par Alain Guilbert
Je ne peux laisser passer l’incident Zdeno Chara contre Max Pacioretty sans y ajouter mon grain de sel, même si des tonnes de pages ont déjà été noircies et que la plupart des stations de radio et de télévision ont été saturées de commentaires de toutes sortes. Chara a-t-il volontairement voulu BLESSER Pacioretty? Bien difficile de répondre à cette question, mais chose certaine, il voulait le « planter » et « lui faire mal ». Les images de l’incident présentées des dizaines de fois au ralenti l’établissent clairement.
Mais pourquoi alors le géant des Bruins de Boston n’a-t-il pas été puni sévèrement? Pourquoi n’a-t-il pas eu la moindre suspension? Mon explication: c’est tout simplement que le hockey, celui de la Ligue nationale surtout, et celui des ligues mineures qui prennent les professionnels comme modèles, est MALADE. Et cela, depuis bien longtemps.
À l ‘exception des sports de combat comme la boxe, la lutte et autres de ce genre, aucun sport ne tolère la bataille et la violence. Le football (soccer), sport le plus populaire et le plus pratiqué au monde (même si le football n’a pas de tradition au Canada, on y compte beaucoup plus d’adeptes chez les jeunes que le hockey) ne tolère même pas un croc-en-jambe. Si un joueur en fait trébucher un autre, il reçoit un carton rouge, est expulsé du match en cours et automatiquement suspendu pour le match suivant. Si l’infraction se produit près des buts adverses, l’équipe victime de l’infraction a même droit à un lancer de punition. Et le joueur expulsé du match ne peut être remplacé par un coéquipier même s’il reste 30, 40, 60 ou davantage de minutes à jouer. Inutile de dire que les batailles entre joueurs sont plutôt rares. Elles sont beaucoup plus fréquentes chez les spectateurs!
Au football de la Ligue nationale (football américain), un sport vraiment dur, un sport « pour hommes » diront certains, un seul coup de poing (on est loin d’une bataille quand on parle d’un seul coup de poing) mérite l’expulsion du joueur concerné et une punition pouvant aller jusqu’à 25 verges pour son équipe. Encore ici, les batailles sont à peu près inexistantes. Et quand récemment, on a noté une augmentation des blessures à la tête (surtout des commotions cérébrales), la Ligue a immédiatement interdit de frapper qui que ce soit à la tête, même si les joueurs portent des casques protecteurs largement supérieurs à ceux que portent les joueurs de hockey. Même les coups accidentels à la tête sont punis, et même des joueurs vedettes ont été suspendus pour des coups de ce genre. Pour la Ligue nationale de football et ses arbitres, c’est tolérance ZÉRO.
Dans les règlements de la Ligue nationale de hockey, il est écrit que les joueurs ne doivent pas se battre entre eux. Mais une fois cette affirmation faite, le livre des règlements contient plusieurs pages qui expliquent ce qu’il ne faut PAS FAIRE quand on engage le combat avec un adversaire: pas de coups de bâton, pas de coups de patin, pas de tirage de cheveux, pas de morsures, et ainsi de suite. Et quand un combat s’engage entre deux adversaires, la plupart du temps les arbitres les laissent aller jusqu’à épuisement, se contentant de retenir les coéquipiers des belligérants. Et malgré cela, les batailles tournent parfois à la bagarre générale, impliquant même à l’occasion les gardiens de but. Quoi de plus ridicule! Connaissez-vous d’autres sports par équipe qui acceptent de se ridiculiser de cette façon.
Et il faudrait également parler des nombreuses blessures à la tête survenues depuis quelques années qui nous privent de joueurs comme Sidney Crosby, le meilleur joueur des dernières années dans toute la Ligue nationale, celui qui remplit les arénas partout au Canada et aux États-Unis lorsque son équipe est au programme. Nous avons appris à aimer le hockey, voire à l’adorer, en applaudissant les prouesses de joueurs comme Jean Béliveau, Guy Lafleur, Mario Lemieux, Wayne Gretzky, Michael Bossy, Bobby Orr, Vincent Lecavalier, Marcel Dionne et combien d’autres. Aucun de ces joueurs n’était un batailleur ou n’avait recours à la violence ou à la rudesse pour exprimer son talent.
Nombreux sont ceux qui croient que les batailles et la rudesse font partie du hockey. Dans mon esprit, c’est absolument FAUX. Les batailles et la violence existent parce qu’on (la Ligue, les propriétaires, les instructeurs, les partisans) les tolère. Avez-vous déjà vu une bataille dans une compétition olympique… sauf peut-être au hockey? Ce qui établit clairement dans mon esprit que le hockey tel que de nombreux joueurs de la Ligue nationale le pratiquent est sérieusement malade. Croire le contraire reviendrait à dire que ce sont tous les autres sports qui sont malades.