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Mon bras droit s’en va

« Nous travaillons tous avec un petit pincement au cœur cette semaine dans la salle des nouvelles. Un de nos confrères de longue date nous quitte pour d’autres défis. Charles Burroughs s’en va… » C’est ce que j’écrivais dans ma chronique du journal Le Carillon du 26 novembre 1986. « Pour moi, c’est une collaboration de 22 années qui s’achève (dont 14 dans la salle des nouvelles), non sans émotions. Nous en étions venus, au fil des ans, à une compatibilité professionnelle rare. Son absence sera énormément ressentie. Si le ‘producteur’ est remplaçable, l’’être humain’ ne l’est pas. Je lui souhaite publiquement le meilleur des succès dans son nouveau rôle au quotidien Le Droit d’Ottawa. »

Dans sa dernière chronique de la même édition, Charles expliquait que « la décision de quitter cette boîte où je travaille depuis près de 22 ans n’a pas été facile, et ce n’est qu’après mûre réflexion que j’ai voulu d’entreprendre une nouvelle carrière. On ne laisse pas derrière soi la moitié de sa vie sans quelques tiraillements. Par contre, le défi de travailler dans un quotidien m’attire de façon irrésistible et j’ai bien hâte d’entreprendre mes nouvelles fonctions, dès dimanche soir. Pendant plus de la moitié de ma vie, Le Carillon et l’Imprimerie Prescott & Russell ont fait partie de ma vie au même titre que ma famille. Il m’est pénible de me séparer de copains et de compagnons de travail que je côtoie depuis l’âge de 18 ans. Imprimeur pendant huit ans et journaliste pendant 14 ans, j’ai tâté de tous les métiers qui touchent à l’information et pour moi, il n’y aura jamais de plus noble tâche que celle d’informer le public des événements qui les touchent dans leur vie de tous les jours. »

J’en parle un peu longuement parce qu’à ce moment-là, j’étais aussi en « mûre réflexion » depuis de longs mois; en fait, je quitterais le journal moins de six mois plus tard. Avec le départ de Monique Castonguay et maintenant celui de Charles, ce sont des années de succès journalistiques qui s’éteignaient. Et l’avenir de la direction des Éditions André-Paquette s’annonçait différent de celui que nous avions anticipé. J’y reviendrai forcément.

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C’était tout nouveau et le gouvernement ontarien avait voulu bien publiciser cette nouvelle protection pour les travailleurs. Leur publicité du 26 novembre 1986 rappelait qu’une « nouvelle loi protégeant plus efficacement les travailleurs contre les agents toxiques vient d’être adoptée en Ontario ». Je tiens pour acquis que cette loi est toujours en vigueur.

« Que vous travailliez dans un bureau, une mine, une usine ou un atelier, il est possible que vous soyez dangereusement exposé à des agents biologiques ou chimiques sans même en avoir connaissance. Le 6 novembre, le gouvernement de l’Ontario a adopté une loi qui entrera en vigueur le 6 décembre 1986. Cette nouvelle loi assure une meilleure protection aux travailleurs sous deux aspects. Premièrement, elle impose une limite légale d’exposition à plus de 600 agents toxiques. Deuxièmement, elle oblige de réduire l’exposition aux agents toxiques en milieu de travail en ayant recours à des moyens propres à l’ingénierie, comme l’amélioration de la ventilation, plutôt qu’à des appareils respiratoires. »

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Mais maman, lui aussi fait pareil!

Le député libéral fédéral Don Boudria jouait bien son rôle d’opposition si l’on se fie aux réactions des conservateurs qui avaient décidé d’attaquer sa réputation. Dans l’édition du journal Le Carillon du 5 novembre 1986, on peut lire que « le député libéral de Glengarry-Prescott-Russell, Don Boudria, aurait lui-même, au dire d’un ministre conservateur, pratiqué le patronage du temps où il était sous-préfet du canton de Cumberland, en 1979. » En 2013, les conservateurs de Stephen Harper utilisent encore cette tactique de retourner l’attaque vers l’attaquant et le discréditer. À l’époque, la technique n’allait pas arrêter le député Boudria de critiquer le gouvernement Mulroney. « Critique virulent du patronage dont il accuse sans cesse le gouvernement conservateur depuis son élection en 1984, le député Boudria a admis avoir voté à l’époque en faveur de l’attribution de deux contrats d’une valeur globale de 82 000 $ octroyés à son beau-frère Ron Morris, un entrepreneur en construction. L’affaire a été lancée mercredi dernier par le ministre associé à la Défense, Paul Dick, qui venait tout juste de subir les foudres du député Boudria pour avoir embauché le maire adjoint d’Ottawa, Michael McSweeney, comme adjoint spécial. Le ministre associé a répliqué à cette accusation en encourageant les journalistes de la Presse canadienne à enquêter sur la conduite du député Boudria au moment où il était conseiller municipal à Cumberland. Le lendemain, des documents apparaissaient dans une enveloppe anonyme sur les bureaux de ces journalistes. » Boudria avait simplement noté qu’il s’agissait d’une « campagne de salissage de la part de ses adversaires politiques ».

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Un incendie de cuisson aurait provoqué l’incendie de l’édifice situé à l’angle des rues William et Principale, à Hawkesbury. L’article du 12 novembre 1986 explique que Gustave Chamaillard, 52 ans, a perdu la vie dans cet incendie. Les dommages avaient été évalués à plus de 600 000 $ à l’édifice qui abritait alors les commerces Boutique Monsieur, L’Entre-Deux et le Cadrart. « Une dizaine de personnes se retrouvent sans emploi momentanément. » L’édifice serait démoli un peu plus tard.

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La nécrologie de Rolland Brunette, de L’Orignal, est publiée dans le journal du 12 novembre 1986; il était décédé le 6. Rolland avait 70 ans et avait accumulé une longue carrière dans le monde des relations du travail et des ressources humaines. Il avait joué ce rôle à la Compagnie internationale de papier, puis avait été un arbitre et un médiateur pour le gouvernement fédéral. Il était le conseiller en relations du travail pour les Éditions André-Paquette et c’est comme ça que je l’avais connu. Un bonhomme coloré qui aimait la vie. Je l’ai aussi connu à sa résidence/chalet de la baie de L’Orignal où les petites fêtes s’éternisaient dans la nuit. Il adorait jouer au cribbage et il avait un piano dans le coin du salon. Nous nous y amusions grâce aux talents de Gaétan Pilon. J’ai toujours en ma possession un livre qu’il m’avait « prêté »… L’Archipel du goulag d’Alexandre Soljenitsyne.

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Du grand secret au grand public

Derrière les portes closes, il était difficile de bien juger les intentions des deux conseils scolaires de Prescott-Russell dans leurs discussions qui aboutiraient à la création d’un seul conseil scolaire de langue française, conformément aux dispositions de la nouvelle Loi 75 adoptée par le gouvernement ontarien. Il en avait été question, surtout de ce huis clos incompréhensible, dans plusieurs éditions précédentes du journal Le Carillon et dans l’édition du 22 octobre 1986. « Le groupe de travail sur la création d’un conseil scolaire de langue française dans Prescott-Russell a finalement cédé aux nombreuses requêtes et a adopté une résolution indiquant que toutes ses prochaines réunions seront publiques. » Le groupe était composé d’élus du Conseil d’éducation et du Conseil des écoles catholiques de Prescott-Russell et « est à élaborer l’allure et le fonctionnement » du nouveau conseil de langue française. « Actuellement, les écoles élémentaires catholiques de Prescott-Russell sont gérées par le Conseil des écoles catholiques et les écoles publiques non confessionnelles, six écoles élémentaires de langue anglaise et six écoles secondaires françaises et mixtes, sont administrées par le Conseil d’éducation. En gros, un conseil de langue française gérerait dorénavant exclusivement toutes les écoles françaises. » Ce n’est pas ce qui se produirait puisqu’il serait impossible d’intégrer les écoles catholiques et les écoles publiques sous un seul régime. Il y a aujourd’hui des conseils scolaires de langue française, mais un pour les écoles catholiques et un autre pour les écoles publiques.

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Malheureusement, l’expérience n’avait pas été concluante, mais l’idée était bonne. « L’Agence des services communautaires de Prescott-Russell a mis fin prématurément à son expérience de tarifs réduits de taxis pour la population âgée de Hawkesbury » peut-on lire dans l’édition du 29 octobre 1986. « Les tracasseries administratives, le peu d’intérêt manifesté par la clientèle cible et la formule elle-même ont été invoqués pour ce geste, au dire du coordonnateur de l’agence, André Bruneau. » Les billets permettant les tarifs réduits n’étaient accessibles qu’à la Caisse populaire et « les chauffeurs de taxi étaient réticents à manipuler les billets nécessaires ». Pourtant, un sondage réalisé précédemment auprès des personnes âgées avait laissé supposer qu’un tel service trouverait preneur auprès des clients cibles. « En mars, les deux parties en venaient à une entente qui offrait aux aînés une réduction de l’ordre de 12 %, à la condition qu’ils se procurent à l’avance des billets spéciaux vendus en livrets. » Mais tout n’était pas perdu. « Du côté positif, l’expérience nous a appris qu’il existe toujours un besoin criant pour une forme d’assistance au transport pour les personnes âgées. L’expérience ne s’est pas soldée par le succès attendu, mais plusieurs personnes âgées ont fait remarquer que les chauffeurs de taxi avaient pris une nouvelle attitude, se montrant plus prévenants à leur égard. Nous avons également appris, au moyen de cette expérience, la complexité de l’industrie du taxi, ce qui pour nous s’avère une leçon de grande valeur. »

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« Un fromager originaire de St-Isidore, Réjean Galipeau, a remporté au mois d’octobre, le concours du championnat du monde des fabricants de fromage qui se déroulait à Milwaukee au Wisconsin. Réjean Galipeau, qui habite maintenant Winchester, où il travaille comme surintendant de la division des fromages pour Ault Foods, a obtenu une note de 99 pour 100 pour son produit, un fromage cheddar. (…) C’était la première fois depuis 1964 qu’un Canadien remporte le championnat mondial. Jamais un Canadien-français n’avait décroché le titre. (…) Le concours de Milwaukee mettait aux prises pas moins de 600 concurrents de partout à travers le monde. Les meilleurs provenaient des États-Unis, de la Communauté européenne, du Canada et de la Nouvelle-Zélande. (…) Le champion du monde est à l’emploi d’Ault Foods depuis 11 ans. Il se spécialisait dans la fabrique du fromage depuis déjà neuf ans lorsqu’il s’est joint à l’entreprise de Winchester. Il avait auparavant travaillé pour deux entreprises de St-Isidore. » Je vous ai parlé d’Ault Foods dans le passé. C’est cette entreprise que le député conservateur Osie Villeneuve voulait protéger en exerçant des pressions pour empêcher les Fromageries Saputo de s’installer à Hawkesbury.

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Pour mieux voir le monde

Je ne sais pas combien de résidants de Hawkesbury et la région ont pu mieux voir le monde qui les entourait grâce à lui. Mais comme on pouvait le lire dans l’édition du journal Le Carillon du 24 septembre 1986, « J.R.W. Lafrenière prendra officiellement sa retraite le 1er octobre après 45 années de pratique en optométrie. » Mes premières lunettes ont été prescrites par lui quand j’avais 13 ans. Il s’était lancé dans cette profession le 13 septembre 1941. Dans l’article, le journaliste Yves Rouleau rapporte quelques anecdotes sur la carrière de Lafrenière. « Il se souvient aussi de la belle monture ‘Nument’ qui coûtait 27 $ en 1941, de la mode de la monture en fil de nylon autour des lentilles et du temps où tout le monde avait une vision de 9 sur 10 parce que les appareils n’étaient pas aussi perfectionnés qu’aujourd’hui. » Les montures avec fil de nylon sont revenues à la mode depuis quelques années. « C’est avec beaucoup d’émotions qu’il quittera son bureau de l’Arcade Assaly, site de la maison qu’il habitait avec son épouse auparavant. ‘Lorsque nous avons vendu notre maison aux Assaly, nous n’avons pas eu de peine parce que nous venions d’acquérir une maison de ferme près du bord de l’eau. Ce site de 15 acres que nous habitons depuis 13 ans, nous l’avons désiré pendant 20 ans’, mentionne son épouse » Jacqueline. Wilfrid et Jacqueline Lafrenière étaient deux noms connus et respectés de tous à Hawkesbury. En fait, la garderie municipale, voisine de l’hôtel de ville et de la bibliothèque municipale, porte le nom de « Garderie Centre éducatif soleil des petits Jacqueline Lafrenière ».

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Voici l’histoire d’une réussite d’un autre gars de chez nous publiée dans le journal du 15 octobre 1986.

« Il y a quarante ans, Roger Comtois, jeune soldat de L’Orignal, s’apprêtait à débarquer sur les plages de Normandie en compagnie de milliers de ses compagnons d’armes, en vue d’amorcer la libération d’une Europe alors ravagée par la guerre.

Ces jours-ci, Guy Comtois parcourt le chemin suivi par son père à cette époque, mais avec un objectif très différent. Il est en effet le responsable de la conception artistique de la minisérie télévisée ‘War and Remembrance’, un ambitieux projet de 100 millions de dollars qui fera suite à la récente série ‘The Winds of War’.

Le jeune homme de 37 ans qui habite à Los Angeles est responsable de la conception des décors en vue de cette série télévisée dont le tournage se prolongera sur 18 mois en France, en Allemagne de l’Ouest, en Suisse, en Pologne, en Yougoslavie, en Italie, en Angleterre, en Autriche et aux États-Unis.

D’ici la fin du tournage, il aura reconstitué des décors aussi différents que ceux d’un camp de concentration nazi et la Chambre des communes britannique. (…)

C’est à son arrivée à l’Université de Guelph, après ses études secondaires à Hawkesbury, que Guy Comtois s’est découvert un penchant pour le théâtre. Après l’obtention de son baccalauréat ès arts à Guelph, il fit ses études de mise en scène avec le maître Schwenke à la Deutsch Opera de Berlin-Ouest. De retour au pays, il a été directeur technique au Centre national des Arts à Ottawa pendant près de cinq ans, avant de prendre le chemin des États-Unis, où il poursuivit sa carrière à l’Opéra de Miami.

Depuis 1982, il vit à Los Angeles où il a participé au tournage de plusieurs films, dont ‘Cujo’, ‘Terro Train’, ‘Sadat’, ‘The Valley of Horses’, ‘Gloria Happy at Last’ et ‘Quest for Fire’, un film tourné en Alberta et en Afrique dont l’intrigue se situe dans la préhistoire.

Pour le couple Roger Comtois, le fait d’avoir un fils notoire, sinon célèbre, ne change pas grand-chose à leur vie.

‘Il va sans dire que nous suivons sa carrière de très près, de déclarer le père, et je suis particulièrement intrigué par le projet de War and Remembrance, parce que j’ai vécu certains des événements qui seront décrits dans cette série d’émissions.’

Ils collectionnent par ailleurs tous les documents ayant trait aux films auxquels Guy a collaboré, leur plus récente acquisition étant une copie du fameux roman de Wouk. » (Note du blogueur : Herman Wouk est l’auteur du roman qui a inspiré la série américaine. Dans Internet, vous trouverez des références sur lui sous le nom de Guy J. Comtois.)

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La pilule lui a sauvé la vie

« Il a déjà mentionné avec une pointe d’humour que l’avènement de la pilule lui avait sauvé la vie. » Il est question du Dr Alexander Hunter, « spécialiste en obstétrique et en gynécologie depuis 39 ans » et qui venait de recevoir la « mention très convoitée ‘Glenn Sawyer Service Award » de l’Association médicale de l’Ontario. Le Carillon du 10 septembre 1986 lui consacrait un long article.

« C’est en Écosse que le Dr Hunter a amorcé sa pratique médicale en 1946. Il est arrivé à Hawkesbury en 1952 à la demande du Dr Jacques Farth et il s’est joint aux médecins Drummond et Irwin Smith de la Clinique Smith pendant de nombreuses années. Il a pratiqué 10 200 accouchements en 39 ans de médecine. L’équivalent de 256 bébés dans une année ou si vous préférez la naissance d’un bébé par jour du lundi au vendredi pendant 39 ans de sa vie. » Fait intéressant, « Hunter a été le premier médecin de la région à permettre la présence du père, de la grand-mère ou d’une autre personne au moment de l’accouchement ». Comme il l’avait expliqué, « c’était parfois plus difficile de contrôler le père que de prendre soin de la mère et du bébé ». Le Dr Alex Hunter avait pris sa retraite en mai 1985.

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S’il est encore de cette terre, Marcel Leduc a 95 ans. En 1986, comme le rapporte le journal du 17 septembre, « la compagnie St-Lawrence Textiles a déroulé le tapis rouge pour fêter (…) les 50 ans de loyauté à la compagnie d’un ancien résident de Hawkesbury, Marcel Leduc ». Celui-ci, alors âgé de 68 ans, avait commencé à travailler pour cette entreprise en 1936, à Marieville, au Québec. « En 1936, en pleine dépression, Marcel Leduc gagnait 0,12 $ de l’heure, travaillait 60 heures, ce qui lui valait un chèque de paie de 7,20 $. (…) Comme je fumais dans le temps, je m’achetais des Sweet Caps ou des Derby à 0,10 $. » À la St-Lawrence, Marcel Leduc avait occupé plusieurs fonctions et après dix années, il était devenu tailleur, un métier qu’il exerçait encore en 1986. Pour y arriver, il avait accepté de déménager à l’usine de Hawkesbury. « Cette décision de se déplacer en Ontario fut très difficile pour lui. Cette province avait mauvaise réputation auprès de plusieurs Québécois. On croyait qu’il s’agissait d’orangistes et de croques Canadiens-français. Marcel Leduc fut sans doute très surpris de trouver dans la diabolique province une communauté toute semble à celle qu’il quittait à Marieville. » En 1986, il travaillait à l’usine de St-Jérôme où il avait déménagé sa famille. Sauf une de ses filles, Nicole. « Nicole Desjardins, femme d’affaires propriétaire d’un magasin et présidente de la Chambre de commerce, habite toujours à Hawkesbury », pouvait-on lire dans le même article.

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Ce n’est plus du tout la même réalité démographique que celle décrite dans l’édition du 17 septembre 1986. « La proportion de francophones dans la région a peut-être diminué avec le dernier recensement décennal, mais il n’en reste pas moins qu’il y a encore plus des trois quarts de la population de Prescott et Russell, par exemple, qui revendiquent le français comme langue maternelle. » Les dernières statistiques fédérales de 1981, diffusées cinq ans plus tard, « démontrent en effet que la population de Prescott et Russell, établie à 52 775 habitants, compte 40 300 francophones (76 p. cent) et 11 620 anglophones (22 p. cent), alors que les autres (1 120) sont de langues maternelles diverses. Le comté de Prescott, parmi ses 30 265 habitants, dénombre 23 275 francophones et 6 425 anglophones, plus ou moins la même proportion que dans le comté de Russell où la population de 22 410 personnes compte 16 755 francophones et 5 195 anglophones. La différence est d’à peine 2 p. cent. Les autres langues maternelles sont surtout le Cree, l’allemand, le hollandais, le flamand et l’italien. » Ce sera intéressant d’analyser les données du plus récent recensement de 2011 lorsqu’elles seront publiées.

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Une petite leçon de hockey pour de jeunes Nantais

« Les petits Français de Nantes ont subi une leçon d’humilité aux mains de l’équipe de hockey pee-wee de Hawkesbury s’inclinant 6-0 lors d’une rencontre disputée samedi après-midi au complexe sportif, la première de sept des Nantais de la région. » Comme on peut le lire dans l’édition du journal Le Carillon du 27 août 1986, « Jean-Pierre Vincent, un des trois coordonnateurs de la tournée de l’équipe pee-wee de Nantes dans la région, devient réaliste lorsqu’on aborde avec lui la question du niveau de hockey en France. Il est catégorique : le hockey français n’atteindra jamais le niveau canadien. » Et ça n’a pas changé en 2013. Ah, j’allais oublier : l’équipe nantaise avait dû emprunter les services d’un instructeur canadien pour son séjour au Canada… Jean-Marc Lalonde, le maire de Rockland et futur député de Prescott-Russell à Queen’s Park… oui, celui-là qui avait été l’instructeur de Guy Lafleur.

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Une histoire à la fois heureuse et tragique… racontée dans le journal du 3 septembre 1986.

Heureuse, dans le sens que Fernand Lanthier avait gagné sa cause. « Il aura fallu neuf années de pénibles et souvent frustrantes démarches, l’intervention d’un maire et de deux députés pour que Fernand Lanthier, un pompier volontaire de Plantagenet terrassé par une crise cardiaque quelques heures à peine après avoir œuvré sur la scène d’un incendie, ait finalement gain de cause auprès de la Commission des accidents du travail. » Cet homme de 62 ans « est devenu le premier pompier volontaire de l’Ontario à se voir accorder à une telle compensation financière à la suite d’une sérieuse perte de santé survenue quelques heures après avoir cessé de combattre un violent incendie en plein hiver ». C’était le 24 janvier 1977. « Après avoir lutté contre les flammes toute la nuit, M. Lanthier est retourné à son travail comme concierge à l’école St-Paul de Plantagenet. Vers l’heure du midi, il était foudroyé par une attaque cardiaque qui l’a laissé paralysé. On a par la suite dû lui amputer une jambe, puis l’autre, et il est resté confiné à un fauteuil roulant, le bras gauche complètement paralysé. »

Tragique, dans le sens que Fernand Lanthier n’aura pas pu profiter de sa victoire. « En apprenant la nouvelle, il a tôt fait de convoquer les trois principaux responsables de sa bonne fortune, le maire André Langlois et les députés Don Boudria et Jean Poirier, afin de leur remettre un témoignage d’appréciation. Cette petite réception intime s’est déroulée le vendredi 22 août dernier. Deux jours plus tard, des complications le forçaient à réintégrer l’hôpital où il décédait en début de soirée mardi. »

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Le Bureau local de développement économique avait commandé une étude sur l’industrie de l’hôtellerie à Hawkesbury et dans la région. Je vous fais grâce de toutes les conclusions rapportées dans le journal du 17 septembre 1986, mais disons qu’en « 1983, il existait 131 chambres de motel dans la région et ce chiffre est maintenant de 106, alors qu’il passera à 103 avec des disparitions de chambres dans deux motels de L’Orignal. Une perte de 28 chambres en quatre ans. » Au moment de la publication de l’article, « Il y a 104 chambres disponibles dans la région immédiate de Hawkesbury (incluant L’Orignal) avec un taux moyen de 35,10 $ et le taux d’occupation n’est que de 48,6 p. cent. » En 2013, il n’y a que le motel Best Western et le motel Stéphanie. Rien pour encourager le tourisme sur une grande échelle.

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Un projet d’hôtel… encore!

Hawkesbury River Front Estate était le nom de cette entreprise « qui vient de se porter acquéreur du terrain de la CIP sur la rue Principale à Hawkesbury » pouvait-on lire dans l’édition du journal Le Carillon du 20 août 1986. « August Jans, un septuagénaire d’origine européenne, projetterait la construction d’un hôtel jumelé à un restaurant, d’un condominium, de quartiers résidentiels et possible d’une marina. Un tel projet se concrétiserait en plusieurs phases s’étalant sur de nombreuses années. » Il avait acquis le terrain pour une somme de 375 000 $. « Les négociations entre la CIP et les avocats d’August Jans pour l’achat du terrain étaient entamées depuis près d’un an, mais l’identité de M. Jans était un secret bien gardé puisqu’il ne négociait que par l’intermédiaire de ses avocats. » Rien de cela ne s’est matérialisé et la population de Hawkesbury attend depuis longtemps que le terrain de la CIP puisse revivre. Et dire qu’il y avait dans un coin de ce terrain, vers la fin des années 60, un magnifique club de golf, L’Abénaki… réservé aux employés de la CIP et leurs invités.

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La Société canadienne des postes devait affronter des situations problématiques semblables régulièrement aux quatre coins du pays. Dans le journal du 20 août 1986, il est question de ce problème qui survient cette fois à Pointe-au-Chêne, mais les règles négociées avec l’Association des maîtres de poste et adjoints sont claires : la priorité d’embauche doit être accordée à un membre de ce syndicat. Mais les gens de Pointe-au-Chêne n’étaient pas contents. Ils reprochaient à Postes Canada d’avoir ignoré les huit candidats locaux et la députée fédérale Lise Bourgault s’était faite la porte-parole de leurs revendications, à savoir obliger la Société à reprendre le concours de sélection. Mais c’était peine perdue; l’ancienne maîtresse de poste adjointe de Plaisance avait l’expérience requise, était membre du syndicat, et c’est elle qui avait été nommée. Pendant mes années à Postes Canada, cette situation se répétait constamment avec les mêmes plaintes inévitables.

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Après avoir fréquenté assidûment mon blogue, vous connaissez Paul-François Sylvestre, mais il n’écrivait pas que des textes sérieux… il savait rire. Il nous en avait donné la preuve dans l’édition 20 août 1986…

« On s’est souvent demandé comment appeler les gens qui vivent à Ottawa. Comme il s’agit de la capitale, pourquoi ne pas les appeler des… capitalistes.

Saviez-vous que les saints sont regroupés en syndicats dans le Ciel? Leurs chefs d’appellent naturellement, des sainticalistes. Et lorsqu’ils descendent dans la rue, les sainticalistes manifestent dans l’allée Luia!

Les gens d’Italie sont des Italiens; les habitants de Rome sont des Romains; mais comment appelle-t-on les résidents du Vatican? Comme leur chef d’État est le pape, ce sont sans doute des papistes.

Les voyages sur la lune ne sont pas encore organisés, mais cela ne saurait tarder. Et qui irons-nous visiter là-haut? Les lunatiques, voyons donc!

Le petit village de Sarsfield, à l’est d’Ottawa, célèbre cette année son centenaire. On a donc parlé des Sarsfieldiens en fête, mais comme leur paroisse est placée sous le patronage de saint Hugues, ne faudrait-il pas plutôt dire des huguenots…?

On interdit de plus en plus la cigarette dans les lieux publics, voire dans les airs sur certaines ailes d’Air Canada. Si ça continue, l’adepte de la nicotine sera justifié de se demander s’il n’est pas en train de passer de fumeur… à fumier. Mais peut-être ne s’agit-il que d’une fumisterie!

Saviez-vous que les féministes ont l’oreille de Dieu le Père, pardon, de Dieu la Mère? Elle pense maintenant envoyer sa fille comme messie. Et comment se nommera-t-elle? Christine, cette affaire!

Au Canada, il existe deux ou trois localités nommées Plaisance. Comme quoi on ne manque pas de… plaisantins en ce pays!

Une touriste demande à son agent de voyage comment s’appellent les résidents de Gigliola, en Italie. Celui-ci l’examine, puis répond tout de go : des gigolos, madame.

Un psychologue demande à un homosexuel s’il est gai. Celui-ci fait signe que oui. Alors le professionnel lui annonce qu’il fait partie des homeureux. Un deuxième psychologue apprend que le premier est aussi de la famille; ils se disent donc homologais.

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Qu’est-ce que le cynoscion nebulosis faisait là?

Je vous ai déjà parlé du chat-volant d’Alfred et d’autres « bibittes » trouvées dans la région Alfred-Lefaivre-Montebello. Dans Le Carillon du 30 juillet 1986, voilà qu’il est question d’un « poisson mystère retiré de l’Outaouais ». Voilà! « Une mordue de la pêche depuis au-delà de 30 ans, Delia Desjardins, de la rue Prospect à Hawkesbury, croyait bien avoir tout vu. Mais voilà qu’elle vient de prendre, dans la rivière Outaouais, un poisson ‘rare’ que malgré tous ses efforts, elle s’avère incapable d’identifier. » Ce n’est pas qu’elle n’avait pas tout essayé. « Elle a eu la chance de capturer un spécimen qui défie vraiment ses connaissances, et celles de pêcheurs plus chevronnés, y compris le personnel du ministère des Richesses naturelles au parc provincial Carillon. » Et à quoi ressemblait ce poisson mystérieux? « En retirant de l’eau ce poisson d’une livre et demie, à la tête de couleur rose et au dos d’un vert chatoyant, avec des reflets dorés et argentés, muni de petites dents et d’un os près de la nageoire dorsale, elle s’est immédiatement demandée à quelle espèce il pouvait bien appartenir. » Selon l’article, « la description la plus proche correspond à celle d’un poisson appelé ‘Grey Grunt’ par les Américains, mais le spécimen capturé dimanche exhibe une queue différente et des lignes prononcées le long du dos. » (Note du blogueur : Et si Google avait existé?)

Dans l’édition suivante du 6 août 1986, on peut lire que le poisson serait une truite de mer. « C’est ce que soutient Gaétan Lemieux, un taxidermiste de Limoges, qui croit avoir identifié le poisson dont la photo et la description ont été publiées dans Le Carillon de la semaine dernière. » Lemieux avait tiré sa conclusion en consultant l’édition américaine du livre « Fish Painting and Identification Manual ». Il s’agirait « d’un spécimen de ‘Sea Trout’ (truite de mer) apparenté à la fois à la truite et à l’achigan dont le nom scientifique est ‘cynoscion nebulosis’ et qui vivrait dans les estuaires des fleuves côtiers d’Amérique du Nord ». Il était sans doute en vacances dans la région de L’Orignal… le poisson, et non pas Lemieux!

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Cette édition du 6 août 1986 racontait également le nouveau record Guinness établi à Pointe-au-Chêne et non le moindre… celui du « plus gros hot-dog au monde » et c’était dans le cadre du Festival du hot-dog… évidemment. Et quel était ce record? Un hot-dog géant « dont la longueur de la saucisse était de 22 pieds et deux pouces et le pain de 23 pieds ». En fait, l’enveloppe de la saucisse mesurait 24 pouces, mais il avait fallu replier chaque extrémité. « Le dernier record précédent datait de 1980 alors qu’un hot-dog de 21 pieds et sept pouces avait été homologué en Floride. » Mais il y avait eu un hic! Le Livre des records Guinness avait retiré le plus long hot-dog de ses livres parce que « personne n’avait tenté de surpasser ce record dans les six dernières années ». Le hot-dog n’a pas été perdu pour autant. En fait, il a permis aux organisateurs d’amasser 700 $ des gens qui voulaient y goûter. Mais il fallait être patient… « La saucisse à hot-dog de 500 livres a dû bouillir pendant une période de sept heures trente minutes avant de cuire. » La saucisse était une création de Sausage Kitchen d’Ottawa, alors que Denis Ferré, de Pointe-au-Chêne, avec l’aide de la Boulangerie de Grenville, confectionnait le long pain. La petite histoire de l’époque!

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Les autres provinces l’avaient déjà. « L’Ontario émettra, en 1987, un permis de pêche sportive pour résidents. (…) Le permis sera obligatoire pour la plupart des résidents âgés de 18 à 64 ans. Les personnes âgées, handicapées, ainsi que les Indiens inscrits pêchant sur leurs réserves ou sur des terres cédées en vertu d’un traité seront dispensés de ce permis. Il en coûtera 10 $ pour un premier de pêche saisonnier et 5 $ pour un permis de courte durée, valide pour quatre jours consécutifs. » Les détails étaient dans le journal du 6 août 1986.

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Une vedette de calibre international

Je relisais ma chronique dans Le Carillon du 16 juillet 1986 et je riais. En relisant à propos des débuts d’André-Philippe Gagnon, je ne pouvais faire autrement que tirer un parallèle avec « notre » propre vedette montante… Véronic DiCaire. Voici ce que j’écrivais à propos du spectacle de Gagnon du 9 juillet à Hawkesbury :

« Tout un phénomène que cet André-Philippe Gagnon: incontestablement un imitateur fantaisiste de calibre international dont on n’a pas fini d’entendre parler. Le professionnalisme de son spectacle devant près de 2 000 personnes, mercredi soir dernier, a créé plusieurs centaines d’inconditionnels admirateurs. Entouré d’une solide équipe musicale et technique, Gagnon a tout simplement ébloui son auditoire, par sa centaine et plus de voix et mimiques. L’imitation de David Bowie et Mick Jagger lui procurerait une ovation debout à Las Vegas. D’ailleurs, le public de Hawkesbury ne s’est pas retenu, mercredi soir, pour se lever et applaudir à tout craquer aussitôt le spectacle terminé. Il faut aussi préciser que deux heures et quart de spectacle, par des conditions parfois suffocantes, est une autre démonstration de professionnalisme qui ne fait que contribuer à la popularité de ce sympathique bonhomme de Québec. Disons que, personnellement, c’est le genre de spectacle que je n’hésiterais pas à retourner voir. »

Gagnon n’avait pas encore donné de spectacles à Las Vegas à ce moment-là, mais il y deviendrait assurément une vedette. Aujourd’hui, c’est Véronic qui est là!

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J’imagine que c’était le dernier article que nous écrivions sur la question dans l’édition du 30 juillet 1986 parce que c’était l’aboutissement d’un long parcours pour les Franco-Ontariens qui remontait au temps des contraventions unilingues contestées par quelques convaincus qui avaient même été en prison.

« Depuis le 1er juillet, le droit à l’usage du français dans les tribunaux civils de l’Ontario existe à travers la province.

Ainsi, les Franco-Ontariens ont le droit d’être entendu par des juges qui parlent l’anglais et le français en matière criminelle ainsi que civile à travers la province. Ce droit s’ajoute à ce qui se limitait jusqu’à maintenant aux instances criminelles et les instances civiles devant les tribunaux des régions désignées, comme Prescott et Russell.

L’accès complet à travers la province sera réalisé le 31 décembre 1986 lorsque tous les tribunaux des infractions provinciales seront ajoutés. Ces modifications annoncées en novembre dernier, sont réalisées en vertu de la Loi de 1984 sur les tribunaux judiciaires qui déclare l’anglais et le français les langues officielles des tribunaux de l’Ontario. »

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Je note dans le journal du 30 juillet 1986 un court article citant le député fédéral libéral Don Boudria et qui reprochait certaines déclarations à la ministre d’Approvisionnement et Services, la conservatrice Monique Vézina, qui « se prononçait pour le ‘bon patronage’ et mentionnait aussi qu’elle accorderait des contrats aux amis conservateurs ». Au moins, il n’y aurait pas de soupçons de collusion secrète avec elle.

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« L’exagération à outrance »

Imaginez! Nous ne sommes que le 9 juillet 1986 et donc encore loin des attentats contre les deux tours new-yorkaises, mais déjà, le spectre du terrorisme commençait à secouer la planète. La rectitude politique se pointait à l’horizon. J’avais trouvé que les médias et d’autres exagéraient et j’avais commenté dans mon éditorial du journal Le Carillon de cette date-là. Le voici, car je trouve que l’exagération est encore une marque de notre société…

« Le pléonasme est voulu. Pour décrier certaines outrances, il est parfois nécessaire d’« exagérer l’exagération ». Les Américains nous en ont donné un exemple frappant en fin de semaine, mais ils n’en ont pas le monopole.

Pour divers motifs, ne sommes-nous pas tous un peu portés à l’exagération? Après tout, le poisson sorti de l’eau est toujours un peu plus gros que la réalité, comme tout bon pêcheur le constate.

Nous revenons donc aux célébrations américaines de la « Liberté ». Pas n’importe laquelle « Liberté », Madame elle-même et sa statue. Heureusement, ils n’ont pas poussé leur zèle à rafistoler la statue « à la moderne ». Non. On l’a restaurée à coup de millions, comme une œuvre d’art pour la postérité, symbole de ce qu’est l’Amérique du Nord pour les Nord-Américains.

Nous, Canadiens, pouvons aussi nous identifier à cette célébration. Notre système, notre mode de vie, s’est largement inspiré de cet « American Way of Life ». Si les Américains, dans leur exagération de fête (tout par milliers au lieu de centaines ou de dizaines), ont voulu souligner leur amour de la Liberté, nous, Canadiens, devrions en profiter pour nous vanter d’avoir peut-être dépassé nos voisins du Sud. Les diverses tendances moralisatrices gouvernementales n’ont pas encore réussi à diminuer cette liberté ou encore à l’entraver. Il faut d’ailleurs tout faire pour la préserver.

L’exagération américaine, avec ses 40 000 feux d’artifice, ses milliers de bateaux de toutes grosseurs, sa centaine « d’Elvis », ses dizaines de milliers de « lampes Eveready, ses dizaines de coups de canon, ses millions de « piastres », nous font réfléchir sur la fragilité de la Liberté.

L’Amérique du Nord n’est pas à l’abri des revirements et d’une autre forme d’exagération, politique celle-là, que l’on surnomme le « terrorisme ». La terreur est devenue la revendication politique outrée. Le Canada et nos voisins du Sud n’en sont pas immunisés.

La Liberté nord-américaine n’est pas enviée par tous les peuples, rappelons-le. Des « khoménistes » la considèrent toujours comme la racine de tous les maux… des communistes aussi! La « liberté » n’a pas la même définition partout; nous l’avons exagérée pour que tous puissent en profiter au maximum.

Dans un même ordre d’idées, mais au Canada cette fois, il nous a été donné dernièrement de voir une autre forme d’exagération… celle du commercialisme démesuré que l’on baptise « West Edmonton Mall ». C’est là que des gens se tuent, en s’amusant dans des appareils de 142 pieds de haut, à l’abri des intempéries, logés quelque part entre 800 magasins, un lac artificiel avec vagues artificielles, des glissages d’eau hautes de 82 pieds, des sous-marins, des requins et des autruches. Quatre rues de large; huit de long.

Le Canada, avec à peine sa trentaine de millions d’habitants, se targe de posséder le plus gros complexe commercial du monde, dans une ville, une province, où la chute mondiale du prix du pétrole brandit le spectre des déboires économiques. (Note du blogueur : Nous sommes en 1986.)

Les gens d’Edmonton n’y magasinent que rarement. C’est trop gros. Ça prend trop de temps. Imaginez après tout, dans un « petit coin » d’un centre commercial une section spéciale où il y a une patinoire comme celle du complexe sportif de Hawkesbury. On y compte, paraît-il, plus de 100 000 clients par jour… dix fois la population de Hawkesbury.

Nous plus riches Canadiens, les frères Ghermezian, ont rêvé et ils avaient les moyens de réaliser leur rêve. Si vous voulez avoir une bonne idée de ce que c’est, imaginez et exagérer par deux fois.

Si les promoteurs ont qualifié ce centre de « monument à la commercialisation », nous ajouterions qu’il s’agit plutôt d’une « idole élevée à l’Exagération ». C’est au Canada; tant mieux. Mais ce sont bien plus les Américains qui viendront s’y divertir ou y passer les « trois jours nécessaires à le parcourir pour ça en vaille la peine ».

Assurément, il faudrait que nos universités créent de nouvelles chaires d’études : celles des Sciences de l’exagération. Il n’y manquerait pas de candidats dans notre société moderne. »