Les « adultes » les réclamaient depuis plusieurs années. Cette fois, ce sont les étudiants qui s’en mêlent et ils sont prêts à faire la grève pour faire avancer leur point de vue. Il faut des écoles secondaires de langue française ou tout au moins des professeurs francophones. Comme le rapporte Le Carillon du 5 avril 1973, des étudiants de l’école secondaire St-Laurent de Cornwall font la grève afin d’obtenir une école secondaire française pour septembre. Les étudiants des écoles secondaires de Hawkesbury et de Vankleek Hill ne vont pas jusqu’à la grève, mais ils manifestent pour « démontrer leur solidarité ». À Vankleek Hill, les 250 étudiants francophones demandent au Conseil d’éducation d’embaucher des enseignants tout au moins bilingues « afin qu’ils puissent bénéficier d’explications dans leur langue maternelle lorsqu’ils doivent faire face à certains problèmes dans leurs cours ». À Hawkesbury, les étudiants ne font pas la grève, mais ils exercent des pressions auprès des diverses autorités afin de faire valoir leurs points de vue et appuyer les étudiants de Cornwall. Fait intéressant, « l’Union culturelle des Franco-Ontariennes de la région de Russell, qui comprend au-delà de 675 membres, a offert son appui aux étudiants francophones » de Cornwall. Les étudiants de Cornwall gagneraient leur point et d’autres écoles suivraient ailleurs en Ontario au fil des années subséquentes.
Le directeur de l’éducation, Edgar Mageau, avait d’ailleurs présenté un rapport au Conseil d’éducation de Prescott-Russell à cet effet et Le Carillon du 19 avril en fait état. Ainsi, ce jour de solidarité du 30 mars, « à Embrun, les étudiants ont été absents des cours toute la journée et ils ont nolisé deux autobus pour se rendre à Cornwall »; à Casselman, « tous les étudiants sauf une vingtaine ont été absents » et là aussi certains s’étaient rendus à Cornwall en autobus. À Rockland, « tous les étudiants sauf un étaient absents au cours de l’avant-midi » et des défilés et des manifestations avaient eu lieu avant l’heure du dîner. « À Plantagenet, environ 650 étudiants étaient présents à l’école et 350 autres se sont abstenus des cours. De ce nombre, 150 sont restés à la maison et un groupe identique a paradé à Plantagenet. »
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C’est au tour du Canadien Pacifique à voir un de ses trains dérailler, cette fois à Papineauville. Ce village en avait été paralysé, comme on l’explique dans l’édition du 12 avril 1973. « C’est vers 10 h 30 mercredi matin qu’un camion semi-remorque est entré en collision avec un convoi d’une centaine de wagons à la sortie est du village de Papineauville. Sous la force de l’impact, près de 25 wagons-citernes remplis d’huile ont déraillé et se sont empilés le long de la voie ferrée et par-dessus la route 8. » Les 80 à 100 pompiers et policiers étaient aux aguets parce que certains wagons contenaient du chlore. « Les complications se sont aggravées quand l’huile a pris feu, provoquant la destruction du garage de Mme Annette Lamothe et de la maison adjacente. » Tout ça n’a fait qu’un seul blessé, l’ingénieur du train, qui s’est rapidement remis de ses blessures mineures. Décidément, ce n’étaient pas de bonnes semaines pour des déraillements après Limoges et Glen Robertson-Dalkeith.
Le Carillon avait publié cette nouvelle dès le lendemain matin, « scoopant » les quotidiens qui étaient alors publiés en après-midi. Nous en étions très fiers, jusqu’au moment où nous apprenons que tous nos lecteurs du comté de Russell et d’Ottawa n’avaient pas reçu leur journal « pour la simple raison que les sacs de livraison ont été oubliés au bureau de poste de Hawkesbury, dans la nuit de mercredi, par un nouveau camionneur postal ». Comme je le signalais dans ma chronique de la semaine suivante, des occasions de « scooper » les quotidiens « se produisent rarement dans la presse hebdomadaire ». Nous la réussissions assez souvent. Quant aux sacs de courrier, les employés du bureau de poste de Hawkesbury les oublieraient encore une fois deux semaines plus tard.
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Ces statistiques provenaient justement du bureau de poste de Hawkesbury qui venait de publier un rapport à cet effet. Comme on peut le lire dans l’édition du 12 avril 1973, « la ville comprend 2,595 maisons, soit 2,215 habitées par des francophones et 380 par des anglophones ». Soit une proportion de 83,8 % de résidences francophones. Pour les locataires d’appartements, c’est un peu différent; ils sont « répartis en 173 logis habités par des francophones et 86 par des anglophones ». Quant aux maisons d’affaires, le bureau de poste en compte 267, soit 193 françaises et 74 anglaises.
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C’était trop de travail, député et propriétaire de boulangerie. Denis Ethier décide donc de vendre son entreprise, Boulangerie Dalkeith, à une autre importante boulangerie de son coin, Georges Lanthier et fils d’Alexandria. La Boulangerie Dalkeith existait depuis 50 ans. La société Georges Lanthier et fils allait devenir un des plus importants joueurs de ce secteur dans la province. Elle existe encore.