« La sobriété est un puissant atout dans l’économie de notre pays »

Qui l’eut cru! Un paragraphe dans un texte de l’édition du 28 septembre 1967 du journal Le Carillon a retenu mon attention. L’article parle de la réélection de mon futur beau-père (il ne le sait pas encore et moi non plus) à la présidence du Cercle Lacordaire de Hawkesbury. L’aumônier du groupe, Mgr Gérard Charette, avait repris une citation d’un ancien président national du mouvement : « Notre nation sera forte et libre, le jour où elle acceptera d’être sobre. La sobriété est un puissant atout dans l’économie de notre pays. » Et moi qui a toujours pensé que les lois contrôlant notre consommation de boissons alcoolisées visaient simplement à réduire le nombre d’accidents mortels. En fin de compte, la réussite économique n’aurait rien eu à voir avec Harper, mais plutôt à notre respect des lois contre l’abus d’alcool. Du temps des Lacordaire, cela était purement volontaire. Que les temps ont donc changé! Vous aurez compris que je fais preuve d’un peu de cynisme!

* * *

Dans cette même édition, je retiens un paragraphe de l’éditorial intitulé « Les Ontariens de langue française auront leurs écoles secondaires françaises ». Au début de l’année, l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario avait réclamé de telles écoles. Peu de temps avant de déclencher des élections provinciales, le premier ministre John Robarts avait déclaré que son gouvernement y songeait. L’éditorialiste se référait « au Québec qui traite bien sa minorité anglaise ». En parlant de la « sage décision » de Robarts, l’éditorialiste écrit : « Il en coûtera certainement beaucoup à toute la population ontarienne mais ces écoles assureront l’épanouissement de notre population et aideront à garder notre français dans notre belle province quitte à rivaliser avec nos frères du Québec. »

* * *

Dans l’édition du 5 octobre 1967 du journal Le Carillon, la une cite John Robarts qui déclare « Il faut rapatrier notre constitution ». Je rappelle que nous sommes en 1967. On lui avait même demandé ce qu’il pensait des « récents développements du mouvement séparatiste au Québec ». En rétrospective, sa réponse est fascinante. Il a expliqué qu’il portait une attention particulière à tout ce qui se passait au Québec et que le mouvement séparatiste était « A lot noisier than it is big ». Allez rappeler ça à Gilles Duceppe et Pauline Marois!

La photo qui accompagne l’article montre Robarts avec quelques personnalités conservatrices régionales, dont John McTeer, de Cumberland, organisateur de la campagne du candidat Albert Bélanger. John était le père d’une jeune adolescente prénommée Maureen et qui allait devenir Mme Joe Clark.

En fait, dans l’édition du 12 octobre, une grande annonce d’une demi-page, avec photo, est une lettre de « Maureen McTeer, étudiante, R.R. No 2 Cumberland » qui s’adresse « Aux étudiants de Prescott-Russell ». Elle y dit avoir 15 ans et avoir eu le privilège d’apprendre le français dans sa classe « où la plupart des élèves étaient de langue française ». Elle s’y réfère au fameux Plan Robarts qui allait transformer le système éducatif de l’Ontario. Elle conclut que le « Gouvernement Robarts nous donne présentement la meilleure éducation possible, pas des promesses, et une suggestion de votre part à vos parents et gardiens sera la seule chose nécessaire pour le remercier en votant pour le candidat de Robarts ». Vous comprenez pourquoi elle allait épouser ce Joe Clark.

* * *

Encourager la participation des électeurs aux scrutins n’est pas d’aujourd’hui. À la veille de l’élection du 17 octobre 1967, la Jeune chambre de Hawkesbury achète de l’espace à la une de l’édition du 12 octobre : « VOTEZ… selon votre choix… mais VOTEZ ». Il y a longtemps que j’ai vu une telle annonce par une chambre de commerce locale ou un autre organisme non politique. La même annonce sera répétée avant l’élection municipale de décembre 1967. Et à l’époque, le taux de participation électoral était souvent de l’ordre de 70 % ou plus.

Publicité