Ce n’est pas en français… donc, attendez!

Depuis juillet 1967, la ville de Rockland demandait la construction d’une nouvelle usine de filtration pour remplacer celle vieille de 50 ans. Tout s’était bien passé, croyait-on, mais rien ne semblait plus bouger. Les autorités municipales avaient pourtant respecté les procédures et fait publier « par la voie des journaux ce que seraient les taux facturés aux citoyens pour les services d’une nouvelle usine de filtration », comme le leur avait demandé la Commission des affaires municipales de l’Ontario.

Le journal Le Carillon étant le journal ayant le plus fort tirage dans Rockland et étant donné que la population était à 95 p. cent francophone, le Conseil avait décidé de publier ladite publicité uniquement dans Le Carillon… en français bien sûr. Le maire de l’époque, Georges Martin, avait soulevé le fait que « plusieurs politiciens, dont le ministre Fernand Guindon, encourageaient alors les municipalités francophones à se prévaloir de leurs droits fondamentaux ». Mais peu de temps après, Rockland était avisé par la CAMO que « sa demande d’autorisation était suspendue pour une période indéterminée ».

C’est en se rendant à Toronto afin d’obtenir des éclaircissements qu’ils ont découvert le motif de cette décision : la publicité en français seulement, qui serait illégale. Le député Albert Bélanger, « qui prône la reconnaissance officielle du français dans les centres à majorité francophones, poursuit toutefois ses pressions et obtient finalement gain de cause : Rockland aura son usine de filtration malgré l’annonce française. » Quant au maire Martin, il était « fier que le précédent soit créé pour l’avantage futur des autres municipalités francophones de la province ». C’est dans l’édition du 5 mars 1970.

* * *

Dans l’édition suivante, celle du 12 mars, il est aussi question du fait français. Cette fois, c’est le préfet de Hawkesbury, J.-Lomer Carrière, qui décide de poser une question en français (puis de la reformuler en anglais sur-le-champ) lors d’un congrès de l’Association pour l’amélioration des routes (communément appelée la Good Roads Association).

Eh bien, il s’est fait copieusement hué par une majorité des 1 600 représentants municipaux participants à ce rassemblement. Il avait posé sa question aux ministres William Davis, de l’Éducation, et Darcy McKeough, des Affaires municipales. Le président de l’assemblée l’avait immédiatement rassuré : « Vous avez exercé un privilège que nous ne vous enlèverons jamais ». Carrière avait rappelé que plus de 150 participants étaient d’ailleurs des francophones.

Son intervention à Toronto avait d’ailleurs créé une certaine friction avec le maire unilingue anglophone de Russell, Ernest Burton, qui aurait affirmé à d’autres délégués que les intentions de Carrière n’étaient que « de causer du désordre ». Burton avait expliqué, plus tard, qu’à son avis, Carrière aurait dû formuler sa question d’abord en anglais, « par politesse », puis la traduire ensuite en français; Carrière estimait que le message qu’il voulait ainsi lancer n’aurait pas été le même.

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