Vous vous en souvenez sûrement. J’avais parlé des problèmes juridiques auxquels avaient fait face l’usine locale de la CIP en matière de normes environnementales. Le juge Louis-P. Cécile avait même entendu une cause à cet effet. Il est donc surprenant de lire, dans l’édition du 2 juillet 1980 du journal Le Carillon, que « l’Institut de chimie du Canada a décerné à la Compagnie internationale de papier du Canada, en 1980, le trophée qu’il remet chaque année à la compagnie qui contribue de façon significative à l’amélioration de l’environnement. Ce trophée a été remis à la CIP pour sa mise au point d’un nouveau procédé de fabrication de la pâte qui réduit l’indice de pollution de 80% comparé aux procédés de fabrication chimiques. » Ce trophée avait été mérité, en fait, par le groupe des Recherches CIP Ltée, dont les laboratoires étaient à Hawkesbury. « Le nouveau procédé permet d’utiliser le bois à plus de 90% et la résistance de la pâte s’apparente à celle des pâtes chimiques. Ce haut rendement a aussi pour corollaire une diminution importante des coûts de production puisque la production d’une tonne de papier journal exige moins de bois. Le nouveau procédé, présentement utilisé à l’usine de papier journal de la CIP à Gatineau, connaît beaucoup de succès et la CIP entend le mettre en place, sous peu, à l’usine de la Compagnie internationale de papier du Nouveau-Brunswick, filiale de la CIP, à Dalhousie. » À Hawkesbury, la CIP produisait de la pâte à dissoudre et le nouveau procédé ne s’appliquait pas à son exploitation. Dommage!
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« L’unijambiste Terry Fox, qui poursuit depuis plus de trois mois son Marathon de l’espoir, a fait son entrée en Ontario samedi matin, lorsqu’il a été reçu officiellement par la ville de Hawkesbury dans le parc de la Confédération. » C’est ce qu’on peut lire dans un reportage d’une pleine page dans le journal Le Carillon du 2 juillet 1980. « Fox, ce jeune homme de 21 ans qui a perdu une jambe au cancer, il y a trois ans, poursuit actuellement sa course de 8000 kilomètres à travers le pays, Originaire de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, il a commencé son périple il y a trois mois à Terre-Neuve, et entend être de retour à Vancouver en novembre. » En fait, il avait plongé sa jambe artificielle dans l’océan Atlantique le 12 avril 1980 et son périple devait prendre fin tristement quelques semaines plus tard près de Thunder Bay. Son passage au Québec avait quasiment passé inaperçu, mais après son entrée en Ontario, les grands médias nationaux l’ont suivi à la trace, jusqu’à la fin. Évidemment, le reste de l’histoire est connu et Terry Fox demeure encore aujourd’hui un héros national, un modèle. Son nom sert toujours à recueillir des fonds pour la lutte contre le cancer et à attirer l’attention sur cette terrible maladie. Son rêve se continue même s’il n’est plus là pour le poursuivre.
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La grève d’Amoco Fabrics se prolonge depuis près de deux mois et le climat malsain s’envenime. Le Journal des travailleurs d’Hawkesbury et la région est distribué au grand public et la guerre des mots prend le dessus. Ses concepteurs ne sont pas seulement des grévistes d’Amoco. La direction de l’usine se sent même obligée de réagir publiquement afin de corriger certaines « erreurs » véhiculées par le petit journal. Et l’histoire se poursuit…