D’où viennent les Franco-Ontariens? (Première partie)

Depuis 2010, l’Ontario reconnaît officiellement le 25 septembre de chaque année comme le Jour des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes. C’est une reconnaissance qui a mis du temps à accoucher et qui est venue 25 ans après l’adoption de la Loi sur les services en français en Ontario, en 1986. J’ai retrouvé récemment dans Le Carillon du 1er août 1979 un long texte intéressant sur les origines des Franco-Ontariens et qui provenait d’un rapport publié par le Conseil des affaires franco-ontariennes. Cet organisme a été dissout en 1987, l’année suivant l’adoption de la loi, et remplacé par la Commission des services en français de l’Ontario. C’était la même année que l’entrée en ondes de la chaîne française de TVOntario. Puisque je n’ai trouvé aucune trace de ce texte sur le Web, j’ai pensé qu’il vous intéresserait… surtout si vous êtes, comme moi, fier Franco-Ontarien.

D’où viennent les Franco-Ontariens? Question académique peut-être, mais dont la réponse n’est pas aussi simple qu’il y paraît de prime abord.

Le Conseil des affaires franco-ontariennes, dans un récent rapport publié sous forme de livret et qui contient des statistiques fort intéressantes sur la composition et la répartition de la population franco-ontarienne, indique qu’ils proviennent de trois sources principales : de la France, pendant l’Empire français; du Québec et du Nouveau-Brunswick, et plus récemment, d’autres pays francophones.

En 1610, deux ans après la fondation de la ville de Québec, le premier Occidental à fouler le sol ontarien est un jeune éclaireur du nom d’Étienne Brûlé, au service de Samuel de Champlain. Comme tant d’autres Français qui sillonneront après lui les vastes Pays d’en haut, c’est la fourrure qui l’a attiré, première grande richesse naturelle de la province.

Sous le Régime français, les Pays d’en haut ne font pas l’objet d’une politique systématique de peuplement. À Paris comme à Québec, on craint plutôt que la colonisation des terres au-delà de l’Outaouais ne provoque une hémorragie démographique dans la vallée du St-Laurent. Ainsi, la population française des Pays d’en haut ne dépasse guère le minimum requis pour la traite des fourrures, la défense militaire et l’évangélisation des Amérindiens. Composée essentiellement de militaires, en garnison, de colons, d’hommes de métier affectés au service des postes de défense, de coureurs de bois, d’interprètes, de missionnaires et de voyageurs, elle est surtout concentrée autour de forts tels que Pontchartrain (Détroit), Frontenac (Kingston), Niagara et Rouillé (Toronto).

En 1763, à la cession à l’Angleterre de la plupart des possessions françaises d’Amérique, la population des Pays d’en haut, soit l’Ontario actuel, l’Illinois et l’Ouest, atteint peut-être 7 000 personnes. États-majors, hommes de troupe et administrateurs coloniaux rentrent en France, seuls restent pour témoigner de près de deux siècles d’aventure coloniale française en terre ontarienne une petite colonie agricole établie dans la région de Détroit depuis 1701, des missionnaires et une population flottante de coureurs de bois et de voyageurs.

Jusque vers 1840, la population française de l’Ontario n’augmente guère qu’en raison de son accroissement naturel et du recrutement continuel de voyageurs par les compagnies anglaises de fourrures. La délimitation des frontières entre les colonies britanniques de l’Amérique du Nord et la nouvelle République américaine provoque certains déménagements : témoin le déplacement de colons français établis sur la rive américaine de la rivière Détroit et qui, fidèles du roi d’Angleterre, élisent domicile du côté ontarien après la guerre d’indépendance américaine. Ou encore celui des voyageurs de l’île Drummond qui, au début des années 1830, jettent les bases des villages agricoles de Penetanguishene et Lafontaine, au sud de la baie Georgienne.

Depuis le début de la colonisation par les Loyalistes, en 1784, l’Ontario s’est beaucoup développée. En 1849, sa population, surtout concentrée dans l’enclave Kingston-baie Georgienne-Windsor, atteint 427 441. Par ailleurs, depuis les premières années du XIXe siècle, le Québec est aux prises avec une crise agricole et ne réussit guère plus à retenir sa population. Ainsi, à partir de 1840, et pendant un siècle environ, les migrations canadiennes-françaises se font d’autant plus nombreuses que le développement industriel et urbain tarde à absorber le trop-plein des paroisses rurales. Tâchant de faire contrepoids à l’émigration vers les états américains et la Nouvelle-Angleterre, les élites cléricales nationalistes proposent et encouragent la colonisation des terres vacantes et marginales du Québec, ou encore celles de l’Ontario et de l’Ouest.

À suivre demain…

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