Les écoles secondaires françaises : il n’y a pas unanimité

Le débat entourant la création d’écoles secondaires de langues françaises en Ontario laisse prévoir qu’il ne sera pas facile de réaliser ce rêve. L’édition du 25 avril du journal Le Carillon y consacre quasiment toute sa page 3, sous ma plume. Aujourd’hui, ces écoles sont tenues pour acquises, il y a en plus La Cité collégiale; difficile d’imaginer que ce cheminement n’a pas été des plus faciles.

L’Association des parents et instituteurs de Hawkesbury avait organisé un panel sur cette question à l’école Paul VI. André Richard, d’Ottawa, secrétaire de la Fédération des API, avait « insisté sur le fait que les parents sont à l’origine du réveil français dans la province; les associations franco-ontariennes n’ont fait que mettre en valeur les demandes des parents ». M. Richard avait « précisé que la population franco-ontarienne était divisée en trois groupes idéologiques différents, soit ceux qui ne veulent pas en entendre parler, ceux qui désirent des écoles bilingues et ceux qui revendiquent des écoles essentiellement françaises ».

Un surintendant à la Commission des écoles séparées d’Ottawa, Horace Dubois, avait fait référence à un mémoire de l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFEO) qui insistait que « le français doit être reconnu comme langue première dans ces écoles et l’enseignement de l’anglais doit viser à assurer une certaine facilité dans la conversation et la lecture, afin de faire face à la concurrence sur le marché du travail ». En se référant à la langue d’enseignement des différentes matières, le mémoire de l’ACFEO ajoutait qu’il était « irréaliste de vouloir tout en français, car les manuels scientifiques et les professeurs de ces matières, par exemple, ne sont pas toujours adéquats et compétents ». (Horace Dubois avait été principal de l’école St-Joseph et j’étais dans sa classe en troisième année. Il est arrivé à quelques reprises, lorsquil sabsentait de la classe pour aller donner le martinet à un élève ou pour autre tâche de principal, quil me demandait de surveiller la classe. Je revois aussi en « flashback », le pauvre Ricky S., à quatre pattes, « manger » une raclée avec le martinet devant toute la classe. Javais « osé » dire au professeur quil ne s’était pas bien comporté en son absence. Bien sûr, dans le contexte daujourdhui, il aurait abouti en cour. Jai revu Ricky beaucoup plus tard; je crois quil avait oublié lincident. Heureusement!)

À tout événement, la résistance aux écoles secondaires françaises se manifeste pourtant et pas de la part du premier venu. Ainsi, toujours dans l’édition du 25 avril, je rapporte que le juge Omer H. Chartrand s’était opposé au mémoire de l’ACFEO « alléguant que cette association n’est pas représentative de la majorité des Franco-Ontariens et qu’elle n’avait pas consulté la population de Hawkesbury et de la région avant de rédiger son mémoire ». Le juge avait ajouté « que l’ACFEO n’est qu’un groupe d’une trentaine de personnes qui émet ses propres idées ». Le juge portait ensuite un jugement plutôt sévère : « le fait que les enfants du primaire connaissent peu la langue anglaise est dû au mauvais enseignement dispensé par les professeurs. Selon lui, les commissions scolaires séparées ne suivent pas les directives émises par le ministère de l’Éducation à cet effet. » Ce débat allait se prolonger pendant plusieurs années. J’y reviendrai.

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3 réflexions sur “Les écoles secondaires françaises : il n’y a pas unanimité

  1. Bonjour Jean-Maurice,

    Je suis Michel Dubois le fils de Horace Dubois, je crois que j’était en premiére ou deuxième année à l’école Christ-Roi à cette époque.

    Michel

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