Les détails étaient toujours nébuleux

Je vous ai parlé de l’affaire des directeurs d’école mécontents et des manigances en secret autour au directeur général du Conseil des écoles catholiques de Prescott-Russell. Dans Le Carillon du 16 novembre 1977, on apprend que « la situation s’envenime » et le débat, toujours fondamentalement mystérieux quant aux détails du mécontentement, devient un peu plus public. Les quatre conseillers scolaires que je rencontrais « secrètement » – « les quatre plus jeunes membres du CECPR » – affichent ouvertement leurs doléances. Yves Saint-Denis, Roland Saumure, Jacques Prévost et Jean-Roch Brisson avaient indiqué que Léveillé « avait été victime de circonstances qu’il avait lui-même créées ». Saint-Denis aurait déjà averti, six mois auparavant selon lui, « qu’il faudra protéger le directeur général contre lui-même ». Et comme j’ajoutais en éditorial : « Sans vouloir le dire ouvertement ou directement, les conseillers voudraient que le directeur général du conseil remettre sa démission. » Et j’ajoutais que « toute tentative de dialogue se soldera par un échec et c’est aux conseillers scolaires qu’incombe la très lourde responsabilité de changer le climat malsain qui vient de monter en flèche ».

Le débat semblait s’enliser et les détails étaient toujours nébuleux. Dans mon éditorial du 30 novembre 1977, je rappelle que dans notre « société dite juste, un accusé a le droit de connaître ses chefs d’accusation et il a le droit de se défendre. Le directeur général du CECPR n’a pas encore eu cette occasion et on s’apprête à prononcer la sentence. (…) Nous étions sous l’impression que les accusations – une quarantaine en tout nous a-t-on dit – seraient dévoilées rapidement. On nous laisse maintenant sous l’impression qu’elles ne le seront jamais. (…) Mais il ne peut se défendre publiquement d’accusations qui ne sont pas encore publiques. » Je réagissais au vote de non-confiance à l’égard de Jean Léveillé qui avait été adopté par le Conseil des écoles catholiques la semaine précédente. Une situation sans issue!

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Il m’avait enseigné en troisième année à l’Académie Saint-Joseph de Hawkesbury et il était aussi principal de cette école. En première année, il m’avait administré le martinet; en troisième année, je crois que j’étais devenu son élève chouchou. Le journal du 16 novembre 1977 rapporte qu’Horace E. Dubois, à tout juste 61 ans, est décédé. Il résidait à Ottawa depuis une vingtaine d’années. À Hawkesbury, il s’était fait connaître dans le milieu scolaire évidemment, mais il avait aussi été préfet de la ville de Hawkesbury et, à ce titre, siégeait au Conseil des comtés unis de Prescott-Russell. Aux élections provinciales du 9 juin 1955, il avait échoué dans sa tentative de déloger le député et ministre conservateur Louis-Pierre Cécile. Il avait été président régional de l’Association canadienne-française d’éducation, l’organisme qui avait devenu l’Association canadienne-française de l’Ontario. Il avait même collaboré au journal Le Carillon en 1954-1955 sous le pseudonyme de J. Voisclair et avait été correspondant local du journal Le Droit. « Il a enseigné à l’École secondaire régionale de Hawkesbury avant de devenir inspecteur d’écoles vers 1957. Par la suite, il a été surintendant des écoles françaises pour le Conseil scolaire d’Ottawa, jusqu’à sa retraite il y a deux ans. (…) Depuis toujours, M. Dubois a été un ardent défenseur des droits des Franco-Ontariens dans tous les domaines, mais particulièrement en éducation. »

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