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Premiers jours à l’école (1911)

Je n’ai pas trouvé de date pour ce poème, mais je tiens pour acquis qu’il est de la même période que les autres. Je parierais aussi que nombre d’enfants, aujourd’hui, vivent des émotions semblables lors de leur première rentrée de classe… Mais de nos jours, ils sont beaucoup plus jeunes que les sept ans de ma mère, la norme à cette époque. J’ajoute qu’un jour, ma mère est elle-même devenue enseignante.

Je pense que l’on se souvient toujours
De notre première année en classe,
C’est comme pour nos premières amours,
D’en parler, jamais on ne se lasse.

Un jour, je partis très tôt, je crois
Avec plusieurs conseils de ma mère,
J’eus l’impression d’aller tout droit
Vers en endroit rempli de mystères.

Après une marche de près de deux milles
Je vis une toute petite école bleue
Et à côté, des garçons et des filles,
Qui m’invitèrent à me joindre à eux.

La maîtresse avec un beau sourire.
Nous dit ce que nous avions à faire
Et je compris que vite je saurais lire
C’était là, mon désir le plus cher.

Les yeux fixés sur le tableau noir
Je vis qu’il enseignait un langage
Qu’il fallait regarder pour bien voir
Et copier tous les mots sur nos pages.

J’appris des mots nouveaux, étonnants,
Des jeux amusants, drôles à la fois,
Je trouvais ça très intéressant
Je racontais tout rentrant chez moi.

Ces premiers jours furent le commencement
D’une série de livres, crayons, cahiers,
Qui nous aident à devenir savants
Pourvu qu’on continue d’étudier.

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Portraits d’objets : opus 4

Ce portrait a été rédigé vers la fin d’avril 1995.

À première vue, l’objet retient l’attention. Sa variété ne connaît pas de limite. Son contenu non plus. Sa forme, essentiellement identique d’une variété à l’autre, ne sème aucun doute quant à sa nature. Pour ceux et celles qui savent l’utiliser, le plaisir qu’il dégage n’a pas de pareil.

Si l’avènement de l’électronique a sensiblement ralenti son usage, du moins en apparence, d’autres affirmeront qu’au contraire, l’électronique a attiré l’attention sur son existence. Si bien qu’il s’en produit quotidiennement des milliers à travers le monde. L’objet, de par sa nature, stimule la créativité. En fait, nous pourrions affirmer qu’il est le symbole même de la créativité humaine.

Car cet objet n’a pas de frontières. Les citoyens de toutes les nations en ont une forme ou l’autre. Parfois, le même contenu. Parfois, le reflet des goûts locaux. Parfois volumineux. Parfois petit. Son contenu en fait son importance. Dans une certaine forme, l’objet devient prétexte à vénération. Dans une autre forme, l’objet est banni.

Si on juge une bonne bouteille à son contenu, il en va de même de cet objet. Comme le bon vin et le bon alcool, ses effets peuvent être savoureux, autant qu’ils peuvent mener à l’excès. Si bien que dans certaines sociétés, on voudra vous en priver; ou tout au moins en contrôler le contenu. Et on sait que 451 degrés Fahrenheit auront un effet dévastateur sur l’objet : l’objet se consumera.

L’objet vaut quelques dollars jusqu’à des milliers de dollars. Les plus petits vont dans votre poche; les plus gros prennent beaucoup de place. Ces objets ont souvent leurs magasins spécialisés, comme on retrouve des édifices publics qui leur sont exclusivement consacrés. On en trouve dans des musées, dans des églises, dans des bureaux, dans des maisons, dans les sacs à main comme dans les poches de veston.

Cet objet est entièrement sous notre contrôle. On peut en faire ce qu’on veut, au rythme que l’on choisit, quand on veut l’utiliser ou non. Malheureusement, certaines personnes n’ont pas la capacité d’en profiter. Ou bien ils en sont physiquement incapables. Ou bien ils en sont mentalement incapables. Ou bien ils n’ont tout simplement pas appris à s’en servir.

Cette accumulation de 36 petits éléments différents, certains accentués plus que d’autres, certains plus minuscules que d’autres, fait en sorte que le livre demeure l’objet à la base de notre développement individuel.

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Pas facile ce métier de comédienne

Marie Tifo, la comédienne québécoise dont la réputation n’est plus à faire, nous a offert toute une prestation hier soir à la Salle Odyssée de Gatineau. Ce n’est pas évident de tenir la scène, seule, pendant 80 minutes, et de mémoriser un texte en conséquence. « La Déraison d’amour » reprend des lettres que Marie de l’Incarnation, fondatrice du couvent des Ursulines à Québec il y a quatre siècles, avait écrites à son fils, en France.

La scène est simple. Un plateau circulaire entouré de rideaux. On y voit trois boîtes : une petite, une moyenne, ces deux-là carrées, et une autre plus rectangulaire. Cette dernière allait se transformer, vers la fin, en lit de mort ou en cercueil… je n’en suis pas sûr. J’avoue que pendant le premier tiers, mes yeux se fermaient malgré moi. Était-ce la longueur du spectacle ou l’effet du porto que j’avais pris au Play avant le spectacle?

Quoi qu’il en soit, le rythme est devenu plus soutenu dès que la scène s’est mise à tourner et changer de position; les rideaux se déplaçaient selon l’image que voulait donner le texte. À partir de ce moment, il était difficile de ne pas concentrer sur la prestation et le texte de Marie Tifo. Inutile de mentionner qu’elle a eu droit à toute une ovation de satisfaction de la part des spectateurs.

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La vie tout court

Ma mère disait à sa façon « Bye Bye » à une année qui se terminait. Celui-ci disait adieu à 1985 et elle l’a pondu le 28 décembre 1985. Mais chacun de nous pourrait l’écrire à la fin de chaque année. Elle y associe bonheur à la vitesse du temps; je comprends mieux pourquoi le temps passe si vite!

Aujourd’hui, c’est ce que l’on tient
Pour un instant, entre nos mains.
Hier, c’est le passé
Qui ne revient plus.
Aujourd’hui, c’est le rêve
L’aventure et l’espoir.
Hier, n’est jamais vraiment oublié,
C’est une partie de nous-même
Qu’on laisse derrière soi
Et qui nous suit toujours.
Aujourd’hui, c’est le nouveau
C’est une page blanche
Qu’il faut remplir bon gré, malgré
Et qu’on pourra relire tout haut.
Les heures s’écoulent une à la fois
Très lentement si on est malheureux
Mais très très vite si on est heureux
Car le bonheur est capricieux.
Notre aujourd’hui deviendra sous peu
Hier… que l’on regrette souvent
Et le temps qui nous rend vieux
Ne changera pas notre cœur d’enfant.
Aujourd’hui, impossible de le retenir,
Il va rejoindre « hier » dans nos souvenirs
Dans l’histoire de notre vie,
La vie tout court, la vie de tous les jours.

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Je n’y suis plus, Dieu merci!

Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes ont confirmé par communiqué aujourd’hui l’échec des négociations que les deux parties avaient amorcées le 21 octobre 2010. Le Syndicat a demandé au gouvernement du Canada de nommer un conciliateur. De son côté, le Syndicat mentionne qu’ils pourront être en position de grève vers la fin d’avril.

Cela me rappelle de mauvais souvenirs. En août 1991, mon directeur des Relations avec les médias me rappelait de mes vacances pour aller m’enfermer au Château Laurier, en compagnie de deux autres collègues (aujourd’hui décédées), pour traiter les médias pendant la durée des négociations. Nous devions finalement y rester pendant trois mois, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, jusqu’au travail en novembre. Évidemment, comme dans toute grève quelle qu’elle soit, personne n’était sortie gagnante de ces négociations catastrophiques. (Certains se souviendront que Postes Canada avait tenté de maintenir ses services au pays pendant la grève.)

Mais voilà, je n’y suis plus. Et le risque d’être convoqué est maintenant inexistant.

Je souhaite quand même à tous mes anciens collègues du courage et de la patience. La constitution de ce syndicat interdit toute forme de collaboration avec l’employeur, séquelle d’une longue histoire de militantisme syndical.

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Portraits d’objets : opus 3

Celui-ci remonte à la fin d’août 1994.

À première vue, l’objet vous porte à réfléchir et ce que vous croyez voir est en fait une variation de la réalité. Bien sûr, on peut s’y tromper. Ce que l’œil voit, l’esprit interprète. Mais il faut aller au-delà de l’interprétation.

Cet objet est la source d’embellissements d’égos. Plus l’égo est grand, plus l’objet est important. Certains y verront ce que d’autres ne verront pas. S’il n’y a pire aveugle que celui qui refuse de voir, il doit n’y avoir pire orgueilleux que celui qui voit ce qu’il croit voir.

Je vous mêle. Vous croyez l’image confuse, pourtant elle ne pourrait être plus claire. À moins, évidemment, que l’objet ne soit pas aussi parfait qu’on l’imagine.

Cet objet est partout autour de nous, on le tient souvent pour acquis. Il peut être à la fois utile et décoratif. Il peut être d’une variété de formes et de couleurs. Il peut être à la fois source de satisfaction et de malheur. En fait, un tel malheur pourrait se prolonger pendant plusieurs années affirmerait un superstitieux.

Mais là n’est pas l’essentiel. De tout âge l’objet nous fascine. En fait, certains petits animaux à plumes en raffolent. C’est significatif de son rôle dans la vie qui nous entoure.

Tout petit, l’objet nous a permis la découverte. En fait, il nous a permis de constater qui nous étions. Chacun de nous sait que l’expérience a été faite, mais aucun ne peut affirmer s’en souvenir. Ainsi va la vie.

À l’adolescence, l’objet est tout à coup devenu un des points centraux de la vie. Qu’on soit gars ou fille, on y passe des heures dans une semaine. On n’a pas toujours aimé ce qu’on y voit. En fait, on a souvent passé des heures à transformer la réalité. Souvent, on ne voulait tout simplement pas que d’autres y voient la même chose.

Vous aurez bien sûr devinez que je vous parle d’un… miroir.

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La politesse est-elle disparue de notre société?

À l’émission de Christiane Charette de ce matin du 20 janvier, une longue discussion intéressante sur les « mots » ou les « maux » courants. À la toute fin, la panéliste Denise Bombardier a souhaité le retour de la « politesse » dans notre société.

C’est vrai qu’être poli n’a plus la même importance que dans ma jeunesse. Mais notre société a changé depuis. Vous aurez remarqué que je n’ai pas utilisé le mot « évolué » pour décrire notre société, parce que dans le contexte de la politesse, je ne suis pas sûr que l’on puisse parler d’évolution.

Quoi qu’il en soit, la question porte à réflexion. L’encyclopédie en ligne Wikipédia la définit ainsi :

Elle demeure un ensemble de règles acquises par l’éducation. Elle comporte une double finalité : faciliter les rapports sociaux en permettant à ceux qui en usent d’avoir des échanges respectueux et équilibrés ; faire la démonstration de son éducation et de son savoir-vivre. Au cours des siècles, certaines règles de politesse se sont figées alors que d’autres évoluaient. De tous temps, des auteurs ont formalisé et rassemblé ces règles dans des traités dits « de civilité » (autrefois) ou « de savoir-vivre » (aujourd’hui).

La politesse se traduit tous les jours par l’utilisation de certains termes comme bonjour, au revoir, bienvenue, s’il vous plaît, ou merci, et par des attitudes spécifiques : sourire à qui vous parle, adapter sa tenue aux circonstances…

Vous aurez remarqué que le discours « poli-tique » est devenu un exemple flagrant d’impolitesse. Si c’est bon pour les leaders politiques, c’est forcément bon pour ceux et celles qui les élisent; oui ou non?

Au magasin, on se bouscule pour devancer la personne devant soi. Les portes s’ouvrent souvent seules; donc, on a pris l’habitude de ne plus ouvrir la porte pour la personne qui nous suit là où elles ne sont plus automatiques.

Je pourrais m’éterniser, mais vous aurez assurément fait les mêmes constatations.

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L’âge d’or

Pour rester dans le même thème du vieillissement, voici ce que je crois être le premier poème que ma mère avait pondu, en août 1984, après notre conversation à l’hôpital. Elle avait eu 80 ans le 3 juillet précédent. Elle y fait référence à ses arrière-petits-enfants. Il m’arrive souvent de songer à elle et à mes quatre petits-enfants. Mon Dieu qu’elle les aurait adorés! Le titre, encore une fois, est le sien comme ce sera toujours le cas quand je vous en offrirai un. En passant, vous remarquerez qu’il s’agit d’un acrostiche à partir de ses prénom et nom.

C’est merveilleux avoir quatre-vingts ans!
Est-ce que l’on pense à ce qu’on a vraiment?
C’est en tout cas, avoir plus de sagesse,
Infiniment mieux, qu’avoir la richesse.
Les jours s’enfuient, les bons moments aussi,
Et l’on voit la famille qui s’agrandit,
Faire le compte des arrière-petits-enfants,
Il en arrive presqu’à tous les ans,
Les voir grandir, parler de leur avenir
Illumine nos plus précieux souvenirs.
Oublier nos peines, même nos cheveux blancs,
N’est-ce pas ainsi que l’on vieillit doucement?

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Portraits d’objets : opus 2

Rédigé vers le 22 juin 1994.

Les Romains, les Grecs, les Égyptiens, les descendants des Mayas protègent leurs ruines. Ce sont les symboles «spectaculaires» de leurs grandes civilisations millénaires.

Notre civilisation nord-américaine se mesure encore en siècles. Nos ruines, nous les rasons. De toute façon, il n’y en a pas beaucoup de grande valeur.

Il y a pourtant de ces ruines que nous semblons chérir. Je vous en dessine d’ailleurs un portrait. Elles sont là, en pleine nature, attendant que les archéologues du XXIIesiècle les brossent de leurs poussières pour révéler les secrets de leur époque.

Ces ruines sont le symbole du XXesiècle. Certains s’y réfèrent comme étant des carcasses. Une carcasse, c’est charnel; une ruine, c’est matériel. Il n’y a pas de vie dans celle que je vous décris. Quoiqu’elle ait servi à porter l’être humain.

Pourtant son cœur nous a rapprochés. Et plus nous lui avons appris à battre plus vite, plus il réduisait l’éloignement.

Dans certaines occasions, ces ruines sont dépouillées de tout. Marquées de signes du passage du temps. Reflétant les abus d’une race insouciante. Les Antiques érigeaient des monuments à leur civilisation, pour qu’ils durent éternellement. Nos ruines n’ont pas vécu longtemps. Elles ne vivent pas longtemps.

Mais c’est ce qui nous reste. Sur la route de Percé, l’autre jour, j’en ai vues des centaines, sinon des milliers, qui jonchaient le paysage. (Je ne les ai pas comptées, il y en avait trop.) Ce ne sont pas symboles de grandeur. Mais symbole de déchéance. De négligence. Une insulte à la Nature.

J’oserais dire une insulte à l’être humain que nous sommes. J’avoue ne pas comprendre pourquoi nous y laissons ces ruines… ces «carcasses» de vieilles automobiles abandonnées.

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Quand est-ce qu’on devient vieux?

Ma mère a pondu ce poème le 28 février 1985. Réagissait-elle à mes commentaires de l’été précédent à l’effet qu’elle « ne vieillissait pas » mais qu’elle était « vieille » et qu’elle ne devait plus s’en faire? Ma mère a vécu jusqu’à 90 ans, en passant. Le titre est le sien.

Lorsque j’avais dix ans
Je pensais que c’était à vingt ans,
Mais rendu à vingt ans
Je me suis dit : prenons notre temps
Je veux avoir trente ans,
Il faut que je m’occupe des enfants.
Tiens! déjà quarante ans,
Comme le temps passe vite, c’est surprenant!
On devient vieux comment?
Je dois y penser de temps en temps,
Puis voilà, cinquante ans,
Je regarde tous mes petits-enfants
Et je les aime tant
Que j’oublie bientôt tous mes tourments.
Mon Dieu, j’ai soixante ans,
Je n’y avais pas pensé souvent,
J’ai plusieurs cheveux blancs
Allons-y pour soixante et dix ans.
Repose-toi grand-maman,…
Tu ne peux plus travailler maintenant.
Est-ce qu’on est vieux vraiment
Quand on a atteint quatre-vingt ans?