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Le symbole de la conversion au système métrique

Nous y étions rendus et encore aujourd’hui, les gens de ma génération ne s’y sont pas entièrement adaptés. « Le symbole national de la conversion au système métrique vient d’être dévoilé. (…) Le nouveau symbole, un M distinctif et une feuille d’érable stylisée, apparaîtra bientôt sur les produits fabriqués selon les mesures métriques et marquera l’adhésion du Canada au Système International d’Unités, avec l’abréviation internationale SI. » C’était le commencement d’une longue démarche afin d’adopter le système métrique dans toutes les sphères de l’économie et de la culture canadiennes. « Le symbole était une création de Gottschalk + Ash Ltée, de Montréal et Toronto. » On en parle dans l’édition du 28 mars 1974 du journal Le Carillon.

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C’était rêver bien sûr. « D’ici trois ans, le gouvernement fédéral investira quelque $15 millions pour la construction d’un pont ‘tout neuf’ qui enjambera la rivière Outaouais à la hauteur de Hawkesbury. » Le pont Perley était évidemment dans un état lamentable et les problèmes étaient nombreux. « À cause des conditions du roc et du sol sous la rivière, le nouveau pont à quatre voies serait érigé au même emplacement que l’actuel pont interprovincial Perley. » Ce sont des représentants du gouvernement fédéral qui avaient confirmé cette nouvelle aux autorités municipales. « Entre temps, le ministère des Travaux publics entreprendra certaines négociations avec les gouvernements de l’Ontario et du Québec étant donné que ce pont est interprovincial. » C’était le « hic »! Hawkesbury devra attendre encore de nombreuses années avant que ce nouveau pont voie le jour. Il en est question dans Le Carillon du 4 avril 1974.

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CTVO était la nouvelle station de télévision de la Coopérative de télévision de l’Outaouais, dont les intentions étaient de desservir l’Outaouais québécois et ontarien. CTVO devait entrer en ondes le 1er octobre au canal 30 de la bande UHF. Mais dans le comté de Prescott, l’intérêt envers cette coopérative était plutôt limité et les responsables cherchaient à augmenter la participation financière des gens d’ici. Il faut dire que le concept d’une télé coopérative communautaire était très nouveau. CTVO rejoindrait 380 000 francophones dans un rayon de 50 milles d’Ottawa-Hull, le même auditoire que Radio-Canada. CTVO diffuserait une programmation locale originale, mais retransmettrait surtout la programmation de Télé-Métropole, le canal 10 de Montréal, et de certaines émissions émanant des Télédiffuseurs associés, précurseurs de TVA. Des émissions proviendraient aussi de TVOntario et de Radio-Québec. Le coordonnateur de CTVO était Pascal Barrette, un ancien copain séminariste, qui a ensuite travaillé à Radio-Canada. L’expérience CTVO n’a pas duré longtemps. J’imagine que j’y reviendrai en cours de blogue.

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J’écris ceci dans ma chronique du 4 avril 1974 : « Ça s’est passé à Barcelone et Tarragona, Espagne, en cette année 1974 après Jésus-Christ, dans un pays dirigé par un dictateur catholique: nous parlons évidemment de l’exécution au garrot: le garrot cette méthode de mise à mort par strangulation lente. La victime est assise et solidement ligotée; on lui passe autour du cou un collier métallique et un bourreau tourne tranquillement une vis serrante jusqu’à ce que la mort s’ensuive. Incroyable. » Ça me rappelle une scène du film « The World is Not Enough » dans laquelle la vilaine Elektra King (Sophie Marceau) tente de tuer James Bond (Pierce Brosnan) avec un tel appareil.

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Réso-rural… du transport en commun régional

L’idée était intéressante, forcément. L’Association canadienne-française de l’Ontario avait envisagé un « projet de transport en commun, Réso-rural, qui devait officiellement prendre son essor lundi prochain ». Dans Le Carillon du 4 avril 1974, on apprend que Réso-rural « sera indéfiniment retardé, en raison de tracasseries administratives ». L’animateur chargé du projet, Lucien Cusson, de Rockland, avait imputé ce contretemps à la « petite bureaucratie gouvernementale ». Le permis temporaire qui avait été émis au projet était maintenant inutilisable puisque les autorités gouvernementales avaient décrété la tenue d’une audience publique en juin. « Réso-rural est un projet de transport en commun, mis sur pied par la régionale de Prescott-Russell de l’ACFO, et a pour but de fournir du transport aux gens isolés dans les petites municipalités et qui n’ont pas souvent les moyens de se déplacer vers les pôles d’attraction naturels. » Cusson était sûr que « s’il s’était agi d’une grosse compagnie, le permis aurait été octroyé depuis belle lurette. (…) Le plus malheureux dans toute cette histoire, c’est Aurèle Leroux, de Bourget. Ce dernier, qui devait s’occuper de transporter les gens dans la région, s’est en effet acheté un autobus à cette fin, et se demande maintenant comme le payer. »

L’histoire refera surface dans l’édition du 2 mai 1974 puisque les responsables avaient obtenu toutes les autorisations nécessaires et que Réso-rural pouvait enfin démarrer ses activités. « Le véhicule de 23 passagers fera des tournées quotidiennes pour offrir à la population un moyen de transport en commun à la fois commode et économique. »

Il aura fallu l’intervention du député provincial Albert Bélanger pour que les choses bougent. L’autobus sillonnera la ville de Rockland et les quatre villages du canton de Clarence (St-Pascal-Baylon, Bourget, Clarence Creek et Hammond) au cours de 24 tournées par semaine, « soit deux le dimanche, deux le lundi, quatre le mardi, deux le mercredi, quatre le jeudi et cinq les vendredis et samedis ». Le service ne devait pas durer très longtemps à cause du manque d’achalandage et des coûts exorbitants de le maintenir.

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J’en parle dans ma chronique du 21 mars 1974. Il s’agissait de « la petite étiquette » que l’on devait maintenant coller sur nos plaques d’immatriculation au lieu d’obtenir de nouvelles plaques chaque année. Je rassurais les lecteurs en leur disant que s’ils perdaient ou endommageaient cette étiquette, ils pouvaient la faire remplacer. « Vous n’aurez pas de problème si vous pouvez vous présenter au bureau avec au moins un ‘morceau’ de l’étiquette. Le remplacement est gratuit pour un échange pur et simple, mais il vous en coûtera $2 pour en obtenir une de perdue. »

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Tiens, tiens, ça ne remonte pas à si longtemps que ça. Il en est question dans Le Carillon du 7 mars 1974. « Depuis 65 ans le domaine exclusif des hommes de la province, la Sûreté provinciale de l’Ontario accueillera sous peu ses premiers agents féminins. » Le commissaire H.H. Graham avait en effet annoncé l’établissement d’un programme complet de recrutement et d’entraînement de femmes policières, en ajoutant que les femmes avaient un rôle important à jouer au sein de la SPO. « Les agents féminins de la SPO auront exactement les mêmes fonctions que leurs confrères masculins, et l’emploi des femmes dans des rôles traditionnellement réservés à l’homme dans un corps policier aussi important que la SPO est une innovation. » L’article rappelait que « les candidates devront mesurer au moins cinq pieds et quatre pouces – sans chaussures – et peser au moins 110 livres ». Et ce qui compte surtout, « les salaires et avantages sociaux des nouvelles recrues seront exactement les mêmes que ceux de leurs confrères masculins, de même que leurs fonctions et leur autorité ». Voilà pour le progrès social.

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Je remarque la photo et le nom de Marcel Bélanger dans une publicité de Bélisle Chevrolet-Oldsmobile, de Hawkesbury, dans les journaux de cette époque. Il y était vendeur et j’ai été un de ses clients. Marcel est évidemment celui qui a éventuellement établi sa propre concession automobile à Orléans et dont la réputation n’est plus à faire.

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Des crédits en études canadiennes… c’est quoi ça?

Je ne sais pas pendant combien de temps a duré cette initiative du ministère de l’Éducation de l’Ontario. Dans l’édition du 7 mars 1974 du journal Le Carillon, on mentionne que « les étudiants qui s’inscriront pour la première fois dans une école secondaire cet automne devront, dans le but d’obtenir un certificat, compléter quatre crédits en études de l’anglais, de même que deux crédits en études canadiennes ». Qu’est-ce que tout ça veut dire? « L’étude de l’anglais suppose les cours traditionnels d’Anglais ou d’English, de même que les cours en langue anglaise de rédaction, journalisme, correspondance d’affaires, rédaction scientifique ou de critique dramatique. » D’autre part, « les études canadiennes sont définies comme étant un cours qui a pour but principal l’étude de certains aspects de la société canadienne, telles l’histoire, l’environnement, la culture, l’économie politique, la géographie ou la sociologie ». Je m’interroge sur la référence au « journalisme » dans le cadre des cours d’anglais.

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Je parle souvent de lui parce que j’admirais énormément son travail et son esprit créatif. J’écris dans ma chronique du 28 février 1974 que « Daniel McKale, de Pointe-aux-Chênes, vient d’ajouter une autre plume à son chapeau. Depuis la semaine dernière, il est à l’emploi du quotidien montréalais Montréal-Matin et dans quelques semaines, il remplacera Jean-Pierre Coallier comme caricaturiste ‘officiel’ de ce journal ». Et j’ajoute… « De plus, Daniel collabore, avec d’autres caricaturistes montréalais, à la publication d’un volume illustré traitant de l’humour noire. »

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C’était nouveau et avait été conçu par le Collège des arts appliqués et de technologie Algonquin après deux années et demie de préparation. « Le système d’apprentissage sur cassettes est une méthode d’enseignement au rythme de l’étudiant qui convient à tous les âges. Il comprend une série de rubans sonores sur cassettes à deux pistes, accompagnés de feuilles de renseignements pertinents. (…) Chaque cassette contient un cours bien préparé qui équivaut à ce qu’un professeur émérite donnerait en classe; il faut de une à trois heures pour l’étudier. La cassette explique, illustre, pose des questions, donne des sujets de discussion, souligne les expériences en laboratoire et résume le sujet traité. La feuille qui l’accompagne, et que l’étudiant conserve, complète la présentation sonore au moyen de documentation écrite et visuelle. (…) Toutes les cassettes seront un jour disponibles en anglais et en français au Bibliocentre de Toronto, à la bibliothèque du collège Algonquin et, peut-être, aux bibliothèques d’écoles secondaires et de collèges dans tout le Canada. » Bien sûr, c’était bien avant l’arrivée des cédéroms interactifs et du Web. On en parle dans l’édition du 14 mars 1974.

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La décision était prévisible. J’y avais fait référence dans mon billet du 27 octobre. Ainsi, dans l’édition du 14 mars 1974, on apprend que « les édiles municipaux du canton de Russell ont fait volte-face lundi et ont décidé après tout de ne pas regrouper comme prévu les deux services d’incendies des villages d’Embrun et de Russell. (…) Le maire Bernard Pelot, le principal instigateur du regroupement, n’a pas prisé la décision prise par l’ensemble de son conseil, et l’a amèrement critiquée ».

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Victor Bruneau meurt en arrivant au travail à la CIP

« Son départ sera regretté » écris-je dans ma chronique du 7 février 1974. Pourtant, à peine deux mois auparavant, il était revenu à ses anciennes amours lorsque la population lui redonnait son titre de maire. Victor Bruneau allait réaliser son grand rêve de devenir, par la force de se retraite de la CIP, un maire « permanent ». Le sort en déciderait autrement. Le 1er février, à 7 h 50, en rentrant au travail, il est terrassé par une crise cardiaque. Un peu passé 8 heures, il était mort. Il avait 62 ans. Il aurait pris sa retraite dans un mois. La nouvelle se propage comme un feu de poudre dans tout Hawkesbury. La consternation, il va sans dire.

Il avait été élu pour la première fois au Conseil municipal de Hawkesbury en 1946 (l’année de ma naissance, tiens!) et avait été réélu maintes fois par la suite jusqu’en 1961 quand il tenta sa chance à la mairie. (À la même époque, son frère Raymond, était le député libéral fédéral de la circonscription aux Communes. Lui aussi était décédé relativement jeune.) Le peuple avait préféré Albert Cadieux. Mais il revient à la charge en 1963 et est élu. Il sera défait en 1970 par Yvon Montpetit, mais reviendra encore à la charge en 1973 et gagnera. Il n’aura pas savouré sa victoire longtemps, mais il aura laissé sa marque sur la ville : un parc industriel, un nouvel hôtel de ville, une école prématernelle. Un homme à la stature imposante. Il était partout. Presque toujours accompagné de sa femme, Olive. Ses funérailles avaient rempli la petite église St-Dominique.

Le préfet Philibert Proulx est choisi par ses collègues pour combler le poste de maire jusqu’à la fin du mandat de 1973. J’y reviendrai.

Notons que son nom a été immortalisé dans la Place Victor-Bruneau, un complexe de 40 habitations pour personnes aînées dans le secteur ouest de Hawkesbury.

(Note du blogueur : J’ai souvent fait référence au maire Bruneau au cours de mes billets précédents. Taper « Victor Bruneau » dans la fenêtre de recherche dans le coin supérieur droit et vous les retrouverez tous.)

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Je vous en avais parlé. Cette fois, les lecteurs réagissent, un an plus tard, à la publication de « la fille des Petites annonces ». Un prêtre, Jean-Paul Amiot, ne les aime pas du tout et sollicite l’opinion d’autres lecteurs. La réaction était prévisible. J’écris le 21 février 1974 (l’édition du jour de mon anniversaire) que j’arrête la publication des photos en question. L’expérience, qui faisait jaser, aura duré une année.

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C’est le Jour du Souvenir. Une petite pensée pour tous les soldats canadiens morts au combat.

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« Il était beau… »

En 1996, j’écrivais une chronique dans le journal communautaire Le Reflet de Prescott-Russell, basé dans mon patelin d’Embrun. En préparant mon prochain déménagement, j’ai retrouvé celle du 9 octobre 1996… la seule dont j’ai conservé copie. Mon texte se référait à la récente mort de mon père, Alphonse. Je le partage avec vous, quinze années après son décès… et je me retrouve dans le passé quelques instants. En passant, le frère en question est décédé lui aussi il y a quelques années. À mon ordinateur, par iTunes, en récrivant le texte, j’écoute l’Ave Maria selon J.S. Bach, ainsi que « God’s Particle » et « 503 » du film « Anges et démons »… par pur hasard.

C’est une remarque que mon frère a fait. « Il était beau ». Comme on dit d’un nouveau-né qu’il est beau. Mais il ne me parlait pas d’un bébé. Il me parlait plutôt de mon père. Il venait de le voir, au « nursing home » où il était depuis moins de deux semaines. Il était décédé la veille, mon père. Dans sa 93e année. Il avait « éteint la lumière de sa vie ».

Il reposait paisiblement. Cette paix qu’il cherchait depuis maintenant quelques semaines. La mort, ce terrible messager de l’Au-delà, lui avait signifié son approche depuis quelques semaines. Un petit sursaut du cœur. Question de rappeler qu’à la porte de la vie, il faut se préparer à laisser entrer celle qui frappe.

Je partage mes émotions avec vous. « Il était beau! » À bien y penser, c’est vrai que l’on fait souvent cette remarque d’un défunt. Comme on le fait pour le bébé que l’on observe au travers la vitre de la pouponnière. « Il était beau! » pour marquer le commencement d’une vie. « Il était beau! » pour marquer la fin d’une vie. On nous dit que tout est recommencement.

On ne s’habitue pas à la mort. Je vous l’ai déjà dit, je crois. Elle nous entoure. Arrivé à un certain âge, elle nous frappe plus souvent. La mort fait partie de la vie. Mais on ne meurt jamais totalement. J’en suis convaincu. Le « contenant » disparaît, mais le « contenu » demeure avec nous.

Je ne parle pas de l’âme; c’est un concept un peu trop mystérieux pour moi. Je parle de l’esprit de l’être. Ce qu’il reste après. Parce qu’il reste quelque chose. L’être disparu reste avec nous. Par son nom. Par ses souvenirs. Surtout par ses souvenirs.

Mes frères, mes sœurs et moi regardions ses effets personnels, ses outils (il était ouvrier, mon père). Ses petites inventions d’homme-à-tout-faire. N’importe quoi pour économiser. Mon père ne croyait pas dans le « tout fait ». À 13 ans, il était parti pour les chantiers, comme il disait; il devenait bûcheron, comme c’était la coutume dans ces forêts du nord du lac Simon. Il était déjà indépendant. Bûcheron, en forêt, il faut se débrouiller et, surtout, on ne peut se permettre de se plaindre des petits bobos. C’était mon père. Jusqu’à la fin.

Je disais donc, nous regardions ses effets. Chaque objet, chaque outil, avait une histoire à raconter. Un souvenir de sa vie. Un souvenir de nos enfances respectives. Depuis quelques années déjà, et encore tout récemment, il m’avait remis de petits outils avec lesquels je jouais quand j’étais tout jeune. J’étais – comme il se plaisait à m’appeler – son « bébé ». Des outils que je manipulais avec mes petites mains pendant que lui, avec ses gros doigts de bûcheron, me transmettait quelques connaissances.

Aujourd’hui, je construis plutôt des phrases, avec des mots et des lettres. Et quand j’y penser attentivement, c’est du pareil au même. Construire, c’est construire. Et le produit reste. Comme des souvenirs.

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L’épuration des eaux à Hawkesbury

Les autorités municipales de Hawkesbury n’avaient pas tellement de choix, mais l’opposition de 133 contribuables signataires d’une pétition les obligeait à tenir une rencontre publique afin d’expliquer tous les aboutissants. Ainsi, « l’usine d’épuration de la ville de Hawkesbury coûtera 79.3 p. cent de plus, en 1974, qu’elle aurait coûté lors du début du projet de construction en 1971 alors que le prix s’élevait à $815,800 ». Le nouveau prix? Quelque 1 463 000 $. Mais les autorités devaient prendre une décision parce que la croissance du niveau de la rivière Outaouais au lendemain de la construction du barrage hydroélectrique de Carillon avait rendu une telle usine d’épuration des eaux vannes nécessaire, surtout compte tenu du plus grand nombre d’industries depuis la deuxième moitié des années 60. Tout ça est longuement expliqué dans l’édition du 10 janvier 1974 du journal Le Carillon. L’usine serait évidemment construite et aujourd’hui, en 2011, d’autres travaux sont en cours pour la remplacer et l’agrandir.

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Personne à Embrun ne m’avait rappelé la présence de cette attraction dans le village. Le Carillon du 17 janvier 1974 laisse savoir qu’à « l’instar de la capitale nationale, le village d’Embrun a lui aussi sa patinoire à ciel ouvert sur un cours d’eau ». Il semble en effet qu’un « groupe composé de pompiers volontaires d’Embrun, en collaboration avec des citoyens intéressés et avec l’assentiment des commissaires du village, a aménagé une patinoire sur la rivière Castor sur une distance de trois quarts de mille, entre les rues Ste-Marie et St-Jacques. Les pompiers se sont chargés d’arroser et de niveler la surface glacée, pendant que le village, pour sa part, a procédé à l’installation de lumières le long de la rivière. »

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Je me souviens vaguement de lui. Un court article du 24 janvier 1974 rappelle que « le chansonnier Jean-Pierre Jalbert passera en première partie du spectacle offert par Georges D’Or qui sera présenté à la boîte à chansons Le Vieux Clocher d’Ottawa. Jean-Pierre Jalbert est originaire de Hawkesbury et il a participé à plusieurs spectacles dont le Festival de Granby, le Festival populaire des arts dans Prescott et Russell, en plus d’avoir donné des récitals dans plusieurs boîtes à chansons. »

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Voilà, ça commence! « La conversion au système métrique du réseau routier national approche du point de départ. En effet, un plan portant sur la métrisation des voies publiques, dressé sous la direction de l’Association des routes et transports du Canada, a récemment recueilli l’approbation initiale de la Commission fédérale du système métrique. » Cette commission avait été établie en 1971. J’y reviendrai forcément.

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La « crise du pétrole »… ce n’est pas d’aujourd’hui

La « crise du pétrole » n’est pas seulement d’aujourd’hui. Marcel Desjardins, dans son éditorial du 3 janvier 1974, fait référence à celle qui s’était amorcée en 1973 et qui se prolongerait pendant un certain temps. En fait, je pense que nous nous n’en sommes jamais totalement remis. « S’il faut en croire les manchettes des grands quotidiens du pays, l’année qui débute s’annonce très mal pour les consommateurs canadiens. (…) Si 1973 fut marquée par la montée en flèche du prix des aliments, il semble qu’en 1974 ce sont les autres produits qui attireront l’attention. » Après avoir énuméré une longue liste de produits qui seraient touchés par la flambée des prix, Desjardins (sous son pseudonyme de Paul Huneault) ajoute que « les hausses viennent de toute part et plus grosses que jamais. C’est le système de la libre entreprise avec tous ses profits et ses intermédiaires multiples qui subit un test quasiment historique sinon crucial. C’est la société de l’opulence qui est du jour au lendemain menacée pour ne pas dire dépassée. » Et ce paragraphe que Desjardins aurait pu tout aussi bien écrire cette semaine : « Changer le style de vie n’est subitement plus, depuis la crise de l’énergie, une question de préférence idéologique, c’est une nécessité. C’est peut-être une des leçons que notre société de consommation nous réserve cette année. » Voilà pour la petite leçon d’histoire.

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Le chef libéral ontarien Robert Nixon est de passage dans la région afin de participer notamment à l’assemblée générale annuelle de l’Association libérale de Prescott-Russell. On en parle dans l’édition du 13 décembre 1973 du journal Le Carillon. Nixon lance l’idée d’une loterie ontarienne, inspirée de celle de Loto-Québec, qui rapporterait chaque année au moins 55 millions de dollars au trésor provincial. De toute façon, il faisait remarquer que de nombreux Ontariens achetaient des billets de Loto-Québec, bien qu’il soit illégal de le faire. Pour Nixon, une loterie « permettrait au gouvernement de mieux traiter les retraités de la province ». L’article ne précise pas que ce que Nixon laissait entendre par là.

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Signe des temps et sécurité oblige, n’entre pas qui veut dans les écoles de l’Ontario ni d’ailleurs sûrement. Mais selon un article du 27 décembre 1973, à cette époque, la nouvelle Loi de l’éducation consolidée, ouvrait grandes les portes des écoles aux parents des enfants qui y étaient inscrits ainsi qu’aux commissaires d’école. « Sous la nouvelle loi, les parents et commissaires d’écoles seront désignés comme visiteurs et auront le privilège de visiter l’école de leur choix en tout temps. Le privilège était auparavant réservé aux ecclésiastiques et aux membres de l’Assemblée législative. »

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S’il était de St-Eugène, je dois avoir des liens de parenté. Je me réfère à un texte dans l’édition du 3 janvier 1974 et reproduit du périodique Ontario Milk Producer, la revue des producteurs laitiers de l’Ontario. Elphège Lefebvre représentait les producteurs laitiers de Glengarry, Prescott, Russell et Stormont au sein de la Régie du lait de l’Ontario (l’Ontario Milk Marketing Board). Il avait été conseiller, sous-préfet et maire du Canton de Hawkesbury-Est, dont faisait partie St-Eugène; en 1964, il avait présidé le Conseil des comtés unis de Prescott-Russell. Le long article retrace sa vie, surtout celle de producteur laitier. Un paragraphe retient mon attention par contre : « La famille Lefebvre est fière de retracer ses origines au Canada depuis 1668, lors de l’établissement de leurs ancêtres en Nouvelle-France. Au début de 1800, la famille déménage au Haut-Canada et peut prétendre aujourd’hui avoir pris racine dans le sol du comté de Prescott, près de St-Eugène, au-delà de six générations. » Ma mère était une Lefebvre et elle venait de St-Eugène.

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Maison nette au conseil municipal de Rockland

À Rockland, les électeurs avaient fait maison nette lors du dernier scrutin municipal. Le maire Roger Charron avait été réélu sans opposition et la population avait sans doute voulu l’entourer d’une toute nouvelle équipe. C’est ainsi que Jules Lavictoire, Bernard Payer et Jean-Marc Lalonde devenaient conseillers municipaux de Rockland, de même que John Simoneau, Euclide Brunet et Claudette Béland. L’ancien conseiller Serge Roy devenait le nouveau préfet, alors que l’ancien maire Georges Martin revenait à la table, mais cette fois comme sous-préfet, un nouveau poste au Conseil en fait. Roy et Martin représenteraient leur ville au Conseil des comtés unis. Je note que leur mandat, comme celui de tous les autres conseils municipaux de la région et de l’Ontario qui devaient faire face à l’électorat, ne sera que d’une durée d’un an étant donné que le gouvernement provincial avait d’uniformiser la durée des mandats et la tenue des scrutins à compter du 1er janvier 1974. On raconte le tout dans l’édition du 6 décembre 1973 du journal Le Carillon.

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C’était la fête à St-Isidore-de-Prescott, l’aréna local était enfin doté d’une surface de glace artificielle. L’inauguration officielle avait attiré des gens d’un peu partout au grand plaisir du gérant Marcel Legault. Pour l’occasion, les Nationals de Rockland, de la Ligue centrale junior « A », avaient disputé un match amical contre le club étoile de St-Isidore. J’en parle parce que cela remonte à une époque où tous les arénas locaux pouvaient profiter des largesses du gouvernement ontarien pour améliorer leurs installations. Un « emprunt » de 60 000 $ avait ainsi été consenti par le ministère des Services sociaux et communautaires et « seulement une infime partie devra être remise ». C’est dans le journal du 13 décembre 1973.

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Je retiens un article dans l’édition du 13 décembre 1973 sur des propositions soumises par le Conseil d’éducation de Stormont, Dundas et Glengarry « destinées à améliorer la qualité de l’enseignement du français dans la province ». Un rapport du Conseil alléguait « que les programmes actuels d’enseignement du français sont mal planifiés et qu’il existe un besoin pour des buts réalistes et réalisables ». Pour y remédier, le Conseil suggérait « que les besoins courants et les besoins du bilinguisme soient pris en considération dans les cours de français aux anglophones; que le rôle de l’école dans ce domaine soit précisé à la lumière de la demande croissante pour le bilinguisme fonctionnel dans un système scolaire de plus en plus incapable de rencontrer cet objectif ».

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Tiens, tiens! Il y avait déjà un dépotoir à proximité du village de Russell. Je l’apprends dans l’édition du 13 décembre 1973 du journal Le Carillon. Les autorités du Canton de Russell attendaient les autorisations du ministère ontarien de l’Environnement pour l’aménagement d’un nouveau dépotoir du Canton afin de remplacer le dépotoir actuel, qui ne répond plus aux exigences. « Le futur dépotoir de Russell est situé sur un terrain de 50 acres acheté par le Conseil municipal l’été dernier. Le dépotoir couvrirait une superficie de 20 acres, tandis que le reste serait aménagé en carrière de sable, d’où le service de voirie tirerait ses provisions de sable. » Ce dépotoir, aménagé à quelques kilomètres au sud d’Embrun, est toujours fonctionnel et bien géré. La situation de l’époque explique sans doute l’opposition des résidents du village de Russell, aujourd’hui, à un autre projet de dépotoir de matériaux secs, mais d’une entreprise privée cette fois.

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Victor Bruneau reprend son titre de maire

La réaction à l’hôtel de ville était plutôt bizarre en cette soirée électorale du 3 novembre 1973. Les résultats étaient connus et l’ancien maire Victor Bruneau avait défait le maire sortant Yvon Montpetit « avec une très confortable majorité de 713 votes ». Mais ce sont plutôt les partisans de Montpetit et du conseiller Claude Demers qui avaient rempli une bonne partie de la salle du conseil ce soir-là avec la conséquence que le nouveau maire allait être hué pendant son discours. En fait, Demers avait considéré sa victoire comme une défaite partielle, ayant récolté moins de votes que lors du scrutin précédent. Tous les résultats sont publiés dans l’édition du 6 décembre 1973 du journal Le Carillon. Les électeurs avaient exprimé leur mécontentement en favorisant deux nouveaux candidats, Edward B. Mullin, qui allait récolter le plus fort appui parmi les sept candidats, et Jean-Maurice « Johnny » Larocque, qui se classerait bon deuxième, les deux avec quasiment un total identique de votes. Les autres élus étaient les conseillers Claude Drouin (indélogeable), Jean-Louis Montreuil et Joseph-R. Dupuis. Quant au préfet Philibert Proulx et au sous-préfet Laurent Cayen, les deux avaient été réélus sans opposition lors de la mise en candidature. Je note que le seul candidat défait, George Radford, était le président du syndicat de la CIP et que la longue grève de l’été lui avait coûté cher. L’ère Montpetit tirait donc à sa fin et n’aura duré qu’un mandat, mais les réalisations du Conseil sous sa gouverne ont été permanentes.

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Chaque fois que je relis un article sur l’influence du futur aéroport de Mirabel sur la situation économico-touristique de Hawkesbury, j’en ris. Cette fois, dans l’édition du 6 décembre 1973, un très long texte affirme que « la ville de Hawkesbury sera la première ville de l’Ontario accessible par route à partir du nouvel aéroport international de Mirabel, et par le fait même deviendra le centre d’une région privilégiée ». L’affirmation provenait du directeur des relations publiques du Bureau d’aménagement du nouvel aéroport international de Montréal (BANAIM), Denis Boissy, qui était l’invité de la Chambre de commerce locale. Boissy y allait de ses prédictions : « Quelque 3.8 millions de passagers utiliseront le nouvel aéroport de Mirabel l’année de son ouverture, en 1975. En 1979, ce nombre passera à environ 5.8 millions. La planification actuelle prévoit qu’en 1980 il faudra ajouter une nouvelle aérogare à Mirabel et y transférer un autre groupe de vols, probablement la majorité ou la totalité des vols frontaliers et une autre tranche du secteur national. En 1980, Dorval accueillerait 3.2 millions de passagers tandis que Mirabel en accueillera 10.5 millions. Enfin, en 1985, alors que le trafic se maintiendrait en bas de 4 millions de passagers à Dorval, il attendrait 17 millions à Mirabel. » Eh! que le rêve peut être intéressant!

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La tactique était nouvelle pour eux. « Quelque 241 des 272 enseignants au secteur secondaire à l’emploi du Conseil d’éducation de Prescott-Russell ont remis officiellement leur démission, vendredi après-midi, aux locaux administratifs de l’organisme, à Hawkesbury. » Le geste provenait tant de membres de l’Association des enseignants franco-ontariens (AEFO) que de l’Ontario Secondary School Teachers Federation (OSSTF). Le représentant de l’AEFO est Hervé Casault, qui avait été un confrère séminariste. Notons que 8 000 enseignants ontariens avaient remis leur démission collective pour protester contre la lenteur des négociations. C’était dans l’édition du 6 décembre 1973. Dans l’édition de la semaine suivante, on apprend que ces enseignants « perdront, à la suite d’une loi d’urgence présentée par le ministre de l’Éducation et adoptée en première lecture lundi par la Législature ontarienne, leur droit de recourir à la démission en groupe comme moyen de pression et devront se soumettre à l’arbitrage obligatoire et exécutoire ». Il va sans dire que le climat de travail serait difficile pendant plusieurs années. C’était le premier d’une série de conflits qui surgiraient au fil des années.

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Des lits de plus pour les aînés

Nos politiciens régionaux avaient manifestement à cœur le mieux-être de leurs citoyens âgés. Ainsi, le Conseil des comtés unis de Prescott-Russell entrevoit « un projet d’agrandissement et de rénovations de $962,392 au Foyer Prescott-Russell (à L’Orignal) et la construction d’un tout nouveau foyer dans le canton de Clarence, au coût de $1.4 million ». Le Carillon rapporte dans son édition du 29 novembre 1973 que le projet permettra « de porter de 101 à 139 le nombre de lits disponibles au Foyer Prescott-Russell », alors que le Conseil des comtés unis participera financièrement à la construction du Centre d’accueil Roger Séguin, dans le canton de Clarence. Le gouvernement ontarien versera une subvention de 528 000 $ pour le projet du Foyer et les comtés verseront une subvention de 220 000 $ au projet de Clarence. Le Centre d’accueil Roger Séguin serait doté de 110 lits. Je reviendrai sur le Foyer situé maintenant à Hawkesbury.

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Le projet d’aménagement du nouvel aéroport international de Mirabel fait jaser dans la région. Dans Le Carillon du 29 novembre 1973, on apprend que « le gouvernement canadien offrira des compensations supplémentaires totalisant plus de $16 millions aux expropriés de Ste-Scholastique ». Cette somme faramineuse pour l’époque n’était que pour de nouvelles compensations. Imaginez le coût total! « Les nouveaux dédommagements comprendront premièrement une indemnité pour dommages au montant de $3,000 aux propriétaires résidants; les intérêts à cinq p. cent à compter du 1er juillet 1969 et à six p. cent à compter de la mise en vigueur de la nouvelle loi d’expropriation en juillet 1970, moins loyers à compter de cette date. De plus, aucun loyer ne sera chargé aux propriétaires résidants pour 23 mois à partir de la date de l’expropriation. » Et ce n’était pas tout. « Le gouvernement fédéral offrira aussi aux expropriés une indemnité pour frais de notaire pour l’achat d’une nouvelle propriété, ainsi qu’une indemnité supplémentaire à ceux qui ont perdu l’avantage d’un taux d’intérêt préférentiel sur emprunt hypothécaire et une indemnité spéciale de dix p. cent aux propriétaires forcés de déménager à moins de 90 jours d’avis. » Et en rétrospective, tout ça pour un immense aéroport quasiment vacant.

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Prescott et Russell, après tout, étaient des comtés très orientés sur la vie agricole. Il ne fallait donc pas se surprendre, en lisant Le Carillon du 29 novembre 1973, d’apprendre que « le Conseil des comtés unis songe, pour venir en aide aux cultivateurs dépassés par les événements, à créer une ferme expérimentale à l’intérieur de ses limites territoriales ». L’Association de réaménagement et de développement agricole (ARDA) était propriétaire d’environ 1 500 acres de terrain dans les limites des comtés « qui seraient tout indiqués pour l’établissement d’une telle entreprise », selon le comité industriel du Conseil des comtés unis. « Une ferme expérimentale serait un facteur décisif pour retenir ces cultivateurs qui songent à vendre leur entreprise et à abandonner la culture. Plusieurs d’entre eux ont de la difficulté à joindre les deux bouts et ils éprouvent maintes difficultés à obtenir un bétail reproducteur de qualité pour améliorer le rendement de leurs troupeaux laitiers. Une ferme expérimentale, en plus de créer des emplois, pourrait se concentrer sur l’élevage de bétail de race pure qui serait mis à la disposition de producteurs laitiers de la région. La ferme expérimentale pourrait aussi servir à la recherche dans le domaine agricole et de théâtre pour des cours spécialisés qui seraient offerts aux cultivateurs. » La ferme expérimentale n’a jamais été concrétisée. Par contre, un collège d’agriculture allait naître plusieurs années plus tard. J’y reviendrai.

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Le maire de Hawkesbury, Yvon Montpetit, déclare aux membres du club Rotary « que le vieil aéroport de St-Eugène, utilisé pour le parachutisme, pourrait bien devenir le futur aéroport municipal de Hawkesbury » étant donné que lorsque « la nouvelle autoroute 417 aura été ouverte, St-Eugène ne sera qu’à dix ou douze minutes de Hawkesbury ». Tiens, tiens, plus proche de Hawkesbury que Mirabel de Montréal! Ce serait la dernière idée brillante du maire Montpetit pour « sa » ville. Les élections municipales de 1973 s’en viennent.