La presse franco-ontarienne : le Sud-Ouest ontarien (1)

Isolés au reste de l’Ontario français, côtoyant la frontière des États-Unis, plus près de la culture américaine que de la civilisation canadienne-française, les francophones du Sud-Ouest réussissent, par l’entremise d’une dynamique presse locale, à maintenir le souffle de vie française qui balaye cette lointaine contrée dès 1679.

Comme on le sait, Lamothe Cadillac fonde le fort Pontchartrain (ou Détroit) le 24 juillet 1701. C’est de cette fondation que sera issue la première colonie française permanente en terre « ontarienne ». C’est d’ailleurs à Détroit que se manifestent les premières expériences journalistiques, d’abord une simple colonne rédigée dans la langue de Molière et publiée dans le Detroit Gazette (1820), puis une éphémère Gazette française (1825). L’idée d’établir un journal d’expression française sur les bords de la rivière Détroit est reprise par un dénommé Lacroix, venu du Bas-Canada… L’Ami de la jeunesse (1843) et Le Citoyen (1850) sont tous deux de très courte durée.

De toute évidence, ce sera du côté canadien de la frontière que les entreprises de presse francophone auront plus de succès. Dans un ouvrage intitulé « Ethno-Cultural Newspapers in Ontario », Duncan McLaren cite L’Étoile canadienne de Sandwich comme premier journal franco-ontarien du Sud-Ouest. Cette publication aurait vraisemblablement paru de 1870 à 1881, pour être ensuite remplacée par Le Progrès, de Windsor. Le premier député francophone du Sud-Ouest, Gaspard Pacaud, en est le rédacteur pendant plusieurs années. Si on sait peu de choses au sujet de ces deux hebdomadaires, il en est tout autrement pour Le Courrier d’Essex, qui fait son apparition le 8 août 1884 et qui a pour devise : « Notre religion, notre langue ».

Ce journal se définit comme conservateur et catholique, ne publiant que « des feuilletons d’une moralité irréprochable ». L’édition du 17 janvier 1885 est un véritable plaidoyer en faveur d’une école française pour desservir les quelque cent vingt familles canadiennes-françaises de Windsor. Comme c’est le cas pour plusieurs hebdomadaires de la première heure, Le Courrier d’Essex n’a pas une longue vie ni ses successeurs d’ailleurs, soit Le Courrier de l’Ouest (1885) et Le Canadien de Windsor (1891).

Avant même la fin du XIXe siècle, deux autres entreprises journalistiques voient le jour au pays de Lamothe Cadillac. Publié à Windsor dès le 20 novembre 1891, Le Drapeau national se dévoue « aux intérêts des populations françaises de l’Ouest ». Ayant pour devise « Dieu et mon droit », le nouveau-né de la presse franco-ontarienne précise que « jamais un écrit hostile à la religion ou contraire aux mœurs ne paraîtra dans notre journal ». En 1892, les francophones de Windsor ont droit à un second hebdo; il s’agit d’une feuille agricole, commerciale, industrielle et politique qui a pour nom L’Indépendant du Canada. Le journal lance un concours public à l’intention des abonnés qui doivent disserter sur l’indépendance au Canada obtenue par voie de négociations avec l’Angleterre.

Au début du XXe siècle, c’est à Chatham dans le comté de Kent que de nouvelles publications font leur apparition. Le Canadien voit le jour en juin 1906 et se proclame aussitôt indépendant en politique. Deux ans plus tard, le journal de Chatham affiche ses couleurs libérales en appuyant le candidat de Sir Wilfrid Laurier dans le comté de Kent-Ouest. Au même moment paraît L’Ami du peuple, venu saluer « ses amis les libéraux du comté de Kent ». Si les deux hebdos bilingues de Chatham renseignent peu les lecteurs au sujet de l’actualité locale, ils offrent, en revanche, quelques reflets d’une campagne électorale au début du siècle.

Contrairement aux journaux du comté de Kent, Le Courrier, qui voit aussi le jour en 1908, n’est pas « une feuille hebdomadaire pour défendre la politique en temps d’élections », écrit son rédacteur François-Xavier Chauvin, « mais nous voulons en faire un crédit à la nationalité canadienne-française en même temps qu’à notre langue maternelle ». Le journal s’intéresse à la question scolaire et incite l’honorable Dr Réaume, député d’Essex-Nord, à réclamer des réformes qui permettront à ses compatriotes de travailler dans la paix et l’harmonie. Tout comme Le Moniteur de Hawkesbury, Le Courrier encourage la tenue des états généraux qui donneront naissance à l’ACFEO.

En ce 27 mars 2013…
bon centenaire au quotidien Le Droit
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