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Après six mois, une fréquence différente

Voilà maintenant un peu plus de six mois que je publie « Le blogue de Jean-Maurice » et, en plus du changement de présentation, je crois qu’il est aussi temps de modifier la fréquence de publication. Depuis le 18 janvier dernier, je publiais un billet chaque jour, ce qui représente, vous l’aurez deviné, une somme de travail importante. J’ai aussi constaté, après près de 8 000 visites et 235 textes publiés, que mes lecteurs prennent une pause pendant la fin de semaine. Donc, à compter de maintenant, je publierai mes billets cinq jours par semaine au lieu de sept. Ce sera plus simple pour moi et vous aurez la fin de semaine pour lire ce que j’aurai publié les cinq jours précédents… si vous n’êtes pas abonnés bien sûr… sinon, vous les recevez dès leur publication dans votre boîte de courriels.

Cela dit, j’en profite pour vous remercier de vos visites sur mon blogue et j’espère que son contenu vous plaît. En tout cas, dans mon cas, j’ai toujours le même immense plaisir à l’écrire. Mes « Retour sur hier » me rappellent de nombreux souvenirs de ma carrière journalistique, des gens que j’ai cotoyés… et la petite histoire de mon coin de pays.

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Des « séparatistes » à Hawkesbury

« La séparation de Hawkesbury des comtés unis remonte à la surface » selon le titre d’un article dans l’édition du 29 avril 1971 du journal Le Carillon. Ce n’était pas la première fois qu’il en était question, mais c’est la première fois que le sujet était abordé lors d’une réunion publique réunissant des représentants des différents clubs sociaux de Hawkesbury. Le dentiste Henri Larocque n’y était pas allé par quatre chemins. Il avait « demandé si la ville de Hawkesbury payait $463,000 pour aider les cultivateurs, qui profitent déjà d’une réduction de 25 p. cent de leurs taxes, pour alléger le fardeau des taxes scolaires ». Larocque s’était interrogé « sur l’utilité d’être associé au Conseil des comtés unis, si la ville n’obtient pas les services en proportion des argents déboursés ». Hawkesbury n’était pas la seule ville à se poser cette question, Cumberland, Rockland et Russell l’avaient fait à maintes reprises. C’était la nature d’une structure de gouvernement régionale. L’ancien préfet Germain Tessier avait rappelé aux participants « qu’il y avait peu d’espoir que Hawkesbury se sépare des comtés, puisque le gouvernement provincial ne le permettra plus, la tendance étant aux gouvernements régionaux ». Aujourd’hui, les gouvernements régionaux et les municipalités fusionnées sont la norme en Ontario, comme au Québec d’ailleurs.

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Les pauvres députés fédéraux et les sénateurs n’avaient pas eu d’augmentations salariales depuis huit ans. Le gouvernement Trudeau a voulu corriger la situation et il en question dans Le Carillon du 29 avril 1971. « Les députés fédéraux et les sénateurs recevront désormais respectivement $26,000 et $22,000 par année si la Chambre des communes adopte le projet de loi que vient de déposer le gouvernement Trudeau. » Le gouvernement proposait en effet « de porter de $12,000 à $18,000 le salaire de base des députés, tandis que leur allocation de dépenses passerait de $6,000 à $8,000. Cette allocation n’est pas taxable. » Dans le cas des sénateurs, le salaire de base était identique à celui des députés, mais « leur allocation de dépenses passerait de $3,000 à $4,000, soit $22,000 par année au lieu de $15,000 ». C’était quand même supérieur à la moyenne de bien des gens à cette époque. En 2011, le salaire de base d’un député aux Communes est de 157 731 $ par année, en plus de toutes sortes d’allocations.

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Sous l’administration du maire Yvon Montpetit, encore toute nouvelle en ce printemps de 1971, les « chicanes » étaient fréquentes autour de la table du Conseil, comme l’avaient démontré les débats entourant l’embauche d’un ingénieur municipal. Plusieurs têtes fortes siégeaient à la même table. Dans l’édition du 29 avril 1971, un article y fait référence. « Les divergences d’opinions sont essentielles au bon déroulement d’une assemblée ‘législative’. Le maire Yvon Montpetit a insisté lundi soir sur le fait que le Conseil municipal est un corps ‘législatif’ et non ‘exécutif’ et que les différences d’opinions sont nécessaires, utiles et essentielles si l’on veut de bonnes décisions ». Voilà, ses propos sont toujours pertinents 40 ans plus tard, mais le public n’accepte pas toujours que ses élus se « chicanent » constamment. Et Montpetit de conclure à l’époque que « le ‘spectacle’ de la semaine dernière était peu important comparé à ceux qui se déroulent quotidiennement à la Chambre des communes ou au Sénat américain ». Le récent débat sur le plafonnement de la dette américaine a confirmé la pertinence des propos de l’ancien maire Montpetit quatre décennies plus tard.

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C’est décidé… Hawkesbury aura son propre ingénieur

La décision avait été prise d’embaucher un ingénieur municipal à plein temps pour la ville de Hawkesbury. Le Conseil municipal, surtout le maire Yvon Montpetit et le conseiller Claude Demers, qui travaillaient souvent de concert, avait jugé pertinent que la ville ait son propre ingénieur au lieu de toujours compter sur les services d’ingénieurs-conseils, jugés plus coûteux. Au moment de choisir un candidat, ça n’a pas été aussi simple. Le Carillon du 22 avril 1971 nous raconte les longues délibérations du Conseil municipal, ponctuées de prises de bec et de guerres de procédures, pour choisir un candidat. Le choix s’était d’abord fixé sur l’ingénieur Kenneth Ménard, mais plusieurs membres du Conseil avaient éliminé sa candidature, prétextant qu’on lui aurait promis le poste lors de la campagne électorale. Il était en effet le candidat privilégié par Montpetit et Demers. Évidemment, l’ancien ingénieur municipal Ghislain Séguin, qui était maintenant à son propre compte, obtenait la grande part des contrats d’ingénierie-conseil de la ville et il n’appréciait pas du tout les intentions du nouveau Conseil. Il perdait son temps avec ses arguments parce que la décision était inévitable. Il y aurait encore de longs et fréquents débats. Ultimement, c’est l’ingénieur Kenneth Ménard qui serait embauché et qui occuperait le poste pendant de très nombreuses années. C’est lui qui était là lorsque je siégeais au Conseil municipal de Hawkesbury vers la fin des années 80.

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Un sondage de la Société de logement de l’Ontario démontre que « la majorité des travailleurs de la ville gagnent moins de $6,000 » par année. Et ce « malgré son essor industriel des trois dernières années, malgré les prévisions optimistes sur son avenir économique, Hawkesbury semble demeurer une ville de travailleurs à petits salaires ». Rappelez-vous mes commentaires dans des billets de blogue précédents à l’effet que plusieurs nouvelles industries étaient du secteur du textile… qui paient de petits salaires justement. Le sondage de la SLO démontrait également que les situations des femmes était pire, « la presque totalité d’entre elles gagnaient moins de $6,000 et plus de la moitié, moins de $3,000, en 1970 ». Pas pour rien que la ville et la région n’éprouvaient pas de difficultés à se faire « déclarer zone défavorisée ». Par contre, la SLO affirmait que 610 nouveaux emplois environ seraient créés à Hawkesbury en 1972. Le texte du 22 avril 1971 ne précise pas si ces emplois seront plus payants.

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La ville de Rockland avait jugé que son aréna, construit au début du siècle, ne répondait plus aux exigences de la ville. Un comité avait été formé dans le but « de mousser le projet de construction d’un nouvel aréna dans cette ville ». C’est ce qu’on apprend dans l’édition du 22 avril 1971. Au moins deux marchethons avaient été organisés afin d’amasser des fonds et plus d’une centaine de citoyens y avaient participé. Un nouvel aréna a été construit éventuellement. Quarante ans plus tard, ce « nouvel » aréna n’était plus adéquat du tout et ne sert d’ailleurs plus à cette fin. Tout récemment, les citoyens de Rockland ont commencé à profiter des nouvelles installations de l’Académie internationale de hockey qui vient d’y inaugurer un complexe sportif de nouvelle génération. L’arrivée de cette Académie a été précédée d’une longue histoire grandement documentée sur le Web. Je n’aborderai pas cette question dans mon « Retour sur hier » puisqu’il s’agit d’histoire récente qui lie à la fois celle du Canton de Russell et de la Cité de Clarence-Rockland.

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Un petit texte intéressant dans la section sportive du 22 avril 1971. « Guy Lafleur, celui que les experts de hockey reconnaissent comme étant actuellement le meilleur joueur junior au pays, sera fêté dans sa ville natale, Thurso, le samedi 19 juin prochain. » Le reste, évidemment, fait partie de l’histoire. En passant, le député de Glengarry-Prescott-Russell à Queen’s Park et ancien maire de Rockland, Jean-Marc Lalonde, se plaît à répéter à qui veut l’entendre, depuis 40 ans, que Guy Lafleur a joué son hockey pee-wee de 1962 à Rockland. Après tout, Thurso est de l’autre côté de l’Outaouais à la hauteur de Rockland. C’est Lalonde qui avait convaincu ses parents, manifestement.

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Deux mille lacs et une quarantaine de rivières de plus pour les pêcheurs

La démocratisation de la chasse et de la pêche en quelque sorte. Le gouvernement du Québec avait décidé « de rendre accessibles à la population des territoires jusqu’à maintenant confiés à des ‘clubs privés’ dans le cadre d’un programme de trois ans ». Le gouvernement du Québec venait donc « de révoquer 112 baux et de retirer à 105 autres locataires les droits exclusifs de chasse et de pêche qu’ils détenaient sur les terres de la Couronne ». Ces mesures du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche « permettront de mettre à la disposition des citoyens 3,000 milles carrés et territoires de chasse et pêche, comportant 2,000 lacs et une quarantaine de rivières ». On apprend dans l’édition du 8 avril 1971 du journal Le Carillon que le retrait des droits de chasse et de pêche a touché pas moins de 32 clubs privés dans la région de l’Outaouais, dont sept dans le comté de Papineau (qui faisait partie du territoire de couverture du journal).

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En Ontario, le ministère de l’Éducation avait décidé que ses futurs enseignants seraient mieux qualifiés. Ainsi, un article dans Le Carillon du 15 avril 1971, explique que « les personnes intéressées à se lancer dans la carrière de l’enseignement devront rencontrer des exigences plus sévères avant d’obtenir un certificat d’instituteur » et ce à compter de 1973. Le ministre venait d’annoncer que « les étudiants qui s’inscriront dans les écoles normales ontariennes devront détenir au préalable un diplôme universitaire en arts ou en sciences, puis devront compléter une année dans une école normale ». À cause de cette politique, tous les nouveaux professeurs des écoles élémentaires ontariennes seraient tous des diplômés d’université dès 1974. En annonçant la nouvelle, le ministre de l’Éducation, Robert Welch, avait « conclu que les années 70 seront marquées par des efforts pour atteindre la qualité et la responsabilité en éducation ». Évidemment, meilleures qualifications signifiaient meilleures rémunérations.

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Les hausses du prix de l’essence, ce n’est pas d’aujourd’hui. Il en est question dans l’édition du 15 avril 1971. « La plupart des compagnies d’essence ont emboîté le pas, cette semaine, à la société Imperial Oil et ont annoncé des hausses du prix de l’essence de deux à trois cents le gallon pour tout l’Est du Canada. » Les hausses étaient en réaction à une nouvelle taxe vénézuélienne sur le pétrole exporté de ce pays. « Dans la plupart des centres de l’Est ontarien et de l’Ouest du Québec, l’essence régulière se vend maintenant plus de 51 cents le gallon alors que le prix de la super oscille entre 55 et 56 cents. » Nous ne sommes pas encore au système métrique et au litre d’essence. Si vous faites le calcul, par contre, 51 cents le gallon ce sont 2,32 $ le litre et 55 cents, 2,50 $. En d’autres mots, 40 ans plus tard, nous ne payons pas si cher que ça, non?

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Pendant ce temps, le ministère des Postes décrétait une majoration des tarifs postaux, faisant passer le prix du timbre de 6 cents à 8 cents le 1er janvier 1972. Il s’agissait du prix pour envoyer une lettre ordinaire. Le ministre Jean-Pierre Côté avait justifié cette décision par le fait « que le déficit de $113 millions prévu pour cette année aux postes canadiennes, ainsi que celui de $140 millions anticipé pour 1972, ont incité le gouvernement à décréter de nouvelles hausses des tarifs postaux ». C’était en effet l’époque des déficits annuels élevés et cumulatifs aux postes.