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Le dimanche, ça commence à quelle heure?

Les propos du curé de la paroisse St-Dominique de Hawkesbury et vicaire épiscopal de la zone 6 du diocèse d’Ottawa, Mgr Gérard Charrette, occupent quasiment les deux tiers d’une page dans l’édition du 24 août 1972 du journal Le Carillon. Dans son texte, Mgr Charrette écrit avoir « remarqué, et plusieurs de mes confrères aussi, que plusieurs fidèles d’abstiennent de la messe dominicale quand ils ont assisté à une messe privée de mariage le samedi après-midi ». Il y rappelle que « c’est samedi, le 30 janvier 1971, que la messe dominicale le samedi soit entra en vigueur dans le diocèse d’Ottawa ». Il soulignait que « le plus grand nombre des autres pays du monde ont encore un dimanche de 24 heures, et non d’une trentaine d’heures ». Et il ajoutait que dans le diocèse, « pour la région de Hawkesbury, il a été convenu que la messe dominicale ne devancerait pas 7 heures du soir. Il est donc très clair qu’il n’est pas laissé à chacun de décider si sa messe de mariage ou de funérailles du samedi après-midi puisse compter pour sa louange dominicale. Ces messes restent des messes privées et non l’hommage public de toute la Communauté à son Seigneur. » Le bon curé a dû se retourner dans sa tombe quand la messe « dominicale » du samedi est passée à 5 heures de l’après-midi dans la plupart des paroisses. Et bien sûr, les églises se sont vidées depuis l’époque de Mgr Charrette.

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Si le hockey n’est pas une religion au Canada, le lecteur du journal du 24 août 1972 aurait pu croire le contraire. Le journal reproduit un communiqué de la société Radio-Canada sur la série Canada-Russie, celle regroupant des joueurs de la Ligue nationale. « Pour bien des amateurs, il s’agit d’un rêve qui devient une réalité. Jamais au Canada pareil enthousiasme n’a été soulevé autour d’un événement sportif. » Le hockey est plus qu’un sport national selon Radio-Canada. « C’est un élément de culture sur lequel repose la fierté de tout un peuple. » Le communiqué cite l’inoubliable René Lecavalier, qui assurerait la description des matchs, et pour qui il était indispensable qu’une telle série ait lieu. « Certains vont même jusqu’à dire que ce sera l’événement sportif du siècle. » Évidemment, les Canadiens seront rivés à leur petit écran pour les matchs en sol canadien des 2, 4, 6 et 8 septembre, alors que ce sera de même pour les parties en sol soviétique des 22, 24, 26 et 28 septembre. Le reste, comme on dit, fait partie de l’histoire.

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C’était tout un changement que le gouvernement ontarien avait apporté à ses lois électorales. Comme l’explique un texte dans l’édition du journal Le Carillon du 31 août 1972, en Ontario, lors des prochaines élections scolaires, « les catholiques pourront appuyer le secteur de leur choix ». Les électeurs catholiques qui ne sont ni propriétaires ni locataires auront « le choix d’être inscrits comme contribuables des écoles séparées ou des écoles publiques pour la première fois cette année ». Jusque-là, le droit de vote aux élections municipales et scolaires était réservé aux propriétaires et locataires. « La nouvelle loi permet aux catholiques qui ne sont ni propriétaires ni locataires, comme les conjoints, les étudiants, les chambreurs, de même que les prêtres et les religieuses, de voter lors des prochaines élections de conseils pour les écoles séparées catholiques, si tel est leur choix » et cela s’appliquait à tout électeur de 18 ans et plus.

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Septembre

Ma mère a rédigé ce poème le 27 septembre 1985.

C’est déjà la fin de l’été,
La nature semble se reposer,
La terre dans toute sa splendeur
A produit de magnifiques fleurs,
Des blés dorés, des fruits sucrés
Et tant de choses bonnes à manger
Sans oublier la fameuse pomme
Qui fit « pécher » le premier homme.

Autour de nous, les cris joyeux
Des enfants qui étaient heureux
De profiter du bel été
Se font plus rares et espacés.
Tous les enfants petits et grands
À l’école se rendent prudemment
Pour y puiser à pleines mains
Le savoir pour bâtir « demain ».

Septembre voit les fleurs fanées,
Les hirondelles sont envolées.
On sent autour de nos maisons
Les vents parfumés des saisons.
Le soleil semble faire un effort
Pour nous donner ses rayons d’or,
Car on doit tous être en bonne forme
Pour accueillir le bel automne.

 

Note du blogueur : J’ai encore quatre poèmes de ma mère qui sont liés à l’hiver et à Noël. Je les publierai en temps utile.

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Gilbert Patry succède à Rhéal Leroux

Hawkesbury n’avait plus de directeur des loisirs depuis le 15 mai et il aura fallu trois mois pour trouver un successeur à Rhéal Leroux. Dans le journal Le Carillon du 3 août 1972, on apprend que Gilbert Patry, de Témiscamingue, est le nouveau directeur des loisirs. Il touchera 10 000 $ par année (Leroux recevait 7 500 $). « Outre M. Patry, trois autres candidats sollicitaient le poste de directeur municipal de loisirs. Il s’agit de MM. Pierre Benson, de Rockland, de Jacques Lortie, de Hammond, et John Le Vasseur, de Swift Current, en Saskatchewan. » Quant à Patry, son poste à Témiscamingue avait été aboli, conséquence directe de la fermeture de l’usine locale de la CIP.

Par contre, dans l’édition du 10 août 1972, on apprend que « le Comité municipal des loisirs serait sur le point d’être dissous ». Les membres du Conseil n’étaient pas satisfaits du travail des membres du comité et de « leur inaptitude à faire fonctionner le programme estival des loisirs ». La question ne sera débattue que plus tard.

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Sa prestance, sa voix, sa gentillesse. On ne pouvait ignorer la présence de l’ancien chef de police Rémi Lecôt lorsqu’il se trouvait en quelque part. Il était presque le stéréotype du policier idéal. Dans l’édition du 3 août 1972, il est question de la fête qu’on lui a réservée à l’occasion de sa retraite de la Sûreté municipale. Il y avait passé 29 années. Plus de 250 personnes s’étaient réunies à la grande salle du motel Holiday pour souligner l’occasion. Dix ans après son arrivée à Hawkesbury, en 1953, « il accédait à la direction de la Sûreté municipale jusqu’à sa démission en 1966, pour des raisons de santé ». Il était toutefois demeuré à la Sûreté, mais comme adjoint du nouveau chef Wilfrid Villeneuve, qui avait été son collègue depuis 1943. Rémi Lecôt était né à Ville Saint-Laurent et il avait « épousé en deuxièmes noces Mlle Esther Bruneau, la sœur de l’ancien maire Victor Bruneau ». Rémi Lecôt était le père de Bruno, qui occupe ces jours-ci le poste de directeur général du Concours international de labours (20 au 24 septembre) à Chute-à-Blondeau.

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Le Conseil municipal de Rockland sera doté d’un comité dont le mandat sera de mousser la construction d’un nouveau pont « entre l’Ontario et le Québec ». Le maire Roger Charron explique, dans l’édition du 3 août 1972, que « la construction d’un tel pont au-dessus de la rivière Outaouais faciliterait les relations entre les citoyens des deux provinces voisines ». Les seuls ponts reliant les deux rives étaient à Ottawa et à Hawkesbury. « Parmi les avantages que procureraient le futur pont, M. Charron a cité la facilité qu’auraient alors les résidents du Québec d’accéder à l’autoroute 417 présentement en construction du côté ontarien. » C’était avant que l’on parle de l’autoroute 50. Les débats autour de la construction d’un nouveau pont se poursuivent toujours, mais c’est plutôt pour en construire un autre près d’Ottawa et non entre Cumberland et Hawkesbury, comme le réclamaient les autorités municipales de Rockland.

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Belle-Rivière? Non, ça se dit mal en anglais.

Tout le monde connaît forcément le nom de Mirabel, l’endroit où a été construit un immense aéroport qui devait répondre aux besoins de transport aérien pour la région de Montréal pendant des décennies et qui ne sert presque plus à rien aujourd’hui. Mais dans l’édition du 20 juillet 1972 du journal Le Carillon, on apprend que le nom choisi par les autorités municipales de l’époque n’était pas Mirabel, mais plutôt Belle-Rivière. « Le Conseil municipal de Sainte-Scholastique a retenu le nom de ‘Belle-Rivière’ pour désigner la nouvelle entité municipale, après avoir invité la population à se prononcer lors d’un sondage. Au cours de ce sondage, 214 citoyens avaient choisi le nom de Mirabelle (sic) contre un peu moins de 200 en faveur de Belle-Rivière ». Par ailleurs, d’autres noms avaient été suggérés lors du sondage, soit « La Vérendrye, Belle-Mont, Sauvé et Chénier ». Bien sûr, ce serait Mirabel qui deviendrait éventuellement le nom officiel. Pourquoi? Parce que la décision ultime relevait du gouvernement fédéral et que « dans plusieurs milieux, on croit en effet que le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial élimineront ce choix pour la simple raison que ce nom est difficile à prononcer en anglais, langage international de l’aviation ».

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La fréquence des accidents mortels s’accentuait sur la route 17 et les autorités locales souhaitaient que le gouvernement ontarien accélère la construction de la nouvelle autoroute 417. Le gouvernement provincial a écouté les doléances et décide d’accélérer les travaux afin que l’autoroute puisse être terminée en 1974 au lieu de 1977. Il en est question dans l’édition du 20 juillet 1972 du journal Le Carillon. « Du côté québécois, l’autoroute no 40, la voie à laquelle se rattachera la future 417, est complétée depuis déjà plusieurs années. Cette autoroute a en effet été parachevée peu avant l’ouverture de l’Exposition internationale de Montréal en 1967. » L’article rappelle que la 417 évitera les deux principales villes des comtés unis, soit Rockland et Hawkesbury. « Quant à l’autoroute 417, les travaux de construction ont été entrepris en 1969 et à cette époque, les autorités ontariennes prévoyaient qu’ils se poursuivraient pendant une période de dix ans. Le coût de cette voie rapide a été estimé à $65,000,000. De cette somme, un montant de $43,700,000 a déjà été dépensé. On prévoit maintenant que la balance des crédits nécessaires à la construction de l’autoroute sera votée lors de l’adoption du prochain budget ontarien. »

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Un article du 27 juillet 1972 rappelle que les employés de l’Hydro-Ontario sont en grève depuis dix-sept jours que les « cultivateurs ontariens perdent des milliers de dollars ». Selon l’article, des pannes d’électricité s’étaient prolongées pendant plus de 48 heures à certains endroits « entraînant l’asphyxie de centaines de poulets et la traite des vaches laitières n’a pu être effectuée dans plusieurs endroits à cause du manque d’électricité ».

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Les hautes instances du Parti libéral du Canada ont eu gain de cause. Torrance Wylie ne sera pas candidat à la succession de Viateur Ethier comme porte-étendard des libéraux dans Glengarry-Prescott-Russell. On y fait référence dans l’édition du 27 juillet 1972 du journal Le Carillon. La décision de Wylie laissait donc le champ libre au frère du député Viateur Ethier, Denis Ethier, au préfet de la ville de Hawkesbury, Philibert Proulx, à l’homme d’affaires de Hawkesbury et L’Orignal, Germain Tessier, ainsi qu’au préfet de la ville de Rockland, Fernand Boucher.

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Une première grève… mais pas la dernière

Industrial Fasteners (Ivaco) vient à peine d’ouvrir ses portes dans le canton de Longueuil. Les 102 employés sont membres des Métallos d’Amérique (United Steelworkers of America) depuis moins de six mois et ils déclenchent la première d’une longue série de grèves qui allaient paralyser cette usine au fil des années. L’article du 15 juin 1972 laisse supposer que la grève « serait longue ». Il semble que cela faisait l’affaire de l’employeur. « Du côté patronal, les dirigeants de la compagnie veulent profiter de la grève pour nettoyer l’intérieur de l’usine et effectuer quelques réparations. » Les grévistes voulaient « que le salaire de base à l’usine soit porté de $2.12 à $2.75 dès la première année du contrat de trois ans ». L’employeur offrait une majoration immédiate de 30 cents l’heure, « avec des augmentations proportionnelles à chacune des deux années suivantes ». La grève ne durera finalement que quelques jours. Les employés acceptent un salaire de 2,71 $ l’heure, ce qui n’est pas loin de leur première demande.

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Lucienne Bruneau était une « institution » à Hawkesbury. Elle avait enseigné à quelques générations d’enfants aux écoles Bonsecours (note du blogueur : je n’ai pu trouver où se situait cette école à Hawkesbury), Christ-Roi, Sacré-Cœur, Marguerite-Bourgeois, St-Joseph puis Paul VI. C’est de cette école que « Mlle Bruneau » prend sa retraite à la fin de juin 1972. On lui organise une fête comme il se doit et Le Carillon du 6 juillet 1972 lui consacre presque une page. Elle a été collègue de ma femme pendant sept ans à l’école Paul VI.

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Il vient à peine d’arriver à Ottawa en avril 1971 et il s’est propagé depuis lors au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et dans les Territoires-du-Nord-Ouest. Il sera utilisé d’un bout à l’autre du pays au début de 1974, mais dans l’Est ontarien il sera en vigueur à compter du début de juillet 1972. Le Carillon du 6 juillet 1972 parle évidemment du nouveau « code postal ». « Le code postal canadien, ‘unique en son genre au monde’, vise à faciliter le tri du courrier et sa distribution. » Un long article explique le fonctionnement du code postal et sa formulation « ANA NAN » (alpha numérique alpha, espace, numérique alpha numérique). Aujourd’hui, le code postal est devenu un outil essentiel dans le traitement et l’acheminement du courrier pour Postes Canada mais aussi tous ses concurrents, ainsi que dans les campagnes de marketing ciblé. On le tiens pour acquis.

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Les membres du Conseil municipal constatent leur erreur du passé, mais doivent subir les conséquences. Un article dans Le Carillon du 13 juillet 1972 laisse entendre que les membres du Conseil « sont écœurés » de l’inaction dans l’organisation des loisirs de Hawkesbury. Rien ne va plus dans les loisirs depuis le départ de Leroux et son successeur n’a pas encore été embauché; des membres du Conseil s’en prennent au Comité des loisirs qui n’observe pas les recommandations du Conseil. « Les membres du Conseil ont d’ailleurs décidé que le système des loisirs serait démantelé, révisé et entièrement réorganisé dès que le nouveau directeur des loisirs aura été embauché. » On ne veut pas perdre ses pouvoirs du passé. Trop de chefs gâtent la sauce, manifestement!

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Le directeur des loisirs veut être congédié; il l’est

Ce n’était pas facile travailler pour l’administration municipale de Hawkesbury au début des années 70. Le directeur des loisirs Rhéal Leroux, en permanence depuis à peine une année (il avait été embauché à temps partiel le 1er novembre 1970 et était devenu permanent le 1er mai 1971), demande et obtient d’être congédié. « Le congédiement de M. Leroux s’est produit très rapidement. La réunion de lundi soir entre les autorités municipales et le directeur des loisirs s’est déroulée très rapidement. Elle n’a guère durée plus de trente minutes. » C’est ce qu’on peut lire dans l’édition du 18 mai 1972. « Après avoir entendu les doléances des autorités municipales à son endroit, M. Leroux a expliqué qu’il ne pourrait demeurer plus longtemps au service de la ville, il a lui-même demandé son licenciement. Par un vote unanime, le Conseil a acquiescé à sa requête. » M. Leroux avait déclaré « qu’il poursuivra ses études en récréologie à l’Université de la Floride, à Tallahassee, à compter de septembre prochain ». Pourtant, les autorités municipales avaient manifesté leur grande satisfaction envers le travail de M. Leroux quant aux loisirs à Hawkesbury. Par contre, elles lui « reprochaient particulièrement son ingérence dans divers secteurs de l’administration municipale ». C’était un mal pour un bien; M. Leroux a quitté Hawkesbury, après avoir jeté de solides bases pour l’organisation des loisirs, pour se diriger vers un destin beaucoup plus grand et créatif. Aucune réaction au congédiement de Leroux dans les éditions subséquentes du journal Le Carillon. C’était essentiellement une question de pouvoirs, les autorités municipales refusant de trop en partager. Le Conseil avait également décidé que le successeur de Leroux en aurait moins. Notez en passant que Hawkesbury aura plusieurs autres problèmes avec ses directeurs des loisirs au fil des années. Je pense que « directeur des loisirs » et « conseillers municipaux » étaient des expressions incompatibles à Hawkesbury.

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Le Théâtre Laurentien annonce la projection d’un film qui devrait être très couru. « Les Films Mutuels présentent la révélation québécoise René Simard dans son premier film… Touchant!… Bouleversant!… Une grande production de Denis Héroux en couleurs. Un enfant comme les autres, avec la participation de papa, maman, Line, Odette, Régis, Jean, Nathalie Simard, Paolo Noël, Anne Renée, Jen Roger et Guy Cloutier. » Sans autre commentaire. Le film restera à l’affiche pendant quelques semaines à Grenville.

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Jean-Pierre Ferland avait pourtant attiré quasiment 1000 personnes à son spectacle précédent à l’école Paul VI de Hawkesbury. Cette fois, il avait donné rendez-vous à l’école secondaire régionale de Hawkesbury pour deux spectacles dans la même soirée. Moins de 150 personnes répondent à l’invitation et les organisateurs ne comprennent pas pourquoi. Bien sûr, Ferland ne reviendrait plus à Hawkesbury. On en parle dans Le Carillon du 1er juin 1972.

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À l’école secondaire régionale de Plantagenet, les étudiants ne veulent pas d’examens de fin d’année et ils déclenchent la grève pour faire valoir leurs doléances. La grève aura été de courte durée… du mercredi jusqu’à leur retour en classe le lundi suivant. Il en est question dans l’édition du 1er juin 1972. La majorité des 925 élèves étaient retournés en classe le vendredi après-midi, par contre, préférant attendre les résultats d’une rencontre avec les autorités scolaires avant de prolonger leur grève. En bout de ligne, ce sont les autorités scolaires qui ont gagné et les élèves ont subi les examens de fin d’année.

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La CIP… fermera ou ne fermera pas?

Les conditions économiques l’exigeaient et il était donc tout à fait normal que l’usine de Hawkesbury de la CIP adapte sa production en conséquence. « En 1971, l’usine de Hawkesbury a connu six périodes de fermeture qui ont totalisé plus de neuf semaines régulières de travail. » Mais en 1972, il n’y en avait eu aucune jusqu’alors. Dans son reportage à la télé de Radio-Canada le lundi 24 avril 1972, le journaliste Gérard-Marie Boivin était donc dix ans trop tôt dans son affirmation que l’usine de la CIP à Hawkesbury subirait le même sort que celle de Témiscamingue. Cette dernière usine allait d’ailleurs fermer ses portes le 31 mai suivant. En rapportant la nouvelle, Boivin avait également laissé entendre « que l’usine de Hawkesbury pourrait fort bien subir un sort identique dans un avenir très rapproché ». Évidemment, les démentis ont été rapides, à la fois de la direction de l’usine locale et de la société-mère. Le directeur de l’usine locale, Lawrence May, avait même affirmé être « optimiste quant à l’avenir de l’usine de Hawkesbury ». Il avait raison d’une certaine façon, mais le couperet allait éventuellement tomber. J’y reviendrai en temps opportun. L’article fait la manchette du 27 avril 1972. Et dans l’édition du 4 mai, le même Lawrence May annonce que l’usine sera fermée du 13 au 22 mai. « Une nouvelle diminution dans le nombre des commandes a obligé les dirigeants de l’usine locale à décréter le nouvel arrêt de travail. » C’était toujours la même explication à chaque fermeture.

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Dans ma chronique du 27 avril 1972, j’annonce l’arrivée de Michel Malboeuf au service de publicité du journal Le Carillon. Un peu à la manière des journalistes qui venaient au Carillon améliorer leurs techniques et acquérir de l’expérience pour aller ailleurs, Michel irait un jour au service de publicité du journal Le Droit avant de créer sa propre agence de publicité, Jamitel. Vers le milieu des années 90, il avait fondé un magazine économique afin de desservir la communauté franco-ontarienne. J’allais d’ailleurs devenir le rédacteur-conseil de ce Lien économique (je n’étais plus à l’emploi du journal Le Carillon) et la publication deviendrait provinciale à un certain moment. La mort prématurée de Michel, en mars 2002, allait interrompre d’autres de ses rêves. Le terrain de tennis d’Embrun porte d’ailleurs son nom.

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Les élections municipales et scolaires variaient d’une région à l’autre de l’Ontario et le gouvernement ontarien en avait assez. Comme le rapporte le journal Le Carillon du 27 avril 1972, « tous les conseils municipaux et scolaires de l’Ontario feront face à l’électorat le lundi 4 décembre prochain ». La loi fixait « à deux ans le mandat de tous les conseils municipaux et scolaires de la province, de sorte que toutes les municipalités et tous les conseils scolaires ontariens, y compris les gouvernements régionaux, seront sur un pied d’égalité le 1er janvier 1975 ». Le Conseil des comtés unis de Prescott et Russell s’était opposé aux intentions du gouvernement provincial, préférant des mandats de trois ans, « étant donné que la majorité ont déjà changé la durée de leur mandat à trois ans » dans les comtés unis. Les mandats de deux ans n’allaient pas durer longtemps; éventuellement, le gouvernement provincial les prolongerait à trois ans puis, depuis tout récemment, à quatre ans. Par contre, à Hawkesbury, cela serait différent étant donné que le mandat courant allait se terminer à la fin de 1973. Conséquemment, comme le précisait le maire Yvon Montpetit, « nous aurons des élections en décembre 1973, pour un terme d’un an, et en 1974 pour un mandat de deux ans ».

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Edouard Carpentier contre Zarinoff Leboeuf?

Les spectacles de lutte étaient très populaires à cette époque et même la télévision en diffusaient des rencontres. Il ne fallait donc pas se surprendre que la direction du Centre Mémorial de Hawkesbury négocie avec l’organisation jugée alors la meilleure en son genre. Le Carillon du 6 avril 1972 nous apprend que la lutte « Grand Prix » présentera des matchs à Hawkesbury. Il y avait déjà des combats de lutte, mais les partisans se plaignaient de la qualité des prestations. « La lutte ‘Grand Prix’ détient actuellement des contrats avec les meilleurs lutteurs de l’heure, soit les Édouard Carpentier, Jean Ferré, Don Leo Jonathan, Ivan Koloff, Jos Leduc, Billy Two Rivers, War Eagle, Dale Roberts, Gerry Brown et Zarinoff Leboeuf. » Il y avait foule lors de ces combats, le temps qu’ils ont duré.

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J’y fais référence dans ma chronique du 13 avril 1972. « Un film à ne pas manquer ‘The Godfather’, inspiré du célèbre roman de Mario Puzo. Il faudra toutefois ‘aller en ville’ parce que ce film ne passera pas prochainement dans la région, à moins que les propriétaires des cinémas locaux possèdent de bons ‘contacts’. ‘Le Parrain’ a battu tous les records jusqu’à maintenant partout où il a été projeté. »

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La grogne règne au sein de l’Association canadienne-française de l’Ontario. « La majorité des délégués au 23e congrès annuel de l’ACFO, réunis en fin de semaine à l’hôtel Skyline d’Ottawa, ont refusé de modifier de quelque façon l’orientation et la philosophie de ce mouvement franco-ontarien. Les décisions de l’assemblée, notamment l’élection de M. Omer Deslauriers à la présidence générale de l’organisme, ont jeté une douche d’eau froide sur les mouvements de contestation, nombreux au sein de l’ACFO depuis plusieurs mois. » La contestation se situait au niveau de l’animation socio-culturelle, que certains voulaient éliminer alors que d’autres voulaient la maintenir. « L’ACFO n’a pas pu, encore une fois, définir le programme d’animation et déterminer qui gérera ce programme, l’ACFO ou les animateurs eux-mêmes. » L’organisme éprouverait constamment des problèmes au fil des prochaines années et n’a jamais réussi à rallier totalement la diaspora franco-ontarienne. Omer Deslauriers, en passant, étant originaire de Hawkesbury.

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À Rockland, le projet d’un nouvel aréna retient les énergies de toute la population. Il faut un nouvel aréna, par exemple, pour permettre à la ville de conserver sa franchise de hockey de niveau junior B. Dans Le Carillon du 13 avril 1972, on apprend que le maire Georges Martin a même contribué un mois de son salaire à la levée de fonds pour le projet. L’objectif de la campagne était de recueillir 90 000 $. Rockland aura son nouvel aréna éventuellement, mais 40 ans plus tard ou presque, elle ne répondait plus au besoin. Le jeudi 25 août 2011, Rockland a célébré l’ouverture de sa nouvelle Académie internationale de hockey. En fait, il s’agit de nouvelles installations sportives propriété de la Cité de Clarence-Rockland, mais réalisée en partenariat avec l’Académie.

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« Savourer une Mark T’en, c’est comme vous rappeler la date d’anniversaire de votre femme… ça contente. » Texte d’une annonce dans l’édition du journal Le Carillon du 13 avril 1972.

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Deux pêcheurs auraient vu une « boule blanche » atterrir

Bon, ça recommence! « Le Comité national d’enquêtes sur les phénomènes aériens (NICAP), un organisme international dont le sous-comité canadien à Dollard-des-Ormeaux, au Québec, poursuit présentement une étude dans la région de l’Outaouais en rapport avec des phénomènes inexpliqués qui se sont produits à l’été de 1966. » C’est écrit comme ça dans l’édition du 30 mars 1972 du journal Le Carillon. C’est trop drôle; je reproduis le reste du texte dans son intégralité :

« NICAP a décidé de mener une enquête après avoir reçu des rapports de phénomènes aériens qui semblent reliés entre eux.

L’un de ces phénomènes concerne la découverte de ‘chats volants’ à Alfred, en juin 1966, ainsi qu’à Frenière et Belcombe, dans la région de Rouyn-Noranda, au cours du même mois.

Un autre rapport soumis à NICAP, expliqué par M. Clément Richard, le représentant de cet organisme qui recueille des renseignements sur les ‘chats volants’, indique qu’un juin 1966, près de Montebello, deux pêcheurs auraient aperçu une ‘boule blanche’ atterrir sur les bords de la rivière Outaouais. Selon le témoignage de ces deux individus, deux ‘êtres’ auraient débarqué de la ‘boule’ et auraient déposé des contenants de verre à proximité. Après que l’engin eut reparti, les deux pêcheurs se seraient approchés des contenants et auraient aperçu des animaux ressemblant à des chats enfermés à l’intérieur.

On se souvient qu’un chat ‘présumé volant’ avait été abattu par M. Marcel Rivers, d’Alfred, vers le 23 juin 1966. Les autorités du ministère des Terres et Forêts de l’Ontario, après une autopsie de l’animal, avaient expliqué que le chat était atteint de la rage et que les ‘ailes’ n’étaient que du poil.

M. Richard a précisé que beaucoup de personnes sont témoins de phénomènes aériens mystérieux et qu’ils ont parfois peur de rapporter ce qu’ils ont vu, craignant d’être ridiculisés.

M. Richard a d’ailleurs invité les personnes qui croient avoir vu des objets volants non identifiés (OVNI ou UFO) à communiquer avec le sous-comité canadien de NICAP, à la case postale 53, Dollard-des-Ormeaux, Québec, Le responsable de ce comité est M. Wido Hoville. »

J’avais totalement oublié cet épisode. En passant, les deux pêcheurs n’avaient jamais raconté leur histoire au journal Le Carillon après la publication de l’article sur le ‘chat-volant’ d’Alfred.

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Les candidats au dernier scrutin provincial avaient publié leurs diverses dépenses électorales et Paul Huneault/Marcel Desjardins conclut, dans Le Carillon du 30 mars 1972, que « faire de la politique ça coûte cher et très souvent les candidats n’ont pas tous une fortune personnelle qui leur permet de vivre l’aventure sans s’endetter et sans être au crochet de personne ». Évidemment, à cette époque, les lois électorales sur les dépenses et les dons ne sont pas aussi sévères qu’aujourd’hui. « D’où viennent les fonds » se demande l’éditorialiste. « Le problème est grave au niveau national et provincial où on a une peur bleue de la démocratisation des partis politiques canadiens. Dans certains milieux, on voit rouge dès qu’il est question de divulguer le nom des bailleurs de fonds du parti. » Il se réfère à la puissance de la « Big Blue Machine » de Bill Davis et se demande « qui, un jour, se lèvera dans son parti pour demander qu’on divulgue le nom des hommes d’affaires, des entreprises et des individus qui le subventionnent. Le gouvernement devait légiférer pour tenter de contenir les dépenses électorales afin de rendre les coûts d’une campagne accessibles au plus grand nombre. Il n’en a pas le temps. Il semble bien qu’on n’en soit pas encore là. » Mais les gouvernements y verront un jour.

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Si le député Viateur Ethier avait confirmé sa retraite de la politique, rien ne l’empêchait de préparer le terrain pour son successeur éventuel et l’inévitable élection. Dans Le Carillon du 30 mars 1972, on apprend que Rockland aura « un nouveau bureau de poste au coût de $67,980 » à l’angle des rues Laurier et St-Jean. La compagnie Rolland Duquette Construction Ltée, de Clarence Creek, avait obtenu le contrat.

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« Sensibiliser et humaniser la démocratie »

Nous sommes au début des années 70 et le défi est d’atteindre l’épanouissement de l’individu. C’est au moins l’opinion de Torrance Wylie, directeur national du Parti libéral qui prononce une conférence devant les membres du club Richelieu de Rockland. « Le défi des années 70 est d’atteindre une qualité de vie qui réponde aux aspirations des Canadiens et qui permette l’épanouissement global de l’individu. » Wylie, ne l’oublions pas, est à ce moment-là pressenti pour être le successeur du député libéral Viateur Ethier, qui a confirmé sa retraite de la vie politique. Wylie « croit que la législation future accordera un choix croissant au Canadien dans les décisions qui se rattachent aux valeurs personnelles, au niveau d’instruction et au genre et mode de travail ». Il a fait aussi référence au « besoin de sensibiliser et d’humaniser la démocratie qui dessert la citoyenneté ». Selon Wylie, « il est absolument essentiel que les fonctionnaires comprennent que les institutions bureaucratiques n’existent qu’en fonction du citoyen qu’elles se doivent de servir. » Le conférencier se demandait si « ces organismes ne vivent pas plutôt d’une vie interne qui leur est propre et qui place le citoyen et ses droits au second plan, sinon au tout dernier ». Il pourrait répéter ses propos aujourd’hui et ils seraient sans doute pertinents. Je me demande jusqu’à quel point Wylie a joué un rôle dans la conception de la Charte des droits et libertés si chère à Trudeau et qui serait adoptée plusieurs années plus tard. L’article est dans l’édition du 9 mars 1972.

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Cette fois c’est à Grenville. Claudette Laporte, 29 ans, sa fille Lise, 5 ans, ses fils Omer, 6 ans, Alain, 3 ans, Luc, 2 ans, Guy, 14 mois, et Jean, 4 mois, périssent dans l’incendie de leur demeure. « Les deux aînées, Annette, 9 ans, et Jocelyne, 8 ans, ont réussi à s’échapper en sautant par la fenêtre de la salle de bain et elles se sont rendues à l’épicerie de M. Martin Lowe, où les pompiers de Hawkesbury ont été appelés. » Il était 7 h 40 un lundi matin et le père Omer Laporte, 31 ans, était à son travail sur les chantiers du futur « aéroport international de Montréal à Ste-Scholastique ». Arnold Farms Ltd, de Grenville, avait un contrat pour le défrichage de l’emplacement de l’aéroport et c’est cette même entreprise qui était propriétaire de l’habitation de la famille Laporte. « Des tuyaux de poêle surchauffés sont à l’origine du sinistre », selon un représentant de l’escouade des incendies criminels de la Sûreté provinciale du Québec. Deux pages sont consacrées à cette tragédie dans l’édition du 16 mars 1972 du journal Le Carillon.

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Un court entrefilet dans l’édition du 16 mars 1972 annonce quelque chose qui allait éventuellement déterminer le sort de cette entreprise. « La Commission des relations ouvrières de l’Ontario tiendra une audience publique à l’hôtel de ville de Hawkesbury (…) dans le but d’entendre la demande d’accréditation syndicale des employés de l’usine locale de la compagnie Patchogue Plymouth, une division de la compagnie Amoco Canada Petroleum Ltd. Les employés veulent devenir membres du Syndicat international des travailleurs du bois d’Amérique. » Lors de l’audience, que j’avais couverte, la compagnie avait accusé le syndicat d’utilisation de tactiques malhonnêtes. L’entreprise alléguait également qu’un syndicat de l’industrie du bois ne pouvait représenter des travailleurs du secteur du textile. Des employés opposés à la venue d’un syndicat avaient reçu des menaces. En fin de compte, les employés avaient obtenu leur accréditation plusieurs mois plus tard. L’avenir ne serait pas rose pourtant. J’y reviendrai.