Les gens avaient bien ri du projet de cet ancien membre des forces armées canadiennes et de la police montréalaise l’année précédente, mais en ce mois de juillet 1970, c’est une toute autre histoire. Voilà donc ce reportage dont j’avais parlé il y a quelque temps et je le retrouve dans l’édition du 23 juillet 1970 du journal Le Carillon. J’avais pondu deux articles, dont un justement sur l’origine du projet et l’autre sur le nouveau Domaine naturiste du Québec Enrg. installé dans le canton de Hawkesbury-Est… oui, en Ontario. Ce camp de nudistes compte déjà « une cinquantaine de chalets et de roulotes sur des lots de 200 pieds carrés pourvus d’eau et d’électricité » et à peine 20 p. cent de l’emplacement est développé.
« Ce village pour nudistes comprend déjà une piscine, un terrain de jeux, une salle de récréation, et comprendra bientôt un bain sauna. Parmi les autres activités, on remarque le cinéma, du tir à l’arc, de la chasse aux chevreuils lièvres et perdrix, du badminton. La piscine sera éventuellement intérieure et chauffée. » Les règlements sont sévères parce que son propriétaire, André, veut éviter les problèmes. En passant, seuls les prénoms sont utilisés à l’intérieur du camp. André explique que « l’aménagement complet de ce paradis terrestre de 60 acres ne sera pas achevé avant encore quatre ou cinq ans ». Le domaine est toujours actif au même endroit et je tiens pour acquis qu’il doit comprendre aujourd’hui beaucoup plus d’installations et de membres.
En passant, le jour de mon reportage, André et moi avions bien ri de voir les policiers provinciaux venir patrouiller au moins deux fois pendant l’heure que j’y avais passée et il m’avait fait remarquer que les gars de Bell devaient venir souvent pour effectuer de supposées réparations aux fils téléphoniques. Quoi qu’il en soit, je dois reconnaître que c’est moi qui paraissait différent cette journée-là… habillé bien sûr. J’avais jasé avec une dame qui tricotait… confortablement assise devant son chalet… et je l’avais photographiée (discrètement) pour le journal (un journal familial après tout) et avec un médecin new-yorkais et sa femme… qui travaillaient leur plate-bande devant leur chalet… un peu plus grand que les autres. Quant à ma photo des gens dans la piscine, et bien ils étaient justement dans l’eau… donc pas de problème pour le journal. En fait, les membres n’ont pas le droit d’utiliser de caméras ou d’appareils-photos à l’intérieur du camp et il est interdit d’y fumer. Vous aurez aussi compris que le port d’un maillot dans la piscine n’est pas permis non plus. C’était une visite très visuelle!
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L’édition du 23 juillet 1970 fait mention de l’ouverture officielle du nouveau BonSoir Lounge du restaurant-motel Holiday de Hawkesbury. C’était une immense salle qui était bondée les vendredis et samedis. Nous sommes à l’aube du disco. Pour l’inauguration, le propriétaire Jimmy Assaly avait invité Les Jérolas et bien entendu, la salle était pleine ce soir-là. Le motel et les deux restaurants, ainsi que la grande salle de réception ont fermé leurs portes il y a plusieurs années. Sur l’emplacement, on y trouve aujourd’hui un manoir pour personnes âgées. C’est d’ailleurs dans le chic restaurant de ce motel Holiday que j’avais demandé à Louise, à l’automne de 1967, de devenir ma femme. Évidemment, vous connaissez tous sa réponse!