministère avait refusé de ratifier sa nomination. Et pour cause, Léopold Lacroix allait présider éventuellement à la naissance de la chaîne TVOntario (ne pas confondre avec TFO qui viendrait beaucoup plus tard). Le gouvernement provincial ne voulait assurément pas se départir de ses compétences. Edgar Mageau a quand même été un excellent choix pour diriger les premières destinées du nouveau conseil scolaire. On en parle dans l’édition du 20 février 1969.
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Lucien Lamoureux, de Cornwall, est député fédéral de Stormont et président de la Chambre des communes. Il est conférencier au Club Richelieu de Hawkesbury et ses propos sont rapportés dans Le Carillon du 6 mars 1969. Lamoureux croit que les débats des Communes devraient être télédiffusés; ils ne le sont pas encore, bien sûr. « L’institution ne pourrait qu’y gagner. (…) La télévision peut introduire l’activité parlementaire de façon vivante au sein même de chaque foyer. Une meilleure compréhension, une connaissance plus exacte du Parlement ne pourrait faire autrement qu’en accroître le prestige. » Je me demande jusqu’à quel point la télédiffusion des débats a contribué à la décroissance du vote aux élections fédérales. Après tout, la télé a donné naissance au « grand-standing » des députés; c’est à qui « volerait le show » le mieux.
Bien d’accord, encore aujourd’hui, « le franco-ontarien doit se réveiller », et le franco-manitobain aussi. Saviez-vous que la Floride est le deuxième endroit où on parle le plus français en Amérique-du-Nord ? Et oui, y’a plus de personnes qui parlent le français en Floride qu’en Ontario, et ce, à cause des Haïtiens et des Québécois qui y immigrent !
Lorsque j’ai lu cet article qui reprend Guindon, (la citation est aussi bonne aujourd’hui qu’hier, sauf que, en 1969, bonne chance d’obtenir même une contravention en français à Hearst!) et elle me faire réfléchir sur lesdits services en français. En effet, il me paraît qu’il faut de plus en plus habiliter les gens à les utiliser, eux qui, tel un réflexe, passent d’une langue à l’autre pour accommoder ceux qui sont sensés les accommoder.
Hélas, réhabiliter les Franco-Ontariens, leur redonner le souvenir de participer à une culture particulière du Canada, voilà tout un défi…!
@ Marjolaine,
Mon collègue Serge Dupuis a rédigé une thèse sur les hivernants canadiens-français en Floride. Vous resterez surprise d’apprendre (peut-être) que ce n’est pas simplement des Québécois qui garnissent les rangs des Floridiens francophones, mais aussi les francophones des autres provinces.
Du côté des Créoles, il y a une difficulté d’agencer les Canadiens français avec eux. Une des raisons étant que le dialecte créole que parlent un bon nombre des Haïtiens en Floride est incompréhensible des Canadiens français, et vice-versa.
Merci de vos précisions sur ce sujet fort intéressant !