Les gens pouvaient bien rêver, surtout dans le secteur Carillon Gardens, un développement résidentiel cossu un peu à l’est de Hawkesbury. Les résidents étaient surtout des professionnels et gens d’affaires et ils étaient sûrement convaincus que leur statut social leur permettrait d’obtenir finalement un service de facteurs. À L’Orignal, Vankleek Hill et Grenville, des secteurs beaucoup plus populeux, on espérait une décision favorable d’Ottawa et l’obtention de la livraison du courrier à domicile, comme à Hawkesbury. Les résidents de Carillon Gardens avaient entrepris leurs démarches il y a longtemps et dans l’édition du 16 décembre 1971, on apprend qu’il n’y aura pas un tel service. « Cette décision ferait suite à la politique du ministère des Postes de ne pas créer de nouveaux emplois dans le secteur Est ontarien. » Voilà!
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Les membres du Conseil municipal de Hawkesbury n’ont pas dû m’aimer cette semaine-là. Dans ma chronique du 6 janvier 1972, j’écris : « Croyez-le ou non, mais les membres du Conseil municipal de Hawkesbury n’ont constaté que lors de leur réunion spéciale du 28 décembre (réunion de mise au point) qu’ils n’avaient rien fait au cours de la première année de leur mandat. Les observateurs, eux, s’en sont aperçu il y a un bon moment. L’année 1972 devrait apporter de nettes améliorations. » Ouch!
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Le juge Omer H. Chartrand était un personnage respecté à Hawkesbury et dans la région et il n’avait pas la langue dans sa poche. Dans l’édition du 13 janvier 1972, on y lit que « le juge Omer Chartrand refusera à l’avenir de célébrer les mariages ». Il réagissait à une décision du gouvernement ontarien de réduire le traitement provincial aux juges de comté. Chartrand était le juge de la Cour des comtés unis de Prescott et Russell. Chartrand reprochait au procureur général de l’Ontario de « demander aux juges de travailler sans rémunération dans des causes relevant de lois provinciales ». Le juge avait écrit : « Le gouvernement devrait pratiquer ce qu’il prêche et ne pas forcer les juges à agir en scabs; si la province veut me forcer à travailler pour rien, elle m’impose une taxe que je refuse de payer. » Il avait donc décidé de refuser « dorénavant de célébrer des mariages, de régler des plaintes mineures et autres causes relevant des lois provinciales ». Omer H. Chartrand avait été « nommé juge de la Cour des comtés unis de Prescott et Russell il y a dix ans (…) touche un traitement annuel de $25,000 du gouvernement fédéral et un de $2,000 du gouvernement ontarien ». Le gouvernement avait décidé de réduire sa contribution de 1 500 $ ayant jugé que le salaire versé par le fédéral était suffisant.
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Jean-Charles Thériault n’avait que 39 ans et était conseiller municipal à Hawkesbury. Une crise cardiaque l’emporte subitement le 16 janvier 1971 et il aura droit à des funérailles civiques. Lui et sa famille étaient populaires. « Il était le fils de M. Oscar Thériault, conseiller municipal pendant plus de 25 ans, qui est décédé en juillet 1970. Outre son épouse, née Dorothée Séguin, il laisse un fils et deux filles. » Il sera remplacé au Conseil par Joseph Dupuis, un candidat défait à la dernière élection. Le frère de Jean-Charles, Gilles, copropriétaire avec lui de la Grocétéria Thériault fondée par leur père, se lancera lui aussi un jour en politique municipale. J’y reviendrai.