Un psychiatre arrive en ville

Ce n’est pas que la région de Hawkesbury comptait un plus grand nombre de « fous », mais on apprend dans Le Carillon du 14 juin 1973, qu’un psychiatre offrira maintenant ses services en permanence à la Clinique Smith de Hawkesbury. Cette clinique était un hôpital privé en quelque sorte, fréquenté surtout par la communauté anglophone, bien que les francophones y aient été accueillis à bras ouverts. Le psychiatre Lionel Kerwood venait donc appuyer les docteurs Drummond et Irwin Smith, Ian Warrack, Roger Emsley, Simon McCall et Alex Hunter, et les deux nouvelles recrues, les docteurs Geoffrey Bars et Ian Battye. Je ne reconnais pas ces deux derniers; je tiens donc pour acquis qu’ils n’y sont pas demeurés longtemps. La Clinique Smith a fermé ses portes depuis de nombreuses années. Lorsque l’Hôpital général de Hawkesbury s’est laïcisé, plusieurs services interdits du temps de la gestion religieuse y étaient offerts et la raison d’être de la Clinique Smith n’était plus la même. Et les médecins fondateurs avaient pris leur retraite de toute façon.

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En fait, dès l’édition de la semaine suivante, celle du 21 juin 1973, je publie un article sur le projet d’un nouvel hôpital de 125 lits au coût de quatre millions de dollars qui sera construit sur un terrain de 14,5 acres à la hauteur de la rue Spence à l’été de 1976. La firme Hawkesbury Realty avait offert le terrain pour la somme nominale de un dollar. « La construction de la nouvelle institution, de plus, signifierait pour le moment la fermeture des deux annexes ‘A’ et ‘B’ de l’Hôpital général actuel, qui comptent présentement, ensemble, quelque 80 lits. Les besoins à long terme de la région nécessiteraient près de 210 lits. » Et de préciser l’article : « Quant au sort qui sera réservé aux institutions opérant dans le moment, il n’est pas encore connu. Dans certains milieux, on parle de les convertir en foyers pour vieillards ou en maisons de convalescence pour lesquels les besoins existent également. » J’y reviendrai forcément en temps utile.

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Le grand événement méritait une pleine page dans l’édition du 21 juin 1973. Dominik Demers signe un texte à cet effet. « Mme Olivier Picard, 43 ans, a donné naissance à son vingtième enfant le jeudi 14 juin à 5 h 45. » L’âge de ses quatorze enfants vivants variait entre 23 ans et 2 ans. Six enfants n’ont pas survécu J’ose affirmer que tout le monde à Hawkesbury connaissait la famille Picard. L’aîné Jean-Pierre a siégé au Conseil municipal en même temps que moi. Je note que le long article ne fait aucune référence au prénom de la mère. Olivier, son mari, exploitait un garage et sa réputation de mécanicien était bonne; mon père utilisait ses services. Et Dominik note en conclusion que « la chambre 204 mérite probablement une médaille. Dans le lit voisin de Mme Picard, Mme Albert Goyer, de Curran, venait d’enfanter. Âgée de 27 ans, Mme Goyer a réussi en sa neuvième année de mariage à donner naissance à son neuvième enfant. » Encore là, on ne connaît pas son prénom. Autres temps, autres mœurs.

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Vous en avez assez de manger des céréales le matin, alors pensez au foin. Oui, celui dont raffolent les vaches. Et j’imagine qu’en 2011, c’est encore mieux qu’en 1973. Je me réfère à un article publié dans Le Carillon et 21 juin 1973 et qui cite l’agronome Roger Pommainville. Pommainville vantait les mérites protéiques du foin de luzerne. « Pour récolter du foin de luzerne contenant 18 p. cent de protéine brute par exemple, il serait important de le couper dès l’apparition des premières fleurs. Quelques jours plus tard, le contenu de protéine aura diminué à 14 ou 15 p. cent. (…) En coupant le foin tôt, il est possible de faire une deuxième coupe de bon foin. » J’en conclus que c’était le point de départ de la double coupe le foin que l’on observe dans nos secteurs ruraux. Voilà, vous vous coucherez moins niaiseux ce soir!

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2 réflexions sur “Un psychiatre arrive en ville

  1. J’ai assisté ce soir à une conférence de Dominique Demers à la Bibliothèque de Hawkesbury. Dominique, native de Hawkesbury, a écrit une cinquantaine de livres à date, après avoir exercé le métier de journaliste pendant plusieurs années. Les films La Mystérieuse mademoiselle C. et L’incomparable mademoiselle C ont été inspirés de ses livres. Une autre film inspiré d’un de ses livres sera diffusé d’ici deux ans probablement. Je crois que le film est basé sur son livre Maïna, si ma mémoire est bonne. Elle a parlé durant son allocution de la toute première entrevue journalistique qu’elle a faite, lorsqu’elle travaillait au Journal Le Carillon dans les années 1970, comme étudiante je crois. Elle a mentionné que Jean-Maurice Filion lui avait demandé d’aller interviewer Mme Picard, une mère de 20 enfants, en remplacement d’un autre journaliste, probablement Charles Burroughs, elle n’était plus certaine. C’était son premier travail journalistique « intéressant », avant d’aller travailler pour L’Actualité. Bravo Jean-Maurice ! Tu lui as donné sa toute première chance. The rest is history, comme disent les anglais. On inaugurait la « Salle Dominique Demers » à la bibliothèque ce soir.

  2. Merci de partager, Marjolaine. Je suis heureux de constater que Dominique n’a pas oublié ses premières assignations. Son talent était déjà évident il y a 40 ans.

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