Raymond Desrochers, de Wendover, n’y va pas par quatre chemins dans une lettre publiée dans l’édition du 14 juin 1973 du journal Le Carillon. Il y est question de la « crise de Cornwall », en fait la demande d’une école francophone qui avait été appuyée par une grève des étudiants et des appuis à l’échelle de la province. Desrochers, qui fait partie de l’Association du Nouveau parti démocratique de Prescott-Russell, reproche aux députés Lamoureux et Guindon, respectivement députés de Cornwall et de Stormont-Dundas, d’avoir limité l’importance de cette crise, et aux députés Denis Ethier (libéral fédéral, Glengarry-Prescott-Russell), Osie Villeneuve (conservateur, Glengarry), Albert Bélanger (conservateur, Prescott-Russell) et Jean-Robert Gauthier (libéral, Ottawa-Est), leur silence.
Et d’ajouter Desrochers : « Il ne s’agit pas d’une ‘question provinciale’. C’est la communauté francophone toute entière qui en souffre; on ne peut diviser la communauté en ‘questions provinciales’ ou en ‘questions fédérales’ — c’est le problème de tous! Il ne s’agit pas non plus d’une division entre francophones et anglophones: ce serait simpliste et naïf d’en croire autant. Il s’agit plutôt, d’une part, de francophones pour la plupart prêts à revendiquer leurs droits, d’une minorité de Canadiens-français encore trop timides ou ignorants pour se faire valoir et d’une majorité d’anglophones peureux et indifférents et, d’autre part, d’une minorité d’anglophones véhiculant des préjugés et une série d’attitudes néo-colonialistes. » Desrochers, en passant, était le candidat néo-démocrate dans Glengarry-Prescott-Russell en vue des prochaines élections fédérales.
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Les médias n’étaient jamais invités aux activités de l’école St-Joseph d’Alfred. Ce n’était pas une école ordinaire, mais une « école de réforme » pour garçons délinquants; en tout cas, en fonction de la définition de la délinquance de cette époque. L’école était administrée par les Frères des écoles chrétiennes. Mais en cette fin de printemps de 1973, les médias sont invités à « la 25e journée annuelle de la police » et une pleine page y est consacrée dans l’édition du 14 juin 1973. « Cette journée de la police faisait partie des organisations de la Gendarmerie royale canadienne dans le cadre de ses activités pour célébrer leur centenaire. » Ils étaient « environ 80 étudiants de l’institution, dont l’âge varie de 10 à 18 ans, à démontrer leurs prouesses aux diverses compétitions ». Puisque que ces jeunes étaient des délinquants et non pas des criminels, l’article en nomme plusieurs qui ont mérité des prix. (Note du blogueur : J’ai connu un confrère séminariste qui s’était fait expulser du Petit séminaire et qui avait abouti à cette école de réforme. Il est heureusement revenu sur le droit chemin.) Cette « école de réforme » a cessé ses activités il y a de très nombreuses années et ses locaux abritent aujourd’hui le campus d’Alfred de l’Université de Guelph; une école d’agriculture francophone en fait. Je reviendrai sur ce dernier point.
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Les caisses populaires connaissent une croissance phénoménale dans la région. Comme on peut le lire dans Le Carillon du 14 juin 1973, « les 16 caisses populaires, membres de la Fédération des caisses populaires de l’Ontario, ont enregistré un rythme de croissance spectaculaire, en accord avec la tendance générale de la Fédération ». En 1972, l’actif total des 16 caisses était de 19 843 234 $, ce qui équivalait à une croissance de 69,9 p. cent sur l’actif total de l’année précédente. Dans le cas des 80 caisses de la Fédération, l’actif total de 1972 était de 185 336 880 $, soit 26,2 p. cent de plus qu’en 1971. En comparaison, les Caisses populaires du Québec avaient connu une croissance de 21,8 p. cent en 1972. Il faut retenir que les caisses populaires de la région étaient encore plutôt récentes. Le succès des caisses populaires et du mouvement fondé par Alphonse Desjardins n’a plus à être démontré.