Je suis très loin du premier ordinateur personnel qui est entré chez moi, à la fin des années 70; c’était un TI-99 de la société Texas Instruments. Il fallait taper les codes à la main pour créer une application utilisable par le petit ordi; il fallait conserver ces données sur une audiocassette avec un magnétophone standard, le même que pour enregistrer ou écouter de la musique. Le TI-99 convertissait ensuite ces données en jeu électronique. C’était bien avant les MacBook Air, les iPad et les iPod. Aujourd’hui, il est facile de comprendre l’évolution de l’ordinateur personnel et encore plus des grands ordinateurs. La récente expérience de Watson à l’émission américaine Jeopardy est éloquente.
Dans son édition du 21 février 2011 (cette date où j’ai atteint l’étape des 65 ans), le magazine américain Time publie un article fascinant sur le phénomène de la « singularité ». Ce phénomène est défini comme « le moment où le changement technologique devient si rapide et si profond qu’il représente une rupture dans la structure de l’histoire de l’humanité ». L’article fait référence à 2045 comme étant l’année où la capacité de traitement informatique « dépassera une intelligence équivalente à celle de tous les cerveaux humains réunis » et utilise souvent les termes « probablement » et « peut-être ». Heureusement!
Ce phénomène ou mouvement de la « singularité » n’est pas récent. Il existe même une Université de la singularité et un Institut de la singularité pour l’intelligence artificielle. Les « croyants » expliquent que la révolution agricole a précédé la révolution industrielle de 8000 ans, alors qu’il y a eu 90 ans entre l’invention de l’ampoule électrique et l’alunissage du premier homme. Le World Wide Web est arrivé 22 années après la grande aventure de Neil Armstrong. Le progrès des inventions modernes se calcule en mois.
Les adeptes de la singularité affirment que les ordinateurs deviennent tellement plus rapides plus rapidement qu’il est concevable d’imaginer le jour où ils seront dotés d’une intelligence comparable à celle des humains. Le promoteur de ce mouvement ose même affirmer que la transition se ferait en 2045. Cette année-là, la quantité d’intelligence artificielle créée sera d’environ un million de fois supérieure à la somme de toute intelligence humaine existant aujourd’hui.
Pour les personnes âgées, toujours selon l’article du journaliste Lev Grossman, elles pourraient transférer leurs cerveaux dans des « vaisseaux » plus solides, tels des ordinateurs ou des robots. Ne vous inquiétez pas; je ne me rendrai pas jusque-là. Mais les critiques sont évidemment nombreux et doutent d’une telle capacité.
Ces « croyants » affirment que les manifestations d’une telle transformation se manifestent quotidiennement. Il y a cinq ans, 600 millions d’êtres humains n’avaient pas une vie sociale sur un seul et unique réseau. Nous avons Facebook. Il y a cinq ans, les gens ne pensaient pas que leurs moindres paroles et gestes pourraient être épiés et photographiés par les petits ordinateurs puissants que leurs voisins glissent dans leurs poches. Mon collaborateur Alain Guilbert y fait référence dans un article précédent.
Selon l’article, il y a présentement 30 000 patients atteints de la maladie de Parkinson qui profitent d’implants neuraux pour contrôleur leurs malaises; Google met à l’essai des ordinateurs qui pourraient conduire une automobile; en Afghanistan, 2 000 robots combattent aux côtés de soldats humains. Watson a gagné à Jeopardy!
Je trouve ces discussions fascinantes, mais elles ne m’empêcheront pas de bien dormir en attendant 2045! Si les futuristes ont raison, je pourrais m’y rendre. Tant qu’à bien dormir, aussi bien rêver.
Eh bien, je ne suis pas « croyante » alors. Puisque les ordinateurs n’ont pas d’intelligence émotionnelle, ils ne pourront jamais dépasser l’intelligence, ni être équivalent aux cerveaux humains, et heureusement d’ailleurs. Mais c’est vrai que c’est un bon sujet de discussion !