Journaux de propagande
Si certains organes d’information affichent leur couleur politique, il en existe d’autres pour qui la politique demeure leur seule raison d’être. C’est notamment le cas du Drapeau national, un « quotidien » qui paraît quatre fois avant les élections générales du 5 mars 1891, dans le seul but de soutenir la candidature de M. Honoré Robillard. Premier député francophone à siéger à Queen’s Park (1883), il se fait élire aux Communes en 1887 et en 1891.
Un autre journal de propagande politique voit le jour le 6 juin 1896 pour appuyer la candidature libérale de MM. Napoléon Belcourt et William Hutchison. Dix-sept numéros sont publiés sous le vocable de L’Écho d’Ottawa. À la même époque paraît l’hebdomadaire Le Temps; tour à tour libéral et conservateur. Ce journal était un quotidien au point de départ, le 3 novembre 1894.
Le dernier organe d’information datant du XIXe siècle est Le Canada, une reprise du journal publié d’abord en 1865, puis de nouveau en 1879. Cette fois-ci, il paraît non pas trois mais six fois par semaine. C’est un quotidien de courte durée (1897-1898).
Le Règlement XVII
Le 25 juin 1912, le gouvernement Whitney impose une guillotine linguistique aux Franco-Ontariens alors que le Règlement XVII entre en vigueur. La résistance à cette inique mesure demeure chose fort connue. Parmi les moyens d’opposition, on retrouve évidemment la presse et le journaliste Jules Tremblay, qui publie La Justice de 1912 à 1914. À la même époque, les délégués au congrès de l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (1912) adoptent une résolution en faveur de la fondation d’un quotidien.
À l’heure du triste Règlement XVII, le Père Charlebois définit le type de journal nécessaire aux Franco-Ontariens : « l’unique moyen d’atteindre l’opinion, c’est un journal qui fera la propagande à outrance de la vérité; c’est un journal soumis à un programme franchement catholique avant tout, et sincèrement canadien-français ensuite ». Ces propos sont tenus en février 1913; un mois plus tard, le 27 mars, apparaît Le Droit. Chaque cause franco-ontarienne deviendra son cheval de bataille, la lutte étant le plus souvent menée sur le terrain scolaire.
À l’est d’Ottawa
Dans la vallée de l’Outaouais, il n’y a pas qu’à Ottawa que la presse franco-ontarienne voit le jour. Dès 1885, l’hebdomadaire La Nation est publié à Plantagenet. D’autres organes d’information font leur apparition à Clarence Creek (Le Ralliement) en 1895 et à L’Orignal (La Concorde) en 1899. L’hebdomadaire agricole L’Ontario français, publié à Ottawa, est essentiellement destiné à l’Est ontarien et y circule de 1902 à 1904.
C’est cependant Le Moniteur, paru à Hawkesbury dès 1908, qui joue un rôle plus capital. Dans l’édition en date du 18 décembre 1908, le curé A. Beausoleil, de Fournier, suggère « la tenue d’une grande convention nationale représentative de tous les centres canadiens-français de l’Ontario pour mieux revendiquer les droits d’une population francophone alors estimée à 235 000 ». La convention a lieu les 18, 19 et 20 janvier 1910 et donne naissance, comme on le sait, à l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario.
Deux autres hebdomadaires sont fondés dans la ville de Hawkesbury, soit La Sentinelle de Prescott (1911-1917) et Le Carillon. Ce dernier célébrait son trente-cinquième anniversaire l’an dernier. Enfin, au cours de la dernière décennie, trois hebdomadaires ont vu le jour dans l’Est ontarien; il s’agit de Bonjour chez-nous (Rockland-1976), Le Journal de Cornwall (1977) et Le Point (Alexandria-1980).
La devise du Courrier d’Ottawa, paru entre 1861 et 1865, résume bien la situation d’hier et d’aujourd’hui : « Les peuples se déplacent quelques fois mais ne s’anéantissent jamais ». Leur voix se fait toujours entendre.