Je vous avais raconté l’expérience manquée de syndicalisation du journal et de son imprimerie en 1970 et que ces efforts avaient quand même engendré une association des employés. Dans l’édition du 15 mars 1973, une photo montre l’éditeur et propriétaire André Paquette et le comité de négociation des employés lors de la signature d’une première convention collective de trois ans. Rolland Brunette, de la firme de conseiller en relations ouvrières portant son nom, avait mené les négociations pour l’entreprise, alors que j’avais été le principal porte-parole de l’association autour de la table. Les négociations n’avaient pas été faciles et, à un certain moment, mes journalistes et moi avions remis notre démission. C’était notre seule arme puisque nous n’avions aucun droit de grève, l’association n’ayant aucun statut autre que celui que lui reconnaissait l’employeur. Le vendredi où notre démission était effective rien ne s’était encore passé et je pose donc la question à l’éditeur. Il avait cru à un « bluff ». Nous avons reporté légèrement notre démission, afin de permettre des négociations le samedi matin avec Brunette. En fin de compte, nous avions obtenu plus que nous avions anticipé au début des négociations. Nous avions soumis des demandes, mais comme cela se fait partout, nous n’avions pas cru tout obtenir. Je ne sais pas ce que nous aurions obtenu si tous les autres collègues avaient suivi notre geste et avaient eux aussi remis leur démission. J’avais quand même décidé que ce serait la dernière fois que j’irais au front pour mes collègues. Nous n’avons jamais informé nos lecteurs de ces petits conflits internes parce qu’ils ne s’en sont jamais aperçus.
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Larry Demers est un jeune de l’École secondaire régionale de Hawkesbury qui aspire à faire du théâtre. Son souhait est exaucé. Un texte, sous la signature de « Dominik Demers » (elle signait parfois comme ça) dans l’édition du 15 mars 1973, raconte que Larry a fait partie de la distribution de « Amal et la lettre du roi », une présentation du théâtre étudiant du Centre national des Arts. Larry y interprétait le rôle de Madhav. Ce ne serait pas son dernier rôle; il allait poursuivre plus tard une carrière au théâtre et à la télévision. J’y reviendrai sûrement.
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Un article dans l’édition du 15 mars 1973 annonce aux voyageurs de Hawkesbury qui se rendent à Ottawa par autobus que la compagnie Voyageur aura maintenant un nouveau terminus de 2,5 millions de dollars sur la « rue Catherine à Ottawa, entre les rues Lyon et Kent, dans le centre-sud de la ville ». Jusqu’alors, le terminus d’autobus était situé sur la rue Albert. Le nouvel emplacement de « 111,000 pieds carrés est trois fois supérieur à celui de la rue Albert ». Voilà pour le progrès. Il y a quelque temps, à Ottawa, on parlait d’aménager un nouveau terminus ailleurs en ville, notamment dans le coin de la gare. Par contre, dans les médias du 14 septembre dernier, il était question d’investir pour rénover le terminus de la rue Catherine et y ajouter des services.
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Le Carillon du 22 mars 1973 en parle. Un convoi du CN déraille « à quelques pieds à peine de la petite gare desservant » Limoges dans le comté de Russell. « Le déraillement s’est produit vers 4 h 30 lundi matin alors qu’un convoi de marchandises de 79 wagons venait de quitter Ottawa à destination de Montréal. Pour des raisons demeurées mystérieuses, quelque 23 wagons ont quitté la voie, dans un enchevêtrement de fer tordu et des milliers de tonnes de grain et de marchandises ont été éparpillées sur la rue Principale du village. » Dans l’édition de la semaine suivante, celle du 29 mars 1973, il est question cette fois d’un déraillement de six wagons d’un convoi de 23 « vendredi midi, sur une voie secondaire située entre Glen Robertson et Dalkeith ». Cette fois, c’était plus sérieux. « Les six wagons portaient du chlore et de la soude caustique, et les autorités ont cru à un certain moment devoir faire évacuer les environs. » Cela n’avait pas été nécessaire.