La pilule lui a sauvé la vie

« Il a déjà mentionné avec une pointe d’humour que l’avènement de la pilule lui avait sauvé la vie. » Il est question du Dr Alexander Hunter, « spécialiste en obstétrique et en gynécologie depuis 39 ans » et qui venait de recevoir la « mention très convoitée ‘Glenn Sawyer Service Award » de l’Association médicale de l’Ontario. Le Carillon du 10 septembre 1986 lui consacrait un long article.

« C’est en Écosse que le Dr Hunter a amorcé sa pratique médicale en 1946. Il est arrivé à Hawkesbury en 1952 à la demande du Dr Jacques Farth et il s’est joint aux médecins Drummond et Irwin Smith de la Clinique Smith pendant de nombreuses années. Il a pratiqué 10 200 accouchements en 39 ans de médecine. L’équivalent de 256 bébés dans une année ou si vous préférez la naissance d’un bébé par jour du lundi au vendredi pendant 39 ans de sa vie. » Fait intéressant, « Hunter a été le premier médecin de la région à permettre la présence du père, de la grand-mère ou d’une autre personne au moment de l’accouchement ». Comme il l’avait expliqué, « c’était parfois plus difficile de contrôler le père que de prendre soin de la mère et du bébé ». Le Dr Alex Hunter avait pris sa retraite en mai 1985.

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S’il est encore de cette terre, Marcel Leduc a 95 ans. En 1986, comme le rapporte le journal du 17 septembre, « la compagnie St-Lawrence Textiles a déroulé le tapis rouge pour fêter (…) les 50 ans de loyauté à la compagnie d’un ancien résident de Hawkesbury, Marcel Leduc ». Celui-ci, alors âgé de 68 ans, avait commencé à travailler pour cette entreprise en 1936, à Marieville, au Québec. « En 1936, en pleine dépression, Marcel Leduc gagnait 0,12 $ de l’heure, travaillait 60 heures, ce qui lui valait un chèque de paie de 7,20 $. (…) Comme je fumais dans le temps, je m’achetais des Sweet Caps ou des Derby à 0,10 $. » À la St-Lawrence, Marcel Leduc avait occupé plusieurs fonctions et après dix années, il était devenu tailleur, un métier qu’il exerçait encore en 1986. Pour y arriver, il avait accepté de déménager à l’usine de Hawkesbury. « Cette décision de se déplacer en Ontario fut très difficile pour lui. Cette province avait mauvaise réputation auprès de plusieurs Québécois. On croyait qu’il s’agissait d’orangistes et de croques Canadiens-français. Marcel Leduc fut sans doute très surpris de trouver dans la diabolique province une communauté toute semble à celle qu’il quittait à Marieville. » En 1986, il travaillait à l’usine de St-Jérôme où il avait déménagé sa famille. Sauf une de ses filles, Nicole. « Nicole Desjardins, femme d’affaires propriétaire d’un magasin et présidente de la Chambre de commerce, habite toujours à Hawkesbury », pouvait-on lire dans le même article.

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Ce n’est plus du tout la même réalité démographique que celle décrite dans l’édition du 17 septembre 1986. « La proportion de francophones dans la région a peut-être diminué avec le dernier recensement décennal, mais il n’en reste pas moins qu’il y a encore plus des trois quarts de la population de Prescott et Russell, par exemple, qui revendiquent le français comme langue maternelle. » Les dernières statistiques fédérales de 1981, diffusées cinq ans plus tard, « démontrent en effet que la population de Prescott et Russell, établie à 52 775 habitants, compte 40 300 francophones (76 p. cent) et 11 620 anglophones (22 p. cent), alors que les autres (1 120) sont de langues maternelles diverses. Le comté de Prescott, parmi ses 30 265 habitants, dénombre 23 275 francophones et 6 425 anglophones, plus ou moins la même proportion que dans le comté de Russell où la population de 22 410 personnes compte 16 755 francophones et 5 195 anglophones. La différence est d’à peine 2 p. cent. Les autres langues maternelles sont surtout le Cree, l’allemand, le hollandais, le flamand et l’italien. » Ce sera intéressant d’analyser les données du plus récent recensement de 2011 lorsqu’elles seront publiées.

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