Les politiques de la poste

Robert M. Campbell était alors professeur à la faculté de science politique de l’Université Trent de Peterborough et il voulait publier une étude académique approfondie sur les postes canadiennes, ce qui n’avait jamais été fait. Au début de juin 1992, le vice-président William Kennedy m’avait confié un rôle super intéressant… celui de liaison avec Campbell pour coordonner ses recherches et ses entrevues à Postes Canada.

Cette expérience demeure une des plus belles de ma carrière à cette société. Deux ans plus tard, en 1994, Campbell publiera « The politics of the post : Canada’s postal system from public service to privatization », un livre de 10 chapitres et 463 pages… une riche mine de renseignements historiques et de statistiques sur le service postal canadien depuis sa création jusqu’au début des années 90. En 2014, plusieurs observations de Campbell ont encore leur pertinence, mais Postes Canada n’est plus du tout l’entreprise qu’elle était lorsque Campbell a effectué ses recherches et tiré ses conclusions.

Je consacrerai quelques mois à ramasser de l’information et à coordonner des entrevues et des visites pour le professeur Campbell – qui s’adressait à moi en français, en passant. Plusieurs vice-présidents, directeurs généraux et nationaux, directeurs et gestionnaires avaient été interviewés, sans oublier de nombreux anciens ministres responsables, dont André Ouellet, et Harvie Andre, le ministre responsable en 1992, et des dirigeants syndicaux tels Bob McGarry (facteurs) et Jean-Claude Parrot (postiers). Il avait aussi rencontré le député libéral de Glengarry-Prescott-Russell, Don Boudria, mon député, qui était alors critique des postes aux Communes. (Je reviendrai sur ça plus tard.)

Une des premières visites de Campbell avait été à notre centre de recherches et de développement, situé chemin Algoma à Ottawa et fermé depuis longtemps. Ken Tucker, notre vice-président de la technologie de l’information et du développement stratégique de qui je vous ai déjà parlé lui avait expliqué où Postes Canada et d’autres administrations postales en étaient rendues dans l’utilisation de la technologie pour le traitement du courrier. Campbell avait peu voir les nouveaux appareils que nous développions et qui feraient en sorte que le traitement et la livraison du courrier aux Canadiens seraient grandement modernisés. Certains de ces développements ont été mis en place au fil des années.

La pochette du livre tirait cette conclusion à propos de l’œuvre de Campbell. Je vous traduis librement : « Sous l’influence du néoconservatisme et de la mondialisation, les fonctions de service public ont été étouffées par des visées commerciales. The Politics of the Post soutient que Postes Canada a été lentement, sûrement et effectivement ‘privatisée’ par le gouvernement Mulroney – ce qui comportait des conséquences pour le service postal et les relations patronales-syndicales. »

Je pourrais vous en parler longtemps de ce livre, mais je vous en ferai grâce. J’en conserve toujours précieusement la copie que Campbell m’avait remise. « Jean-Maurice Filion at Canada Post was particularly and cheerfully helpful in providing information and organizing interviews » écrit-il dans sa préface. Un petit velours. J’avais fait mon travail.

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