Une journée d’ouverture « officielle » pour le magasinage

Les Magasins Continental Ltée, une société dont le siège social était à Chicoutimi, au Québec, exploite un magasin populaire à Hawkesbury et publie une pleine page de publicité dans l’édition du journal Le Carillon du 29 octobre 1970 qui retient mon attention par son originalité et sa « formalité ». On dirait une lettre qui annonce une situation grave. Ce n’est pas le cas. Je vous reproduis le texte de cette annonce :

MESSAGE TRÈS IMPORTANT

Ceci est pour certifier que je, L.E. Bélanger, gérant du magasin Continental de Hawkesbury, Ontario, sur recommandation des officiers du notre bureau chef, déclare aujourd’hui ‘Journée ouverture officielle’ pour votre magasinage des Fêtes, Noël et Jour de l’An. Notre magasin est maintenant revêtu de sa mante des fêtes.

Le rayon des jouets est prêt à vous recevoir ainsi que tous les autres rayons pour vos achats de cadeaux, soit pour garçons, filles, hommes et dames de tout âge. Nous avons un assortiment pour suffire à tous.

Nous invitons tous nos clients présents, passés et futurs à nous rendre une visite. Ceci vous convaincra que même si Hawkesbury est une petite ville, le magasin Continental de Hawkesbury est comparable à ceux des grandes villes soit par son atmosphère spacieuse, son décor des plus moderne, son vaste assortiment et aussi les meilleurs prix qui soient. Le service est excellent.

Enfin, pour aider le client, nous avons les commodités suivantes: grand terrain de stationnement à l’arrière du magasin, très bien éclairé le soir, pour votre protection. Aussi pour faciliter vos achats, nous avons les ‘Plan Mise de Côté’, ‘Plan de Crédit Continental’ et ‘Chargex’.

De plus, quand vous êtes fatigués, vous pouvez vous arrêter quelques minutes à notre comptoir Lunchenette, un des plus grands et plus modernes de la région. Ce petit arrêt vous fera un grand bien pendant votre magasinage et surtout quelques minutes avant de vous mettre en chemin.

Merci à l’avance de votre visite.

Ce magasin à rayons a fermé ses portes il y a plusieurs années. Je me souviens d’un fait lié à ce magasin. Quand l’usine de la CIP fermera ses portes en 1982, des anciens travailleurs s’y donneront rendez-vous cinq jours semaine afin de prendre le petit-déjeuner ensemble. Mon beau-père était du nombre. Un petit geste qui devenait leur nouvelle routine matinale au lieu de se rendre à un travail qui n’existait plus.

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L’article est enfoui en page 19 de l’édition du 29 octobre. Le Conseil des comtés unis avait adopté une résolution qu’il avait fait parvenir au Premier ministre Pierre Elliott Trudeau. « Nous, les membres du Conseil des comtés unis de Prescott et Russell, endossons les mesures prises par notre gouvernement fédéral en rapport avec la crise politique qui afflige notre pays. C’est notre désir sincère que le gouvernement utilise toutes les ressources à sa disposition pour découvrir les assassins de l’honorable Pierre Laporte et les livrer à la justice et que la fraternité et la compréhension mutuelle reviennent à notre pays du Canada que nous aimons si chèrement ». La Loi sur les mesures de guerre décrétée par Trudeau sévissait encore à ce moment-là. Par contre, les policiers avaient démantelé leurs barrages au pont Perley et à la frontière Ontario-Québec dans la région de Pointe-Fortune.

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