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Même aujourd’hui, l’idée ne plaît pas à tous… pas dans leur cour en tout cas

Un article anodin en soit, mais intéressant dans la perspective des efforts écologiques de notre époque. C’est dans Le Carillon du 4 janvier 1978. « Un rapport publié en Grande-Bretagne révèle que, vers le milieu des années 80, environ deux pour ceux des besoins énergétiques essentiels de l’Europe seront satisfaits par la combustion des ordures ménagères des villes et des rebuts industriels. Puisqu’on estime que les ordures ménagères renferment environ un quart de l’énergie du charbon, c’est une source énergétique dont il faut tenir compte pour satisfaire les besoins énergétiques de l’avenir. » Deux compagnies britanniques en faisaient déjà l’expérience. « En outre, les autres méthodes de suppression des ordures pour des raisons écologiques, de pollution et économiques seront bientôt choses du passé. » Le rapport ne parlait sans doute pas des conséquences de cette combustion sur l’environnement; combustion sous-entend cheminées. Nous ne sommes qu’en 1978 après tout. « Une chose est certaine, c’est qu’en tant que source énergétique les ordures constituent à peu près la seule qui ait quelque chance d’être inépuisable. » Quand je regarde le centre de recyclage et de déchets de mon édifice à condo, je me demande si toutes ces ordures ne suffiraient pas à quelque chose de plus utile.

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Tania Marie Lapointe. Le nom ne vous dit sans doute rien. Elle est née le 28 décembre 1977 à l’Hôpital général de Hawkesbury et elle pesait 3,2 kilogrammes. Il y a une photo d’elle et de sa mère dans l’édition du journal Le Carillon du 4 janvier 1978. Sa mère est Johanne Lapointe. Non seulement Johanne était-elle la première femme à siéger au Conseil municipal de Hawkesbury, mais elle devenait aussi la première conseillère à donner naissance pendant son mandat. Et comme le précise le court texte : « Mme Lapointe tentera maintenant de coordonner ses fonctions de conseiller municipal et de mère à la fois. » Et bien entendu, il est question du père, Claude Lapointe. Tanya Lapointe (comme elle épelle maintenant son nom) est aujourd’hui journaliste à la chaîne RDI de Radio-Canada et couvre les activités culturelles. Et comme je l’ai déjà écrit, Claude et Johanne habitent le même condo que moi dans Beechwood Village et étaient quasiment mes voisins à Embrun.

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Le journaliste Charles Burroughs signe un reportage très intéressant dans le journal du 4 janvier 1978 sur une institution qui est peu connue du grand public, mais qui joue un rôle très important dans la vie des gens. « Le bureau du cadastre du comté de Prescott, à L’Orignal, est sûrement un des endroits les plus achalandés de la région alors que chaque année y sont consignées près de 5,000 transactions immobilières. » Le bureau est relativement petit et quatre employés y œuvrent sous la direction du registraire du comté de Prescott, André Bénard. Ces gens sont responsables « de l’enregistrement en vertu des différentes lois provinciales de toutes les ventes immobilières, hypothèques, quittances et autres opérations légales concernant les biens immobiliers. Les transactions mobilières conditionnelles, comme les contrats de ventes à tempérament et les liens sur la propriété, sont également enregistrées par le bureau du cadastre. » Comme le précisait André Bénard, « son but ultime est la protection des intérêts des Ontariens en matière d’immeubles et d’autres biens ». Le système est complexe et des études légales ont même des employés qui y travaillent en permanence pour consulter divers documents. « L’édifice logeant le bureau du cadastre à L’Orignal a été construit en 1876, en même temps que celui du comté de Russell, dans le village du même nom. » Les deux édifices sont encore là aujourd’hui et servent aux mêmes fins.

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Le projet était sans doute trop ambitieux

C’était trop beau! Montroc Investments, une société présidée par Marcel Rozon, avait de grands projets ambitieux. Dans Le Carillon du 21 décembre 1977, il est question de leur projet de construction « d’un centre commercial ultra-moderne de 219,000 pieds carrés comprenant des magasins d’envergure nationale, et une première à Hawkesbury, un stationnement intérieur. (…) Ce sera le centre d’achats le plus grand et le plus moderne de toute la région. » Le Centre d’achat Aberdeen ouvrirait ses portes le 1er septembre 1978. Les actionnaires de Montroc Investments étaient Jean-Guy Barrette, Jacques Brazeau, Guy Bonin, Rhéaume Champagne, Robert Cusson, Paul Desrochers, René Joly, Yvon Lahaie, Raymond Laliberté et Yvon Myner. Les plans faisaient miroiter un complexe commercial de 4,5 millions de dollars qui n’aurait pas eu d’équivalent dans la région de Hawkesbury. Retenons que la commission de lutte contre l’inflation n’avait pas encore été démantelée; donc, que la situation économique n’était pas meilleure. Un autre superbe rêve irréalisé. Mais il faut rêver pour avancer et progresser.

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La tempête dépassait l’ordinaire pour que le journal y consacre une photo couvrant la première page du 28 décembre 1977 au complet et de nombreuses photos en pages intérieures; la tempête de 40 cm de neige du mercredi 21 décembre 1977, premier jour de l’hiver, avait compliqué la vie de bien des gens du coin. « Au dire des anciens, c’est une des plus fortes chutes de neige à survenir avant Noël dont ils aient connaissance. » Il y avait eu deux grosses tempêtes précédentes et cette troisième de l’hiver 77-78 inquiétaient les marchands dont c’était la période la plus achalandée de l’année. À peu près tout avait été paralysé cette journée-là. Comme disait le conseiller municipal Claude Drouin, « la neige tombait plus vite qu’on pouvait l’enlever ».

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Ça c’était respecter le jeu démocratique. Le conseiller municipal Claude Drouin, un intervenant sportif de longue date et défenseur infatigable du vieux Centre Mémorial dans lequel il avait été témoin de tant « d’exploits » locaux, « a décidé de laisser tomber ses objections à la construction du complexe sportif et œuvrera désormais à la réalisation du projet ». Il en est question dans le journal du 28 décembre 1977. Et il allait tenir promesse. Et sans doute afin de renforcer la situation inhabituelle, Claude Drouin avait convoqué une conférence de presse… seulement la deuxième fois de ses 25 années de vie politique à Hawkesbury. Il y tenait donc. Mais je pense qu’il avait finalement compris ce que les électeurs voulaient. Il ne s’était pas fait réélire pendant 25 ans pour rien. « J’ai souvent pensé à démissionner de mon poste à la suite de l’échec du comité des objecteurs. Mais je ne suis pas un ‘lâcheux’. »

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Contexte de l’époque

« Ensemble draps sans repassage » 16 $ l’ensemble. – T-shirts pour enfants 78 cents – Pain à sandwich 2 pour 79 cents – Tomates de Floride 99 cents pour trois livres – Canards congelés 88 cents la livre – Jell-O 19 cents le paquet – Fromage St-Albert 1,49 $ la livre – Bâton de hockey pee-wee pro Koho 5,89 $ – Jeunes dindes congelées 69 cents la livre – Une automobile Mercury Cougar XR7 modèle 1977 deux portes, toute équipée, air climatisé, toit ouvrant pour 8 174 $.

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Bon! Impossible de reculer maintenant

L’autorisation de principe avait déjà été communiquée, mais les autorités municipales attendaient la confirmation définitive. Comme le rapporte Le Carillon du 14 décembre 1977, « la Commission municipale de l’Ontario a confirmé officiellement son approbation du projet de complexe sportif » pour la ville de Hawkesbury. C.G. Ebers, un des deux commissaires chargés du dossier, avait affirmé « qu’il n’y a aucun doute possible que le besoin d’un nouveau complexe sportif existe et qu’aucune preuve du contraire n’a été soumise à l’audience. La Commission juge que la ville peut se permettre cette dette, puisque sa position financière est plus qu’acceptable. (…) M. Ebers note également que le projet a été tellement entouré de publicité à Hawkesbury, que tous les citoyens ont eu la chance de faire valoir leurs points de vue. Il signale d’ailleurs la logique utilisée par les objecteurs pour la présentation de leur alternative, mais tire la conclusion qu’un nouveau projet, comparé à la rénovation du Centre Mémorial, ne représenterait que $2.50 de plus par année pour les contribuables en taxes payables. » Le commissaire Ebers avait noté « que les besoins et les capacités de payer de la ville sont tellement évidents et non contredisables que la Commission n’a d’autres choix qu’être d’accord avec la position du Conseil municipal. » En d’autres mots… « It’s a go! »

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L’animateur communautaire du Collège Algonquin à Hawkesbury et dans la région, Richard Hudon, fait son travail. Il n’y a pas une semaine qu’il n’écrit pas une lettre au rédacteur dans laquelle il commente une situation quelconque dans la région. Sa présence est de plus en plus remarquée partout. Il brasse…

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À ne pas confondre avec le « registre » sur la même question. La loi fédérale qui entrerait en vigueur le 1er janvier 1978 était la Loi sur le contrôle des armes à feu et comme le rapportait Le Carillon du 14 décembre 1977, « les chasseurs craignent une loi répressive ». Le texte cite Jean-Marc Roy, le président du Vankleek Hill Gun Club. Le projet de loi « représente de nombreux dangers pour la liberté de l’individu et le privilège de porter des armes qui a été conféré aux Canadiens depuis le temps de la colonisation. » Roy disait « craindre que la loi pourrait éventuellement s’étendre à une prohibition totale des armes à feu, comme ce fut le cas en Grande-Bretagne ». En résumé, la loi prévoyait qu’un Canadien qui voulait acheter une arme devait d’abord obtenir un certificat d’acquisition « valide pour une période de cinq ans et permettra à son détenteur d’acheter un nombre indéterminé d’armes à feu ». Ce sont des commissaires locaux des armes à feu qui émettront ces certificats qui « vérifieront les antécédents du demandeur » avant de lui en accorder un. Dans le cadre de la nouvelle loi, plusieurs armes deviendront des « armes à autorisation restreinte » et d’autres seront carrément interdites de possession au Canada. Bill Peters, un expert sur cette loi, avait même précisé qu’il « ne s’agit pas d’un système d’enregistrement d’armes à feu ». Ça ce sera une autre histoire pour une autre période. Et les arguments des opposants seront alors passablement semblables.

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Les détails étaient toujours nébuleux

Je vous ai parlé de l’affaire des directeurs d’école mécontents et des manigances en secret autour au directeur général du Conseil des écoles catholiques de Prescott-Russell. Dans Le Carillon du 16 novembre 1977, on apprend que « la situation s’envenime » et le débat, toujours fondamentalement mystérieux quant aux détails du mécontentement, devient un peu plus public. Les quatre conseillers scolaires que je rencontrais « secrètement » – « les quatre plus jeunes membres du CECPR » – affichent ouvertement leurs doléances. Yves Saint-Denis, Roland Saumure, Jacques Prévost et Jean-Roch Brisson avaient indiqué que Léveillé « avait été victime de circonstances qu’il avait lui-même créées ». Saint-Denis aurait déjà averti, six mois auparavant selon lui, « qu’il faudra protéger le directeur général contre lui-même ». Et comme j’ajoutais en éditorial : « Sans vouloir le dire ouvertement ou directement, les conseillers voudraient que le directeur général du conseil remettre sa démission. » Et j’ajoutais que « toute tentative de dialogue se soldera par un échec et c’est aux conseillers scolaires qu’incombe la très lourde responsabilité de changer le climat malsain qui vient de monter en flèche ».

Le débat semblait s’enliser et les détails étaient toujours nébuleux. Dans mon éditorial du 30 novembre 1977, je rappelle que dans notre « société dite juste, un accusé a le droit de connaître ses chefs d’accusation et il a le droit de se défendre. Le directeur général du CECPR n’a pas encore eu cette occasion et on s’apprête à prononcer la sentence. (…) Nous étions sous l’impression que les accusations – une quarantaine en tout nous a-t-on dit – seraient dévoilées rapidement. On nous laisse maintenant sous l’impression qu’elles ne le seront jamais. (…) Mais il ne peut se défendre publiquement d’accusations qui ne sont pas encore publiques. » Je réagissais au vote de non-confiance à l’égard de Jean Léveillé qui avait été adopté par le Conseil des écoles catholiques la semaine précédente. Une situation sans issue!

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Il m’avait enseigné en troisième année à l’Académie Saint-Joseph de Hawkesbury et il était aussi principal de cette école. En première année, il m’avait administré le martinet; en troisième année, je crois que j’étais devenu son élève chouchou. Le journal du 16 novembre 1977 rapporte qu’Horace E. Dubois, à tout juste 61 ans, est décédé. Il résidait à Ottawa depuis une vingtaine d’années. À Hawkesbury, il s’était fait connaître dans le milieu scolaire évidemment, mais il avait aussi été préfet de la ville de Hawkesbury et, à ce titre, siégeait au Conseil des comtés unis de Prescott-Russell. Aux élections provinciales du 9 juin 1955, il avait échoué dans sa tentative de déloger le député et ministre conservateur Louis-Pierre Cécile. Il avait été président régional de l’Association canadienne-française d’éducation, l’organisme qui avait devenu l’Association canadienne-française de l’Ontario. Il avait même collaboré au journal Le Carillon en 1954-1955 sous le pseudonyme de J. Voisclair et avait été correspondant local du journal Le Droit. « Il a enseigné à l’École secondaire régionale de Hawkesbury avant de devenir inspecteur d’écoles vers 1957. Par la suite, il a été surintendant des écoles françaises pour le Conseil scolaire d’Ottawa, jusqu’à sa retraite il y a deux ans. (…) Depuis toujours, M. Dubois a été un ardent défenseur des droits des Franco-Ontariens dans tous les domaines, mais particulièrement en éducation. »

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Il voulait simplement élargir ses horizons

Tiens, ça c’est plutôt intéressant. C’est dans Le Carillon du 9 novembre 1977. « Un jeune homme de Hawkesbury passe une année dans le Minnesota dans le cadre d’un programme de bourses internationales de l’American Field Service. Le siège social de l’AFS est situé à New York, tout près du siège social des Nations-Unies. (…) Richard Nadeau, le fils de M. et Mme Benoit Nadeau, du 139 de la rue Richer à Hawkesbury, est le premier Ontarien à obtenir une bourse internationale d’études de l’AFS-Canada-BIS. Le fait qu’il soit francophone en plus représente beaucoup pour le jeune Nadeau. Richard séjourne à Apple Valley, dans la région de Saint Paul au Minnesota. Il étudie dans une école de l’endroit. » L’objectif du programme « est d’élargir les horizons du jeune et le développement de la personnalité ». De temps à autre, du Minnesota, il commentait, par une lettre à l’éditeur, l’actualité de Hawkesbury et la région. Je tiens pour acquis que ses parents lui envoyaient copie du journal. Ce même Richard Nadeau deviendra un jour enseignant, s’installera à Gatineau, au Québec, et sera élu député du Bloc québécois. Mais il n’a jamais caché ses origines franco-ontariennes.

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« En Ontario, la justice en français prend de l’ampleur » est le titre d’un texte dans l’édition du journal Le Carillon du 9 novembre 1977. « L’usage de la langue française devant les tribunaux de l’Ontario prendra de l’ampleur au cours des prochains jours, a annoncé cette semaine le Procureur général de l’Ontario, Me Roy McMurtry. À compter du 21 novembre, les procédures de la Cour familiale dans la région de Sudbury pourront se dérouler en français, et d’ici quelques semaines, l’usage du français s’étendra à la région d’Ottawa-Carleton. Me McMurtry a déclaré que le gouvernement avait décidé de limiter au début cette initiative à la région de Sudbury, puisqu’il fallait le temps de régler certains problèmes de procédures. C’est ce qui s’est produit dans le cas de l’introduction du français dans les cours criminelles, et les services bilingues sont maintenant disponibles à Ottawa, L’Orignal, Hearst, Hornepayne, Kapuskasing, Smooth Rock Falls et Cochrane. Le procurer général a également précisé que 66 p. cent de la population francophone de la province est desservir par des cours bilingues. Le gouvernement fédéral vient d’amender l’article 555 du Code criminel afin de permettre la formation de jury de langue française en Ontario, et le gouvernement ontarien étendra bientôt les services bilingues aux niveaux des cours de comté et de district. » Un petit peu à la fois!

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Le petit village de Curran est justement ça… un « petit village »… ce qui n’avait pas empêché « l’ambassadeur du Vatican au Canada » de s’y rendre pour la Fête de jubilaires de la paroisse St-Luc de Curran, le 29 octobre. Comme on peut le lire dans le journal du 9 novembre 1977, « le nonce apostolique, Mgr Angelo Palmas, concélébrera une messe d’action de grâces en compagnie de prêtres missionnaires et sera entouré d’une garde d’honneur formée de Zouaves pontificaux et de Chevaliers de Colomb du Quatrième degré ». Le curé Lionel Larocque avait convaincu le nonce de s’y déplacer.

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Sept dollars d’essence, c’était trop cher

Nous savons qu’aujourd’hui, compte tenu du prix très élevé de l’essence à la pompe, que plusieurs sont tentés de faire le plein et de se sauver sans payer. Une telle tentation n’est pas récente et le prix de l’essence était aussi très élevé, toutes proportions gardées, au milieu des années 70. Dans Le Carillon du 2 novembre 1977, un court article est intitulé « Pour se sauver d’une facture de $7 ». Aujourd’hui, c’est à peine pour quelques kilomètres, mais il y a 35 ans, cette somme vous aurait quand même mené un peu plus loin. « Un gars et une fille ont été arrêtés à Pembroke, mardi, après avoir par deux fois pris de l’essence sans payer. Lundi soir, le couple s’est arrêté au garage Esso de St-Isidore, en bordure de l’autoroute 417, puis s’est sauvé après avoir pris pour $7 d’essence. Quelques heures plus tard, à Pembroke, ils répétaient le même geste, mais ils ont été pris en chasse, cette fois par la Sûreté provinciale de ce secteur. La poursuite à haute vitesse s’est soldée par une auto-patrouille complètement démolie, mais sans blessés. »

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Un petit entrefilet anodin dans ma chronique du 2 novembre 1977 : « C’est notre député, Denis Ethier, qui a en quelque sorte inauguré la télédiffusion des débats des Communes, il y a deux semaines. Denis était interviewé par Jean-Marc Poliquin immédiatement avant la première télédiffusion en direct. » La télédiffusion des débats des Communes a éventuellement transformé les débats; les députés étaient maintenant des vedettes et ils voulaient attirer l’attention. Les insultes gratuites sont encore une bonne façon d’y arriver.

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Une autre note retient mon attention dans cette même chronique : « La firme Whissell, de Whisseltown, paralysée par une grève depuis juin 1976, cherche effectivement des terrains pour s’établir dans la région de Hawkesbury. Aucune décision n’a encore été prise. » Whissell ne s’installera pas à Hawkesbury et la grève se prolongera pendant encore longtemps.

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Ah non! Encore une! Dans l’édition du 9 novembre 1977 cette fois. « Le maire de Hawkesbury, M. Laurent Cayen et son épouse, ont été témoins d’un étrange événement jeudi soir. Ces derniers affirment avoir vu des lueurs dans le ciel, ressemblant à des explosions, au-dessus de L’Orignal. Selon Mme Cayen, ces lueurs se sont manifestées à deux reprises, vers 20 h 30. M. et Mme Cayen revenaient d’Ottawa, et étaient à quelques milles à l’est d’Alfred. La Sûreté provinciale de l’Ontario de Hawkesbury a dit ne pas avoir eu de rapports sur cet événement. On sait que depuis cinq à six mois, plusieurs objets volants non identifiés ont été signalés dans la région. » Et dire que nous publiions de telles nouvelles dans le journal! Mais elles faisaient toujours jaser.

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Et quelques pages plus loin, un article sur « les nouveaux soins de psychiatrie » à l’Hôpital général de Hawkesbury et dans la région. Une subvention de 110 000 $ avait été accordée pour mettre sur pied une clinique psychiatrique dans Prescott et Russell. Rien à voir, bien sûr, avec les nombreuses « visions inexpliquées » que pouvait avoir la population!

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Des rencontres secrètes loin des regards indiscrets

Le chaudron d’insatisfaction débordait et il fallait nettoyer. « Les trente-trois directeurs d’école et directeurs adjoints du Conseil des écoles catholiques de Prescott-Russell se videront le cœur, demain soir à Rockland, ‘ayant constaté un climat grandissant d’insatisfaction découlant de l’attitude du directeur général’. » C’est ce qu’on peut lire à la une du journal Le Carillon du 2 novembre 1977. Le groupe avait envoyé une lettre à Yvan Séguin, le président du CECPR, avec copie à chacun des onze autres conseillers scolaires. « Les directeurs – dont les signatures apparaissent par ordre alphabétique pour ne pas laisser peser de soupçons sur un individu particulier – sollicitent la présence des conseillers scolaires à une réunion ‘spéciale et urgente’ du Conseil des directeurs des écoles franco-ontariennes de Prescott-Russell (CDEFO-PR) pour ‘leur exposer la situation actuelle et pour y apporter des remèdes susceptibles de l’améliorer à courte échéance’. » Le groupe avait aussi envoyé une lettre au directeur général en question, Jean Léveillé, dans laquelle les directeurs disaient avoir constaté « un climat grandissant d’insatisfaction découlant de votre attitude. À maintes reprises, nous avons tenté de remédier à la situation. Nous considérons en être arrivés à une impasse. » Ils l’avisaient de la réunion spéciale de Rockland.

Mais Léveillé était aussi un fin renard et il n’allait pas accepter de s’en faire imposer de la sorte. Il a répliqué par une lettre « personnelle et confidentielle » et livrée à chaque directeur d’école individuellement. Léveillé avait écrit que la lettre des directeurs « constitue une accusation sérieuse de votre part à mon égard et je me dois de relever le défi. (…) C’est pourquoi, je vous demanderais, dans une lettre individuelle, d’être plus explicite dans vos propos et de m’indiquer très spécifiquement, avec détails : 1) la nature exacte de votre insatisfaction dans le poste que vous détenez; 2) les raisons précises de cette insatisfaction; 3) les éléments de mon attitude qui, selon vous, sont à la source de cette insatisfaction; 4) les solutions que vous avez personnellement apportées pour remédier à ladite situation; 5) le nombre de tentatives que vous avez personnellement faites depuis le début de l’année pour remédier à ladite situation. » Il les avait placés dans une situation dont ils pouvaient difficilement se sortir. S’il ne recevait pas de réponse, « je devrai conclure que vos accusations sont sans fondement ».

Il y avait clairement anguille sous roche. Je commentais la situation en éditorial en affirmant que « cela constitue la première crise majeure vécue par le Conseil des écoles catholiques et les événements, qui précédaient notre éditorial de la semaine dernière (note bu blogueur : sur la politique de secret qui semblait s’implanter au CECPR), viennent drôlement appuyer ce que nous avions exprimé ». Mais les directeurs n’étaient pas les seuls insatisfaits; il y avait aussi quelques conseillers scolaires. « Cette semaine, nous avons vécu une expérience que nous jugeons tout à fait déplorable. Nous avons rencontré des représentants du Conseil des écoles catholiques dans un lieu secret et dans des circonstances dignes des meilleurs films d’espionnage pour discuter de ce qui se produit au sein des écoles catholiques de Prescott-Russell, des malaises qui s’enveniment au lieu de guérir. » C’est là que j’avais obtenu copie des lettres. Il y aurait plusieurs autres rencontres « secrètes » semblables au cours des prochaines semaines, aux quatre coins des comtés, que ce soit dans un restaurant inconnu d’un petit village éloigné ou chez un ou l’autre des conseillers scolaires mécontents. Quant aux directeurs, je commentais que « le seul fait qu’ils s’épaulent mutuellement veut tout dire et l’abcès doit crever ». Le CECPR avait perdu sa réputation de conseil scolaire exemplaire. À suivre!

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Ils s’attendaient à 46… ils en ont trouvés 103

Je m’en souviens. C’était un jeudi matin. Le directeur du détachement de la Sûreté du Québec à Lachute, André Houle, (que j’avais croisé à quelques soirées bavaroises des policiers de Lachute) me téléphone et m’invite à participer ce soir-là même à une descente majeure dans des hôtels de Grenville, Carillon et St-André-Est en vue d’un reportage sur « leurs exploits » bien sûr. J’accepte volontiers et je me rends au quartier général du détachement, près de Lachute. J’y rencontre « une quarantaine de policiers du détachement de Lachute de la SQ, de l’Unité d’urgence de Montréal (22) et de l’escouade des alcools de St-Jérôme, répartis dans quelque 25 véhicules » qui se préparaient à leurs descentes. Je me souviens du commentaire d’un policier de l’Unité d’urgence : « Tu peux prendre des photos, mais si tu prends une photo de l’un de nous, nous devrons détruire ta caméra. » Et ce n’était pas une farce! Je n’avais aucune intention de m’obstiner avec des individus deux fois ma grosseur et beaucoup plus grands que mes cinq pieds quelques pouces.

On retrouve mon reportage dans Le Carillon du 19 octobre 1977, à la une évidemment. Les descentes avaient eu lieu aux hôtels Century Inn, Manoir et Interprovincial de Grenville, l’hôtel Carillon et l’hôtel St-André dans les villages du même nom. « Les résultats sont effarants. Les policiers ont procédé à la vérification de 530 personnes ces trois soirs et ont trouvé parmi ce groupe pas moins de 103 individus avec des dossiers criminels pour vols, fraudes, affaires de drogues et délits sexuels, en plus d’autres crimes violents. Au départ, les policiers avaient estimé qu’environ 46 criminels connus avaient adopté les hôtels du secteur de Grenville comme lieux de rendez-vous. » Et heureusement ce n’était pas moi, mais un représentant d’un autre journal. « Une accusation de voies de fait simples contre John Laframboise, de l’hôtel Manoir, pour assaut contre le photographe Robert Tessier du journal Argenteuil de Lachute. »

Mais c’était comme ça à cette époque. Les hôtels faisaient grimper la population de ces villages les vendredis et samedis avec tout ce que cela sous-entend en termes de crimes. Depuis le 20 avril, il y en avait eu pas moins de 82. « Un document compilé par la Sûreté du Québec donne une liste des crimes commis à Grenville depuis le 20 avril : vols avec effraction à profusion, délits de fuite, trafic de drogues, vols dans des chalets, automobilistes aux facultés affaiblies, vol d’arme, possession de drogues, fugues, fraudes, trafic de stupéfiants, voies de fait, vols dans des résidences, vols de bicyclettes, troubles de famille, suicide, vol qualifié, coups de feu, disparition, vols dans les écoles, résidence illégale, personne blessée, incendie criminel, plaques factices, véhicule abandonné, action indécente, automobile en feu, auto volée, vol dans l’église, lésions corporelles, vols dans des véhicules automobiles et ainsi de suite. » Pauvre Grenville!

Dans le journal du 26 octobre, un encadré rapporte que la Sûreté de Québec n’a déploré aucun crime depuis leur série de descentes à Grenville.

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Les interventions épistolaires d’un animateur communautaire du Collège Algonquin à Hawkesbury apparaissent quasiment chaque semaine dans les pages du journal Le Carillon. Le nom de Richard Hudon ne laissait personne indifférent. Je revois encore Richard de temps à autre dans le centre-ville d’Ottawa. Il n’a jamais perdu de sa verve, ni de sa conviction sociale.

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L’autorisation en principe… finalement

Bon, la décision de la Commission des affaires municipales de l’Ontario devait, en toute logique, mettre un terme aux chicanes entourant le projet de nouvelles installations sportives. Comme on peut le lire dans Le Carillon du 5 octobre 1977, « la Commission des affaires municipales de l’Ontario, à la suite de l’audience publique tenue pendant trois jours a semaine dernière, a en effet autorisé la ville à construire un complexe sportif au montant de $1,750,000, à emprunter sous forme d’obligations une somme de $368,750 pour le financer et enfin à se dispenser d’avoir recours à un référendum pour obtenir l’assentiment des électeurs ». La rapidité de la décision (l’audience avait eu lieu mardi, mercredi et jeudi) rendue le lundi suivant l’audience en avait surpris plusieurs.

Par générosité ou magnanimité, le « Conseil municipal réuni en session spéciale, avait adopté une résolution dans le but de rembourser jusqu’à concurrence de $4,000 les dépenses encourues par les objecteurs lors de l’audience publique ». En fait, c’est le commissaire qui avait écrit dans son rapport que le Conseil avait pris une telle décision. Le Conseil était placé devant un fait accompli.

Entre temps, dans la même édition, on apprenait que le Comité de souscription avait dépassé son objectif et avait alors amassé pas moins de 391 824 $. L’objectif était de 368 500 $.

J’écrivais en éditorial qu’il « reste maintenant à trouver un nom pour notre nouveau complexe ». En fait, ce serait le Complexe sportif jusqu’à ce qu’il devienne le Complexe Robert-Hartley longtemps après sa construction, quand Bob se sera démarqué dans la Ligue nationale de hockey et, surtout, avec l’Avalanche du Colorado (les anciens Nordiques).

Mais le débat se poursuivait autour du sort de l’ancien Centre Mémorial qui plusieurs voulaient conserver pour certains usages sportifs, même s’il avait été condamné à cause de son toit.

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La restructuration municipale est toujours au cœur des débats. Le commissaire Sunderland avait recommandé que le Canton de Russell reste attaché aux comtés unis de Prescott et Russell et même que l’ancien Canton de Cumberland, détaché des comtés unis il y a plusieurs années pour être rattaché à la Municipalité régionale d’Ottawa-Carleton, redevienne partie de Prescott-Russell. En même temps, un autre commissaire à la restructuration, le Dr Mayo, cette fois dans la MROC, suggère plutôt que le Canton de Russell soit relié à la municipalité régionale à cause des affinités de la population avec la ville d’Ottawa. Les deux commissaires, en fin de compte, se contredisaient. Le débat se poursuivait. Le Canton de Russell demeurerait dans les comtés unis, en fin de compte.

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Une théologienne… c’est plutôt rare

Des théologiennes, ça ne se trouvait pas à tous les coins de rues à l’époque. Comme on peut le lire dans Le Carillon du 14 septembre 1977, « Jeannine Élisabeth Lacelle, fille de Denis et Rose Lacelle, de Hawkesbury, a obtenu le grade de docteur en théologie ès sciences religieuses à l’Université des sciences humaines de Strasbourg, en France. Sous la direction du professeur Charles Wackenheim, elle a présenté une thèse intitulée La réconciliation, un événement de parole en Jésus-Christ, dans la pensée de Karl Barth entre 1953 et 1968. Mlle Lacelle est actuellement professeur au département des sciences religieuses de l’Université d’Ottawa où elle enseigne l’histoire de la pensée et des institutions chrétiennes de la période moderne et contemporaine. » Jeannine Élisabeth Lacelle est bien connue dans le milieu théologique d’Ottawa et d’ailleurs. En 2009, l’Université Saint-Paul a créé le Fonds Élisabeth Jeannine Lacelle permettant l’attribution d’un Prix d’excellence décerné chaque année à une femme francophone ou bilingue, diplômée de cette université.

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« Les associations libérales provinciale de Prescott-Russell et fédérale de Glengarry-Prescott-Russell ont uni leurs efforts, vendredi soir, pour attirer plus de 550 personnes à leur première épluchette annuelle de blé d’inde tenue à l’aréna de Navan. » C’est ce qu’on peut lire dans le journal du 14 septembre 1977. « C’était, pour le député Denis Ethier, l’occasion de faire connaissance avec ses nouveaux administrés, à la suite du remaniement de la carte électorale qui ajoute le canton de Cumberland à Glengarry-Prescott-Russell à la prochaine élection fédérale. C’était aussi l’occasion pour l’association provinciale de présenter au public leur plus-que-probable candidat lors de la prochaine élection provinciale, M. Don Boudrias. » Voilà, cette fois, il n’est pas question de changer d’idée comme avant le dernier scrutin provincial.

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Les objecteurs au projet de complexe sportif de Hawkesbury s’organisent et ils ont présenté une pétition de 829 noms (612 propriétaires et 217 locataires, tous contribuables) à l’intention de la Commission municipale de l’Ontario qui tiendra ses audiences à Hawkesbury le 27 septembre. On peut lire tous les détails dans le journal du 21 septembre 1977. Ils voulaient « que les frais encourus soient remboursés par la ville ». Le maire Laurent Cayen avait répliqué « que si les objecteurs sont sincères et s’ils n’agissent pas pour du crédit politique ou des intérêts personnels, ils n’ont qu’à mettre chacun $10 dans un fonds commun, ce qui n’est pas cher pour une cause et ce qui est l’équivalent de la hausse de taxes due au complexe ». Le Conseil d’éducation de Prescott-Russell avait appuyé en principe le projet d’un complexe parce qu’il avait estimé que la piscine intérieure serait un atout pour « le bien-être des étudiants sous sa juridiction ». À suivre!

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Le Conseil des comtés unis de Prescott-Russell cherchait à se départir des locaux de l’ancien Foyer Prescott-Russell. Il en voit l’occasion quand le président du Collège Algonquin, le Dr Laurent Isabelle, laisse entendre que le collège aimerait discuter avec le Collège d’agriculture de Kemptville pour offrir des programmes de formation agricole pour desservir la population de Prescott-Russell. Il n’en fallait pas plus pour le Conseil offre ses locaux de L’Orignal. Mais un autre sort attendait l’ancien Foyer…