En cette fin des années 70, la Fédération des francophones hors Québec (la FFHQ) était un organisme assez récent. L’organisme regroupait essentiellement des associations locales ou provinciales de francophones. Le député fédéral de Glengarry-Prescott-Russell, Denis Ethier, ne tenait pas cet organisme dans son cœur. Le député Ethier « veut que l’Association canadienne-française de l’Ontario se dissocie de la Fédération des francophones hors Québec » peut-on lire dans l’édition du 10 mai 1978 du journal Le Carillon. Ethier avait mentionné « qu’il ne se considérerait plus membre de l’Association canadienne-française de l’Ontario si l’ACFO demeurait membre de la FFHQ et continuait à endosser les idées de cet organisme ».
« Le député Ethier réagissait ainsi au refus des délégués au forum national des francophones hors Québec, tenu samedi et dimanche à Ottawa, d’adopter comme principe politique fondamental l’hymne national ‘O Canada’. M. Ethier reproche à la FFHQ d’être une organisation axée sur la destruction plutôt que la construction et soutient que ses dirigeants sont des agitateurs qui n’ont qu’une idée derrière la tête. Le député de Glengarry-Prescott-Russell a signalé avoir invité le secrétaire général de la FFHQ, M. Hubert Gauthier, à venir le rencontrer aux Communes pour discuter de la question, mais que celui-ci n’a même pas daigné accuser réception de son invitation. M. Ethier n’ pas aimé, également, qu’on lui ait refusé, comme Franco-Ontarien, de participer au forum national des francophones, sous prétexte que les politiciens n’étaient pas les bienvenus. »
J’avais participé à ce forum national de la FFHQ sur le campus de l’Université d’Ottawa et j’avais rapporté le plus fidèlement possible ce qui s’y était passé, les résolutions qui avaient été formulées et l’essentiel des discussions. En éditorial de la même édition, j’affirme pourtant que « je suis revenu tout à fait dégoûté et écœuré du forum national organisé par la FFHQ sur le campus de l’Université d’Ottawa, une université qui constitue à mon avis le symbole de ce que les francophones de l’Ontario ont acquis au cours de leur histoire ». Moi non plus je n’avais pas aimé le débat sur l’hymne national. Le Dr Laurent Isabelle, le président du Collège Algonquin, ne jugeait pas que l’hymne national fût approprié « alors que la Fédération exclut le Québec, qui fait partie du Canada ». Pourtant, de mon point de vue, je croyais que l’objectif de la FFHQ était justement de valoriser la francophonie à l’échelle du pays, sans utiliser la « carte de la francophonie québécoise ». J’avais eu l’impression que la FFHQ privilégiait parfois la philosophie que si nous voulions survivre, il fallait « vivre dans un Québec clos où il n’y a qu’une seule langue parlée ». J’étais reparti du forum avec l’impression que la FFHQ n’était finalement qu’une autre organisation au crochet des subventions gouvernementales. Évidemment, les représentants et partisans de la FFHQ n’avaient pas apprécié mes observations.
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« Les parents des élèves de l’école St-Joseph de Russell rejettent l’idée de la construction d’une nouvelle école à Embrun. » C’est ce qu’on peut lire dans le journal du 10 mai 1978. L’article faisait état d’une rencontre publique entre des parents et des représentants du Conseil des écoles catholiques de Prescott-Russell. « Les parents dans la salle ont exprimé leur préférence pour la construction d’une école à Russell, et ne pas envoyer leurs enfants à Embrun. De plus, ils ont même insisté pour conserver les élèves des deux langues officielles sous le toit de la même école, afin de ‘conserver le cachet spécial de Russell’: des enfants bilingues. » Ils ont gagné leur point et une nouvelle école St-Joseph a été construite. Encore aujourd’hui, l’école est connue pour le grand nombre d’élèves de parents anglophones qui la fréquentent. Ma femme y a enseigné de 1989 à 1998.