C’était la manchette du journal Le Carillon du 20 mai 1965, la première édition du journal qui venait de m’embaucher et chez qui je me venais de commencer ce qui s’avérerait une longue carrière de 45 ans dans le monde des communications.
Le journal rapporte que les religieux seraient à leur dernière année à Hawkesbury. Ils y étaient arrivés en 1934 en remplacement des Frères de l’instruction chrétienne. Le manque de personnel et les difficultés de recrutement expliqueraient cette décision. La communauté religieuse avait apparemment jugé que ses membres étaient trop qualifiés pour le niveau primaire et que leur formation convenait plutôt à de l’enseignement supérieur. Il ne restait que cinq religieux à Hawkesbury de toute façon. Depuis l’année précédente, les Frères avaient commencé à donner des classes spéciales « pour les enfants retardés » puisque c’est comme ça qu’on les nommait à l’époque.
Dans l’édition de la semaine suivante, Le Carillon annonce que les Frères ont changé d’idée et qu’ils resteront à Hawkesbury. La nouvelle de la semaine précédente avait semé la consternation et la Commission scolaire avait fortement réagi. Une délégation s’était aussitôt rendue à Ottawa pour convaincre les autorités religieuses de garder leur présence à Hawkesbury une autre année au moins. L’article note toutefois qu’il ne s’agit que d’un sursis et que la communauté quittera éventuellement. Ce qui est arrivé quelques années plus tard.
Dans cette même édition, j’écris une lettre à l’éditeur sous le pseudonyme de « Un qui a apprécié la formation reçue par les Frères ». À mes débuts au journal, c’était une partie de mon travail de rédiger des lettres à l’éditeur sous un pseudonyme, question de soulever l’intérêt des lecteurs à en écrire eux aussi. J’en avais écrit trois pour cette édition du 27 mai 1965. Je n’ai pas fait ça longtemps. J’ai toujours soupçonné qu’on voulait m’habituer aux rouages de l’écriture pour un journal et des contraintes de la production. Des lettres du « lecteur » que je personnifiais avaient soulevé quelques polémiques. Je commençais et comme tout journaliste, je voulais changer le monde!
N’empêche que c’est toute une époque que celle de l’enseignement fourni par les Frères des écoles chrétiennes aux garçons de chez nous et par les Sœurs grises de la croix, aux filles. À Hawkesbury, la première école primaire mixte était l’école Assomption, que j’ai fréquentée une seule année, la deuxième. Je me souviens qu’une jeune fille blonde prénommée Monique me « sauvait la vie » auprès des « bullies » de l’école. Je me souviens aussi d’avoir pris des cours de diction, sur insistance de ma mère.