Le député provincial Albert Bélanger, comme plusieurs autres, était catégorique, l’autoroute 417 était la clef du développement des comtés. Il avait fait cette affirmation après avoir été confirmé comme porte-étendard du Parti progressiste-conservateur aux prochaines élections en Ontario. On en parle dans Le Carillon du 29 avril 1971. Bélanger était convaincu que l’ouverture de l’autoroute 417 allait attirer les touristes américains. « L’industrie touristique est l’espoir de l’avenir pour sa circonscription et il juge cela aussi important que la ‘grosse industrie’. Il a ajouté que la ‘grosse industrie’ pollue alors que l’industrie touristique, elle, n’ajoute pas à la pollution. » J’en conclus qu’il n’était pas de ceux qui tentaient d’attirer des « grosses industries » à Hawkesbury et dans la région. Bélanger avait même déclaré que le gouvernement provincial « étudie sérieusement la possibilité de convertir la Forêt Larose, la plus importante forêt expérimentale de reboisement de l’Ontario, en parc provincial, près de l’autoroute 417 ». Cela ne s’est jamais matérialisé et le développement touristique sur grande échelle non plus. L’autoroute 417, en fin de compte, ne servait qu’à transporter rapidement les automobilistes d’Ottawa vers Montréal et vice versa; ils n’avaient pas le temps de s’arrêter. Par contre, le nouveau Parc aquatique Calypso, à Limoges, est en train de prouver que le développement touristique est possible à condition d’y investir adéquatement.
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Les conducteurs de camions et d’automobiles les appréciaient l’hiver, mais les autorités gouvernementales avaient jugé que les inconvénients étaient largement supérieurs aux avantages. Donc, comme le rapporte Le Carillon du 29 avril 1971, le gouvernement ontarien a décidé que les pneus cloutés seraient interdits à compter du 30 avril. Le ministre du Transport et de la Voirie, Charles MacNaughton, avait admis « que les pneus munis de crampons peuvent faciliter, dans certaines circonstances, la conduite sur des surfaces glacées ». Mais il s’était empressé d’ajouter que des recherches poussées « ont cependant démontré que ces pneus n’offrent aucun avantage sur les pneus à neige ordinaires sur le neige ou la neige fondante ». Les pneus toutes saisons n’étaient pas encore à la mode. MacNaughton avait affirmé, « qu’au contraire, les pneus cloutés augmentent le distance de freinage sur les surfaces d’asphalte ou de béton, qu’elles soient sèches ou mouillées ». En fait, ces pneus cloutés endommageaient les routes, effaçaient les lignes de démarcation et compliquaient le contrôle du véhicule dans les courbes prononcées. Le gouvernement n’aimait pas ça.
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Contexte de l’époque
La/le célèbre Guilda est en vedette à l’Auberge Bourgetel de Bourget en cette fin d’avril 1971, alors que Baby Papillon, « une danseuse exotique de 350 lb », est sur la scène de l’hôtel Bar-X de Grenville. Ce dernier hôtel était le « trou » par excellence du coin et s’y rendre était à ses risques et périls. Je crois y être entré une seule fois… et j’ai compris que ce n’était pas un endroit à fréquenter. – Le magasin Continental vous offre une « Forme de tête en Styrofoam » au prix de 59 cents. Nous sommes à l’époque des perruques pour les sorties de la fin de semaine. Au même magasin, les hommes pouvaient acheter une paire de pantalons au prix de 5,77 $, alors que trois livres, en français ou en anglais, se vendaient 81 cents. – Chez Farmer, si vous vouliez être à la mode, les « hot pants » se vendaient 4,98 $. Si mes yeux ne me trompent pas, les « hot pants » sont revenus à la mode en 2011!
Je suis allée au Bar-X à quelques reprises et je me souviens que les planchers étaient très collants. La route pour s’y rendre était dangereuse. Plusieurs accidents mortels ont eu lieu sur ce chemin, qu’on appelait d’ailleurs « le chemin du Bar-X ».