« La Patente »… une société secrète

Quand j’étais plus jeune, l’Ordre de Jacques-Cartier se retrouvait parfois dans des reportages et des articles de journaux parce que son existence était alors connue. En fait, l’ordre est disparu l’année où j’entreprenais ma longue carrière en journalisme franco-ontarien. L’Ordre était un organisme au service de la francophonie canadienne. Dans l’édition du 19 octobre 1983 du journal Le Carillon, nous avions reproduit une « chronique historique de la Société des écrivains canadiens » qui racontait justement l’histoire de l’Ordre. Chaque jour, quand je regarde de la fenêtre de mon condo, je vois cette église Saint-Charles, bordée de la rue Barrette, dont il est fait mention :

« C’est le 22 octobre 1926, au presbytère de la paroisse Saint-Charles d’Ottawa et sous l’instigation du curé F.X. Barrette, que l’Ordre de Jacques-Cartier voit le jour. Assez curieusement, les livres et règlements d’initiation du nouvel organisme secret sont basés sur ceux des francs-maçons, les éléments catholique et francophone y étant évidemment incorporés.

L’Ordre de Jacques-Cartier, mieux connu sous le nom de ‘La Patente’, demeure au service des Canadiens-français d’un bout à l’autre du pays. Au moment de son apogée, il est constitué de 504 noyaux regroupés sous 60 conseils régionaux œuvrant dans pas moins de 1 140 municipalités. La Patente renseigne les siens au sujet de postes-clés dans la Fonction publique, favorise des candidats canadiens-français lors des élections et exerce des pressions à l’occasion, pour la nomination de certains curés. Pronationaliste, l’Ordre appuie le gouvernement Duplessis et regroupe des membres de toutes les professions : avocats, médecins, fonctionnaires, ouvriers et journalistes. D’illustres personnalités y adhèrent, notamment le cardinal Léger, le maire Jean Drapeau, le syndicaliste Jean Marchand et le journaliste André Laurendeau.

La Patente disparaît en février 1965, alors qu’une nouvelle forme de nationalisme s’implante. »

Il y avait forcément des membres de l’Ordre à Hawkesbury et dans la région, mais son caractère « secret » était bien enraciné.

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« Le scénario le plus noir imaginé par les autorités de la ville de Hawkesbury à la suite de la fermeture de l’usine locale de la Compagnie internationale de papier, le 1er décembre dernier, a été dépassé par la triste réalité. » La mauvaise nouvelle se retrouve dans le journal du 26 octobre 1983. « La Cour de révision a accordé à la CIP une baisse d’évaluation plus considérable que prévu, ce qui fait que les pertes de revenus fonciers pour la ville et les différents corps publics des comtés unis se chiffrent par 825 758,94 $. La CIP a obtenu de la Cour de révision une baisse d’évaluation de 2 507 265 $, ce qui a réduit sa facture de taxes pour 1983 de 1 134 357,61 $ à 308 596,67 $ pour l’année courante. » C’est de l’argent qui ne reviendrait pas autrement et qu’il faudrait combler dans les budgets municipaux et scolaires.

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Là, je m’adresse à un lectorat d’un certain âge et nécessairement de Hawkesbury. C’est un paragraphe de ma chronique du 26 octobre 1983 : « Hawkesbury vient de perdre un autre de ses citoyens bien connus. Eugène Leblanc, connu surtout dans le monde sportif de jadis et pour son travail au sein du syndicat de la CIP, est décédé hier matin. Sa voix toujours calme et son éternel sourire restent gravés dans la mémoire de ceux qui l’ont connu. »