par Alain Guilbert
Dans son intéressante et surtout intelligente chronique publiée dans La Presse il y a une couple de jours, le journaliste Philippe Cantin revient sur le sujet de la violence au hockey. Dans la foulée de l’incident Zdeno Chara c. Max Pacioretty, le chroniqueur montréalais passe en revue certains événements reliés plus ou moins directement et leur attribue des notes (sur 100… et il faut 60 pour obtenir la note de passage). Il qualifie sa démarche de
« bulletin des décideurs ».
Par exemple, il accorde 85 % à Geoff Molson, le président et propriétaire des Canadiens, pour avoir dénoncé la Ligue nationale qui avait refusé de punir Chara pour son geste. Il est plutôt rare de voir un dirigeant s’en prendre à la ligue à laquelle il appartient. Il faut certainement une certaine dose de courage pour le faire. Il attribue la même note à Mario Lemieux, l’ex-joueur vedette et proprio des Penguins de Pittsburgh, qui a menacé de quitter le hockey si la Ligue ne réglait pas le problème de la violence.
Par ailleurs, il n’accorde que 50 % à Gary Bettman, le commissaire de la LNH, qui après trois jours de rencontres avec tous les directeurs généraux de l’organisation, a raté une excellente occasion de s’attaquer sérieusement au problème de la violence. La Ligue a bien adopté quelques mesures, dont une qui oblige un joueur potentiellement victime d’une commotion cérébrale à se rendre au vestiaire et à y être examiné par un médecin. Il me semble que c’est là la moindre des choses. Auparavant, on laissait souvent le soigneur de l’équipe déterminer lui-même la gravité d’une blessure. Tout à fait ridicule. Par ailleurs, la Ligue a refusé au cours de cette même réunion d’interdire les coups à la tête et de les punir très sévèrement. On attend peut-être qu’un joueur meure sur la glace… ce qui risque vraiment d’arriver un de ces jours avec tous les coups vicieux que l’on tolère et que la Ligue refuse de punir suffisamment pour y mettre fin.
Au même moment, la Ligue nationale de football, elle, adoptait de nouvelles règles pour réduire le nombre de retours de bottés, une source de nombreuses blessures. Pour la NFL, la sécurité des joueurs passe avant le conflit qui oppose présentement joueurs et dirigeants et qui pourrait éventuellement compromettre la prochaine saison. Le football, avec une note de 90 %, est bien en avant du hockey avec son pitoyable 50 %. L’an dernier, en pleine saison, la Ligue avait aussi adopté de nouvelles règles pour bannir les coups à la tête, qu’ils soient intentionnels ou accidentels. Ces nouvelles règles ont eu un impact immédiat et positif sur le nombre de blessures.
Le journaliste de La Presse n’a pas décerné de note au commentateur du réseau anglais de Radio-Canada, le coloré Don Cherry, pour qui la blessure de Pacioretty est attribuable à la baie vitrée du Centre Bell, comme si cette baie vitrée s’était carrément projetée vers le joueur de hockey (!!!), et qui a aussi critiqué vivement Air Canada, pour avoir menacé de retirer sa commandite à la LNH et aux six équipes canadiennes parce que « la violence ne correspond pas à ses valeurs ». Moi, je lui aurais attribué un gros ZÉRO à Cherry.
Dans un billet que je signais au lendemain de l’incident Chara-Pacioretty (relire l’entrée de blogue du 13 mars), je disais que le hockey, tel que pratiqué dans la Ligue nationale et dans certaines autres ligues, était « malade ». Je le répète; notre hockey, qui peut être tellement excitant lorsqu’on laisse les joueurs talentueux s’exprimer à leur aise sur la glace, est un sport « MALADE ». Mais il se produit parfois des événements qui nous réconcilient avec la vie et qui nous redonnent espoir pour l’avenir. Plus tôt cette semaine, dans une ligue junior du Manitoba, un joueur dont l’équipe perdait 4 à 1 à trois secondes de la fin du match qui l’éliminait des séries, a traversé toute la patinoire pour aller frapper un adversaire dans le dos. Heureusement, celui-ci n’a pas été blessé gravement et a pu quitter la patinoire sur ses patins. Après le son de la sirène qui annonçait la fin du match, les deux instructeurs se sont engueulés et ont même échangé des coups. La Ligue n’a pas mis de temps à réagir en infligeant une suspension de 40 matchs au joueur coupable de violence gratuite et des suspensions de 22 matchs à chacun des deux instructeurs. Toutes ces suspensions seront purgées la saison prochaine. Et les partisans comme les journalistes ont applaudi à cette prise de position contre la violence. C’est tout un message qu’on envoie à la Ligue nationale et autres ligues qui s’inspirent de son modèle, particulièrement si une équipe de la Ligue nationale revenait à Winnipeg, au Manitoba.
Le hockey redeviendra un sport SAIN uniquement le jour où ses dirigeants s’attaqueront au problème des coups à la tête avec suffisamment d’énergie et de volonté pour y mettre fin définitivement. Je le répète : le hockey est le seul sport d’équipe au monde qui tolère ce genre d’incidents.
Moi aussi j’applaudis cette prise de position contre la violence de cette ligue junior du Manitoba. C’est tout un message en effet ! Je crois qu’il y a énormément d’argent d’impliqué dans la Ligue nationale et malheureusement les dirigeants en perdent leur lucidité.