L’histoire avait commencé banalement par un petit entrefilet (un encadré d’environ deux pouces de hauteur sur une largeur d’une colonne) en page 22 de l’édition du 2 septembre 1965 du journal Le Carillon. Cette publicité mystérieuse avait été payée par trois élus du Conseil municipal de Hawkesbury.
L’encadré disait ceci : « Nous, Philibert Proulx, Denis Guilbault et J. Claude Drouin, échevins de la Ville de Hawkesbury, ne voulons pas être tenus responsables pour aucun matériaux des terrains appartenant å la Corporation de la Ville de Hawkesbury, Ontario, qui furent enlevés et déposés sur la ou les propriétés appartenant à aucun membre du même Conseil. » L’avis est daté du 30 août.
Dans l’édition du 21 octobre, le fond de cette histoire fait surface à la une du journal, sous le titre : « Le Conseil de Hawkesbury s’oppose à la tenue d’une enquête sur les agissements d’un de ses membres ».
Le conseiller en question était Albert Giroux et c’est le conseiller Philibert Proulx qui avait demandé l’enquête judiciaire, un des trois qui avaient fait paraître l’avis du début de septembre. Les quatre conseillers qui avaient voté contre une telle enquête étaient d’avis que de la terre transportée sur un terrain de M. Giroux, en fin de compte, en augmenterait la valeur et que la Ville en retirerait donc plus d’impôts fonciers. En échange de ce remplissage, le personnel de Dibblee Construction, l’entreprise qui effectuait les travaux d’infrastructure, pourrait se stationner sur le terrain de M. Giroux.
Dans un éditorial à la une dans l’édition du 28 octobre, l’éditeur André Paquette déplore cette situation, expliquant, entre autres, que l’enquête aurait pu aussi bien disculper
M. Giroux que le trouver coupable de méfaits.
Et dans l’édition du 4 novembre, un article rapporte que le conseiller Denis Guilbault, un autre signataire de la publicité du 2 septembre, a remis sa démission justement parce que le Conseil a refusé l’enquête. Il écrit dans sa lettre : « C’est comme geste de protestation formelle que j’ai présenté ma démission et pour prouver à mes supporteurs que je ne puis me faire complice d’agissements qui sont, à mon avis, contraires aux intérêts de tous les payeurs de taxes de Hawkesbury. »
Comme vous voyez, les problèmes semblables dans nos municipalités un peu partout n’ont rien de nouveau. Mais dans le temps, des membres du Conseil n’hésitaient pas à défendre un des leurs. Bien sûr, l’immoralité se reflétait sur eux aussi. Mais ils semblaient s’en foutre. Leur slogan : « Si tout le monde le fait, fais-le donc! »